• Entre les droites et le FN, une contamination datée
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    En 1988, un document interne du FN donne cette définition du Rassemblement pour la République (RPR) : « Mouvement politique qui fait campagne sur les thèmes du Front national et pactise avec le socialisme et les lobbies une fois au pouvoir ». Aujourd’hui comme hier, les cadres du FN mettent en avant ce qu’ils considèrent comme une évidence : leurs adversaires politiques parleraient comme eux. L’enjeu est de taille : l’électorat de la droite dure… que Laurent Wauquiez et Marine Le Pen se disputent. Le contexte participe à la bataille : le séisme de la présidentielle est passé et continue de peser sur l’histoire du parti ; Florian Philippot s’en est allé. En ces temps de « refondation », le FN entend plus que jamais se démarquer et, en ce sens, faire la différence avec cette droite.

    L’émergence du Front national, son installation et son ascension ont représenté un défi pour les formations de droite. À des moments précis de l’histoire, des représentants de cette famille politique se sont emparés de thématiques frontistes. La campagne présidentielle de 2007 représente une coupure fondamentale : la question identitaire s’installe dans le débat et devient, pour certains hommes et femmes politiques, un terrain d’entente au sein des droites. Quelle combinaison sémantique utilise Nicolas Sarkozy ? Deux mots – « identité » et « nationale » – qui appartiennent à la rhétorique des droites. Ils excluent celui qui est autre : l’étranger. Le « nous », les Français, s’oppose au « eux », les immigrés. L’association entre identité nationale et immigration est transparente. La droite républicaine fait sienne un marqueur idéologique du Front national.

    Le degré d’intimité entre la droite et l’extrême droite varie en fonction de la dynamique électorale du Front national. Plus il engrange de voix, plus l’attitude de la droite envers la formation lepéniste peut se montrer généreuse. Cette histoire commence donc timidement avec quelques alliances passées inaperçues. Les 13 et 20 mars 1977, le Front national s’engage pour la première fois de son histoire dans les élections municipales. Il s’allie avec la droite dans certaines communes. Des conseillers municipaux FN sont élus sur des listes d’union des droites à Toulouse, Millau, Forcalquier, Donzenac et Villefranche-sur-Mer. Cet épisode est à peine connu. À ce moment, le FN n’est pas audible et suscite peu d’intérêt. À Paris, la liste FN « Paris aux Parisiens » recueille 1,86% des voix.