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  • TPMP : drogue faite à base de "sang d’enfants sacrifiés"... C8 condamne les propos complotistes d’un invité de Cyril Hanouna - ladepeche.fr
    https://www.ladepeche.fr/2023/03/10/touche-pas-a-mon-poste-drogue-faite-a-base-de-sang-denfants-sacrifies-c8-c

    « L’adrénochrome c’est du sang qu’on prend sur des enfants de 3 ans. J’ai envoyé en hôpital psychiatrique une femme qui voulait vendre sa fille et qui voulait l’envoyer dans un laboratoire d’adrénochrome que j’ai dénoncé », a déclaré Gérard Fauré affirmant au passage être « en instruction avec une juge à Dijon » pour cette affaire.

    […]

    Et alors que Cyril Hanouna s’est montré choqué quant aux accusations, il n’en a pour le moins pas décrédibilisé les propos de son invité du soir. « Il y a énormément de gens sur les réseaux qui disent que Gérard soulève un truc qui est réel. Beaucoup de personnes disent que ça existe », a-t-il expliqué sur le plateau.

    Un article qui « dénonce » les foutaises sur l’adrénochrome chez Hanouna, mais qui n’est pas foutu d’indiquer que c’est une des théories centrales de Qanon :
    https://fr.wikipedia.org/wiki/QAnon

    Au sein du corpus de désinformation de QAnon, l’une des théories les plus sensationnelles est que les élites, en particulier des vedettes d’Hollywood et des personnalités du Parti démocrate, seraient coupables d’abus sur des enfants dont elles voleraient du sang pour en extraire une substance qu’elles considéreraient comme une cure de jouvence, l’adrénochrome.

    Merde, il serait tout de même temps que les journalistes se mettent un peu au courant de ce qu’est Qanon et du danger que ça représente. Pas de nous citer Las Vegas Parano…

    Le scandale ici, c’est pas juste les propos diffamatoires et tarés du gars : c’est le fait que Qanon vient de faire son entrée fracassante sur Télé-Bolloré.

    • Pendant ce temps, le législateur français consacre une fois de plus son temps à lutter contre l’influence des « réseaux sociaux » sur les jeunes, tout en laissant les télés et radios – sur lesquelles l’État a tout de même de larges possibilités de contrôle – diffuser les théories complotistes ultra-réactionnaires les unes après les autres, dans l’impunité la plus totale.

      https://seenthis.net/messages/993401

    • Je pense que c’est un gros manquement, alors qu’on vit désormais dans une « mode » du « débunking » et du « fact-checking ». On a le souci avec l’absence systématique d’explications sur Qanon, quand on évoque les anti-tout du Covid (alors qu’on a vu fleurir les panneaux Q tout à fait explicites à la première grande manif anti-tout en Allemagne, à l’époque), mais aussi avec la théorie du Grand remplacement systématiquement abordée sous un angle purement démographique.

      Et ainsi on dépolitise ces théories du complot, et on occulte leur rôle dans la confusionnisme en faveur de l’extrême-droite :
      – quand on diffuse une théorie (ici l’adrénochrome) tirée de Qanon, on est dans la promotion directe d’un mouvement politique constitué et dévastateur aux États-Unis (qui participe au culte de la personnalité de Trump et a largement motivé l’attaque du Capitole) ;
      – la théorie du Grand remplacement n’est pas une erreur de calcul démographique sur les chiffres de l’immigration, c’est la théorie selon laquelle un élite (qui ? qui ?) complote secrètement pour faire disparaître la « culture européenne blanche chrétienne ». C’est donc clairement dans la lignée des Protocoles des sages de Sion. Mais si on occulte ça, ça devient une question démographique que les candidats à l’élection présidentielle devraient discuter banalement. Alors qu’on est dans le projet politique complètement taré (autant que j’explicite ici mon point Godwin : oui c’est un truc nazi).

    • Au moins le Monde aujourd’hui fait le lien avec QAnon et la tradition antisémite qui soustend le truc :

      Dans « Touche pas à mon poste », le grand déballage de la théorie complotiste antisémite de « l’adrénochrome »
      https://www.lemonde.fr/pixels/article/2023/03/10/dans-touche-pas-a-mon-poste-le-grand-deballage-de-la-theorie-complotiste-ant

      Cette théorie complotiste particulièrement délirante a notamment été popularisée au sein du mouvement Qanon, aux Etats-Unis, dont certains militants accusaient Hillary Clinton, le Parti démocrate et des stars américaines d’avoir mis en place des « fermes » secrètes à adrénochrome, dans lesquelles des enfants étaient torturés puis exécutés pour récolter ce composé.

      […] Mais elles se calquent surtout sur l’un des principaux mythes fondateurs de l’antisémitisme en occident, celui du meurtre rituel d’enfants, mythe dont certains chercheurs font remonter l’origine à la Rome antique et dont l’existence est bien documentée dans l’Angleterre du Moyen Age avant d’essaimer dans l’ensemble de l’Europe. Cette théorie du complot veut que les juifs doivent procéder à des sacrifices rituels d’enfants chrétiens, souvent dans le but de boire leur sang, dans une inversion du rite chrétien consistant pour le prêtre à boire du vin représentant le sang du Christ.

    • Je t’invite à utiliser en permanence désormais le terme « fantasme de complots » plutôt que « théorie ». :)
      Le livre de Wu Ming Q comme Qomplot est très convaincant sur ce point. En plus d’être extrêmement intéressant sur l’immense Histoire qu’il y a derrière l’adrénochrome et les liens avec l’antisémitisme, tout ça est très très détaillé au fil du bouquin.

      Sinon dans la lettre d’ASI de ce soir :

      Chacun de ces éditos pourrait être consacré à une séquence de l’émission de Cyril Hanouna sur C8, Touche pas à mon poste !. Chaque semaine, l’animateur-toutou-vedette de Bolloré nous donnerait largement de quoi réagir ou nous indigner – Arrêt sur images salue d’ailleurs les valeureux dont le travail consiste à se farcir régulièrement l’expérience du vide télévisuel qu’est TPMP, qu’elle soit chercheuse comme Claire Sécail ou journaliste comme Samuel Gontier. Nous ne réagissons pas systématiquement à ce que dit ou fait Cyril Hanouna, mais la dernière émission me semble particulièrement problématique vis-à-vis de la responsabilité qu’a une chaîne dans la diffusion de propos tenus sur son antenne.

      Hier soir, dans TPMP donc, Gérard Fauré – présenté comme un « ancien dealer » et invité pour discuter de la consommation de drogues de Pierre Palmade, ce qui pourrait être le sujet de cet édito mais n’est même pas, et de loin, la chose la plus problématique s’étant déroulée en plateau – a partagé en prime time une théorie du complot. Il s’agit de la croyance, popularisée depuis plusieurs années par le réseau tout aussi complotiste QAnon, selon laquelle « l’adrénochrome », une « molécule humaine » qui serait issue de « sang d’enfants sacrifiés », serait consommée par « plein de stars » afin « d’avoir la jeunesse éternelle ». Tout est faux, mais qu’importe : on est sur C8. Hanouna saute sur l’occasion : « Il y a énormément de gens sur les réseaux qui disent que Gérard soulève un truc qui est réel. » "Ben oui, ça existe", ajoute un autre chroniqueur. Seule la personne qui rédige le bandeau de C8 semble réaliser le délire que cette scène représente, et écrit : « Rappel : les propos de notre invité Gérard Fauré n’engagent que lui. »

      Notez le regard horrifié de Matthieu Delormeau.

      Un message rapidement repris sur les réseaux sociaux de la chaîne : « Suite à la séquence avec Gérard Fauré lors de l’émission Touche Pas à Mon Poste de ce soir, nous rappelons que ses déclarations n’engagent que lui. Nous condamnons les propos tenus par notre invité à l’antenne », a tweeté le compte officiel de TPMP ; « C8 condamne fermement les propos tenus en direct par Gérard Fauré dans l’émission Touche pas à mon poste de ce soir », a renchéri celui de C8. Sauf que ça aussi, c’est complètement faux. Sur son site, le gendarme de l’audiovisuel ayant remplacé le CSA, l’Arcom, souligne « une obligation commune à tous les éditeurs, celle de la maîtrise de l’antenne », et détaille : « L’éditeur est responsable de ce qu’il diffuse et doit se porter garant des propos tenus à l’antenne. » Certes, c’est dans la section « déontologie des programmes » de l’Arcom, que l’on imagine peu consultée par les responsables de C8. Mais alors que l’Arcom vient d’ouvrir trois procédures de sanctions contre TPMP pour de précédents propos de l’animateur comme l’a révélé l’Informé, il serait peut-être temps que Cyril Hanouna en prenne connaissance… ne serait-ce que pour affronter plus sereinement une quatrième procédure, l’Arcom ayant été saisie suite à l’émission de ce jeudi.

    • la fiche wiki est pas mal
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Cyril_Hanouna

      Influence politique
      Plusieurs journalistes relèvent la proximité entre Cyril Hanouna et le gouvernement d’Emmanuel #Macron, des proches du président étant régulièrement présents dans l’émission Touche pas à mon poste. La journaliste de France Inter Sonia Devillers situe Cyril Hanouna au sein du « bras médiatique de la macronie ».

      Plusieurs médias analysent l’orientation politique de son émission à partir de 2021 à l’approche de l’élection présidentielle : l’extrême-droite devient la tendance politique la plus représentée sur le plateau, avec l’invitation de figures particulièrement radicales sans jamais de contradicteurs. L’annonce de la candidature d’Éric Zemmour (collègue d’Hanouna et second pilier médiatique du système Bolloré) transforme ainsi l’émission, selon la chercheuse au CNRS Claire Sécail, en tribune au service de la candidature du polémiste d’extrême-droite, qui cumule plus de 40 % du temps de parole politique de l’émission (devant Emmanuel Macron à 25 %, suivi de Marine le Pen)41. L’extrême droite dans son ensemble (Zemmour, Le Pen, Philippot, Dupont-Aignan) est même majoritaire avec 51,1 % du temps d’antenne cumulé. Zemmour inaugure sa nouvelle émission Face à Baba le 16 décembre 2021, alors que quelques années auparavant Hanouna déclarait qu’il « ne le recevrait jamais ».

      #Qanon #talk_show #extrême_droite #bolloré

    • Seule la personne qui rédige le bandeau de C8 semble réaliser le délire que cette scène représente, et écrit : « Rappel : les propos de notre invité Gérard Fauré n’engagent que lui. »

      La même personne a du écrire le bandeau :" L’usage de produits stupéfiants est dangereux pour la santé et interdit par la loi. "qui illustre l’article du Monde posté par arno. Je ne suis même pas sur que ces gens là carbure à quoi que se soit si ce n’est à la messe en latin. Par contre ce dont je suis sur c’est que C8, Bolloré & Co...sont hyper toxique pour la santé mentale des téléspectateurs et devrait être interdit.

    • La fosse à lisier de la « complosphère » :

      https://www.conspiracywatch.info/gerard-faure-dealer-des-stars-et-star-des-conspis.html

      « Nous allons parler d’un homme, ou plutôt d’un personnage, qui se présente lui-même dans son autobiographie comme le dealer du tout-Paris ». Ce « personnage » présenté par Éric Naulleau dans « Balance ton post ! » en novembre 2018 s’appelle Gérard Fauré. Né au Maroc en 1944, où il commencera ses premiers larcins de contrebande, Fauré est un ancien trafiquant de cocaïne à l’échelle internationale, avec quelques braquages de banques à son actif. En 2018, à peine sorti de la prison de Fleury-Mérogis, l’ancien narco publie Dealer du tout-Paris : Le fournisseur des stars parle. Un livre qui fait alors le tour des grands plateaux de télévision et le bonheur des faits-diversiers. « Il aurait pendant des années fourni en substances illicites des dizaines de stars », poursuit Éric Naulleau. « De quoi alimenter tous les fantasmes sur ce milieu », à une heure de grande écoute.

      #bollorhée #télévision #société_du_spectacle

  • L’Assemblée nationale fixe la « majorité numérique » à 15 ans : à quoi ce concept fait-il référence ?
    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2023/03/02/a-quoi-fait-reference-la-majorite-numerique-en-debat-a-l-assemblee-nationale

    A l’occasion d’un amendement adopté en commission le 15 février, le rapporteur justifie : « L’absence de consensus à ce stade sur la meilleure solution technique de vérification de l’âge doit être prise en compte par le législateur, qui ne saurait inscrire dans la loi un système de vérification particulier, du fait de l’évolution rapide des technologies disponibles ». Le rapporteur souhaite confier à l’Arcom, avec le concours de la CNIL, le soin de les déterminer.

    Dans le même amendement, le député propose que le manquement par un réseau social à ces obligations de vérification de l’âge et du consentement de l’autorité parentale soit puni d’une amende de 100 000 euros.

    Allez, encore une obligation destinée à garantir le monopole de Facebook, Tik Tok et autres grosses cavaleries marchandisées. Il faudra m’expliquer comment @Seenthis et les instances Mastodon seront en capacité de vérifier l’âge des gens qui ouvrent un compte…

    • On a des gamins qui tentent de s’inscrire sur ST ? Vraiment ? On n’a pas de comptes qui diffusent de X, j’vois pas ce que des gamins trouveraient comme intérêt à venir sur ST. On cause que de trucs tristes et déprimants, la fin du monde et du vivant. Rien que ça ça mériterait un alinéa dans un amendement à cette loi.

    • Ma question n’est pas vraiment de savoir si on a des gamins qui s’inscriraient en douce sur Seenthis…, mais d’indiquer que le législateur ajoute encore des contraintes qui peuvent pénaliser les outils et acteurs libres, associatifs, non marchands, sur le Web, souvent au simple motif qu’ils n’imaginent même pas que ça existe. Ou plus probablement parce que leurs seuls échanges sur ces sujets, c’est avec les lobbyistes des Gafam.

      Je vois qu’on se prépare aussi une législation européenne sur la cyber-sécurité, et je suis assez curieux de savoir comment ça va se passer pour les petites boîtes qui, comme nous, développent des choses libres et installent sur SPIP. Sachant que l’amende dont on parle à ce propos en cas de pépin est pas loin de dépasser mon chiffre d’affaire annuel. Est-ce que ça veut dire qu’il va falloir préférer installer du Wordpress avec ses plugins tout faits (et tout troués) parce que ça me dégage de toute responsabilité, et parce que mes clients ne voudront prendre aucun risque avec un outil pas certifié ISO-Trucmuche… ?

    • J’étais évidemment tristement cynique et 25ème degré.

      Nous allons en arriver au point que pour respecter la loi, il faudra enfreindre l’esprit du RGPD et se mettre sous la « protection légale » des GAFAM en favorisant l’adoption de leurs solutions. Parce qu’au moins, avec une solution standard, on ne court pas de risque juridique. Qui ira bien avec le déjà connu « au moins, avec une solution standard, pas besoin de former les utilisateurs ».

    • C’est la semaine des bidules pénibles. Il faut que j’argumente contre un confrère qui explique que la sauvegarde dans le cloud Synology ne respecte pas le RGPD, et que sa solution à base de Wasabi (startup américaine), respecte le RGPD.
      En début d’année, j’ai eu à choisir entre DocuS*gn (startup américaine) et la startup française de ce type de besoin. C’est la première qui a eu la faveur de mon client « parce qu’on a déjà un compte ». On leur donne la liste de toutes nos relations B2B, la liste de tous les interlocuteurs, les contrats au format PDF. Puis on t’enquiquine avec le RGPD ceci cela.

  • « Team Jorge », des mercenaires de la désinformation.
C’est une très discrète société israélienne qui revendique son ingérence dans plusieurs dizaines d’élections. Elle offre un arsenal de services illégaux, piratage des boîtes e-mail jusqu’à des campagnes d’influence grâce à un énorme réseau de faux comptes sur les réseaux sociaux.

    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2023/02/15/revelations-sur-team-jorge-des-mercenaires-de-la-desinformation-operant-dans

  • Quels appareils numériques consomment le plus d’électricité : smartphone, ordinateur portable ou box Internet ?
    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2023/02/02/electricite-que-consomment-vos-appareils-numeriques_6160285_4408996.html

    Sur une année complète, trois heures de jeu quotidiennes sur un ordinateur moyen de gamme coûtent près de 90 euros, écran 24 pouces inclus.

    #électricité #numérique

  • Jeu vidéo : Epic Games paiera 520 millions de dollars pour ne pas avoir assez protégé les mineurs
    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2022/12/19/jeu-video-epic-games-paiera-520-millions-de-dollars-pour-ne-pas-avoir-assez-

    (...)
    La FTC avait intenté deux actions distinctes contre Epic Games. La première, devant un tribunal civil fédéral de Caroline du Nord, reprochait à l’éditeur de ne pas avoir prévenu les parents de joueurs mineurs qu’il collectait des données personnelles sur leurs enfants.

    L’agence dénonçait également le fait que l’interface de communication, vocale ou par écrit, entre joueurs était activée par défaut pour tous les utilisateurs de Fortnite. De ce fait, des adultes pouvaient entrer librement en contact avec des enfants via la plate-forme. « A travers Fortnite, des enfants ont été menacés et harcelés, y compris sexuellement », faisait valoir la FTC dans le document soumis à un juge fédéral.

    La seconde action concernait le fait que les modalités d’achat d’objets virtuels dans le jeu avaient été tellement simplifiées que de jeunes joueurs pouvaient ne pas se rendre compte qu’ils effectuaient des achats.

    La FTC avait notamment recueilli des témoignages de parents expliquant avoir découvert que leurs enfants avaient dépensé plusieurs dizaines, voire centaines de dollars à leur insu en jouant à Fortnite. Depuis, Epic Games a notamment ajouté un niveau de validation supplémentaire pour un achat et instauré une limite de dépense sur la plate-forme pour les joueurs de moins de 13 ans.

  • Rachat d’Activision par Microsoft : l’autorité de la concurrence américaine veut bloquer l’opération
    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2022/12/08/rachat-d-activision-par-microsoft-l-autorite-de-la-concurrence-americaine-ve

    L’autorité américaine de la concurrence, la FTC, a porté plainte jeudi 8 décembre pour bloquer le rachat pour 69 milliards de dollars (65 milliards d’euros) d’Activision Blizzard, éditeur de jeux vidéo à succès comme Call of Duty, par Microsoft.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #business #finance #microsoft #activision_blizzard #jeu_vidéo_call_of_duty #ftc #concurrence #zenimax #bethesda_softworks #jeu_vidéo_starfield #commission_européenne

  • La rédaction de Gamekult démissionne après le rachat du site par Reworld Media
    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2022/11/17/la-redaction-de-gamekult-demissionne-apres-le-rachat-du-site-par-reworld-med

    L’essentiel des journalistes du site de jeu vidéo a annoncé jeudi qu’ils entendaient quitter leur poste, après que sa maison mère, Unify, a été vendue par TF1 au groupe de médias connu pour sa stratégie de rachat et de réduction des coûts.

    #jeux_vidéo #jeu_vidéo #gamekult #reworld_media #rachat #acquisition #finance #cession #démission #départ #rédaction #journalisme #presse

  • En dépit de toutes ses contradictions, elle mérite le plus grand respect. Ce sont des personnes comme elle et Snowden, nos "braves pioupious" d’aujourd’hui.

    Chelsea Manning : « Maintenant, décrire la réalité est considéré comme un acte criminel »
    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2022/10/18/chelsea-manning-maintenant-decrire-la-realite-est-considere-comme-un-acte-cr

  • Sur Instagram, le désarroi des petits créateurs déboussolés par les changements d’algorithme

    Pour imiter TikTok, Instagram a amorcé de profonds changements de son algorithme, privilégiant désormais les contenus vidéo. Photographes, peintres ou fripiers… certains créateurs, dont le gagne-pain dépend de la plate-forme, n’arrivent plus à suivre.

    <https://www.lemonde.fr/pixels/article/2022/09/17/sur-instagram-le-desarroi-des-petits-createurs-deboussoles-par-les-changemen>

    Ce sont des images d’animaux sauvages capturées sur le vif et dont le succès s’étiole sur Instagram. « Mes meilleures photos, par le passé, touchaient facilement 3 000 comptes ; aujourd’hui elles ne dépassent plus les 800 vues », regrette le photographe Mathieu Pujol. « J’ai subi, moi aussi, une nette chute de visibilité, appuie le peintre Louis Thomas. Comme absolument tous les artistes et artisans que je connais. »

    Comme eux, la majorité des créateurs et commerçants interrogés par Le Monde ont perçu un trou d’air dans la diffusion de leurs publications depuis le début de 2022. Et un coupable revient sur toutes les lèvres : les « Reels », ces vidéos courtes inspirées de TikTok qu’Instagram favorise de façon croissante, et qui occupent plus de place dans le fil des utilisateurs, au détriment des photos. S’ensuit une baisse de visibilité généralisée pour ces publications, que le communicant Thomas Micaletto, qui travaille pour des artistes et institutions culturelles, estime « autour de – 50 % ». Or « Instagram est le réseau de prédilection des artistes, poursuit-il. Depuis six mois, ils cherchent donc désespérément à reconquérir leur cœur de cible ».

    « On n’existe plus »

    Pour ces artistes, les conséquences peuvent être sérieuses quant à leur notoriété, mais rarement immédiates : peu d’entre eux commercialisent leurs œuvres directement à travers Instagram. Le choc est en revanche bien plus rude pour les vendeurs de vêtements et de meubles. « Quand j’ai démarré mon activité, la progression était très bonne, témoigne la fondatrice de la boutique de fripes Les Placards de Colette. Mais j’ai subi une énorme chute de revenus. Je pensais en faire mon activité principale, elle sera seulement secondaire et ponctuelle. » Anne, qui coud des vêtements, a également subi une baisse des commandes : « C’est très décourageant car ma vitrine principale, c’est mon compte Instagram, LdDN, qui est très chronophage. »

    Certains décident de jouer le jeu et se mettent à publier des vidéos. « J’ai constaté qu’en recourant aux “Reels”, parmi d’autres bonnes pratiques, mon compte Instagram continue de se développer », témoigne ainsi Nicolas, brocanteur et restaurateur. Mais pour d’autres, adapter sa pratique demande trop de temps. « Il faut compter une heure de travail contre quelques minutes pour une série de photos », explique ainsi Anne. Sans compter que la vidéo exige des compétences nouvelles et se marie mal avec certaines activités. « C’est plus facile dans le cinéma, le théâtre, la littérature ou la musique », juge ainsi Alexia Guggémos, journaliste spécialisée dans les questions de stratégie de diffusion de l’art sur les réseaux sociaux. Pour elle, par ailleurs, « chacun n’est pas apte à se mettre en scène ».

    Faute d’y parvenir, beaucoup d’artistes et d’artisans cherchent à se réinventer sur d’autres plates-formes – comme le site d’artisanat Etsy, le site de financement participatif Patreon, voire une simple mailing-list – sans nécessairement retrouver le dynamisme qu’Instagram leur offrait. Tandis que d’autres tentent de développer leur activité hors ligne, telle Wendy Malinovsky, créatrice de vêtements, pour qui il est « sain de s’émanciper d’Instagram en passant par des moyens de vente, comme les marchés de créateurs ».

    Reste enfin la sponsorisation, c’est-à-dire le fait de payer Instagram pour faire apparaître ses posts dans le fil des utilisateurs, à laquelle certains consentent pour augmenter leur visibilité mais dont les résultats ne sont pas garantis : Anne a ainsi « essayé », mais n’a « pas tellement vu de retour sur investissement ». « Le coût par clic a beaucoup augmenté, et j’observe une saturation publicitaire sur Instagram », analyse Thomas Micaletto.

    Alors, pour beaucoup, le découragement guette. « Je me suis pas mal éloigné d’Instagram ces dernières semaines », soupire le photographe Mathieu Pujol. Son homologue JC Pieri, dans un article publié sur le site spécialisé Phototrend, soutient même que « la photo devient presque impossible à partager. (…) Beaucoup [de photographes] sont dégoûtés ». Sous l’article, le commentaire désabusé de « Mazière » cingle : « Un changement d’algorithme, et hop, on n’existe plus. »

    Valse des changements

    Difficile, en effet, de compter sur le soutien d’Instagram pour inscrire sa communication dans le temps long, tant l’histoire du réseau social est marquée de tournants abrupts. « Bien rares sont ceux qui sont restés au sommet d’Instagram pendant dix ans », affirme ainsi Thomas Micaletto. En 2016 par exemple, le réseau social a radicalement changé ses règles de publication : les posts ne sont depuis plus présentés par ordre chronologique mais choisis par un algorithme au fonctionnement impénétrable. La même année, le réseau social a introduit un nouveau format, la « Story » , visant à concurrencer Snapchat.

    Les années suivantes, les publications des petits créateurs ont trouvé un public de plus en plus clairsemé. Selon Thomas Micaletto, « cette érosion de la diffusion a quelque chose à voir avec l’augmentation du nombre de créateurs et de la concurrence sur Instagram ». Mais un certain nombre d’utilisateurs dépendant, pour exister, de leur exposition sur le réseau social, cette érosion aurait aussi, d’après lui, « profité » à la plate-forme « puisqu’elle a poussé beaucoup de petits créateurs à investir dans de la publicité ».

    C’est dans ce contexte déjà ultra-concurrentiel que sont arrivées les « Reels », ces vidéos qu’Instagram défend avec force puisqu’elles génèrent, selon l’entreprise, de plus en plus d’intérêt de la part de ses membres, tout en lui permettant d’espérer couper l’herbe sous le pied du réseau concurrent TikTok, à la croissance fulgurante.

    Ces changements de trajectoire semblent parfois déboussoler le public. Selon le Wall Street Journal, un document interne à Meta – maison mère d’Instagram – rapporte que, à la mi-2022, seuls 20 % des utilisateurs de la plate-forme étaient convaincus qu’elle se souciait d’eux, contre 70 % en 2019. « Avant j’y trouvais de l’inspi[ration] pour mes photos, mais c’est terminé, tout ce que je vois ce sont des copies de TikTok », tranche ainsi une utilisatrice du réseau social.

    D’autant que les mues s’enchaînent. A l’avenir, le réseau misera beaucoup sur l’insertion, dans le fil de ses utilisateurs, de contenus qui ne proviennent pas des comptes auxquels ils sont abonnés mais qui sont choisis par un algorithme, désigné sous les termes discovery engine (« moteur de découverte »), chargé de repérer les posts qui font beaucoup réagir. Les premiers contenus promus par cet automate sont apparus au deuxième semestre 2021 et ils sont restés relativement discrets dans le fil des usagers jusqu’au mois de juin 2022 quand, leur proportion augmentant, une vague de mécontentement s’est formée. Ce mouvement s’est cristallisé dans une pétition recueillant plus de 300 000 signatures.

    Le réseau social a fait machine arrière quelques semaines plus tard, réduisant la part des contenus promus par son automate dans le fil des utilisateurs, tout en prévenant que ce recul était temporaire. Contactée par Lemonde.fr sur l’impact que génèrent sur les utilisateurs les changements successifs apportés à son algorithme, la société n’a pas souhaité faire de commentaire, assurant simplement qu’« Instagram a besoin d’évoluer en même temps que le monde change ».

    L’objectif du groupe Meta reste en effet d’augmenter drastiquement la part des recommandations sur ses réseaux sociaux Instagram et Facebook. Si aucun chiffre précis n’a été rendu public pour le premier, observer ce qui se passe sur le second permet de se faire une idée : selon le site spécialisé The Verge, Mark Zuckerberg a fixé comme objectif de faire grimper sur Facebook la part des contenus sponsorisés de 15 % actuellement à 30 % d’ici à la fin de 2023.

    #Instagram#numérique#réseaux_socios#libéralisme#industrialisation#numerique#Tik_Tok#Facebook#anomie_sociale#abus_de_position_dominante

  • Des données personnelles de clients Orange Cyberdefense diffusées en ligne
    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2022/09/06/des-donnees-personnelles-de-clients-orange-cyberdefense-diffusees-en-ligne_6

    Un fichier avec les données personnelles de plusieurs centaines de ses clients a été partagé dimanche sur Internet. Il contient les coordonnées de nombreux responsables informatiques d’entreprises françaises, des informations particulièrement sensibles.

  • « #Uber_Files » : révélations sur le « #deal » secret entre #Uber et Emmanuel #Macron à Bercy

    Des documents internes à l’entreprise, analysés par « Le Monde », montrent comment, entre 2014 et 2016, le ministre de l’économie a œuvré en coulisse pour la société de #VTC, qui tentait d’imposer une #dérégulation_du_marché et affrontait l’hostilité du gouvernement.

    Premier octobre 2014. Depuis minuit, la toute nouvelle loi Thévenoud est entrée en vigueur : elle encadre beaucoup plus sévèrement les conditions pour devenir chauffeur Uber, trois ans après l’arrivée de l’entreprise américaine en France, et interdit de facto UberPop, le service qui a provoqué un gigantesque mouvement de colère des taxis dans l’Hexagone en permettant à tout un chacun de devenir chauffeur occasionnel. Mais à 8 h 30, ce matin-là, c’est un véhicule Uber un peu particulier qui se gare devant le 145 de la rue de Bercy – l’entrée du ministère de l’économie par laquelle passent les invités d’Emmanuel Macron, nommé un mois plus tôt à ce poste.

    « Meeting méga top avec Emmanuel Macron ce matin. La France nous aime après tout » Message du lobbyiste d’Uber Mark MacGann à ses collègues

    A l’intérieur du van Mercedes Viano se trouvent quatre figures d’Uber : Pierre-Dimitri Gore-Coty, le directeur Europe de l’Ouest, aujourd’hui chargé d’Uber Eats ; Mark MacGann, le lobbyiste en chef pour la zone Europe, Afrique, Moyen-Orient ; David Plouffe, l’ancien conseiller de Barack Obama, fraîchement nommé vice-président d’Uber ; et le fondateur et PDG de l’entreprise en personne, Travis Kalanick. Une heure plus tard, l’équipe de lobbying de choc ressort abasourdie du bureau d’Emmanuel Macron. « En un mot : spectaculaire. Du jamais-vu, écrit Mark MacGann dans un bref compte rendu envoyé dans la foulée à ses collègues. Beaucoup de boulot à venir, mais on va bientôt danser ;) » « Meeting méga top avec Emmanuel Macron ce matin. La France nous aime après tout », écrira-t-il également.

    Cette rencontre restée confidentielle ne figurait pas à l’agenda d’Emmanuel Macron. Le Monde et ses partenaires du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) sont aujourd’hui en mesure d’en révéler l’existence grâce à l’analyse d’une vaste quantité de documents internes d’Uber, transmis au quotidien britannique The Guardian. Ces « Uber Files », des dizaines de milliers d’e-mails, de présentations, de tableurs et de documents PDF, écrits entre 2013 et 2017, jettent un éclairage particulièrement cru sur ces années folles, émaillées de violences durant les manifestations de taxis, pendant lesquelles l’entreprise américaine a usé de toutes les recettes du lobbying pour tenter d’obtenir une dérégulation du marché en France.

    Surtout, ces documents montrent à quel point Uber a trouvé une oreille attentive chez Emmanuel Macron, qui scellera quelques mois plus tard un « deal » secret avec l’entreprise californienne pour « faire en sorte que la France travaille pour Uber afin qu’Uber puisse travailler en et pour la France ».

    Gouvernement court-circuité

    Les dirigeants d’Uber sont d’autant plus ravis de l’accueil extrêmement cordial du ministre de l’économie que le reste du gouvernement leur est très hostile. Le président François Hollande a bien rencontré très discrètement Travis Kalanick en février 2014, mais personne au sein de l’exécutif ne semble prêt à défendre Uber. Arnaud Montebourg, le prédécesseur d’Emmanuel Macron à Bercy, accusait directement Uber de « détruire des entreprises » ; au ministère de l’intérieur, Bernard Cazeneuve – qui a la tutelle des taxis – ne cache pas son hostilité au service, qui opère en marge de la loi et est visé par au moins quatre enquêtes différentes. Manuel Valls, premier ministre, n’a guère plus de sympathie pour Uber, et Alain Vidalies, aux transports, se méfie de ce service qui n’offre aucune sécurité de l’emploi. Lorsqu’il reçoit M. Kalanick, M. Macron ne peut ignorer qu’il court-circuite ainsi les décisions de ses collègues du gouvernement et des députés socialistes.

    L’actuel président de la République n’a jamais caché sa sympathie pour Uber et son modèle, à même, selon lui, de créer énormément d’emplois, notamment pour les personnes peu qualifiées. « Je ne vais pas interdire Uber, ce serait renvoyer [les jeunes de banlieue sans qualifications] vendre de la drogue à Stains [Seine-Saint-Denis] », avait-il déclaré à Mediapart en novembre 2016. Fin 2014, Emmanuel Macron défend très publiquement le modèle d’Uber lors de la conférence Le Web, durant laquelle il se prononce contre l’interdiction d’Uber à Paris et explique que « [son] job n’est pas d’aider les entreprises établies mais de travailler pour les outsiders, les innovateurs ».

    Emmanuel Macron a été, à Bercy, plus qu’un soutien, quasiment un partenaire

    Mais les « Uber Files » montrent à quel point Emmanuel Macron a été, à Bercy, plus qu’un soutien, quasiment un partenaire. Un ministre qui suggère à Uber de transmettre des amendements « clés en main » à des députés amis ; un ministre qu’Uber France n’hésite pas à solliciter en cas de perquisition dans ses locaux ; un ministre qui, ce 1er octobre 2014, « s’excuse presque » de l’entrée en vigueur de la loi Thévenoud, d’après un compte rendu du rendez-vous écrit par le lobbyiste Mark MacGann pour ses collègues anglophones. D’après ce message, M. Macron aurait affirmé vouloir aider Uber à « travailler autour » de cette loi.

    La rencontre d’octobre 2014 à Bercy avec Travis Kalanick est la première d’une longue série d’échanges avec le très controversé fondateur et PDG d’Uber, qui a quitté le conseil d’administration de l’entreprise en 2017 après une série de scandales de harcèlement et de conflits avec ses actionnaires. Au moins dix-sept échanges significatifs (rendez-vous, appels, SMS) ont eu lieu entre Emmanuel Macron ou ses proches conseillers et les équipes d’Uber France dans les dix-huit mois qui ont suivi son arrivée au ministère, dont au moins quatre rencontres entre le ministre et Travis Kalanick. Soit un échange par mois en moyenne.

    Relation « gagnant-gagnant »

    Les cadres d’Uber France entrevoient rapidement comment ils peuvent, dans une forme de symbiose, établir une relation « gagnant-gagnant » avec Emmanuel Macron, en fournissant au ministre des occasions de se présenter comme le champion de l’innovation, tout en assurant à l’entreprise des retombées médiatiques et politiques positives. Fin 2014, l’actualité offre un moment idéal : le géant du transport Mory Ducros, en grave difficulté financière depuis plusieurs années, s’apprête à déposer le bilan. Le dossier intéresse beaucoup Uber, et Travis Kalanick l’évoque avec Emmanuel Macron. Plutôt que de laisser les 2 200 salariés que compte encore l’entreprise perdre leur travail, pourquoi ne pas leur proposer de devenir chauffeurs Uber ? L’entreprise fait face à une pénurie de « supply » – « ravitaillement », le mot utilisé en interne pour désigner les chauffeurs.

    En février 2015, quand Mory Ducros dépose finalement le bilan, les principaux cadres d’Uber France voient une occasion parfaite pour « pousser » leur proposition de simplifier les conditions d’accès à la licence de VTC (véhicule de transport avec chauffeur). « Cela pourrait être une sortie de crise pour le ministre [Emmanuel Macron], avec des milliers de chauffeurs de poids lourds qui deviendraient chauffeurs Uber », écrit Alexandre Molla, responsable du développement d’Uber en France. « On devrait en parler aussi vite que possible au cabinet de Macron (…) pour voir si ça l’intéresserait d’explorer cette idée avec Travis Kalanick », répond Maxime Drouineau, de l’équipe affaires publiques d’Uber.

    Le projet n’aboutira jamais. Pas plus que celui, pourtant très avancé, d’organiser une visite des locaux d’Uber France et une rencontre avec des chauffeurs. Emmanuel Macron avait également donné son accord pour un détour par le siège californien d’Uber à San Francisco, en marge de son déplacement au Consumer Electronics Show, le salon des technologies de Las Vegas, visite qui n’aura jamais lieu. Fin 2015, un porte-parole d’Uber France s’agacera d’ailleurs publiquement que les rencontres avec son PDG ne soient « jamais inscrites à l’agenda » de ses interlocuteurs politiques.

    Dès sa première rencontre avec Travis Kalanick, le ministre s’engage à aider Uber qui est dans le viseur des services de la répression des fraudes

    En coulisse, en tout cas, Emmanuel Macron et son cabinet se démènent pour aider l’entreprise américaine. Dès sa première rencontre avec Travis Kalanick, le ministre de l’économie s’est engagé à donner un coup de pouce à Uber sur un dossier bien précis : la DGCCRF. A l’époque, la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, sous la tutelle de Bercy, enquête sur Uber et son modèle, considérant qu’UberPop se présente de manière mensongère comme un service de covoiturage. Les contrôles de chauffeurs se multiplient et, à Paris, les cadres de l’entreprise se doutent qu’une perquisition est imminente. Ce 1er octobre 2014, Emmanuel Macron les rassure : opposé à ce que les agents de la DGCCRF soient « trop conservateurs » dans leur interprétation des textes, il demande à son cabinet d’avoir « une discussion technique » avec eux, selon un compte rendu de la réunion écrit par Uber.

    Mais six semaines après cette rencontre, et d’autres échanges plus informels, deux agents de la DGCCRF se présentent dans les locaux d’Uber France à Lyon. Trois jours plus tard, c’est le siège à Paris qui est visé par une perquisition. Depuis les Etats-Unis, David Plouffe, vice-président d’Uber, fulmine : « [Ces agents] dépendent de Macron, n’est-ce pas ? » Trois jours plus tard, le sujet est évoqué dans une nouvelle réunion entre Thibaud Simphal, directeur général d’Uber France, et Emmanuel Lacresse, le directeur de cabinet adjoint d’Emmanuel Macron, aujourd’hui député (Renaissance) de Meurthe-et-Moselle. « Lacresse a précisé que les grandes administrations comme la DGCCRF (…) fonctionnent principalement en autonomie, relate un compte rendu. Mais il a reconnu qu’il était important qu’ils agissent en cohérence, et donc il a dit qu’il leur parlerait. »

    La DGCCRF a-t-elle subi des pressions ? Non, assure-t-elle aujourd’hui. Sollicités, plusieurs de ses hauts responsables de l’époque, dont la directrice Nathalie Homobono, n’ont pas souhaité répondre aux questions du Monde. Quant à Emmanuel Lacresse, il affirme de son côté qu’à aucun moment « des consignes n’ont été données à la DGCCRF ».

    Un décret sur mesure

    Une situation similaire se produit en octobre 2015 : le préfet de police de Marseille, Laurent Nuñez, prend un arrêté interdisant de facto Uber dans une large partie des Bouches-du-Rhône. « Monsieur le Ministre, nous sommes consternés par l’arrêté préfectoral à Marseille », écrit aussitôt Mark MacGann, le lobbyiste en chef d’Uber, à Emmanuel Macron. « Pourriez-vous demander à votre cabinet de nous aider à comprendre ce qui se passe ? » Emmanuel Macron répond par SMS qu’il va « regarder cela personnellement ». Trois jours plus tard, la préfecture de police « précise » les contours de son arrêté : l’interdiction disparaît au profit d’une menace de contrôles accrus pour les chauffeurs qui ne seraient pas en règle.

    Laurent Nuñez, aujourd’hui coordonnateur national du renseignement à l’Elysée et proche conseiller d’Emmanuel Macron, assure n’avoir reçu aucune pression ni avoir eu aucun échange avec Bercy sur ce sujet ; d’anciens cadres d’Uber estiment que la préfecture se serait simplement rendu compte que son arrêté initial était illégal. M. Lacresse affirme de son côté que « le ministre n’est jamais intervenu auprès de la préfecture des Bouches-du-Rhône concernant la suspension du service UberX à Marseille, ni sur des procédures judiciaires quelles qu’elles soient concernant l’entreprise Uber ».

    La réaction agacée d’Uber face à l’arrêté marseillais est d’autant plus vive qu’à ce moment-là, l’entreprise est précisément en train de valider les contours précis d’un accord confidentiel avec Emmanuel Macron, proposé par le ministre. Le « deal », comme l’appellent les cadres d’Uber France, repose sur un échange simple : en contrepartie de la suspension d’UberPop, Emmanuel Macron leur fait miroiter une simplification drastique des conditions nécessaires pour obtenir une licence de VTC. Un accord « gagnant-gagnant » pour Uber, dont le service UberPop a déjà été jugé illégal à plusieurs reprises, et que l’entreprise réfléchit déjà à arrêter.

    Pour y parvenir, Emmanuel Macron et Uber s’accordent sur une stratégie commune. « Il veut que nous l’aidions en communiquant clairement et de manière agressive », écrit Thibaud Simphal, dans un compte rendu de réunion en janvier 2015. Première étape : Uber rédige directement des amendements parlementaires simplifiant les conditions d’accès à la licence de VTC, pour qu’ils soient proposés par des députés et discutés au cours de l’examen du projet de loi dite « Macron 1 » ; si leur adoption est peu probable à l’Assemblée, ils donneront plus de poids au ministre pour signer un décret qui n’aura pas besoin de passer par l’Assemblée.

    En janvier 2015, Uber France transmet donc des amendements « clés en main » au député socialiste Luc Belot, opposé à UberPop mais très favorable à Uber, avec qui ils sont déjà en contact. « Bon appel avec Luc Belot, député socialiste, soutien-clé des VTC et d’Uber, se félicite Thibaud Simphal, le 21 janvier. Il a fait allusion à Macron à plusieurs reprises, et aussi, de manière détournée, à notre rencontre [avec Macron] d’hier soir. Il veut que le dossier VTC avance. » M. Simphal retire de cet échange « l’impression » que le député « avait reçu un coup de fil de Julie Bonamy », la rapporteuse de la mission de Thomas Thévenoud sur les taxis et les VTC en 2014, voire « de Macron lui-même, étant donné le niveau de détail qu’il avait ». Sollicité par Le Monde, M. Belot reconnaît avoir déposé des amendements tels que rédigés par Uber ou légèrement modifiés, et explique avoir été en plein accord avec leur contenu, étant convaincu qu’Uber apportait des améliorations aux services de transport.

    Le plan se déroule sans accroc : les amendements présentés par Luc Belot sont rejetés ou retirés, mais Emmanuel Macron saisit l’occasion, à l’Assemblée, pour annoncer qu’un décret en reprendra les grandes lignes. Début 2016, le gouvernement réduit la durée de la formation nécessaire pour l’obtention d’une licence de VTC de deux cent cinquante à sept heures. Uber France conteste avoir obtenu une législation plus favorable à la suite de l’arrêt de Pop, et explique avoir stoppé ce service en raison du « niveau des violences visant nos utilisateurs, chauffeurs comme passagers, qui ne nous permettaient plus d’assurer leur sécurité », ainsi que par le placement en garde à vue de deux de ses cadres.

    Une forme de fascination

    Six mois plus tôt, le « deal » avait pourtant été entériné directement au plus haut niveau. Le 3 juillet 2015, Travis Kalanick envoie un SMS à Emmanuel Macron. Dans les jours précédents, le ministre de l’économie a discuté avec Bernard Cazeneuve et Manuel Valls pour leur présenter son « deal », et Uber a annoncé le matin même la suspension d’UberPop en France, mais Travis Kalanick, échaudé, se demande si l’intérieur est vraiment d’accord. « Pouvons-nous faire confiance à caz [Cazeneuve] ? », écrit M. Kalanick. « Nous avons eu une réunion hier avec le premier ministre, répond Emmanuel Macron. [Bernard] Cazeneuve s’assurera que les taxis restent calmes et je réunirai tout le monde la semaine prochaine pour préparer la réforme et corriger la loi. Caz a accepté le deal. Quand êtes-vous à Paris ? » A 20 heures, UberPop est définitivement mis hors ligne en France. M. Cazeneuve assure au Monde ne jamais avoir été consulté ou tenu au courant d’un accord de ce type.

    Conclu, le « deal » est rapidement mis à rude épreuve. Trois jours après cet échange, juste avant 8 heures, une vingtaine d’agents débarquent au siège d’Uber à Paris pour une perquisition. Très agacé par ce qu’il perçoit comme une trahison, Mark MacGann demande en parallèle à ses collègues de lui passer les enquêteurs au téléphone pour « brandir Macron, Caze, etc. », dans l’idée de se prévaloir de leur soutien.

    L’enquête, portant sur des soupçons d’évasion fiscale, est du ressort des services du ministère du budget, et non de ceux d’Emmanuel Macron. Mais cela n’empêche pas Mark MacGann d’envoyer immédiatement un SMS au ministre de l’économie, resté sans réponse : « Désolé de vous embêter, mais descente en ce moment d’une vingtaine de fonctionnaires de la direction des finances publiques. Ils disent qu’ils vont mettre [nos] dirigeants en garde à vue. (…) Nous avions l’espoir de pouvoir atteindre le fameux climat d’apaisement dès ce week-end. Pouvez-vous demander à vos services de nous conseiller ? »

    Quelle était la motivation d’Emmanuel Macron pour s’impliquer, avec tant d’énergie, aux côtés d’une multinationale américaine à la réputation sulfureuse ? Une convergence de vues politique, d’abord, en faveur d’une dérégulation rapide. Mais aussi une certaine fascination pour Travis Kalanick. Dans le très controversé fondateur d’une des entreprises les plus « disruptives » de la dernière décennie, le futur président voyait, semble-t-il, une sorte de double. A la veille de leur première rencontre, une collaboratrice d’Uber relatait ainsi une discussion avec son cabinet : « Emmanuel Macron est très intéressé par l’histoire de Travis, miroir de la sienne – moins de 40 ans et réussite impressionnante. »

    Sollicité, l’Elysée affirme que l’action de l’ancien ministre de l’économie rentrait dans le cadre classique des fonctions d’un ministre qui était « naturellement amené à échanger avec de nombreuses entreprises engagées dans la mutation profonde des services advenue au cours des années évoquées, qu’il convenait de faciliter en dénouant certains verrous administratifs ou réglementaires ».

    Ces bonnes relations se sont-elles poursuivies après le départ d’Emmanuel Macron de Bercy, et son arrivée à l’Elysée ? D’après le registre de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, des représentants d’Uber ont rencontré des collaborateurs du président Macron à huit reprises entre 2017 et 2022. En 2018, Dara Khosrowshahi, le bien plus fréquentable remplaçant de Travis Kalanick, faisait partie des invités de marque du sommet Tech for Good, voulu et organisé par le président de la République. Une rencontre publique, et en grande pompe, cette fois.

    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2022/07/10/uber-files-revelations-sur-le-deal-secret-entre-uber-et-macron-a-bercy_61342

    #Emmanuel_Macron #loi_Thévenoud #UberPop #Mark_MacGann #Pierre-Dimitri_Gore-Coty #David_Plouffe #Travis_Kalanick #Uber_France #DGCCRF #lobbying #lobby #justice #kill_switch #perquisition #obstruction_à_la_justice #optimisation_fiscale

    • « Macron a aidé Uber à piétiner la justice française.
      Ce n’est pas un bilan, c’est un vol en bande organisée… »

      « Macron a aidé Uber à installer son système illégal en France quand il était ministre de l’économie.
      Son bilan, c’est une immense affaire judiciaire… »

      https://twitter.com/realmarcel1/status/1546166083429830656?cxt=HHwWgMC86Yz3ivUqAAAA
      #UberFiles

      Jamais il ne représentera autre chose que les intérêts des lobbies.

      Honteux depuis 5 ans, et 5 ans de plus !

      Scandale #UberFiles. Commentaires des économistes et des journalistes macronisés, commentaires des Renaissants macronistes : banaliser le rôle des économistes libéraux, banaliser le #lobbying, banaliser le statut des ubérisés, banaliser le comportement de Sa Majesté Macron.

      https://twitter.com/HMaler/status/1546406962707005445?cxt=HHwWioC8pY-8-PUqAAAA

    • https://video.twimg.com/ext_tw_video/1546274785595998208/pu/vid/430x236/8wpmPfM6NKTHu6TF.mp4?tag=12


      Ça fait mal, les archives … 2017 (Rue 89)

      Un peu plus tard les députés godillots vote la charte de la transparence de la vie publique...

      Permettez que je pose un extrait de la charte signée par les députés en marche.
      Allez, je file, j’ai mon Uber qui m’attend.

    • « Nous avons vendu un mensonge à tout le monde » : Mark MacGann, le lanceur d’alerte des « Uber Files », se dévoile
      https://www.lemonde.fr/pixels/article/2022/07/11/nous-avons-vendu-un-mensonge-a-tout-le-monde-mark-macgann-le-lanceur-d-alert

      Le lobbyiste irlandais a été, durant deux ans, l’un des principaux responsables des affaires publiques d’Uber. C’est lui qui a transmis au « Guardian » les 124 000 documents qui constituent les « Uber Files ».

    • The Uber whistleblower: I’m exposing a system that sold people a lie | Uber | The Guardian
      https://www.theguardian.com/news/2022/jul/11/uber-files-whistleblower-lobbyist-mark-macgann
      https://i.guim.co.uk/img/media/749495115679b5c78076050372922d703c8f291f/0_0_5000_3000/master/5000.jpg?width=1200&height=630&quality=85&auto=format&fit=crop&overlay-ali

      Exclusive: Mark MacGann says he has decided to speak out about firm to ‘right some fundamental wrongs’
      by Paul Lewis, Harry Davies, Lisa O’Carroll, Simon Goodley and Felicity Lawrence
      Mon 11 Jul 2022 16.55 BST
      Last modified on Mon 11 Jul 2022 16.56 BST

      Mark MacGann, a career lobbyist who led Uber’s efforts to win over governments across Europe, the Middle East and Africa, has come forward to identify himself as the source who leaked more than 124,000 company files to the Guardian.

      MacGann decided to speak out, he says, because he believes Uber knowingly flouted laws in dozens of countries and misled people about the benefits to drivers of the company’s gig-economy model.

      The 52-year-old acknowledges he was part of Uber’s top team at the time – and is not without blame for the conduct he describes. In an exclusive interview with the Guardian, he said he was partly motivated by remorse.

      “I am partly responsible,” he said. “I was the one talking to governments, I was the one pushing this with the media, I was the one telling people that they should change the rules because drivers were going to benefit and people were going to get so much economic opportunity.

      Q&A
      What are the Uber files?

      The Uber files is a global investigation based on a trove of 124,000 documents that were leaked to the Guardian by Mark MacGann, Uber’s former chief lobbyist in Europe, the Middle East and Africa. The data consist of emails, iMessages and WhatsApp exchanges between the Silicon Valley giant’s most senior executives, as well as memos, presentations, notebooks, briefing papers and invoices.

      The leaked records cover 40 countries and span 2013 to 2017, the period in which Uber was aggressively expanding across the world. They reveal how the company broke the law, duped police and regulators, exploited violence against drivers and secretly lobbied governments across the world.

      To facilitate a global investigation in the public interest, the Guardian shared the data with 180 journalists in 29 countries via the International Consortium of Investigative Journalists (ICIJ). The investigation was managed and led by the Guardian with the ICIJ.

      In a statement, Uber said: “We have not and will not make excuses for past behaviour that is clearly not in line with our present values. Instead, we ask the public to judge us by what we’ve done over the last five years and what we will do in the years to come.”

      “When that turned out not to be the case – we had actually sold people a lie – how can you have a clear conscience if you don’t stand up and own your contribution to how people are being treated today?”

      The senior role MacGann held at Uber between 2014 and 2016 put him at the heart of decisions taken at the highest levels of the company during the period in which it was forcing its way into markets in violation of taxi-licensing laws. He oversaw Uber’s attempts to persuade governments to change taxi regulations and create a more favourable business environment in more than 40 countries.

      He said the ease with which Uber penetrated the highest echelons of power in countries such as the UK, France and Russia was “intoxicating” but also “deeply unfair” and “anti-democratic”.

      In his wide-ranging interview, MacGann detailed the personal journey that led him to leak the data years after leaving Uber.

      “I regret being part of a group of people which massaged the facts to earn the trust of drivers, of consumers and of political elites,” he said. “I should have shown more common sense and pushed harder to stop the craziness. It is my duty to [now] speak up and help governments and parliamentarians right some fundamental wrongs. Morally, I had no choice in the matter.”

      The Guardian led a global investigation into the leaked Uber files, sharing the data with media organisations around the world via the International Consortium of Investigative Journalists (ICIJ).
      What are the Uber files? A guide to cab-hailing firm’s ruthless expansion tactics
      Read more

      Responding to the investigation, Uber acknowledged past failings but insisted the company had transformed since 2017 under the leadership of its new chief executive, Dara Khosrowshahi. “We have not and will not make excuses for past behaviour that is clearly not in line with our present values,” a spokesperson said.

      The Uber files consists of confidential company data that MacGann had access to at Uber. It includes company presentations, briefing notes, security reports and tens of thousands of emails and WhatsApp, iMessage and chat exchanges between the company’s most senior staff at the time.

      They include Travis Kalanick, Uber’s combative co-founder and then chief executive, David Plouffe, a former Barack Obama campaign aide who became a senior vice-president at Uber, and Rachel Whetstone, a British PR executive who has also held senior roles at Google, Facebook and now Netflix.

      When MacGann departed Uber in 2016, Whetstone described him as “a wonderful leader”. Plouffe called him a “talented public policy professional” and “terrific advocate for Uber”.

      The one-time cheerleader-in-chief for Uber in Europe, MacGann now looks set to become one of its sharpest critics.

      His profile as a senior executive and political insider make him an unusual whistleblower. So, too, does the fact he actively participated in some of the wrongdoing he is seeking to expose – and the fact it took him more than five years after leaving the company to speak out.

      The process through which he came to re-evaluate what he witnessed at Uber was a gradual one, he says. “When I decided I had an obligation to speak up, I then went about finding the most effective, impactful way in which to do that. Doing what I am doing isn’t easy, and I hesitated. That said, there’s no statute of limitations on doing the right thing.”

      MacGann is understood to have recently reached an out-of-court settlement with Uber after a legal dispute relating to his remuneration. He said he was prohibited from discussing his legal dispute but acknowledged he had had personal grievances with the company, which he alleges undervalued his role as an interlocutor with government and failed in its duty of care to him.

      He accuses Uber under Kalanick’s leadership of adopting a confrontational strategy with opponents in taxi industries, that left him personally exposed. As a public face of Uber in Europe, MacGann bore the brunt of what became a fierce backlash against the company in countries including France, Belgium, Italy and Spain.

      Amid threats to his life, he was given bodyguard protection. His experience of working at Uber, he says, took a mental toll and contributed to a subsequent diagnosis of post-traumatic stress disorder (PTSD).
      Brazenly breaking the law

      A Brussels insider, MacGann was an obvious pick to lead Uber’s government relations in the Europe, Middle East and Africa (EMEA) region in 2014. Born in Ireland, he speaks several languages and possessed an impressive contacts book built up over two decades in lobbying and public affairs.

      MacGann had worked at established public policy firms such as Weber Shandwick and Brunswick, and had run DigitalEurope, a trade association that advocated for companies such as Apple, Microsoft and Sony. His most recent job had been as senior vice-president at the New York Stock Exchange on a salary of $750,000 a year.

      MacGann took a significant salary cut to work at Uber for €160,000. But like all senior executives joining the company back then, the financial reward was in the promise of stock options that could be worth millions if Uber realised its global ambitions.

      Uber and its investors were eyeing vast returns if the tech company succeeded in its mission to deregulate markets, monopolise cities, transform transit systems and one day even replace drivers with autonomous vehicles. The plan, MacGann acknowledges, required Uber to flout the law in cities in which regulated taxi markets required hard-to-get licences to drive a cab.

      “The company approach in these places was essentially to break the law, show how amazing Uber’s service was, and then change the law. My job was to go above the heads of city officials, build relations with the top level of government, and negotiate. It was also to deal with the fallout.”

      MacGann started work for Uber around the summer of 2014, when he worked on contract for a European lobbying consultancy that Uber had hired to oversee government relations outside the US. In October 2014, Uber brought him in-house and put him in charge of public policy for the EMEA region.

      On his first day on staff, MacGann was in an Uber from London City airport when he got his first taste of the startup’s laissez-faire approach to privacy. After emailing a senior executive to tell them he was in traffic, MacGann received the reply: “I’m watching you on Heaven – already saw the ETA!”

      “Heaven”, otherwise known as “God View”, was the codeword Uber employees used at the time for a tool that allowed staff to surreptitiously use the app’s backend technology to surveil the real-time movements of any user in the world.

      “It felt like children playing around with powerful surveillance technology,” said MacGann. “Even back then it was dawning on me this was a rogue company.”

      In its statement, Uber said tools such as God View, which it stopped using in 2017, “should never have been used”. A spokesperson for Kalanick said it would be false to suggest he ever “directed illegal or improper conduct”.

      The Uber files contain some instances in which MacGann pushes back at the company’s operations and decisions. But, for the most part, the documents show him expressing little dissent over the company’s hardball tactics, and on some occasions he appears directly involved in wrongdoing.

      He describes himself as having been “drunk on the Kool-Aid” at Uber, a company he alleges did not encourage dissent or criticism. But he does not dispute he was at the heart of many of the controversies that have been revealed by his data leak.

      “I believed in the dream we were pushing, and I overdosed on the enthusiasm,” he said. “I was working 20 hours a day, seven days a week, constantly on planes, in meetings, on video conference calls. I didn’t stop to take a step back.”

      His whirlwind stint at the company involved meetings with prime ministers, presidents, transport and economy ministers, EU commissioners, mayors and city regulators.

      MacGann said most senior politicians were instinctively supportive of Uber, viewing the tech company as offering an innovative new platform that could allow for flexible working and help reboot economies after the financial crisis.

      However, it was a more mixed story in France, where Uber’s unlicensed service prompted taxi driver riots and divided the cabinet of the then president, François Hollande.

      On one side was Bernard Cazeneuve, the minister of the interior, who according to MacGann once summoned him to his office and threatened him with jail, saying: “I will hold you personally and criminally responsible if you do not shut it down by the end of the week.”

      On the opposing side of the debate was Emmanuel Macron, the pro-tech, pro-business economy minister who, the leak reveals, became something of a secret weapon for Uber.

      The data includes text message exchanges between MacGann and Macron, who was working behind the scenes to assist the US tech company. In one exchange, MacGann asks for Macron’s help in the midst of a raid on the company’s offices. In another he complains about an apparent ban on its services in Marseille.

      Macron told MacGann he would “personally” look into the matter. “At this point, let’s stay calm,” the minister said.

      MacGann recalls Macron as being “the only person who gave us the time of day … So he was a massive breath of fresh air.”

      Macron did not respond to detailed questions about his relationship with Uber. A spokesperson said his ministerial duties at the time “naturally led him to meet and interact with many companies” engaged in the service sector.

      After leaving Uber, MacGann maintained relations with Macron and helped raise funds for his La République En Marche party in 2016. He says his political support for the French president was a personal decision and had “absolutely nothing to do with Uber”. They continued to exchange text messages with one another up to as recently as April this year.

      ‘Speed dating for elites’

      The French president is not the only political figure who knows MacGann. He is on first-name terms with two former EU commissioners, Neelie Kroes and Peter Mandelson. After leaving Uber, MacGann maintained a business relationship Lord Mandelson, a former Labour cabinet minister.

      MacGann is also a familiar face among VIPs who attend the World Economic Forum in Davos, which he describes as “speed dating for elites”. He recalls persuading an initially reluctant Kalanick to attend the gathering in the Swiss Alps in 2016.

      “For a lobbyist, Davos is a wonderful competitive advantage that only money can buy,” he said. “Politicians don’t have a retinue of advisers and civil servants hanging around taking notes.”

      Uber’s executives met with the Israeli prime minister, Benjamin Netanyahu, the Irish taoiseach, Enda Kenny, and the UK chancellor, George Osborne. Securing those meetings, MacGann said, was “a piece of cake”. “Uber was considered hot property.” So much so that when Kalanick met Joe Biden at the Swiss resort it was at the US vice-president’s request.

      The Uber files reveal that Kalanick fumed when he was kept waiting by Biden, texting other Uber executives: “I’ve had my people let him know that every minute late he is, is one less minute he will have with me.”

      However, it was another Kalanick text in the leak – in which the former CEO appears to advocate sending Uber drivers to a protest in France, despite the risk of violence – that has sparked headlines across the world.

      Warned by MacGann and Whetstone that encouraging Uber drivers to protest amid violent taxi strikes in Paris risked putting them at risk, Kalanick replied: “I think it’s worth it. Violence guarantee[s] success.”

      MacGann called Kalanick’s instruction to stage an act of civil disobedience with French Uber drivers, despite the risks, as a “dangerous” and “selfish” tactic. “He was not the guy on the street who was being threatened, who was being attacked, who was being beaten up.”

      Kalanick’s spokesperson said he “never suggested that Uber should take advantage of violence at the expense of driver safety” and any suggestion he was involved in such activity would be completely false. Uber acknowledged past mistakes, but said no one at the company, including Kalanick, wanted violence against Uber drivers.

      MacGann insists that Uber drivers were seen by some at the company as pawns who could be used to put pressure on governments. “And if that meant Uber drivers going on strike, Uber drivers doing a demo in the streets, Uber drivers blocking Barcelona, blocking Berlin, blocking Paris, then that was the way to go,” he said. “In a sense, it was considered beneficial to weaponise Uber drivers in this way.”

      The files show MacGann’s fingerprints on this strategy, too. In one email, he praised staffers in Amsterdam who leaked stories to the press about attacks on drivers to “keep the violence narrative” and pressure the Dutch government.

      Looking back, MacGann said: “I am disgusted and ashamed that I was a party to the trivialisation of such violence.”

      A parting of ways

      One of the worst flashpoints in Europe was at Brussels Midi train station, where Uber drivers lingered to pick up passengers who would otherwise be queueing at a regulated taxi rank. MacGann was first recognised there on 27 April 2015.

      “Got spotted by a bunch of taxi drivers at the train station arriving from London,” he emailed a colleague that day. “Seven of them followed me as I went to get my Uber, hurling insults and spitting … One of them ran after me for a while, intending to hurt my driver.”

      The colleague replied: “Thank God you made it … This weekend Uber driver and taxi driver got into a fistfight. Getting intense in Brussels.”

      The threats intensified over subsequent weeks. Emails show alarm at the company after a taxi driver trailed MacGann’s limousine to his apartment in Brussels and posted his home address on a “stop Uber” Facebook group in Belgium. Taxi drivers snapped surveillance-style photos of MacGann outside a hotel with friends and uploaded them to the internet.

      In August that year, a security report commissioned by Uber mentioned rumours that MacGann and another Uber executive were going to be “taken off the streets by a core group of taxi drivers”.

      Uber gave MacGann a personal team of bodyguards. An email states that between September and November 2015, the security team spent 619 hours shepherding him in Belgium alone, while Uber also beefed up security for foreign trips.

      During a protest in Brussels, about 100 taxi drivers gathered outside MacGann’s office in the city and blocked the road. An Uber security report described how an initially relaxed atmosphere became “more grim”. Fireworks were let off and riot police charged protesters.

      Taxi drivers at the protest attached “wanted” posters on the sides of their cars. They displayed photos of MacGann and two other Uber executives. The caption read: “International criminals.”

      In October 2015, MacGann emailed a colleague: “I have had bodyguards full-time now for five months and it is becoming very stressful.” A week later, he told Plouffe and Whetstone of his intention to resign. He officially departed four months later, on 12 February 2016.

      It seemed an amicable split. Publicly, he expressed no regrets and used his Facebook page to lavish praise on Kalanick.

      “Toughest boss I ever had and I’m a stronger leader for it,” he said, adding there was “no thing” he would change about his time at Uber. “Forget the hyperbole in the media; forget the intrigue; think about how pushing a button and getting a ride makes your life better.”

      Uber publicly commended MacGann’s work and asked him to stay on as a consultant.

      He was given a new job title – senior board adviser – and retained his Uber-provided emails, laptops and phones.

      That role ended in August 2016, after which MacGann took on a new job at a telecoms company and started his own business venture. It was a full year after leaving Uber that, MacGann says, he experienced his most “terrifying” ordeal as a perceived representative of the cab-hailing firm.
      ‘MacGann, we will get you’

      The incident outside Brussels Midi station was recorded in a police report, Uber emails and media reports. It took place between 11.45am and 12.15pm on 19 September 2017, shortly after MacGann arrived at the station.

      As he walked towards his waiting Uber, taxi drivers approached him and ordered him not to get into the car. One grabbed him by the arms to stop him from putting his bags in. Concerned for his safety, MacGann asked the Uber driver to lock the doors when he was in the car.

      Several more taxi drivers joined the fray, surrounding the car. MacGann called the police. A security report commissioned by Uber questioned whether the taxi drivers had recognised him. But he recalls the drivers yelling: “MacGann, we will get you, we know where you live.”

      He recalls them thumping on the windows and rocking the car from side to side. Three taxi drivers were taken to the police station, but no further action was taken.

      MacGann said he was left fearing for his life – and that of his Uber driver, who “was shaking and in tears, scared for his life”. “These taxi drivers had his licence number, they could come after him again. It just seemed to me that Uber viewed this guy as expendable supply – not an employee with rights.”

      Shortly afterwards, MacGann received an anonymous threat on Twitter: “One day police won’t be there and you’ll be alone. And we will see if money will help you.”

      MacGann held his former employer responsible. “I felt that Uber had caused this, by its ‘success at all costs approach’ that encouraged confrontations between Uber and taxi drivers … I started to feel it was indicative of Uber’s wider relationship with drivers, putting them in harm’s way for their own financial interests.”

      By mid-2018, MacGann said, the death of a close friend contributed to a deterioration in his mental health. A medical report from March 2019 said a subsequent diagnosis of PTSD was “evidently linked and impacted by the professional stress he had to endure” during his time at Uber.

      MacGann said that months of treatment and therapy between 2018 and 2019 – and an enforced period of personal reflection – led him to reassess his time at Uber. “I’d stepped off the corporate hamster wheel for the first time in decades. I emerged with a new sense of clarity about everything at Uber.”

      No longer living the fast-paced life of a corporate executive, MacGann had time to listen more carefully to the stories of Uber drivers who were ferrying him around. He credits those conversations with changing his understanding of what the company used to call “driver economics”.

      In its statement, Uber’s spokesperson said “driver earnings globally are at or near all-time highs today” and that Uber’s interests were “aligned with drivers, ensuring they have a positive experience earning on the platform”. If drivers were dissatisfied with its platform, she added, “they can and do choose to earn somewhere else”.

      Sharing secrets

      In February 2020, MacGann, increasingly angered by what he viewed as the mistreatment of drivers, tried to take action. Uber was appealing against a decision by Transport for London (TfL) to refuse the company a licence in the capital, on the grounds it failed to meet the “fit and proper” test.

      Emailing the mayor’s office, MacGann explained he was a former Uber executive with information to share in a “private and non-sensationalist manner, given my intimate knowledge of the company”. MacGann said he felt “frustrated” when his attempt to formally raise concerns about Uber did not receive a reply.

      In February 2021, MacGann went a step further. After reading about a French lawyer who was bringing a class action lawsuit against Uber on behalf of drivers, MacGann got in touch and offered to provide information to help their case. The lawyer visited him at his home and MacGann allowed him to take photographs of a small sample of Uber documents he had stored on his old computer.

      His relationship with the French lawyer turned out to be short-lived. But the dam had been broken. MacGann realised quite how many of Uber’s secrets he was sitting on.

      In January 2022, Uber’s former top lobbyist travelled to Geneva and met with reporters from the Guardian.

      He opened two suitcases and pulled out laptops, hard drives, iPhones and bundles of paper. He warned it would take a few days, at best, to explain everything he knew. “I’ve seen some really shady shit, to use one of the Silicon Valley expressions.”

      #Uber_Files #Mark_MacGann #Pierre-Dimitri_Gore-Coty #David_Plouffe #Emmanuel_Macron #Travis_Kalanick #Uber_France #DGCCRF #lobbying #lobby #justice #kill_switch #perquisition #obstruction_à_la_justice #optimisation_fiscale

    • non @sombre, Bouzou c’est celui-ci :
      https://seenthis.net/messages/927171#message927218

      Le 10 juillet 2022, l’enquête du Monde consacrée aux Uber Files montre que Bouzou, qui travaille avec plusieurs agences de lobbying à Paris, a rédigé au printemps 2015 pour la multinationale Uber, en échange d’une rémunération de 10 000 € hors taxe, une étude sur l’intérêt du service de voiture de transport avec chauffeur (VTC), « assortie d’un service après-vente auprès de la presse et des parlementaires »

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Bouzou

    • J’ai découvert que cette vidéo capturée chez Twitter était dans ce tweet : https://twitter.com/MathildePanot/status/1546268571357089792

      Mais je ne vois pas trop d’où provient le passage mis en citation sous la vidéo. Erreur de mise en page de @marielle ?

      {Edit] A propos du mec de la vidéo, je suis sur une piste !!!

      L’article mentionné par le syndicaliste @SayahBaaroun
      ne donne plus accès à la vidéo du déjeuner entre lobbyistes d’Uber, députés et membres du cabinet Macron.

      On a retrouvé la vidéo !

      Il est maintenant temps de chercher qui est à la table (1:16). #UberFiles

      Source : https://twitter.com/Action_Insoumis/status/1546263495846551553

      Du coup : « On a les noms, on a la liste …on a les preuves …alors on va devant le juge ! »

  • La pénurie de cartes graphiques se résorbe avec l’écroulement des cryptomonnaies
    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2022/07/07/la-penurie-de-cartes-graphiques-se-resorbe-avec-l-ecroulement-des-cryptomonn

    L’activité de « minage », gourmande en matériel de ce type, étant devenue moins rentable, la plupart des gammes de cartes destinées aux joueurs sont désormais disponibles à des tarifs raisonnables.

    […]

    Un autre facteur-clé a joué : l’allégement des mesures visant à contenir la pandémie, qui a eu plusieurs conséquences. D’abord, les ventes d’ordinateurs portables destinés aux télétravailleurs ont chuté, « libérant des capacités de production chez les fondeurs de puces », comme l’explique Alan Priestley, qui s’occupe, entre autres, des études sur les semi-conducteurs au sein du cabinet de conseil Gartner.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #minage #cryptomonnaies #carte_graphique #disponibilité #finance #gaming #alan_priestley #chaîne_d_approvisionnement #ldlc #laurent_de_la_clergerie #nvidia #amd #samsung #intel #tsmc

  • Un influenceur condamné à sept ans de prison pour des escroqueries au fonds de solidarité pendant la pandémie
    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2022/07/07/un-influenceur-condamne-a-sept-ans-de-prison-pour-des-escroqueries-au-fonds-

    Sur Snapchat, le jeune homme connu sous le pseudonyme « PA7 » incitait ses abonnés à monter de fausses entreprises pour toucher des aides de l’Etat [destinées aux entreprises touchées par la pandémie de Covid-19]. La justice estime qu’il a contribué au détournement de 7,6 millions d’euros de fonds publics.

  • Avec le métavers, une nouvelle étape dans la difficile lutte contre les agressions sexuelles sur Internet
    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2022/06/14/avec-le-metavers-une-nouvelle-etape-dans-la-difficile-lutte-contre-les-agres

    Des cas d’agression sexuelle dans les mondes en réalité virtuelle soulèvent la question de la modération des métavers. Si certains existent depuis longtemps, notamment dans les jeux vidéo, ils n’ont pas pour autant de solution simple.

    Par Lucie Ronfaut

    Elle a également relancé une crainte : celle des agressions, notamment sexuelles, en réalité virtuelle. Andrew Bosworth, directeur technique de Meta, reconnaît lui-même que le harcèlement dans un métavers est « une menace existentielle » pour les ambitions de son entreprise, d’après un mémo confidentiel révélé en novembre par le Financial Times. Il a aussi admis qu’une modération à grande échelle était « pratiquement impossible ».

    « Le choc est le même que dans la vraie vie »

    Ces questions ne sont, pourtant, pas neuves. Les exemples d’agression sexuelle dans des mondes immersifs, qu’il s’agisse ou non d’expériences en réalité virtuelle, sont nombreux. En 2016, une utilisatrice du jeu de tir QuiVR racontait dans un post de blog avoir subi des attouchements à la poitrine par un autre joueur. Et dès 1993, un article du journaliste américain Julian Dibbel, « A Rape in Cyberspace » (« Un viol dans le cyberespace »), décrivait comment un membre d’un « MOO » (Multi-user dimension Object Oriented), une communauté en ligne reposant sur des échanges textuels, avait forcé d’autres joueurs et joueuses à des simulations d’actes sexuels.

    Plus largement, d’après une récente étude de l’institut Ipsos, 41 % des Français (et 81 % des 18-24 ans) ont déjà été victimes de violence en ligne. « En un sens, le harcèlement dans les métavers est motivé par les mêmes facteurs que celui qu’on constate sur d’autres plates-formes : on se sent déconnecté des conséquences de nos actions, explique Katherine Cross, chercheuse américaine en sciences de l’information à l’université de Washington, spécialisée dans le harcèlement en ligne. Mais il existe une différence fondamentale, qui peut rendre cette expérience bien pire : la réalité virtuelle est conçue pour nous faire croire que ce que nous vivons est vrai. »

    Et, au contrôle du contenu produit par les internautes (textes ou images, comme sur un réseau social classique), s’ajoute celui des discussions tenues à l’oral et des comportements physiques. « Dans un métavers, la toxicité prend plein de formes différentes. Il y a le sujet de la voix. Comment repérer une insulte ? Ou si une personne très jeune discute avec d’autres plus âgées ? », détaille Charles Cohen, PDG de Bodyguard, entreprise française spécialisée dans les outils automatiques de modération pour les particuliers et les entreprises. « Et puis, il y a les gestes. Si un avatar en suit un autre, est-ce par jeu, ou s’agit-il de harcèlement ? »

    A défaut de pouvoir contrôler ce genre d’attitudes en direct, la plupart des plates-formes proposent une panoplie d’outils pour améliorer l’expérience des internautes : activer une frontière invisible autour de son corps virtuel, moduler la tessiture de sa voix (si une femme veut se faire passer pour un homme), réduire les autres avatars à des petites boules flottantes… On peut aussi signaler les actions problématiques, comme sur un réseau social, mais encore faut-il avoir enregistré une vidéo à apporter comme preuve.

    L’autre sujet crucial est celui du design. Comment construit-on un univers virtuel qui empêcherait les abus en amont ? Des métavers proposent des avatars sans jambes (évitant ainsi des postures sexuelles), proscrivent certains gestes avec les mains virtuelles (sur la version de base de VRChat, on peut lever son pouce en l’air, mais pas son majeur), prévoient des zones où un avatar devient aussitôt invisible aux yeux des autres, que ce soit pour se protéger ou faire une pause.

    Beaucoup de mondes virtuels choisissent aussi de rappeler leurs règles de manière peu subtile, au travers de posters ou d’avertissements qui s’affichent pendant les temps de chargement. Comme si, en marchant dans la rue, des panneaux nous rappelaient sans cesse qu’il est interdit de gifler autrui.

    La modération est, depuis longtemps, une épine dans le pied des grandes entreprises du Web, accusées de ne pas assez investir pour la sécurité des internautes, et d’avoir conçu des plates-formes impossibles à contrôler. Les métavers, parfois décrits comme notre futur en ligne, pourraient-ils être l’occasion de faire les choses correctement, dès le commencement ? Ou, au contraire, est-on déjà en train de reproduire les erreurs du passé ? « La modération est souvent utilisée comme un pansement pour régler les problèmes structurels des plates-formes, regrette Katherine Cross. On doit construire des métavers qui prennent en compte les abus potentiels dès la première ligne de code. Mais, pour des grosses entreprises comme Meta, malheureusement, la modération restera probablement un sujet auquel on réfléchira après coup. Comme cela a toujours été. »

    #Metavers #Agressions_sexuelles #Modération