Oui, vous aussi. Qu’en est-il des hommes ?

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  • 11 façons dont les hommes peuvent répondre de manière productive au mouvement #MoiAussi | Scènes de l’avis quotidien
    https://scenesdelavisquotidien.com/2017/10/25/11-facons-dont-les-hommes-peuvent-repondre-de-maniere-produc

    1) Prenez conscience du nombre de femmes qui sont dans votre vie et qui ont révélé publiquement cette semaine avoir été agressées ou harcelées sexuellement, et laissez cette conscience vous mettre mal à l’aise. Évitez la réaction défensive du « Pas tous les hommes ». Même si vous n’avez pas personnellement agressé sexuellement une femme, ce comportement fait partie de notre culture ; vous devez donc vous attaquer au fait (pour le changer) qu’à l’échelle internationale, une femme sur trois a été exposée à de la violence physique ou sexuelle et que presque toute cette violence est perpétrée par des hommes.

    2) Arrêtez de traiter les femmes et les filles comme avant tout « jolies ». Cela signifie éviter de complimenter d’abord et avant tout les filles et les femmes sur leur apparence. Beaucoup d’entre nous faisons cela sans même réfléchir (nous commençons tôt, aussi, en disant aux fillettes qu’elles sont « jolies » ou en commentant leurs tenues), mais de tels commentaires renforcent l’idée qu’être considérée comme attrayante ou désirable est la chose la plus importante qu’une femme ou une fille peut espérer.

    3) De même, commencez à prêter attention à la façon dont vous regardez/considérez les femmes. Si la première chose que vous faites quand vous voyez une femme dans la rue est de la mater de haut en bas pour évaluer si elle est « baisable », arrêtez ça.

    4) Arrêtez de traiter toutes les femmes comme d’éventuelles partenaires sexuelles, plutôt que simplement comme des personnes intéressantes ou agréables. Si une femme souhaite être votre amie, c’est une bonne chose, pas un échec. Extirpez le concept de « friendzone » (zone de simple amitié) de votre vocabulaire et remplacez-le simplement par le mot « amie ». Les femmes ne perdent pas leur valeur simplement parce qu’elles ne souhaitent pas avoir de relations sexuelles avec vous.

    5) Refusez de consommer de la pornographie ou de payer pour du sexe. L’industrie du sexe dit que les femmes sont des choses à acheter et à vendre, à utiliser et à exploiter par les hommes. La pornographie comme la prostitution renforcent l’idée que les femmes existent pour le bon plaisir des hommes. Ces industries sexualisent le viol, la violence et l’oppression. Peu importe si une femme « choisit » de participer à cette industrie pour survivre, l’effet général du commerce du sexe est de déshumaniser les femmes. Inventez des façons de contester les hommes à ce sujet et de leur en parler.

    6) Avez-vous maltraité des femmes lors de rencontres sexuelles ? Reconnaissez-le et présentez vos excuses à la femme ou aux femmes que vous avez blessées. N’attendez pas de réponse. Ne vous attendez pas à être pardonné. N’ayez aucune attente. Ne demandez rien à la ou aux femmes que vous avez violentées ou blessées. Ne vous cherchez pas des excuses. Contentez-vous de reconnaître votre comportement et de vous excuser. Et ne le refaites jamais.

    7) Subventionnez discrètement des événements, médias et organisations féministes. Vous pourriez, par exemple, faire don d’une part de votre salaire hebdomadaire représentant l’écart de rémunération entre hommes et femmes (13 pour cent) à une organisation qui soutient directement les femmes victimes de violence masculine. Vous n’avez pas besoin de vous en vanter sur les réseaux sociaux — le but n’est pas que vous soyez récompensé.

    8) Portez-vous bénévole dans l’équipe de nettoyage après un événement féministe. Ou pour cuisiner des mets. Ou pour collaborer au service de garde d’enfants. Faites tout acte que des féministes vous demandent de faire pour que leur événement puisse être un succès.

    9) Apprenez à écouter. Évitez de dominer dans les conversations. Lorsque vous rencontrez une femme dans un bar, que vous parlez à des amies ou à des collègues, ou lorsque vous parlez à votre partenaire, par exemple, pratiquez une écoute active et soyez conscient d’à quel point vous interrompez/parlez beaucoup/vous imposez dans les conversations. Est-ce que vous posez des questions ? Est-ce que vous écoutez les réponses ? Entendez-vous ce que les femmes disent ? Les hommes passent beaucoup de temps à couper la parole aux femmes et à s’adresser à elles d’un ton péremptoire ; ils doivent passer plus de temps à écouter, car les hommes sont socialisés à ne pas être conscients de l’espace qu’ils occupent dans le monde. Ce n’est qu’un exemple de la façon dont se manifeste le pouvoir masculin. Ce comportement dissuade les hommes d’être en empathie avec les femmes et de travailler à mieux comprendre leurs expériences.

    10) Ne neutralisez pas les problèmes qui ne sont pas neutres à l’égard du genre. Il ne sert à rien d’insister sur le fait que la violence masculine à l’encontre des femmes est un « problème humain ». Il est inutile de dire que « la culture du viol n’a pas de sexe ». Il est inutile de dire que vous êtes contre « toute forme de violence ». Oui, des hommes vivent de la violence et des agressions commises par d’autres hommes, mais cela n’annule pas le fait que la violence masculine à l’encontre des femmes est systémique. Répondre de cette manière équivaut essentiellement à banaliser l’expérience des femmes, comme répondre « toutes les vies comptent »[lorsqu’on entend « Black Lives Matter »]. Le mouvement #MoiAussi tient les hommes pour responsables de la violence qu’ils exercent à l’encontre des femmes, et pour remédier efficacement à cette violence, nous devons nommer le problème et le prendre par la racine.

    11) Comprenez que, en tant qu’homme, vous ne serez jamais pleinement capable de comprendre ce que les femmes vivent au jour le jour, sous le patriarcat. Il n’y a pas eu un seul jour dans l’histoire du monde où une femme n’a pas été violée ou battue par un homme. Les femmes vivent, chaque jour, dans la peur de la violence masculine. La vie des femmes est façonnée par la culture du viol et par le regard masculin d’une foule de façons – explicites ou subtiles –, de la haine de leur corps au syndrome de stress post-traumatique, en passant par les choix que nous faisons en matière de travail, de voyages, de relations, de vêtements, de relations sociales et plus encore. Croyez-nous quand nous vous parlons de ces expériences. Croyez-nous quand nous vous disons que c’est un problème énorme et urgent. Croyez que nous ne cherchons pas à dramatiser ou à attirer l’attention. Croyez-nous, même si vous ne comprenez pas complètement. Nous ne déversons pas notre traumatisme en ligne pour le plaisir.

  • Cher Le Parisien, tu te payerais pas un peu de nous ? | Le Club de Mediapart

    https://blogs.mediapart.fr/carolinedehaas/blog/251017/cher-le-parisien-tu-te-payerais-pas-un-peu-de-nous

    Òu l’on se rend compte que l’histoire (même immédiate) ne donne jamais de leçons.

    Cher Le Parisien, tu te payerais pas un peu de nous ?

    25 oct. 2017 Par Caroline De Haas

    Le Parisien a mis ce mercredi matin à sa une 16 hommes qui se mobilisent contre le harcèlement sexuel. Super idée ? Voyons voir...

    Voici la "Une" du Parisien ce mercredi 25 octobre :

    On peut voir bien sûr dans cette "Une" un signe enthousiasmant que l’engagement contre les violences que subissent les femmes dépasse maintenant largement les cercles des convaincu.e.s.

    Cette « Une » confirme aussi, 15 jours après l’affaire Weinstein, que l’onde de choc qu’elle a provoqué et les mobilisations qui ont suivi avec #BalanceTonPorc marquent un tournant. Il y aura un avant et un après. Nous sommes en train de vivre une accélération formidable de la prise de conscience de notre société sur l’ampleur des violences. (Venez dimanche à la manif !)

    On peut aussi se dire (soyons positives) que les hommes, qui occupent les Une toutes l’année ont attendu 20 jours (!) avant de reprendre la Une pour parler des femmes (à la place des femmes ?). Le Parisien a sans doute considéré qu’une Une avec 16 femmes qui prennent la parole serait peut-être moins légitime...

    Regardons maintenant les hommes à la Une.

    On aperçoit François de Rugy, qui était responsable du groupe écolo à l’Assemblée Nationale lorsque Denis Baupin y était député. Au moment où, bien avant #balancetonporc, 14 femmes ont osé prendre la parole pour dénoncer les agressions ou le harcèlement sexuel qu’elles avaient subit, François de Rugy renvoyait toutes ces prises de paroles à des « rumeurs ». (Intéressant d’ailleurs : il avait entendu ces rumeurs mais n’avait pas pris la peine de les vérifier).

    On peut aussi voir sur la couverture du Parisien David Pujadas, qui a expliqué au 20h de France 2, devant des millions de personnes, que « le patriarcat était fini depuis la fin des années 70 », renforçant en quelques secondes l’idée reçue contre laquelle se battent chaque jour les féministes, l’illusion de l’égalité. « Eh, franchement ça va, tu vas pas te plaindre quand même, tu vis pas en Afghanistan hein ! » (Merci @menas2society pour avoir retrouvé la source !)

    François Berléand, qui expliquait en 2011 que l’affaire DSK était un complot

    Julien Clerc, qui trouve cela très drôle la semaine dernière, que Canteloup fasse une blague sur le viol (MDR, LOL).

    Serge Hefez, expliquant que les hommes de pouvoir violent peu, ils n’en n’ont pas besoin. (Merci à Benoît Ciron, pour les sources !)

    François Hollande qui a été Président de la République pendant 5 ans. Ça semble loin aujourd’hui ? C’était l’an dernier. François Hollande, en 5 ans de mandat, n’a pas reçu une seule fois à l’Elysee les associations de lutte contre les violences. Il n’a pas augmenté le budget des structures qui accueillent les femmes victimes. Il n’a pas rendu obligatoire la formation des professionnel.le.s de justice, police, santé, enseignement. Sous la pression de mouvements homophobes, il a supprimé les ABCD de l’égalité qui permettaient d’enseigner dès le plus jeune âge le respect de l’autre.

    Découvrir ces hommes tout sourire expliquer qu’il faut lutter contre le harcèlement sexuel et devenir nos alliés, c’est franchement dérangeant. Voir carrément insultant.