Forum Tunisien des Droits Économiques et Sociaux

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  • Une décision sans précédent en #Tunisie : le #Tribunal_administratif suspend la détention de 22 migrants détenus arbitrairement au #centre_d’accueil_et_d’orientation #El_Ouardia

    Une décision sans précédent en Tunisie : le Tribunal administratif suspend la détention de 22 migrants détenus arbitrairement au centre d’accueil et d’orientation El Ouardia

    Tunis, le 16 juillet 2020 – Saisi le 5 juin dernier de 22 requêtes en référé et en annulation concernant des migrants détenus arbitrairement au centre d’accueil et d’orientation El Ouardia, le tribunal administratif vient de rendre des décisions sans précédent. Il a en effet ordonné la suspension de leur détention au motif que leur privation de liberté est contraire au droit tunisien, mais aussi aux engagements internationaux de la Tunisie, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Convention contre la torture.

    Rappelant le principe fondamental de #légalité qui doit encadrer toute #restriction_de_liberté, le tribunal a notamment estimé que la #privation_de_liberté des 22 migrants ne respectait pas les conditions essentielles que sont l’existence d’une base légale et l’intervention d’une autorité juridictionnelle. Le tribunal a ainsi apporté une première réponse positive aux nombreux arguments soulevés par les avocats des détenus pour demander l’annulation immédiate du placement en détention de leurs clients. En vertu de ces décisions rendues en référé, les 22 migrants doivent être immédiatement libérés en attendant que le tribunal administratif statue sur les recours en annulation des mesures de détention.

    En vertu de ces décisions, le Ministère de l’Intérieur, responsable du centre de Ouardia, doit agir immédiatement afin de libérer les 22 migrants en attendant que le tribunal administratif statue sur les recours en annulation des mesures de détention. Une procédure qui pourrait durer des années et qui sera l’occasion pour le tribunal d’examiner en détails tous les arguments soulevés par les avocats des requérants.

    Dans leurs requêtes, les avocats avaient notamment dénoncé le fait que les migrants étaient détenus en dehors de toute procédure légale et de tout #contrôle_juridictionnel, sans accès à un avocat, sans notification écrite du fondement de leur placement en détention dans un centre qui n’est d’ailleurs même pas officiellement enregistré comme un lieu privatif de liberté. Autant de motifs qui concourent à qualifier ces détentions d’#arbitraires, en violation flagrante du droit international des droits de l’homme et de la Constitution tunisienne.

    Afin d’éviter que ces violations graves puissent encore être perpétrées, les autorités tunisiennes, et en particulier le Ministère de l’Intérieur, doivent clarifier le statut juridique du centre d’El Ouardia pour qu’il ne soit ne soit plus utilisé en tant que lieu de privation de liberté.

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    #migrations #réfugiés #détention #rétention_administrative #justice #suspension #droits_humains

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  • Communiqué de presse : Mettre un terme à la #détention_arbitraire des migrants en Tunisie : le tribunal administratif est saisi du cas du centre d’#El_Ouardia

    Tunis, le 8 juin 2020-

    Un groupe de migrants détenus au centre d’El Ouardia viennent de saisir le tribunal administratif en urgence pour dénoncer leur détention arbitraire. Ils sont détenus depuis des semaines, voire des mois, dans un lieu considéré d’un point de vue légal comme un #centre d’hébergement et d’orientation. Un centre dont ils ne peuvent pourtant pas sortir et qui opère concrètement comme un centre de détention illégal. Les migrants y sont privés de liberté sans aucun respect de leurs #droits_fondamentaux, en l’absence de procédures judiciaires conformes à la Constitution et aux standards internationaux. Ils sont accusés par l’administration d’entrée ou de séjour irrégulier sur le territoire tunisien, mais une telle infraction ne peut suffire à justifier leur #détention en dehors de toute procédure légale et contrôle juridictionnel, d’autant que certains d’entre eux avaient déjà étaient jugés et emprisonnés pour ces faits avant d’être internés à #Ouardia.

    En Tunisie comme ailleurs, on ne peut détenir un individu sans que cette #privation_de_liberté soit strictement encadrée par une loi organique et qu’elle soit assortie de garanties procédurales à même d’assurer que la détention n’est pas illégale ou arbitraire. Or, en Tunisie, aucun texte de loi en vigueur ne permet de soumettre des migrants à une forme de #détention_administrative. Quant au respect des garanties procédurales,ils n’ont pas été notifiés par écrit du fondement juridique de leur détention, ni de la durée de leur détention, ni de leurs droits à être assisté d’un avocat et d’un interprète et à contacter leur consulat, ni de leur droit à saisir la justice pour qu’elle contrôle immédiatement la légalité de leur détention.Leurs avocats n’ont pas été autorisés à leur rendre visite et n’ont même pas pu accéder à leur dossier.Avec l’assistance d’un groupe d’avocats, plusieurs détenus saisissent aujourd’hui le tribunal administratif de Tunis afin qu’il joue son rôle de garant des droits et ordonne, sans délai, la cessation de la détention arbitraire dont ils sont victimes.

    Au-delà de la détention arbitraire des plaignants concernés par ces recours, c’est l’existence même du centre de El Ouardia comme centre de détention de facto qui doit être remise en question, de même que l’ensemble de la législation régissant le statut des étrangers nécessite d’être repensée. La dépénalisation de l’entrée et du séjour irrégulier,la revue des modalités d’octroi des titres de séjour et du traitement des demandes, l’instauration d’une procédure d’asile sont parmi les nombreuses mesures qui devraient être inscrite comme une priorité gouvernementale.Ces réformes apparaissent comme de véritables obligations au regard de la Constitution qui garantit notamment le #droit_d’asile et le droit de ne pas être détenu arbitrairement mais aussi au regard des traités internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par la Tunisie

    Forum Tunisien pour les Droits Économiques et Sociaux FTDES

    Avocats sans frontières ASF

    Terre d’Asile Tunisie

    OMCT Tunisie

    https://ftdes.net/communique-de-presse-mettre-un-terme-a-la-detention-arbitraire-des-migrants-e
    #Tunisie #justice #rétention #migrations #asile #réfugiés
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  • L’Europe forteresse Étude sur le durcissement de la politique de délivrance des visas Schengen, ses conséquences et ses victimes

    « La seule frontière que trace l’Union européenne est celle de la démocratie et des droits de l’Homme ». C’est ce que disait la déclaration du sommet européen de #Laeken, en 2001, portant sur « l’avenir de l’Union européenne ». Aujourd’hui, moins de deux décennies après, ces mots résonnent comme une insulte, tellement la réalité est différente. Les #frontières sont plus que jamais de retour un peu partout, mais surtout entre l’Europe et son voisinage sud. Et la méditerranée est devenue « le plus grand cimetière du monde »[1], tant elle regorge de cadavres de migrants ayant tenté d’en faire la traversée, sans visa.

    https://ftdes.net/leurope-forteresse-etude-sur-le-durcissement-de-la-politique-de-delivrance-de
    #visa #visas_Schengen #visas #Europe #fermeture_des_frontières #Méditerranée #externalisation #Tunisie #rapport #FTDES #morts_en_mer #mourir_en_mer

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  • Migrants in detention center go on hunger strike in fear of coronavirus

    Migrants at a holding facility near #Tunis have been on a hunger strike since April 6 to protest their continuing detention and mistreatment as well as the absence of coronavirus infection prevention measures.

    To date, there are 780 confirmed cases of the coronavirus and 35 deaths among the civilian population, while no cases have been recorded among the prison population.

    Tunisia has been in a state of total confinement with a nightly curfew since March 21 as part of efforts to stem the spread of the virus. On March 31, President Kais Saied released 1,420 prisoners in order to reduce the spread.

    Meanwhile, calls from human rights organizations to release prisoners have increased. United Nations High Commissioner for Human Rights Michelle Bachelet called on March 25 for “relevant authorities to work quickly to reduce the number of people in detention.” Similar appeals by the World Health Organization, the International Organization for Migration and the United Nations High Commissioner for Refugees followed.

    But despite these calls, migrants held in detention centers in Tunisia have not been allowed to return to their homes or other accommodations where they can quarantine safely.

    Distressed migrant detainees held at el-Ouardia Reception and Orientation Center began their hunger strike April 6. They reached out to Al-Monitor to express their frustration that authorities had done nothing to improve their situation to keep them safe from the coronavirus. The detention facility, which lies on the outskirts of Tunis, is the subject of a damning report published Dec. 16, 2019, by the Tunisian Forum for Economic and Social Rights (FTDES). The report outlined a badly run facility where migrants are detained without charge in unsanitary conditions, given meager food rations, and subjected to aggressive interrogation, nightly lock-ins and regularly forced deportations.

    Rajabu Kilamuna, a human rights activist originally from the Democratic Republic of Congo, has been living in Tunisia for the past seven years under asylum seeker status. However, on Feb. 14, 2020, a senior immigration official came to his house to take him to el-Ouardia. Kilamuna told Al-Monitor he was denied access to a lawyer, had his phone taken from him and initially was unable to make contact with the outside world until last week when he had access to a phone. “I told them that I knew my rights and they didn’t even allow me to call my mother or a lawyer,” he said.

    Kilamuna founded the association Migrants sans Frontieres (Migrants without Borders) to help foreign nationals facing difficulties in a variety of issues such as opening bank accounts, setting up businesses or applying for asylum seeker status in Tunisia. Now he finds himself in limbo, unable to proceed with appealing his case and unable to return to his apartment in Tunis where he could sit out confinement in peace.

    Kilamuna said that, over and above the dirt and discomfort of the center, he and his fellow detainees are frightened of the virus spreading. “We have demanded the authorities [give us] a protection plan from COVID-19, but there is no plan. They bring people directly from the airport or from the prisons without testing.”

    He continued, “There are only two bathrooms between some 60+ detainees, several toilets do not work and we get only one piece of soap issued once a fortnight between three to four people. The mattresses are old and they smell, the bedding has not been changed in a long time and we are getting bitten by bugs.”

    He appealed, “We are asking for our rights to be released; we are no longer accepting to be caged like we are in a zoo.” He also expressed concern that there are also six women amongst their group and one teenage boy. “We are afraid for this teenager living where adults are living.”

    One of the six women detained at el-Ouardia spoke on the condition of anonymity to Al-Monitor. “We want to leave here. There is no water. There is nothing here to protect us. There is no heating; it is very cold at night and everybody is sick here. Where are human rights and women’s rights here in Tunisia?”

    Another detainee, Kwame Kofi Stephane, from Cote D’Ivoire, served a four-month sentence in Mornaguia Prison for overstaying his visa. At the end of his prison sentence, he was transferred to el-Ouardia. “I came here to work and earn money, but I was arrested for overstaying my visa and served four months and two weeks before they transferred me to el-Ouardia,” he told Al-Monitor.

    “People are starting to get sick. They are coughing. They go to the clinic [where medical personnel] only take someone’s temperature; they are not testing for COVID-19. They are not given medication, just a mask.” He said he is “very annoyed” about overcrowding and the lack of response from authorities.

    Both Kofi Stephane and Kilamuna describe racist verbal abuse and a culture of financial exploitation of the detainees by el-Ouardia staff. Kofi Stephane said, “The guards offer to buy things from the shop like biscuits or yogurt, but they will ask for five times the normal price to go buy it. They are making a business out of me.”

    Kilamuna reinforced this, saying, “They come to me saying, ‘Hey, Mr. Rajabu, give me 10 dinars, give me 20 dinars and I will give you your phone back.’”

    FTDES spokesperson Romdhane Ben Amor told Al-Monitor that there were high-level meetings on April 7 and 10 between the ministries of Interior, Social Affairs, and Human Rights and Transitional Justice, the Ministry for Human Rights and Relations with the Constitutional Courts and Civil Society, as well as representatives from civil society — but no promise of action was given, he said.

    On April 10, the FTDES published a communique signed by 34 Tunisian civil society organizations and 23 members of parliament demanding the release of detained migrants.

    That same day, those taking part in the hunger strike in el-Ouardia moved from the dormitories to the central courtyard. Al-Monitor has seen videos of police talking with detainees, and Kilamuna reported that although not aggressive, the policeman said those sleeping outside would be taken to prison if they did not return the beds to the dormitories.

    Kofi Stephane is also very concerned about the health of those participating in the hunger strike. “Some people are very weak; they cannot even go outside,” he said.

    The pandemic is shining a stern light on the issue of migrant detention in North Africa. Executive director of the Global Detention Project Michael Flynn told Al-Monitor that “there is considerable pressure by Europe on North African states to stop and halt migrant/refugee movement [toward Europe].”

    Author of the FTDES report Amal el-Makki told Al-Monitor that Tunisia has created a clear policy on migrants and immigration. Regarding el-Ouardia, she said, “There is a lack of clarity around the legal framework that regulates el-Ouardia and its activity. There’s little published legal or regulatory text related to the founding of the center.”

    She added, “For detained migrants, the risk of infection with COVID-19 is greater when there are no preventative measures. And when authorities continue bringing in new groups of immigrants, social distancing is impossible.”

    Flynn said governments “that take these people into custody are responsible for them. It is not just about just releasing [them], but finding a solution where they can be taken care of, where they can do social distancing.”

    As the fifth week of confinement in Tunisia begins, Flynn warned, “I think there is a disaster waiting to happen, and I think they need to find a solution.”

    Minister of Human Rights and Relations with the Constitutional Courts and Civil Society Ayechi Hammami said that of the 53 migrant detainees, the Moroccan government is arranging for the 22 Moroccans detained at el-Ouardia to be repatriated. For those of sub-Saharan origin, there is still no concrete solution.

    Al-Monitor pressed the minister about the status of those migrants who have persistent coughs, and he said, “It is true. There is a lack of testing in Tunisia for COVID-19; there is a doctor in the clinic of el-Ouardia, and it is he who decides to test or not to test.” Spokesperson for FTDES Romdhane Ben Amor said, “Officially there are no cases of COVID-19, but the clinic at el-Ouardia doesn’t have the capacity to test for COVID-19.”

    https://www.al-monitor.com/pulse/originals/2020/04/tunisia-migrants-detention-lack-protection-coronavirus.html
    #rétention #détention_administrative #asile #migrations #réfugiés #coronavirus #covid-19 #grève_de_la_faim #résistance #Tunisie

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    Ajouté à la métaliste rétention et coronavirus :
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    • Témoignage de Rajabu Kilamuna de l’association Migrants sans frontières, enfermé dans le centre de rétention d’#El_Wardiya

      CRIMINALISATION DE LA SOLIDARITE

      Témoignage de Rajabu Kilamuna de l’association Migrants sans frontières, enfermé dans le centre de rétention d’El Wardiya

      Rajabu est fondateur et coordinateur de l’association Migrants sans frontières. Migrants sans frontières est une association de défense des Droits de l’Homme, à caractère humanitaire, qui mène des activités en coopération avec divers partenaires (Tunisie terre d’asile, l’OIM, le HCR, le Conseil tunisien pour les réfugiés, l’Instance tunisienne de Lutte contre la Traite, l’Institut Arabe des Droits de l’homme, l’ALDA, M’nemti, l’Observatoire international des Droits de l’Homme, l’AESAT, Euromed droits …). L’association promeut la liberté de circulation des personnes et agit dans plusieurs domaines pour venir en aide aux personnes migrantes, entre autres : aide médicale, lutte contre l’exploitation au travail, soutien à des micro-projets pour encourager l’autonomisation des migrant.es, lutte contre la traite, soutien juridique aux personnes migrantes et informations concernant leurs droits en Tunisie, accompagnement de la demande d’asile, reconstitutions des liens familiaux, etc… Une partie importante de son travail concerne la défense des personnes migrantes arrêtées de manière arbitraire et/ou envoyées dans des centres de rétention tels que El Wardiya.

      Wardiya est dans son appellation officielle un centre “de réception et d’orientation”, situé dans la banlieue de Tunis à Ben Arous dans l’enceinte du camp paramilitaire de la Garde Nationale où sont enfermées les personnes étrangères de différentes nationalités, majoritairement originaires d’Afrique subsaharienne et considérées comme étant en situation « irrégulière » sur le territoire tunisien. Les personnes étrangères sont généralement appréhendées à l’occasion d’arrestations arbitraires et au faciès. Une fois au centre de Wardiya, elles risquent l’expulsion à la frontière algérienne. La seule manière d’échapper à ce traitement pour les personnes étrangères est de régler leurs pénalités pour séjour irrégulier et de payer elles-mêmes leur billet d’avion pour rentrer dans leur pays d’origine. Si elles acceptent l’offre de retour « volontaire » de l’OIM, les pénalités sont annulées et le billet d’avion pris en charge par l’organisation.

      Concernant ces personnes migrantes enfermées à El Wardia, le soutien apporté par Rajabu consistait principalement à les mettre en contact avec leurs ambassades, des avocat.e.s, des instances juridiques ou encore des organisations de défense des Droits de l’Homme. Il se chargeait également de faire pression sur le HCR pour que l’organisation examine les demandes d’asile déposées depuis le centre. Car dans la plupart des cas, les demandes ne sont examinées que si elles sont transmises par la Police des frontières, qui bien souvent, fait obstacle à ces demandes. Aussi le travail de Rajabu était-il indispensable pour que les potentiels demandeurs d’asile enfermés à El Wardiya puissent malgré tout avoir accès au HCR. Selon lui, il arrive fréquemment que des demandeurs d’asile soient expulsés sans aucun examen préalable de leur demande d’asile.

      Impliqué dans la défense des personnes migrantes enfermées à EL Wardiya, en décembre 2019, Rajabu a assisté à une conférence organisée par le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), lors de laquelle ce sujet devait être évoqué. A cette occasion, la journaliste Amal El Mekki a pris la parole pour présenter les recherches qu’elles avaient menées sur le centre d’El Wardiya. Elle évoquait le statut juridique très flou de ce centre, les mauvaises conditions de rétention, les expulsions sauvages à la frontière algérienne et les pressions psychologiques pour que les migrants acceptent le retour « volontaire » de l’OIM. A la fin de la présentation de la journaliste, Rajabu était intervenu pour appuyer ses propos et présenter brièvement le travail de son association.

      Le 14 février 2020, Rajabu a été arrêté par la Police de la frontière tunisienne, à proximité de son bureau. Cela fait maintenant deux mois qu’il est enfermé dans le centre d’El Wardiya et il n’a encore reçu aucun motif clair pouvant justifier son arrestation, n’a fait l’objet d’aucune plainte, n’a jamais été conduit au Parquet, ni devant le Procureur de la République. Migrant lui-même en Tunisie depuis 7 ans et demandeur d’asile, il est titulaire d’un titre de séjour provisoire et d’un permis de travail. Il déclare avoir toutes les autorisations nécessaires concernant les activités de son association.

      D’après lui, une seule chose a pu motiver son arrestation : le fait qu’il constituait un témoin gênant et un potentiel obstacle au déroulement des expulsions sauvages depuis le centre d’El Wardiya. Ayant œuvré à la libération de nombreuses personnes (notamment en transmettant leur demande d’asile au HCR), il était selon lui vu comme étant un « bâton dans les roues » de l’administration. Dans le centre, les policiers l’accusent régulièrement d’être une menace à la sécurité nationale, sans lui préciser en quoi.

      Lorsqu’il a été emmené dans le centre d’El Wardiya, Rajabu a immédiatement été isolé seul dans une chambre et privé de téléphone pour l’empêcher de communiquer avec l’extérieur. Alors qu’il est blessé au niveau de la colonne vertébrale, qu’il souffre d’hémorroïdes aiguës et a besoin de changer ses lunettes pharmaceutiques, la Police de la Frontière et la Garde Nationale lui interdisent depuis son arrivée l’accès à des soins à l’hôpital. Malgré les tentatives d’isolement, Rajabu a réussi à se procurer des téléphones auprès de ses camarades pour alerter les Organisations des Droits de l’Homme sur sa situation.

      Rajabu est dans l’incertitude concernant son sort et en insécurité permanente. Depuis son arrivée dans le centre, il est régulièrement menacé d’expulsion. Il a répété plusieurs fois à la Police qu’il craignait des persécutions pour sa vie en cas de retour dans son pays d’origine en sa qualité de réfugié politique. La Police lui a alors dit qu’il n’avait qu’à aller dans un autre pays africain comme le Sénégal ou le Maroc.

      Le 18 février 2020, il a tenté de déposer une demande d’asile depuis le centre d’El Wardiya, à laquelle il a joint les demandes de 23 autres personnes migrantes enfermées avec lui, qui n’avaient pas encore pu avoir accès au HCR jusqu’alors. Malgré cette demande de protection, la Police de la Frontière a expulsé 6 d’entre elles, de nationalité guinéenne, à la frontière algérienne (lesquelles ont ensuite été expulsées au Niger par les autorités algériennes). Avant même que Rajabu ait passé son entretien avec un officier de protection du HCR, les policiers sont allés chercher son passeport dans son bureau en vue de son expulsion. Après celle des personnes guinéennes, Rajabu a assisté à deux autres expulsions. La première concernait 9 personnes, qui toutes sont retournées en Tunisie avant d’être à nouveau arrêtées par la police tunisienne et reconduites à El Wardiya. La seconde expulsion concernait 5 personnes dont 4 mineurs, lesquels, suite à la médiatisation de leur situation et aux pressions de la société civile, ont pu finalement être libérés et reconduits à Tunis pour le dépôt d’une demande d’asile auprès du HCR.

      Concernant les conditions dans le centre, Rajabu les décrit comme très difficiles. Ils sont environ 60 à y être enfermés dont 6 femmes. Les mesures préventives contre le COVID 19 ne sont pas respectées selon les normes de l’OMS. Les conditions sanitaires sont déplorables, avec seulement deux douches qui sont très sales. Ils reçoivent trois repas par jours mais les quantités sont insuffisantes et l’eau potable manque. Dans le réfectoire, il n’y a que 6 chaises pour tout le monde. Il n’y a qu’une prise de courant pour recharger les téléphones de l’ensemble des personnes enfermées.

      Depuis le lundi 6 avril, les personnes détenues à Wardiya sont en lutte. Certaines ont commencé une grève de la faim pour protester contre leur situation, ne buvant qu’un peu d’eau sucrée et salée. Depuis le jeudi 10 avril, ces personnes, ne recevant aucune suite favorable à leurs doléances, refusent de se laisser parquer dans les dortoirs la nuit (dont les portes sont fermées par des barres métalliques avec cadenas et sans lumière à l’intérieur) et ont sorti tous les matelas dehors. L’administration du centre a alors dressé une liste des contestataires et depuis le début du mouvement, leur fait subir diverses pressions.

      Rajabu a réussi à alerter plusieurs organisations sur sa situation, notamment le FTDES, Amnesty International, l’Organisation M’nemti, l’Observatoire International des Droits de l’homme, le Haut-commissariat des Nations-Unies aux Droits de l’Homme, la Ligue Tunisienne des Droits de l’homme, l’Organisation mondiale contre la torture… Il est également soutenu par des personnalités politiques, des avocat.es, divers médias ainsi que des journalistes indépendant.e.s. En revanche, aucun de ses partenaires n’ont répondu à ses appels à l’aide (OIM, ALDA, Tunisie terre d’asile, EUROMED…).

      Alors que pendant des années, il s’en est fait le défenseur et le porte-parole, le sort qu’il subit actuellement est celui de toutes les personnes en exil qui se heurtent à la violence des politiques migratoires !

      La criminalisation de ses activités solidaires avec les personnes migrantes et les tentatives de réduction au silence dont il fait l’objet sont inacceptables !

      Stop à la criminalisation de la solidarité et à l’enferment des migrant.es !

      https://ftdes.net/temoignage-de-rajabu-kilamuna-de-lassociation-migrants-sans-frontieres-enferm

    • Communiqué

      Centre #El_Ouardia, des personnes migrantes privées de leur liberté sans garanties judiciaires

      Tunis le 30 avril 2020,
      Sous l’appellation officielle et neutre de « centre d’accueil et d’orientation », le centre de El Ouardia est bel est bien un centre de rétention pour personnes migrantes, bien que son statut juridique soit pour le moins incertain.
      Préoccupées par des récents mouvements de protestation de la part des migrants détenus qui ont éclatés en pleine pandémie, les organisations signataires ont souhaité demander des explications aux autorités compétentes sur la nature et le fondement juridique de la détention dans ce centre.
      Ainsi, un courrier officiel a été adressé au gouvernement tunisien et au conseil supérieur de la magistrature, en date du 28 avril 2020
      D’après les informations récoltées, le centre accueillerait actuellement plusieurs dizaines de personnes migrantes, bien que ce nombre varie continuellement avec des libérations et de nouveaux placements en détention, en dépit du risque sanitaire lié au COVID-19. Toutes les personnes détenues ont en commun d’être de nationalité étrangère et d’ignorer le fondement juridique de leur détention. Certaines personnes migrantes seraient détenues à El Ouardia pour absence de titre de séjour, tandis que d’autres auraient fait l’objet d’une condamnation pénale. Le fondement juridique de la privation de liberté reste à éclaircir, qu’il s’agisse de rétention administrative ou de détention.
      L’opacité qui entoure ce centre et le manque d’informations fournies aux détenu.e.s sur leur situation juridique depuis toujours fait craindre que nous soyons face à des cas de détention arbitraire systématique, allant à l’encontre de la constitution tunisienne et de ses engagements internationaux.
      Aussi, les organisations signataires ont demandé officiellement aux autorités concernées de clarifier instamment les fondements juridiques de la privation de liberté des personnes détenues à El Ouardia et de prendre toute mesure à même de faire cesser cette détention s’il est établi qu’elle est dénuée de fondement juridique et par conséquent arbitraire. Les organisations ont en outre appelé les autorités juridictionnelles à exercer un contrôle prompt et efficace sur la légalité de ces détentions. .
      La situation est d’autant plus urgente pour les détenu.e.s en cette période de crise sanitaire provoquée par la propagation du COVID-19. Le risque sanitaire est en effet plus important dans les centres de détention où les gestes barrières et la distanciation sociale ne peuvent pas être observés aussi aisément qu’à l’extérieur. Ce risque pourrait s’accroitre avec l’arrivée de nouveaux détenus, d’où l’urgence de clarifier le statut juridique de ce centre et des personnes qui y sont privées de liberté.

      Les organisations signataires :

      Avocats Sans Frontières (ASF)
      Forum Tunisien des Droits Economiques et Sociaux (FTDES)
      Organisation Mondiale contre la Torture (OMCT)
      Tunisie Terre d’asile
      Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD)
      Association Beity
      Damj

      L’Association des Femmes Tunisiennes pour la Recherche sur le Développement (AFTURD) Association de défense des libertés individuelles (ADLI)

      Le Comité pour le respect des libertés et les droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT)

      Association By Lahwem ?

      L’Association « Vigilance pour la Démocratie et l’État Civique

      Communiqué reçu via la mailing-list Migreurop, le 30.04.2020

    • Témoignage de #Rajabu_Kilamuna de l’association #Migrants_sans_frontières, enfermé dans le centre de rétention d’#El_Wardiya

      CRIMINALISATION DE LA SOLIDARITE

      Témoignage de Rajabu Kilamuna de l’association Migrants sans frontières, enfermé dans le centre de rétention d’El Wardiya

      Rajabu est fondateur et coordinateur de l’association Migrants sans frontières. Migrants sans frontières est une association de défense des Droits de l’Homme, à caractère humanitaire, qui mène des activités en coopération avec divers partenaires (Tunisie terre d’asile, l’OIM, le HCR, le Conseil tunisien pour les réfugiés, l’Instance tunisienne de Lutte contre la Traite, l’Institut Arabe des Droits de l’homme, l’ALDA, M’nemti, l’Observatoire international des Droits de l’Homme, l’AESAT, Euromed droits …). L’association promeut la liberté de circulation des personnes et agit dans plusieurs domaines pour venir en aide aux personnes migrantes, entre autres : aide médicale, lutte contre l’exploitation au travail, soutien à des micro-projets pour encourager l’autonomisation des migrant.es, lutte contre la traite, soutien juridique aux personnes migrantes et informations concernant leurs droits en Tunisie, accompagnement de la demande d’asile, reconstitutions des liens familiaux, etc… Une partie importante de son travail concerne la défense des personnes migrantes arrêtées de manière arbitraire et/ou envoyées dans des centres de rétention tels que El Wardiya.

      Wardiya est dans son appellation officielle un centre “de réception et d’orientation”, situé dans la banlieue de Tunis à Ben Arous dans l’enceinte du camp paramilitaire de la Garde Nationale où sont enfermées les personnes étrangères de différentes nationalités, majoritairement originaires d’Afrique subsaharienne et considérées comme étant en situation « irrégulière » sur le territoire tunisien. Les personnes étrangères sont généralement appréhendées à l’occasion d’arrestations arbitraires et au faciès. Une fois au centre de Wardiya, elles risquent l’expulsion à la frontière algérienne. La seule manière d’échapper à ce traitement pour les personnes étrangères est de régler leurs pénalités pour séjour irrégulier et de payer elles-mêmes leur billet d’avion pour rentrer dans leur pays d’origine. Si elles acceptent l’offre de retour « volontaire » de l’OIM, les pénalités sont annulées et le billet d’avion pris en charge par l’organisation.

      Concernant ces personnes migrantes enfermées à El Wardia, le soutien apporté par Rajabu consistait principalement à les mettre en contact avec leurs ambassades, des avocat.e.s, des instances juridiques ou encore des organisations de défense des Droits de l’Homme. Il se chargeait également de faire pression sur le HCR pour que l’organisation examine les demandes d’asile déposées depuis le centre. Car dans la plupart des cas, les demandes ne sont examinées que si elles sont transmises par la Police des frontières, qui bien souvent, fait obstacle à ces demandes. Aussi le travail de Rajabu était-il indispensable pour que les potentiels demandeurs d’asile enfermés à El Wardiya puissent malgré tout avoir accès au HCR. Selon lui, il arrive fréquemment que des demandeurs d’asile soient expulsés sans aucun examen préalable de leur demande d’asile.

      Impliqué dans la défense des personnes migrantes enfermées à EL Wardiya, en décembre 2019, Rajabu a assisté à une conférence organisée par le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), lors de laquelle ce sujet devait être évoqué. A cette occasion, la journaliste Amal El Mekki a pris la parole pour présenter les recherches qu’elles avaient menées sur le centre d’El Wardiya. Elle évoquait le statut juridique très flou de ce centre, les mauvaises conditions de rétention, les expulsions sauvages à la frontière algérienne et les pressions psychologiques pour que les migrants acceptent le retour « volontaire » de l’OIM. A la fin de la présentation de la journaliste, Rajabu était intervenu pour appuyer ses propos et présenter brièvement le travail de son association.

      Le 14 février 2020, Rajabu a été arrêté par la Police de la frontière tunisienne, à proximité de son bureau. Cela fait maintenant deux mois qu’il est enfermé dans le centre d’El Wardiya et il n’a encore reçu aucun motif clair pouvant justifier son arrestation, n’a fait l’objet d’aucune plainte, n’a jamais été conduit au Parquet, ni devant le Procureur de la République. Migrant lui-même en Tunisie depuis 7 ans et demandeur d’asile, il est titulaire d’un titre de séjour provisoire et d’un permis de travail. Il déclare avoir toutes les autorisations nécessaires concernant les activités de son association.

      D’après lui, une seule chose a pu motiver son arrestation : le fait qu’il constituait un témoin gênant et un potentiel obstacle au déroulement des expulsions sauvages depuis le centre d’El Wardiya. Ayant œuvré à la libération de nombreuses personnes (notamment en transmettant leur demande d’asile au HCR), il était selon lui vu comme étant un « bâton dans les roues » de l’administration. Dans le centre, les policiers l’accusent régulièrement d’être une menace à la sécurité nationale, sans lui préciser en quoi.

      Lorsqu’il a été emmené dans le centre d’El Wardiya, Rajabu a immédiatement été isolé seul dans une chambre et privé de téléphone pour l’empêcher de communiquer avec l’extérieur. Alors qu’il est blessé au niveau de la colonne vertébrale, qu’il souffre d’hémorroïdes aiguës et a besoin de changer ses lunettes pharmaceutiques, la Police de la Frontière et la Garde Nationale lui interdisent depuis son arrivée l’accès à des soins à l’hôpital. Malgré les tentatives d’isolement, Rajabu a réussi à se procurer des téléphones auprès de ses camarades pour alerter les Organisations des Droits de l’Homme sur sa situation.

      Rajabu est dans l’incertitude concernant son sort et en insécurité permanente. Depuis son arrivée dans le centre, il est régulièrement menacé d’expulsion. Il a répété plusieurs fois à la Police qu’il craignait des persécutions pour sa vie en cas de retour dans son pays d’origine en sa qualité de réfugié politique. La Police lui a alors dit qu’il n’avait qu’à aller dans un autre pays africain comme le Sénégal ou le Maroc.

      Le 18 février 2020, il a tenté de déposer une demande d’asile depuis le centre d’El Wardiya, à laquelle il a joint les demandes de 23 autres personnes migrantes enfermées avec lui, qui n’avaient pas encore pu avoir accès au HCR jusqu’alors. Malgré cette demande de protection, la Police de la Frontière a expulsé 6 d’entre elles, de nationalité guinéenne, à la frontière algérienne (lesquelles ont ensuite été expulsées au Niger par les autorités algériennes). Avant même que Rajabu ait passé son entretien avec un officier de protection du HCR, les policiers sont allés chercher son passeport dans son bureau en vue de son expulsion. Après celle des personnes guinéennes, Rajabu a assisté à deux autres expulsions. La première concernait 9 personnes, qui toutes sont retournées en Tunisie avant d’être à nouveau arrêtées par la police tunisienne et reconduites à El Wardiya. La seconde expulsion concernait 5 personnes dont 4 mineurs, lesquels, suite à la médiatisation de leur situation et aux pressions de la société civile, ont pu finalement être libérés et reconduits à Tunis pour le dépôt d’une demande d’asile auprès du HCR.

      Concernant les conditions dans le centre, Rajabu les décrit comme très difficiles. Ils sont environ 60 à y être enfermés dont 6 femmes. Les mesures préventives contre le COVID 19 ne sont pas respectées selon les normes de l’OMS. Les conditions sanitaires sont déplorables, avec seulement deux douches qui sont très sales. Ils reçoivent trois repas par jours mais les quantités sont insuffisantes et l’eau potable manque. Dans le réfectoire, il n’y a que 6 chaises pour tout le monde. Il n’y a qu’une prise de courant pour recharger les téléphones de l’ensemble des personnes enfermées.

      Depuis le lundi 6 avril, les personnes détenues à Wardiya sont en lutte. Certaines ont commencé une grève de la faim pour protester contre leur situation, ne buvant qu’un peu d’eau sucrée et salée. Depuis le jeudi 10 avril, ces personnes, ne recevant aucune suite favorable à leurs doléances, refusent de se laisser parquer dans les dortoirs la nuit (dont les portes sont fermées par des barres métalliques avec cadenas et sans lumière à l’intérieur) et ont sorti tous les matelas dehors. L’administration du centre a alors dressé une liste des contestataires et depuis le début du mouvement, leur fait subir diverses pressions.

      Rajabu a réussi à alerter plusieurs organisations sur sa situation, notamment le FTDES, Amnesty International, l’Organisation M’nemti, l’Observatoire International des Droits de l’homme, le Haut-commissariat des Nations-Unies aux Droits de l’Homme, la Ligue Tunisienne des Droits de l’homme, l’Organisation mondiale contre la torture… Il est également soutenu par des personnalités politiques, des avocat.es, divers médias ainsi que des journalistes indépendant.e.s. En revanche, aucun de ses partenaires n’ont répondu à ses appels à l’aide (OIM, ALDA, Tunisie terre d’asile, EUROMED…).

      Alors que pendant des années, il s’en est fait le défenseur et le porte-parole, le sort qu’il subit actuellement est celui de toutes les personnes en exil qui se heurtent à la violence des politiques migratoires !

      La criminalisation de ses activités solidaires avec les personnes migrantes et les tentatives de réduction au silence dont il fait l’objet sont inacceptables !

      Stop à la criminalisation de la solidarité et à l’enferment des migrant.es !

      https://ftdes.net/temoignage-de-rajabu-kilamuna-de-lassociation-migrants-sans-frontieres-enferm

      #Tunisia #Tunis #FTDES #migration #asylum #detention #expulsion #el-Ouardia #IOM #HCR

  • African migrants allege mistreatment in North Africa

    Egypt hosts more than 6 million migrants, more than half of them from Sudan and South Sudan.

    North African countries have long been a refuge for sub-Saharan migrants trying to escape war or poverty. However, the streets of Cairo, #Tunis or #Tripoli can turn dangerous, with racist harassment and violence.

    While Europe has been wrestling with racist violence, North African countries, with complex situations including their own illegal emigration problems, have made only small steps in addressing the issue.

    For some migrants, Egypt, Libya and Tunisia are the closest and easiest countries for them to enter. For others, the countries are a point of transit before attempting the Mediterranean crossing to Europe.

    The International Organisation for Migration said Egypt hosts more than 6 million migrants, more than half of them from Sudan and South Sudan, where simmering conflicts displace tens of thousands of people annually.

    At least two dozen sub-Saharan Africans, including four children, in Cairo told the Associated Press they have endured racist insults, sexual harassment or other abuses in the past three months.

    The children said they have had rocks and trash thrown at them as they go to or from school. One Ethiopian woman said neighbours pound on the windows of her family’s home, yelling “slaves” before disappearing.

    A study last year by the Tunisian Forum for Economic and Social Rights indicated that 50% of immigrant respondents from sub-Saharan African countries said their migration experience, after several years spent in Tunisia, was “a failure,” while 41% described the experience as “successful.”

    Among those questioned about their medium-term goals, 54% expressed a desire to leave for Europe and 42% expressed a preference to return to their country of origin. Only 2% said they preferred to settle in Tunisia.

    The study stated that 48.3% of respondents said it is necessary to review the legal status of migrants.

    Respondents called on Tunisia to allow African migrants to benefit from work opportunities in the country, defend their rights, facilitate the acquirement of residence permit and revise social security laws, in a way that would simplify procedures to obtain Tunisian nationality for migrants’ children born in the country and allow foreigners to open bank accounts.

    In Libya, a country plagued by corruption and caught in civil war, the picture looks gloomier for African migrants. A report by the Associated Press said millions of dollars from the European Union had been diverted to networks of militiamen, traffickers and Coast Guard members who allegedly exploit migrants. The report said UN officials knew militia networks were getting the money.

    The report revealed torture, extortion and other abuse for ransom in migrant detention centres and under the nose of the United Nations, often in compounds that receive millions of dollars in aid. This was in addition to reports of disappearances from detention centres, with migrants allegedly sold to traffickers or sent to other centres.

    In Libya, abuses generally go unpunished amid the chaos in the country. In Tunisia and Egypt, however, there were signs the two countries were starting to recognise and censure racist crimes.

    In November, a video showing three Egyptian teenagers bullying South Sudanese schoolboy John Manuth triggered a public outcry. Egyptian President Abdel Fattah al-Sisi later hosted Manuth at a youth forum and made a rare high-level acknowledgement of the problem.

    “They are our guests and negative treatment is not acceptable and not allowed,” Sisi said.

    In 2018, a court sentenced to seven years in prison a man who was known to harass refugees and who beat to death a South Sudanese teacher who had worked in a community-run school for refugees in Cairo.

    In Tunisia, the Elimination of All Forms of Racial Discrimination Act was adopted in October 2018, with penalties ranging from 1-3 months in prison for racist language and 1-3 years for inciting hatred, disseminating ideas about racial superiority or supporting a racist organisation or activity.

    The law, which created a National Instance against Racial Discrimination to present an annual report to the parliament, commits the state to undertake awareness and training campaigns.

    https://thearabweekly.com/african-migrants-allege-mistreatment-north-africa

    #Afrique_du_Nord #réfugiés #asile #migrations #migrants_sub-sahariens #villes #Maghreb #Moyen-Orient #Le_Caire #violence #racisme #xénophobie #Egypte #Libye #Tunisie

    ping @_kg_

  • Des #pêcheurs pris dans un étau

    « La mer c’est la liberté. Aujourd’hui nous sommes emprisonnés à même l’eau » déplore Slah Eddine Mcharek, président de l’Association Le Pêcheur pour le développement et l’environnement[1] à #Zarzis. Leurs projets sont ambitieux : protection des ressources aquatiques, développement d’une pêche durable et responsable et défense de la pêche artisanale. Mais les obstacles sont de taille : pris entre la raréfaction des ressources halieutiques, les menaces à leur sécurité, la réduction de leur zone de pêche et la criminalisation du sauvetage des migrants en mer, les pêcheurs se retrouvent enserrés dans un véritable étau.

    Au-delà de la petite ville de Zarzis et de ses plages où se côtoient hôtels de luxe, corps de naufragés et pêcheurs en lutte, le récit de Slah Eddine rappelle l’importance de la justice migratoire et environnementale.

    La mer, déchetterie nationale

    Depuis quelques années, un phénomène prend de l’ampleur : les rejets de déchets plastiques envahissent les rives et encombrent les zones où travaillent les pêcheurs. Faute d’un système opérationnel de collecte des ordures ménagères et de sensibilisation aux risques liés à la pollution des eaux par le plastique, ces déchets s’entassent dans les canaux de la ville avant de se disperser dans la mer, au point que les pêcheurs réclament l’interdiction des sacs plastiques.

    Aux déchets ménagers s’ajoute le problème des rejets industriels. Slah Eddine déploie une carte du bassin méditerranéen et pointe du doigt le sebkhet el melah (marais salant) des côtes de Zarzis. Le salin appartient à Cotusal, vestige colonial d’une filiale française qui a exploité pendant longtemps les ressources salines de la Tunisie, dans le cadre de concessions avantageuses qui n’ont pas été renégociées depuis l’indépendance[2]. L’exploitation du sel dans cette région, en plus de saliniser les terres agricoles, rejette des produits de traitement du sel dans la mer. Surtout, les eaux zarzisiennes sont polluées par les rejets du Groupe Chimique Tunisien, notamment le phosphogypse, et par les eaux usées non traitées par l’ONAS (Office National de l’Assainissement). Cette dernière ne remplit pas sa mission de traitement des eaux industrielles et ménagères, notamment sur l’île de Djerba. Une partie des eaux est traitée de manière inefficace et insuffisante, l’autre non traitée du tout.

    Un équilibre écologique rompu

    Pour les êtres vivants qui habitent ces eaux, les rejets industriels mêlés aux déchets et eaux usées ne peuvent faire que mauvais mélange. « La mer est devenue des toilettes à ciel ouvert » s’indigne Slah Eddine, pointant cette fois du doigt deux poissons dessinés sur une affiche. L’un est le loup de mer et l’autre la dorade. « Là où les usines rejettent leurs eaux, ces poissons n’y vivent plus » explique-t-il. La contamination de ces eaux rompt un équilibre essentiel à la survie de la faune et la flore maritimes.

    Dans ces eaux, la reproduction marine est difficile sinon impossible, entraînant la disparition de plusieurs espèces de poissons et notamment les espèces cartilagineuses. Les éponges souffrent quant à elles du réchauffement climatique et présentent depuis quelques années des signes de maladies, au désespoir des familles qui vivent de leur commerce. Ainsi, en 2017, suite à la montée des températures (24°C à 67m de profondeur !), de nombreuses éponges sont mortes, par leur fragilité aux changements du milieu ou par une épidémie favorisée par cette augmentation de température[3].

    L’accumulation des pollutions a fini par asphyxier toute forme de vie dans les eaux proches de Djerba et Zarzis et notamment dans le golfe quasi fermé de Boughrara. Les pêcheurs estiment que 90 % des poissons et mollusques auraient disparu en dix ou vingt ans, privant beaucoup de personnes, notamment des jeunes et des femmes, d’un revenu stable. Mais alors que les pêcheurs de Gabès reçoivent des compensations à cause de la pollution et viennent pêcher sur les côtes de Zarzis, les pêcheurs zarzisiens ne reçoivent rien alors qu’ils sont aussi affectés.

    Plus au nord, sur les côtes sfaxiennes, c’est un autre phénomène qui s’est produit deux fois cette année, en juin puis en novembre, notamment à Jbeniana : la mer est devenue rouge, entrainant une forte mortalité de poissons. Le phénomène a été expliqué par la présence de microalgues eutrophisant la mer, c’est-à-dire la privant de son oxygène. Mais la version officielle s’arrête là[4], la prolifération de ces microalgues n’a pas été expliquée. Or, des phénomènes similaires sont connus à d’autres endroits de la planète, notamment dans le golfe du Mexique où la prolifération des algues est due à l’excès d’engrais phosphaté et azoté qui se retrouve dans la mer, ou du rejet d’eaux usées, qui produisent des concentrations trop importantes de matières organiques[5]. Il est donc fort probable que les rejets concentrés en phosphate du Groupe Chimique Tunisien à Gabès et Sfax, d’autres rejets industriels et ménagers et/ou des rejets d’engrais agricoles par les oueds soient à l’origine du phénomène.

    Le coût de Daesh

    Alors que certaines espèces disparaissent, d’autres se multiplient en trop grand nombre. Le crabe bleu, surnommé « Daesh » par les pêcheurs de la région du fait de son potentiel invasif et destructeur, en est le meilleur exemple. Cette espèce, apparue fin 2014 dans le golfe de Gabès[6], a rapidement proliféré au large des côtes, se nourrissant des poissons qui jusque-là constituaient le gagne-pain des pêcheurs du coin. « Daesh détruit tout : les dorades, les crevettes, les seiches …. Tous les bons poissons ! » s’exclame-t-il. La voracité du crabe bleu a aggravé les problèmes économiques de bien des pêcheurs. Si la chair de cette espèce invasive fait le bonheur de certains palais et qu’un marché à l’export est en plein développement en direction de l’Asie et du Golfe, les habitants de Zarzis qui vivent de la pêche artisanale, eux, ne s’y retrouvent pas. « Un kilo de loup ou de dorade se vend 40 dinars. Un kilo de crabe bleu, c’est seulement 2 dinars ! » affirme un pêcheur de l’association.

    Le calcul est vite fait, d’autant plus que les crabes bleus font assumer aux pêcheurs un coût du renouvellement du matériel beaucoup plus important, leurs pinces ayant tendance à cisailler les filets. « Avant l’arrivée de Daesh, nous changions les filets environ deux fois par an, maintenant c’est quatre à cinq fois par ans ! » se désole l’un d’entre eux.

    Bloqués dans un Sahara marin

    Comme le martèlent les pêcheurs, « la zone de pêche de Zarzis est devenue un Sahara, un véritable désert ». Suite au partage international de la Méditerranée, les pêcheurs zarzisiens sont cantonnés dans des eaux côtières, qui se vident de poisson suite aux désastres écologiques et à la surpêche.

    « Avant 2005 et le dialogue 5+5[7] on pouvait accéder à des zones de pêche intéressantes, mais depuis les autres pays ont agrandi leur territoire marin ». En effet, c’est en 2005 que la Libye met en place sa zone de pêche exclusive, interdisant ainsi l’accès aux pêcheurs tunisiens. La Tunisie met elle aussi en place sa zone économique exclusive[8], mais, à la différence de la zone libyenne[9], elle autorise des navires étrangers à y pêcher. Les chalutiers égyptiens sont particulièrement présents, et s’ajoutent aux chalutiers tunisiens (de Sfax notamment) qui ne peuvent plus pêcher dans les eaux poissonneuses libyennes. Il arrive même que ces chalutiers pénètrent dans les eaux territoriales, en toute impunité. En plus des désastres écologiques, les eaux du sud tunisien se vident ainsi de leurs poissons à cause de la surpêche.

    Limites des différentes zones maritimes tunisiennes[10] :

    Or, les frontières officielles ne semblent pas délimiter la zone où les pêcheurs tunisiens peuvent réellement travailler, cette dernière étant manifestement beaucoup plus restreinte et empiétée par la zone libyenne. Sur la carte maritime qu’il a déployée devant lui, Slah Eddine matérialise la zone où les pêcheurs de Zarzis peuvent pêcher de manière effective et montre en resserrant ses doigts l’évolution de la zone de pêche libyenne au détriment de la zone tunisienne. Mais alors, pourquoi ce déplacement de frontière maritime n’apparaît dans aucun texte ou accord international[11] ? Y a-t-il des accords cachés ? Les garde-côtes libyens s’arrogent-ils le droit de pénétrer les eaux tunisiennes ? Ou les pêcheurs tunisiens auraient-ils intégré l’obligation de ne pas pénétrer une zone tampon pour ne pas craindre pour leur sécurité ?

    Les pêcheurs sous les feux des groupes armés libyens

    Au-delà des problèmes économiques auxquels ils doivent faire face, les pêcheurs de Zarzis sont confrontés à de graves problèmes de sécurité dans les eaux où ils naviguent. Alors que les bateaux de pêche libyens ne se gênent pas, selon Slah Eddine, pour venir exploiter les eaux tunisiennes, il n’existe aucune tolérance pour les pêcheurs tunisiens qui s’aventurent en dehors de leur zone. Ces dernières années, le pêcheur ne compte plus les cas d’agressions, de saisies de bateaux, de menaces et prises d’otages, par les groupes armés, et parmi eux les gardes côtes officiels libyens, équipés par les programmes européens de lutte contre la migration non réglementaire.

    En 2012, un pêcheur tunisien mourrait ainsi sous les balles tirées d’une vedette côtière libyenne tandis que les 18 autres membres de l’équipage étaient faits prisonniers à Tripoli[12]. En 2015, quatre bateaux de pêche tunisiens qui avaient pénétré les eaux libyennes étaient également pris en otage par des groupes armés libyens et acheminés au port d’El Zaouira[13]. Les attaques ont eu lieu jusque dans les eaux tunisiennes, comme en février 2016 lorsque treize chalutiers tunisiens avec soixante-dix marins à bord ont été arraisonnés et emmenés dans le même port, la partie libyenne exigeant alors une rançon contre leur libération[14]. L’année suivante, en 2017, des pêcheurs libyens de Zaouira menaçaient de kidnapper tous les marins tunisiens qu’ils rencontreraient en mer en représailles au contrôle d’un chalutier libyen dans le port de Sfax par la garde maritime tunisienne. Depuis, les prises d’otage se multiplient. Enième épisode d’une saga sans fin, la dernière attaque libyenne date de septembre dernier.

    L’insécurité ne touche pas que les pêcheurs de Zarzis, mais tous les pêcheurs tunisiens qui naviguent à proximité des zones frontalières : au Sud-Est, ce sont les feux des groupes libyens qui les menacent ; au Nord-Ouest, ceux de la garde côtière algérienne. Le 31 janvier de cette année, un pêcheur originaire de Tabarka et âgé de 33 ans a été tué par les autorités algériennes alors que son bateau avait pénétré les eaux territoriales de l’Algérie[15]. « Le danger est partout ! », « on se fait tirer dessus ! », s’exclament les pêcheurs de l’Association. Entre deuil et colère, ils dénoncent l’absence de réponse ferme des autorités tunisiennes contre ces agressions et se font difficilement à l’idée qu’à chaque départ en mer leur vie puisse être menacée.

    Les autres damnés de la mer

    Comme tout marin, les pêcheurs de Zarzis doivent porter assistance aux bateaux en détresse qu’ils croisent sur leur chemin. Et des bateaux en détresse, ce n’est pas ce qui manque au large de Zarzis. Le hasard a fait que leur zone de pêche se trouve sur la route des migrants qui fuient la Libye sur des embarcations de fortune et les accidents sont fréquents dans ces eaux dangereuses. Porter secours aux survivants, prendre contact avec le Centre de Coordination des Sauvetages en Mer, ramener les corps de ceux pour lesquels ils arrivent trop tard afin de leur offrir une sépulture digne, c’est aussi cela, le quotidien des pêcheurs de Zarzis. L’effroi et la colère de l’impuissance lorsque des cadavres se prennent dans les filets pêche, l’inquiétude et le soulagement lorsque le pire est évité et que tout le monde arrive à bon port.

    Sauver des vies lorsqu’il est encore temps, c’est avant tout un devoir d’humanité pour ces hommes et ces femmes de la mer. La question ne se pose même pas, malgré les heures de travail et l’argent perdus. Pour être plus efficaces dans leurs gestes et secourir le plus grand nombre, plus d’une centaine de pêcheurs de Zarzis ont suivi en 2015 une formation de 6 jours sur le secours en mer organisée par Médecins sans frontières[16]. Alors que les politiques européennes de criminalisation des ONG menant des opérations de recherche et de secours en mer ont laissé un grand vide en Méditerranée, les pêcheurs tunisiens se retrouvent en première ligne pour les opérations de sauvetage. Aussi, quand ils partent en mer, prévoient-ils toujours de l’eau et de la nourriture en plus, des fois qu’un bateau à la dérive croise leur chemin.

    Des sauveurs que l’Europe veut faire passer pour des criminels

    Au-delà d’un devoir d’humanité, porter secours aux embarcations en détresse est une obligation inscrite dans le droit international maritime et en particulier dans la Convention internationale sur la Sauvegarde de la vie humaine en mer (SOLAS), qui s’applique à tous les navires. Le texte prévoit l’obligation pour tous les Etats de coordonner leurs secours et de coopérer pour acheminer les personnes dans un lieu sûr[17], où la vie des survivants n’est plus menacée et où l’on peut subvenir à leurs besoins fondamentaux.

    Aussi, lorsque l’équipage de Chameseddine Bourrasine croise lors l’été 2018 une embarcation avec 14 migrants à la dérive, c’est sans hésitation qu’il décide de leur porter secours. Mais alors que les rescapés menacent de se suicider s’ils sont ramenés en Tunisie et qu’il ne saurait être question de les livrer aux garde-côtes de Libye où c’est l’enfer des geôles qui les attend, le capitaine décide d’appeler la garde côtière du pays sûr le plus proche, à savoir l’Italie. Après plusieurs tentatives de contact restées sans réponse, il décide alors de remorquer le bateau vers l’Italie pour débarquer les migrants dans un lieu où ils seront en sécurité[18]. Accusé avec son équipage de s’être rendu coupable d’aide à l’immigration dite « clandestine », ce sauvetage coûtera aux 7 marins-pêcheurs 22 jours d’incarcération en Sicile.

    Si le procès s’est résolu par un non-lieu, les pêcheurs de Zarzis restent dans le collimateur des autorités italiennes. « Nous les pêcheurs tunisiens, l’Italie voudrait nous contrôler et encore limiter la zone dans laquelle nous pouvons pêcher » se désole Slah Eddine, « les Italiens nous surveillent ! ». Il évoque aussi la surveillance d’EUNAVFOR Med, également appelée Sophia, opération militaire lancée par l’Union européenne en 2015 en Méditerranée pour, selon les mots de la Commission « démanteler le modèle économique des passeurs et des trafiquants d’êtres humains »[19]. Si l’opération militaire les surveille de près lorsqu’il s’agit du secours en mer, lorsqu’il est question d’attaques par des milices libyennes, Sophia détourne le regard et abandonne les pêcheurs tunisiens à leur sort.

    Les harraga de demain ? [20]

    « On ne peut plus, ce n’est plus possible, il n’y a plus rien », répètent les pêcheurs, acquiesçant les paroles par lesquelles Slah Eddine vient de présenter leur situation. Entre les eaux polluées, les problèmes économiques, le fléau de Daesh, les poissons qui ne se reproduisent plus, les éponges malades, les attaques libyennes, les pressions italiennes et européennes, être un pêcheur en Tunisie, « ce n’est plus une vie ». Leurs fils à eux sont partis pour la plupart, en Europe, après avoir « brûlé » la mer. Ils savent que dans cette région qui vit surtout de la pêche, il n’y a pas d’avenir pour eux.

    Et puis il y a ceux qui, privés de toute autre source de revenus, sont contraints à se reconvertir dans des activités de passeurs. Nés dans des familles où la pêche se transmet de père en fils, ils connaissent la mer, ses vents, tempêtes, marées et courants. Ils savent où se procurer des bateaux. Lorsque ces loups de mer sont à la barre, le voyage est plus sûr pour celles et ceux risquent la traversée vers l’Europe à bord d’un rafiot. Alors que les harragas tunisiens sont de plus en plus systématiquement déportés lorsqu’ils sont arrêtés par les autorités italiennes[21], certains passeurs ont troqué leur clientèle tunisienne pour une clientèle subsaharienne, de plus en plus nombreuse à mesure que leur situation en Libye se dégrade. Faute de voies régulières pour les migrants, la demande de passage vers l’Europe augmente. Et faute de ressources alternatives pour les pêcheurs, l’offre se développe.

    Or ce n’est ni la « main invisible » ni une quelconque fatalité qui poussent ces pêcheurs au départ ou à la diversification de leurs activités, mais le mélange entre le modèle de développement polluant et incontrôlé, l’inaction des autorités tunisiennes en matière de protection de l’environnement, et le cynisme des politiques migratoires sécuritaires et meurtrières de l’Union européenne.

    https://ftdes.net/des-pecheurs-pris-dans-un-etau
    #environnement #sauvetage #Méditerranée #pêche #développement #émigration #Cotusal #pollution #plastique #colonialisme #sel #salines #phosphogypse #Groupe_Chimique_Tunisien #eaux_usées #reproduction_marine #poissons #éponges #Djerba #mollusques #Gabès #Jbeniana #microalgues #phosphate #crabe_bleu #Libye #différend_territorial #zone_économique_exclusive #surpêche #asile #migrations #réfugiés #criminalisation #Chameseddine_Bourrasine #EUNAVFOR_Med #Operation_Sophia #harraga

    #ressources_pédagogiques #dynamiques_des_suds

  • Graves violations des droits des demandeur.se.s d’asile et réfugié.e.s en Tunisie : une situation alarmante qui doit cesser.

    Graves violations des droits des demandeur.se.s d’asile et réfugié.e.s en Tunisie : une situation alarmante qui doit cesser.

    Le Département Migration du FTDES dénonce les violations des droits des demandeur.se.s d’asile et réfugié.e.s présent.e.s dans toute la Tunisie dont il a été saisi cette année.

    En l’absence de cadre législatif national en matière d’asile, les demandeur.se.s d’asile et les réfugié.e.s en Tunisie sont placé.e.s sous la protection du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR). Chargée de l’examen de leur demande d’asile, l’agence onusienne a nouvellement mandaté le Conseil Tunisien pour les Réfugiés (CTR), association tunisienne financée à hauteur de 100% par le HCR, pour mettre en œuvre la protection à laquelle peut prétendre chaque demandeur.se.s d’asile ou personne reconnue réfugiée (hébergement, distribution de bons alimentaires, prise en charge des frais médicaux, accès à l’information…).

    Or, suite à un nombre croissant de témoignages, le FTDES a pu constater ces derniers mois des manquements graves de la part de ces deux organisations concernant le respect des droits des personnes en besoin de protection internationale :

    Surpopulation des centres d’hébergement dans le sud tunisien et insuffisance des programmes de mise à l’abri à Sfax et Tunis. A Tunis, en l’absence de centres, un hébergement d’urgence a été ouvert dans un hôtel du centre-ville. Seules les personnes les plus vulnérables y ont droit, pour une durée limitée à 14 jours. Des mineurs et des familles avec enfants en bas-âge sont contraints de dormir dans la rue après ce délai. Au mois de décembre, au moins 130 demandeurs d’asile ont été signalés comme vivant dehors. Les appartements loués par le HCR sont non meublés, souvent éloignés des centres-villes et insalubres (certains n’ont pas d’accès à l’eau par exemple).
    Insuffisance des bons alimentaires notamment pour les mères isolées et les familles. Ces bons alimentaires sont distribués de manière aléatoire et irrégulière.
    Difficultés d’accès aux soins, défaillance dans la prise en charge des frais médicaux, y compris en cas d’urgence vitale. En avril 2019, l’absence d’assistance médicale aurait coûté la vie à un jeune demandeur d’asile de 19 ans, faute de prise en charge rapide suite à une crise cardiaque.
    Insuffisance du suivi psychologique des personnes vulnérables, dont la plupart sont passées par l’enfer libyen et ont survécu à des actes de torture. Cette détresse psychologique semble aggravée par les conditions précaires dans lesquelles se trouvent les demandeur.se.s d’asile et réfugié.e.s en Tunisie. Depuis le début de l’année 2019, au moins deux tentatives de suicide, dont celle d’un mineur, ont été signalées dans les centres gérés par le HCR.
    Absence de prise en charge adéquate des mineurs isolés. Un nombre important de mineurs vivent actuellement dehors, sans encadrement, ni accès aux soins et à l’éducation. Certain.e.s ont subi des agressions alors qu’ils dormaient dans la rue.
    Manque d’information généralisée et absence d’assistance juridique concernant la procédure de demande d’asile. Certaines personnes disent n’avoir aucune connaissance de la date de leur prochain rendez-vous, le HCR leur demandant de revenir à la date d’expiration de leur carte de demandeur.se.s d’asile, soit après 6 mois.
    Difficultés d’accès à la demande d’asile, en particulier pour certaines nationalités. Des personnes ont dû attendre plusieurs mois avant de pouvoir déposer une demande de protection, attente à laquelle s’ajoute ensuite la lenteur de la détermination du statut, qui peut prendre jusqu’à 9 mois. Des défaillances dans la procédure de détermination de statut de réfugié ont également été relevées, comme des problèmes d’interprétation lors des entretiens et une absence de confidentialité des échanges avec les officiers de protection du HCR.

    Le FTDES s’inquiète par ailleurs du fait que l’ensemble des personnes ayant témoigné au sujet des pratiques du HCR et du CTR craignent des représailles. Nombre d’entre elles font état de harcèlement psychologique et de menaces personnelles visant à les dissuader de partager avec les journalistes et la société civile la détresse dans laquelle elles se trouvent. Celles qui osent revendiquer leur droit sont mises à l’écart. D’autres se voient systématiquement refuser l’accès au CTR et sont parfois même menacées d’être présentées à la police si elles continuent à se rendre dans leurs locaux, pour bénéficier des droits qui leur sont pourtant dus.

    De nombreuses personnes disent enfin se sentir indésirables, humiliées et rejetées par les organisations en charge de leur protection. Beaucoup utilisent même la métaphore du ballon de football pour illustrer leur situation : des personnes déshumanisées que l’on renvoie d’un bureau à un autre, du Lac à Mutuelleville, de Tunis à Médenine, voire qu’on pousse à retourner en Libye.

    Le FTDES, après avoir entendu ces témoignages, qui font état de violations massives et systématiques des droits des demandeur.se.s d’asile et réfugié.e.s :

    Demande, pour toutes les personnes réfugiées ou en demande de protection internationale, une amélioration de l’accès à l’information, une prise en charge des frais médicaux et la garantie pour tout.e.s de moyens de subsistance suffisants.
    Appelle toutes les ONG, associations, instances nationales et onusiennes à coopérer et dialoguer afin de trouver une solution durable à la problématique de l’hébergement des demandeur.se.s d’asile et réfugié.e.s en Tunisie. Appelle également au respect de standards minimums concernant la salubrité des lieux, qu’il s’agisse de centres, d’hôtels, ou d’appartements loués par le HCR.
    Attire l’attention de ces différents acteurs sur la protection impérative des mineurs étrangers, en tant qu’enfants, et ce quel que soit leur statut administratif, conformément à la Convention internationale des droits de l’enfant que la Tunisie a ratifié en 1991.
    Demande un traitement égalitaire et non discriminatoire pour l’ensemble des demandeur.se.s d’asile et réfugié.e.s en Tunisie, ainsi que le respect de la procédure de détermination du statut de réfugié.
    Demande aux organisations onusiennes et aux associations responsables de la protection des demandeur.se.s d’asile et réfugié.e.s en Tunisie de cesser toute forme de harcèlement psychologique et de respecter les droits fondamentaux de ces personnes.
    Réitère sa demande pour que le HCR, l’Etat tunisien et les organisations humanitaires prennent leurs responsabilités afin de trouver une solution durable et digne à la situation inacceptable des anciens réfugiés du camp de Choucha oubliés par l’ensemble de ces mêmes acteurs depuis de trop nombreuses années.
    S’inquiète des pratiques de certains acteurs, visant manifestement à décourager la demande d’asile en Tunisie, et de la mise au service d’organisations humanitaires à des fins sécuritaires.
    Considère qu’une partie importante des problèmes auxquels font face les personnes migrantes en Tunisie est le résultat direct des politiques d’externalisation de l’Union européenne et de la complicité de l’Etat tunisien, des agences onusiennes et de certaines ONG locales pour leur mise en œuvre.

    https://ftdes.net/graves-violations-des-droits-des-demandeur-se-s-dasile-et-refugie-e-s-en-tuni
    #violation #droits_humains #Tunisie #asile #migrations #réfugiés
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  • منسيات آلات الخياطة – Les oubliées des machines à coudre - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=JuDs6GojYIA

    Un documentaire préparé par la branche de Monastir du Forum Tunisien pour les Droits Économiques et Sociaux.

    À toutes les travailleuses du secteur textile victimes de la précarité du travail et du licenciement abusif

    FTDES Forum Tunisien pour les Droits économiques et sociaux - QUI SOMMES NOUS ?
    https://ftdes.net/qui-sommes-nous

    Le Forum Tunsien pour les Droits Economiques et Sociaux (FTDES) est une organisation tunisienne déclarée au journal officiel en 2011. Le FTDES est une organisation non gouvernementale, neutre, indépendante de tout parti politique et de toute institution religieuse. Elle a été créée en 2011 dans le but de défendre les droits économiques et sociaux des populations sur le plan national et international. Le FTDES travaille sur les thématiques suivantes : droit du travail, droit des femmes, droits environnementaux et droits des migrants. Le FTDES fait partie de différents réseaux internationaux dont la FIDH, Migreurop, Loujna Tounkaranké, Boats 4 People. Le FTDES fonctionne avec un bureau central situé à Tunis, sous la direction d’un comité directeur. Il compte plusieurs dizaines de membres dans toute la Tunisie et plus de vingt salariés. Le FTDES dispose de sections locales dans les villes de Kairouan, Kasserine, Monastir et Gafsa.

    #Tunisie #ftdes #exploitation #précarité #licenciements_abusifs #femmes #travailleuses #secteur_textile

  • #Tunisie : des migrants violentés et arrêtés lors d’une manifestation « pacifique » à #Médenine

    Les forces de l’ordre ont dispersé « avec violence » une manifestation « pacifique » de migrants dans le sud de la Tunisie, à Médenine, jeudi. Ces derniers réclamaient de meilleures conditions de vie et des relocalisations vers l’Europe. Une association d’aide aux étrangers réclame leur libération.

    Une dizaine de migrants ont été arrêtés jeudi 20 juin dans le sud de la Tunisie, à Médenine, alors qu’ils manifestaient pour demander à être accueillis en Europe, selon une ONG tunisienne, qui a dénoncé l’usage d’une force « excessive » par la police.

    Dans un communiqué (https://ftdes.net/ar/communique-medenine, le Forum tunisien des droits économique et sociaux (FTDES) - association qui aide, entre autres, les étrangers en Tunisie - a évoqué l’arrestation de « quelques migrants » et dénoncé l’usage d’une force « excessive » et de #gaz_lacrymogène par les forces de sécurité. « Les forces de l’ordre sont intervenues violemment », dénonce FTDES qui fait état de blessés.

    Selon l’association, la manifestation était « pacifique » et menée par des migrants subsahariens qui demandaient à être accueillis dans un autre pays - en Europe.

    Une femme présente dans la manifestation a témoigné sur Facebook (https://www.facebook.com/Arrakmia/videos/506178630208842/?v=506178630208842). « Je suis Érythréenne, ça fait cinq mois que je suis là ! J’ai vu les forces de l’ordre forcer des personnes à monter dans leurs camionnettes ». Un autre dénonce les violences policières. « On est en Tunisie ou en Libye ? », s’emporte-t-il. « J’ai voulu parler avec un policier et il m’a frappé ! Nous on réclame juste de partir d’ici ! On respecte l’État, on respecte les lois ! »

    Dix migrants arrêtés, selon le ministère de l’Intérieur tunisien

    Sofiène Zaag, porte-parole du ministère de l’Intérieur, a indiqué de son côté que la police avait arrêté dix migrants ayant commis des « actes perturbateurs » lors de cette manifestation non autorisée.

    FTDES a appelé les autorités tunisiennes à libérer toutes les personnes arrêtées et invité les organisations de l’ONU à « assumer leurs responsabilités » et à mettre en place « le maximum de capacités logistique, financière, juridique et diplomatique pour soutenir » ces migrants.

    Deux journalistes présents sur place, qui ont filmé l’intervention sur Facebook, ont également été malmenés par les forces de l’ordre. « Le Forum condamne les attaques et les restrictions imposées aux journalistes dans l’exercice de leurs fonctions ».

    La Tunisie dispose d’un seul centre, géré par le Croissant-rouge à Médenine, pour accueillir les étrangers arrivés clandestinement.

    Environ 1 100 étrangers arrivés clandestinement sont installés à Médenine. Certains sont logés dans ce centre d’accueil, complètement débordé, avec deux fois plus de migrants que de lits, a indiqué à l’AFP le président du bureau régional du Croissant-rouge.

    Le Croissant-rouge a exprimé plusieurs fois son souhait d’agrandir la capacité d’accueil du centre, créé en 2013, où les autorités envoient les étrangers arrêtés sur le chemin de l’Europe, près de la frontière de la Libye voisine ou dans les eaux territoriales de la Tunisie en Méditerranée.

    Pour rappel, en Tunisie, les questions d’asile et de protection sont déléguées au Haut-commissariat pour les réfugiés de l’ONU (HCR). Bien que signataire de la convention de Genève de 1951 relative aux réfugiés, la Tunisie ne s’est pas dotée d’un cadre légal national nécessaire à son application.


    https://www.infomigrants.net/fr/post/17672/tunisie-des-migrants-violentes-et-arretes-lors-d-une-manifestation-pac
    #violence #manifestation #résistance #arrestations #asile #migrations #réfugiés #violences_policières #police

  • Driven to suicide in Tunisia’s UNHCR refugee shelter

    Lack of adequate care and #frustration over absence of resettlement plans prompt attempted suicides, refugees say.

    Last Monday night, 16-year-old Nato* slit his wrists and was rushed to the local hospital in Medenine.

    He had decided to end his life in a refugee facility run by the UN’s refugee agency, the UNHCR, in Medenine. After running for two years, escaping Eritrea and near-certain conscription into the country’s army, making it through Sudan, Egypt and Libya, he had reached Tunisia and despair.

    A few days later, Nato was transferred to a psychiatric hospital in #Sfax, 210km north of Medenine, where he was kept on lockdown and was frustrated that he was not able to communicate with anyone in the facility.

    Nato’s isn’t the only story of despair among refugees in Tunisia. A female refugee was taken to hospital after drinking bleach, while a 16-year-old unaccompanied young girl tried to escape over the borders to Libya, but was stopped at Ben Gardane.

    “I’m not surprised by what has happened to Nato,” a 16-year-old at the UNHCR facility told Al Jazeera on the condition of anonymity.

    “They just keep us here without providing any support and after we ... witnessed killings of our friends. We feel completely abandoned. We don’t feel secure and protected,” he said.

    The 30 to 35 unaccompanied minors living in UNHCR’s reception facility in Medenine share a room, spending their days remembering past images of violence and abuse.

    “I cannot get out of my mind the picture of my friend dying after they pointed a gun at his temple. He was sitting next to me. Sometimes at night, I cannot sleep,” the 16-year-old said.
    ’They’re trying to hide us here’

    The UNHCR facility in Medenine struggles to offer essential services to a growing number of arrivals.

    According to the information given to Al Jazeera, the asylum seekers and refugees have not received medical screenings or access to psychosocial support, nor were they informed clearly of their rights in Tunisia.

    “We feel they are trying to hide us here,” said Amin*. “How can we say we are safe if UNHCR is not protecting our basic rights? If we are here left without options, we will try to cross the sea.”

    Amin, 19, has no vision of what his life will be. He would like to continue his education or learn a new language but, since his arrival, he has only promises and hopes, no plans.

    The young people here find themselves having to take care of themselves and navigate the questions of what their future will be like, at times without even being able to reach out to their families back home for comfort.

    “My parents are in Eritrea and since more than a year, I was able to speak with them only for three minutes,” said Senait*, a 15-year-old boy from Eritrea.

    Aaron*, a 16-year-old boy who has been on the road for three years and three months, has not been able to call his relatives at all since his arrival in Tunisia.

    “Last time I have contacted them was in 2016 while I was in Sudan. I miss them so much,” he said.

    Last week, many of them participated in a peaceful demonstration, demanding medical care, support from the UNHCR and resettlement to third countries.

    Refugee lives in suspension

    Nato, as well as a number of refugee minors Al Jazeera spoke to, arrived in Tunisia over the Libyan border with the help of smugglers. The same is true for hundreds of refugees escaping Libya.

    Tunisia registered more than 1,000 refugees and 350 asylum seekers, mainly from Syria, Eritrea, Sudan and Somalia.

    But the country has neither the capacity nor the means to host refugees, and because it doesn’t have a coherent asylum system, the refugees find themselves living a largely suspended life.

    Officially, refugees are not allowed to work and, therefore, there is no formal system of protection for those that do work.

    Awate*, a 24-year-old man from Eritrea, had been working for nine days in a hotel in the seaside city of Zarzis when he was arrested and brought to a police station where he was interrogated for 30 minutes.

    “They told me ’why are you going to work without passport?’,” he said, adding that he has not worked since.

    The UNHCR in Tunisia is pushing alternatives, which include enhancing refugees’ self-reliance and livelihood opportunities.

    A month ago, a group of 32 people moved out of the reception centre with an offer of a monthly payment of 350 Tunisian dinars ($116) and help to find private accommodation. Among them, nine decided to go to the capital, Tunis. The plan is confirmed for three months, with no clarity on what happens next.

    Aklilu*, a 36-year-old former child soldier from Eritrea who took up the offer, is now renting a small apartment on the main road to Djerba for 250 Tunisian dinars ($83).

    “Why should I be forced to settle in a country that’s not ready to host refugees?” he said. “They are thinking of Tunisia as the final destination but there are no conditions for it. The UNHCR is not making any effort to integrate us. We don’t get any language courses or technical training.”


    https://www.aljazeera.com/indepth/features/driven-suicide-tunisia-unhcr-refugee-shelter-190319052430125.html
    #Tunisie #HCR #UNHCR #camps_de_réfugiés #suicide #réinstallation #limbe #attente #transit #trauma #traumatisme #santé_mentale #MNA #mineurs_non_accompagnés #migrations #asile #réfugiés
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  • Tribunal Permanent des peuples

    Session sur la violation des droits humains des personnes migrantes et réfugiées et son impunité

    Paris, 4 et 5 janvier 2018

    Qu’est-ce qu’un Tribunal Permanent des Peuples (TPP) ?

    Le TPP est un tribunal d’opinion qui agit de manière indépendante des États et répondaux demandes des communautés et des peuples dont les droits ont été violés. Le but des audiences est de « restaurer l’autorité des peuples lorsque les États et les organisations internationales ont échoué à protéger les droits des peuples ». Le TPP fait suite au Tribunal

    Russel et s’appuie sur la Déclaration Universelle des Droits des Peuples (Alger, 1976) et de tous les instruments du droit international. Il dénonce les actes portant atteintes aux droits des peuples.

    Le Tribunal se compose de personnes venues du monde entier, garantissant ainsi son indépendance. Les sentences prononcées sont remises à plusieurs instances telles que : le Parlement Européen, la Cour Européenne des Droits de l’Homme, les commissions de l’ONU, aux organisations internationales et régionales, aux organisations humanitaires, etc.

    La session du TPP de Paris

    Les 4 et 5 janvier, la session de Paris poursuivra le travail préliminaire effectué à Barcelone en portant particulièrement sur la politique de l’Union Européenne et des Etats membres en matière de migrants et des frontières, notamment en France.

    Le jury sera présidé par Philippe Texier.
    Le GISTI a accepté de coordonner l’acte d’accusation.

    La session du TPP de permettra ainsi :
    – d’écouter et de rendre visibles les cas de violations des droits des personnes migrantes et réfugiées
    – d’enregistrer les propositions de communautés de personnes migrantes et réfugiées
    – d’analyser conjointement les causes des déplacements forcés des personnes migrantes et réfugiées
    – de déterminer les responsabilités des gouvernements, de l’Union Européenne et autres organismes européens.

    OÙ SE TIENDRA T-IL ?

    L’audience du Tribunal se tiendra
    les 4 et 5 janvier 2018
    au CICP (Centre International de Culture Populaire)
    21 ter Rue Voltaire
    75011 Paris
    Métro : Rue des Boulets (ligne 2)
    ou Nation (ligne 2, RER A)

    L’audience aura lieu en amont du Moussem-festival de l’immigration et de la Tricontinentale.
    Les résultats et la sentence seront rendus publics lors de la clôture du festival le 7 Janvier 2018 à Gennevilliers

    CONTACTS MÉDIA :
    Elise de Menech : tpp-paris@riseup.net, 07.50.30.64.27
    Justine Festjens : justine.festjens@gmail.com, 06.69.21.47.94

    PRÉSENTATION DU JURY
    DE LA SESSION DE PARIS

    Souhayr Belhassen (Tunisie) – Journaliste et défenseuse des droits humains en Tunisie. Longtemps correspondante à Tunis de l’hebdomadaire Jeune Afrique. Présidente d’Honneur de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), ONG de défense des droits humains, entre 2007-2013.

    Mireille Fanon Mendès-France (France) - Professeur de lettre puis au centre de formation de l’Université René Descartes-Paris, elle a travaillé pour l’UNESCO et pour l’Assemblée nationale. Membre pendant 6 ans du Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies. Présidente de la fondation Frantz Fanon, elle a contribué à divers colloques et publications sur la question des droits de l’Homme, du droit international et du droit international humanitaire.

    Pierre Galand (Belgique) – Economiste, il a enseigné à l’Institut Supérieur de Culture Ouvrière et à l’Université Libre de Bruxelles. Il est à l’origine de plusieurs ONG et associations de solidarité avec les peuples des pays en développement ou privés de liberté, dont OXFAM-Belgique dont il a été secrétaire de 1967 à 1996. Président de la Fédération Humaniste Européenne, de l’Organisation Mondiale contre la Torture. Il est l’un des organisateurs du Tribunal Russell sur la Palestine.

    Franco Ippolito (Italie) – Président du Tribunal Permanent des Peuples. Juge de la Cour Suprême de Cassation d’Italie, ancien président de la Magistrature Démocratique et de l’Association Italienne des Juristes démocratiques ; il a été membre du Conseil Supérieur de la Magistrature. Il est auteur d’essais et conférencier dans des cours nationaux et internationaux de droit constitutionnel et système judiciaire. Il a participé à de nombreuses missions internationales en Europe et en Amérique latine.

    Luís Moita (Portugal) - Professeur de relations internationales et directeur du centre de recherche OBSERVARE à l’Université Autonome de Lisbonne. En 1974, fondateur du CIDAC, ONG portugaise pour la libération des peuples et la coopération. Depuis des années 1980 il a une activité dans le cadre de la Fondation Basso, la Ligue Internationale et le Tribunal Permanent des Peuples.

    Madeleine Mukamabano (France-Rwanda) – Journaliste et spécialiste de la géopolitique africaine. Après avoir collaboré à plusieurs revues, presse écrite et radio, elle crée puis anime l’émission Débat Africain sur Radio France Internationale de 1990 à 2000.

    Philippe Texier (France) – Magistrat, conseiller à la Cour de cassation, membre du Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations unies de 1987 à 2008 puis président du comité entre 2008 et 2009. Expert indépendant de la Commission des droits de l’homme de l’ONU pour Haïti, directeur de la division des droits de l’homme d’ONUSAL (Mission d’Observation des Nations Unies en El Salvador), il est juge au Tribunal permanent des Peuples.

    Sophie Thonon (France) - Avocate du Barreau de Paris. Elle a représenté des familles franco-argentines et franco-chiliennes dans des procès pour le cas de disparitions forcées en Argentine et au Chili. Elle est Présidente déléguée de l’association France Amérique Latine.

    Nous, organisations de personnes migrant.e.s et réfugié.e.s et de solidarité et de défense des droits humains, appelons à la saisine d’un Tribunal Permanent des Peuples sur la violation des droits humains des personnes migrant.e.s et réfugié.e.s, et son impunité en France :

    Tous Migrants
    https://tousmigrants.weebly.com
    Transnational Migrant Platfom-Europe (TMP-E)
    https://transnationalmigrantplatform.net/?page_id=531
    Transnational Institute (TNI)
    https://www.tni.org/en/corporate-power
    France Amérique Latine (FAL)
    http://www.franceameriquelatine.org
    CEDETIM
    http://www.cicp21ter.org/les-associations-membres/article/cedetim
    CCFD
    https://ccfd-terresolidaire.org
    EMMAÜS INTERNATIONAL
    https://www.emmaus-international.org/fr
    Front uni des immigrations et des quartiers populaires (FUIQP)
    http://fuiqp.org
    LE PARIA
    https://leparia.fr
    Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF)
    http://www.atmf.org
    SORTIR DU COLONIALISME
    http://www.anticolonial.net
    IPAM
    http://www.cicp21ter.org/les-associations-membres/article/ipam
    ATTAC France
    https://france.attac.org
    La Roya Citoyenne
    http://www.roya-citoyenne.fr
    Le CRID
    http://www.crid.asso.fr
    Groupe d’information et de soutien des immigré·e·s (GISTI)
    https://www.gisti.org
    FONDATION FANON
    http://frantzfanonfoundation-fondationfrantzfanon.com
    La CIMADE
    www.lacimade.org/
    Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR)
    http:contactcitoyensdesdeuxrives.eu
    FRESH RESPONSE SERBIA
    http://freshresponse.org
    Actes & Cités
    www.actesetcites.org
    Collectif de soutien de l’EHESS aux sans-papiers et aux migrant-es
    Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP)
    http://www.mrap.fr
    Comité pour le Respect des Libertés et des droits de l’Homme en Tunisie
    https://www.facebook.com/crldhtunisie/notifications
    Association Kolone pour l’enseignement du français aux nouveaux arrivants, Paris - kolone
    Fédération des Associations de Solidarité avec Tou-te-s les Immigré-e-s (FASTI)
    www.fasti.org
    MIGREUROP
    www.migreurop.org
    Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie
    Le Forum Tunisien des Droits Economique et Sociaux – Tunisie
    https://ftdes.net
    Gynécologie sans frontières
    https://gynsf.org
    Observatoire des Multinationales
    http://multinationales.org
    L’Orchestre Poétique d’Avant-guerre (O.P.A)
    http://www.opa33.org
    SURVIE
    https://survie.org
    Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (ANAFÉ)
    www.anafe.org/
    Section SNMD-CGT de la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration (EPPPD)
    https://twitter.com/CnhiCgt
    AMDH Paris/IDF (Association Marocaine des Droits Humains Paris/Ile de France),
    http://amdhparis.org/wordpress
    Solidarité Migrant.e.s Collectif 06

    PROGRAMME du Jeudi 4 Janvier 2018

    8h30 Accueil et café

    9h30 : Entrée du jury et présentation des membres
    (Président du jury : Philippe Texier).

    10h : Présentation du TPP et du cycle de sessions sur les migrations.
    Gianni Tognoni, Secrétaire Général du TPP).

    10H30 : Présentation de la session de lancement de Barcelone en juillet 2017 et de la sentence de la session de Palerme en décembre 2017 (Brid Brennan, Transnational Institute et Jill Belisario, Transmigrant international Plateform).

    11h : Pause

    11h15 : Présentation de l’accusation soutenue par le Gisti et de la défense commise d’office représentée par Claire Bruggiamosca et Christophe Pouly.

    11h20 : Lecture de l’acte d’accusation par Nathalie Ferré, ancienne présidente du GISTI.

    12h : Premiers témoins.
    • Monique Chemillier-Gendreau (Professeur émérite de droit à l’Université Paris VII et présidente d’honneur de l’Association Française des Juristes Démocrates).
    • Marie-Christine Vergiat (Euro-députée GUE/NGL).
    • Damien Carême (Maire de Grande Synthe) - le rôle des collectivités territoriales.

    13h : Pause déjeuner (buffet).

    14h30 : Suite des premiers témoins.
    • Olivier Petitjean (Observatoire des Multinationales)
    • Claude Calame (Collectif de soutien de l’EHESS aux sans-papiers et aux migrant.e.s) – Les disparu.e.s en Méditerranée.

    15h30 : Violation de droits fondamentaux résultant des restrictions à la liberté de circulation.
    • Violation du droit de quitter son propre pays
    • Violation du principe de non-refoulement
    • Violation du droit d’asile
    • Violation du droit à la vie
    • Traitements inhumains et dégradants
    • Violation du droit à la liberté et à la sûreté, l’enfermement
    • Violation de l’interdiction des expulsions collectives
    • Violation des droits de l’enfant

    Témoigneront par ordre alphabétique.
    L’ordre de passage sera fixé par le jury du Tribunal.

    Association des Amis du bus des femmes.
    La traite des femmes migrantes à des fins d’exploitation sexuelle.
    Association Baobab
    Accueil des migrant-e-s, Rome.
    Association Européenne pour les Droits de l’Homme, Catherine Teule
    Les accords UE-Turquie.
    Association Malienne des Expulsés (Vidéo), Oussmane Diarra
    Situation des migrants refoulés au Mali.
    Association Nationale d’Assistance aux Frontières pour les Étrangers
    Contributions écrites sur la privation de la liberté en zone d’attente, violations du droit à un procès équitable et au recours effectif en procédure de zones d’attente, violation du droit d’asile aux frontières externes et internes de la France.
    Association Récréative et Culturelle Italienne, Sara Prestianni
    Politique européenne d’externalisation en Afrique et les accords bilatéraux (exemple de l’accord Italie-Libye)
    Association des Refoulés d’Afrique centrale au Mali (Vidéo), Patrice Boukara
    Situation des migrants refoulés
    Collectif de soutien aux migrants d’Appoigny
    Les PRAHDA « antichambres des expulsions des dublinés » -témoignage d’un migrant de Côte d’Ivoire sur son parcours jusqu’à la France (Libye, Méditérranée)
    Fédération des Associations de Solidarité avec les Travailleurs Immigrés
    Législation d’exception à Mayotte -accueil arbitraire dans les administrations - Frontex
    Forum Tunisien pour les Droits Économiques et Sociaux
    Contribution écrite sur le drame de Kerkennah (naufrage en Méditerranée)
    Groupe d’Information et de Soutien des Immigrés, Eve Shashahani
    Privation de liberté, hotspots en Grèce
    Gynécologie Sans Frontières, Calais
    Témoignages écrits sur les violences policières –traitements inhumains et dégradants
    Migreurop, Elsa Tyszler
    Les violations de droits dans les enclaves de Ceuta et de Mellila/ analyse des violations spécifiques des droits des femmes migrantes
    Témoignage de Moayed Asaf, réfugié kurde d’Irak
    La situation des demandeurs d’asile en France
    Tous Migrants de Briançon (Vidéos)
    Violations des droits des migrants sur la frontière franco-italienne
    Un ancien MIE
    Témoignage des parcours des mineurs étrangers pour réclamer leurs droits en France
    Watch The Med, Charles Heller
    Cartographie des naufrages et présence des Etats

    19h : Fin de la séance

    PROGRAMME du Vendredi 5 Janvier 2018

    8h30 Accueil et café

    9h00 : Suite des témoignages sur les violations des droits fondamentaux des migrant-es.

    11h : Violations des droits économiques, sociaux et culturels sur le territoire français.
    • Entraves à l’accès à l’emploi
    • Entraves aux conditions de travail justes et favorables
    • Entraves à l’accès à la protection sociale
    • Entraves à l’accès au soin
    • Entraves au droit à l’éducation
    • Entraves au droit au logement

    Témoigneront par ordre alphabétique
    L’ordre de passage sera fixé par le jury du Tribunal

    Association des Travailleurs Maghrébins en France
    Coalition Internationale des Sans-Papiers et des Migrants, Françoise Carrasse
    Conditions de travail des Sans-papier en France
    Collectif de soutien aux Roms d’Ivry, Bernard Prieur
    Expulsions et (non)droit au logement des populations Roms en France
    Confédération Paysanne, Romain Balandier
    Emplois saisonniers des migrant-es en France, en Europe et dans le pourtour méditerranéen
    DOM’ASILE
    Témoignage d’une réfugiée accompagnée et d’une salariée de l’association sur les violences administratives et les entraves aux droits sociaux et à l’emploi.
    L’UTAC / CRLDHT, soutenues par le collectif d’associations et d’organisations syndicales : « J’y Suis, J’y Vote », Mohamed Ben Said
    Sur les droits politiques des migrant-es
    Droit Au Logement (DAL)
    Sur les conditions de logement
    Intervention syndicale (SUD)
    Sur le travail dissimulé
    Intervention d’un étudiant sans-papier (RESF)

    13h : Pause déjeuner (buffet).

    14h30 : Suite des témoignages sur les violations des droits économiques, sociaux et culturels sur le territoire français

    15h30 : Violations des droits des défenseur-e-s de droits.

    Témoigneront :

    • José Bové, eurodéputé (vidéo)
    • Tous Migrants, Briançon (vidéo)
    • Cédric Herrou, La Roya Citoyenne,

    16h30 : Parole à l’accusation. Plaidoiries de la défense.

    18h : Fin de la session.

    DIMANCHE 7 JANVIER

    11h : Lecture des éléments de la sentence à l’occasion de la séance de clôture du Moussem-Festival de l’immigration et de la Tricontinentale.

    Salle des Fêtes de la Mairie de Gennevilliers.

    #migrants #violences_policières

  • Communiqué des jeunes tunisiens à Lampedusa - ftdes
    https://ftdes.net/communique-jeunes-tunisiens-a-lampedusa

    Appel à l’opinion publique internationale

     

    Nous sommes un groupe de jeunes venant du Rdeyef (sud-ouest de la Tunisie, là où a émergé le soulèvement du bassin minier en 2008) et d’autres régions de la Tunisie. Devant les défaillances économiques et sociales des politiques de notre pays, l’abandon de l’Etat de ses obligations et l’échec politique à l’échelle locale et internationale, nous avons dû abandonner notre rêve de 2008 d’un Etat démocratique qui garantit la liberté, la dignité et la justice sociale. Et malgré qu’on soit fière de notre pays et de son peuple, nous devions surmonter le danger de la migration non réglementaire direction le nord-ouest de la mer Méditerranée, cette route devenue dangereuse à cause des politiques migratoires européennes qui ferment les frontières à nos rêves et à nos ambitions de tenter une nouvelle expérience d’une manière réglementaire.

    Nous nous trouvons actuellement dans le centre d’hébergement des migrants sur l’île de Lampedusa dans des conditions humanitaires difficiles. Nous sommes menacées d’expulsion forcée qui viole les conventions internationales qui garantissent la liberté de circulation, qui s’oppose aux politiques d’expulsion et aux conventions bilatérales inéquitables qui priorisent la sécurité des frontières au détriment des droits universels.

    Nous annonçons que nous allons entrer dans une grève de la faim pour réclamer notre droit de circulation et pour protester contre l’expulsion forcée.

    #harragas #Tunisiens #grève_de_la_faim