Les Révolutions russes, parents pauvres de l’histoire ?

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    • En février 2017, Le Monde titrait : « En Russie, l’impossible commémoration de 1917 », et témoignait de la tonalité générale et du constat de notre presse nationale. Pour les observateurs hexagonaux, la Russie de Poutine a du mal à se remémorer l’héritage révolutionnaire et soviétique. Nicolas Werth, dans Libération du 21 février 2017 pointe également le malaise de Moscou. Le pouvoir russe estime que les révolutions de 1917 remettent en cause le pouvoir de l’État, celui-là même qui s’érige aujourd’hui en idéologie. Le mot « révolution » n’a effectivement plus bonne presse. Et c’est la figure de Staline qui est plébiscitée plus que celle de Lénine, celui-là des pères de la Révolution qui a tant fait contre l’Église, aujourd’hui revenue en odeur de sainteté dans la Russie poutinienne.

      Et en France ? Le silence des politiques apparaît presque aussi pesant. Il est sans doute le reflet du temps : la fin de l’URSS est passée à l’histoire, les idéologies ayant structuré le XXe siècle ont pour la plupart disparu, le triomphe du libéralisme et du réformisme social-démocrate met à distance tout ce qui pourrait rappeler l’histoire d’un régime (communiste) délétère et aujourd’hui « hors sol ». Il renvoie la Révolution russe dans un passé « archaïque », désuet, sans consistance. Dangereux pour certains tout de même. Il ne fait pas bon d’être un vaincu de l’histoire, surtout lorsque l’on traîne une si dense série de crimes. Lorsqu’une microbrasserie bretonne tente de célébrer dans 1917 l’espoir et l’utopie, ce sont les millions de morts de l’ère communiste qui lui sont renvoyés comme un boomerang.