• Le Louvre Abou Dabi, musée universel ou mémorial en l’honneur du travail forcé ?
    Middle East Eye l Guy Mannes-Abbott | 9 novembre 2017
    http://www.middleeasteye.net/fr/opinions/le-louvre-abou-dabi-mus-e-universel-ou-m-morial-en-l-honneur-du-trava

    (...) Le LAD [ Louvre Abou Dabi] renferme 55 structures sous un imposant dôme grillagé de 180 mètres de large. Les plans et les images de sa forme achevée dévoilent un remarquable édifice qui forme une performance esthétique de haut vol.

    L’ouverture tardive a été une conséquence de normes de construction rigoureuses, notamment pour le stockage et le transport de trésors mondiaux en dessous du niveau de la mer.

    Le problème est simple : les milliers d’hommes qui ont rendu cela possible, qui ont appliqué les consignes à la sueur de leur front, étaient des ouvriers du bâtiment immigrés pris au piège par des contrats sans valeur et des dettes imposées lors de leur recrutement, puis forcés e vivre dans des conditions souvent épouvantables.

    Ces faits ne sont pas contestés : même des contrôleurs payés par le gouvernement ont déclaré au milieu des travaux de construction que 86 % des travailleurs étaient soumis à une dette imposée lors de leur recrutement, tandis que des responsables ont insisté sur le fait que c’était le cas de tous leurs travailleurs, même si d’autres ont affirmé le contraire.

    Malgré l’interdiction de ces pratiques par un décret ministériel et l’instauration d’une réglementation spécifique pour Saadiyat, aucun travailleur n’avait été remboursé.
    Une forme d’esclavage moderne

    Nouvel prétend avoir vérifié les conditions de vie et de travail des ouvriers sud-asiatiques et affirme ne « rien » avoir constaté d’inquiétant. Il considère désormais les preuves d’esclavage moderne comme « de l’histoire ancienne ». Peut-être n’a-t-il pas pris la peine de consulter les rapports des contrôleurs ou de visiter les camps de travail qui encerclent Abou Dabi, ou concentrés à Jebel Ali ou à al-Quoz, au cœur de Dubaï.(...)