• Les fachos pas fâchés sont En marche
    https://comptoir.org/2017/11/24/les-fachos-pas-faches-sont-en-marche

    Même s’ils travaillent pour lui, les fachos pas fâchés pensent qu’il y a trop d’État. Trop d’État signifie trop de dépenses publiques, trop d’aides et de subventions en tout genre qui engourdissent la société civile. Pour se bouger un peu, les gens ont besoin d’être livrés à eux-mêmes. Devenir quelqu’un, c’est d’abord se débrouiller seul, comme un grand. Cette vision de robinsonnades individuelles comme rites de passages, les fachos pas fâchés l’associe à un besoin vital de croissance économique. Car oui, en plus d’anesthésier les Français, le très vorace secteur public met en péril le dieu croissance, horizon éternel de l’humanité toute entière. Que serions-nous sans la croissance, terreau commun de toutes les motivations qui germent sur cette terre depuis la nuit des temps ? Les marcheurs marchent tout droit et ne se posent pas ce genre de question.
    Les fachos pas fâchés sont pluriels dans leurs références et singuliers dans leurs parcours. Ex-socialistes, ex-sarkozystes, néo-écolos, parfois néophytes de la politique, mais toujours progressistes en matière de technosciences, ils ne connaissent qu’un internationalisme, celui du marché, trait d’union naturel des peuples enfin réunis. Les valeurs de tolérance et d’ouverture, ils les proclament à tout va, comme un gage de bienveillance, un clin d’œil à gauche. Pour eux, les peuples sont tous frères, du moment qu’ils acceptent certaines règles, qu’ils repensent certaines coutumes, qu’ils révisent certains usages. Du moment qu’ils sont un peu comme eux en somme. Mais il est difficile de leur en vouloir. L’intériorisation des rapports de domination est si profondément ancrée en eux qu’ils croient dur comme fer dans le bien-fondé de leur action. C’est ce qui les rend presque touchants, mais aussi dangereux.

    « La République en Marche change la République en marché. »

    Car les fachos pas fâchés ont beau ne pas être fâchés, ils n’en restent pas moins des fachos. Bien que leur doctrine soit une coquille vide, elle est pondue par une classe de possédants qui accomplit brillamment son projet depuis fort longtemps : justifier et accroître les inégalités entre les hommes. Ce projet n’est ni démocratique, ni tolérant, ni négociable. Il est en réalité l’inverse de tout cela car puisqu’il est fasciste au sens propre du terme. Comme l’explique Manuella Cadelli dans un brillant article de 2016, « le fascisme se définit comme l’assujettissement de toutes les composantes de l’État à une idéologie totalitaire et nihiliste ». Notre obsession du bruit des bottes nous empêche d’entendre celui des transactions financières qui rachètent toutes les souverainetés occidentales. Le modèle français, passé sous le crible des évaluations productivistes et transnationales, agonise lentement mais sûrement.

  • Michel Étiévent : « La #Sécu a été entièrement bâtie dans un pays ruiné grâce à la seule volonté militante » – Le Comptoir
    https://comptoir.org/2017/11/17/michel-etievent-la-secu-a-ete-entierement-batie-dans-un-pays-ruine-grace-a

    Avec Macron, la privatisation de la Sécu est en marche forcée : augmentation de la CSG (contribution sociale généralisée), milliards d’euros “économisés” (et lits d’hôpitaux en moins), chasse aux fraudeurs, augmentation du forfait hospitalier… Pour comprendre pourquoi on devrait défendre la #Sécurité_sociale avec acharnement plutôt qu’accepter béatement sa destruction méticuleuse, nous revenons sur les conditions de sa création et son histoire avec Michel Étiévent – historien militant né dans la même maison que l’homme à l’origine de la Sécu – dans le numéro deux de notre revue. Construite envers et contre le Capital dans un pays ruiné par la guerre, la Sécurité sociale est probablement le #service_public qui a le plus changé la vie des Français au siècle dernier.

    • Sûrement. Mais que cela n’occulte pas le contexte dans lequel fut crée la Sécurité sociale :

      La Seconde Guerre mondiale laissait les populations meurtries et appauvries au milieu d’une Europe transformée en champ de ruines. La chute du nazisme avait aussi fait s’effondrer une partie des pouvoirs étatiques. Dans ce contexte, la principale hantise des bourgeoisies victorieuses et de leurs appareils d’État était des bouleversements révolutionnaires comme au lendemain de la Première Guerre mondiale.

      En 1944, en France, après la chute du gouvernement de Pétain, de Gaulle, qui incarnait les intérêts de la bourgeoisie française auprès des Alliés, eut comme politique de remettre en selle toutes les structures de l’État, c’est-à-dire l’armée, la police, l’administration. Il fallait maintenir l’ordre, empêcher toute explosion sociale. Au sortir de la guerre, la situation économique était catastrophique. D’un côté, les derniers mois de la guerre avaient entraîné des destructions massives, les transports étaient désorganisés, les ports détruits. En même temps, la situation dans laquelle vivaient les classes pauvres, en particulier la classe ouvrière, était très difficile. Les salaires de ceux qui avaient un travail étaient bas, et la désorganisation économique s’accompagnait d’un vaste chômage. Une partie importante de la grande bourgeoisie s’était enrichie dans la guerre en collaborant, officiellement ou non, avec l’État allemand. Une partie de la petite et moyenne bourgeoisie s’était enrichie dans les trafics et le marché noir, et en profitant largement du fait que, sous Pétain, les revendications, les grèves, les marches protestataires étaient interdites, sanctionnées de prison, de déportation, ou pire encore. Le patronat craignait que ne se développent des tensions sociales et politiques. Les enjeux étaient donc multiples : éviter les révoltes tout en imposant aux travailleurs des efforts pour reconstruire l’économie avec des salaires toujours aussi bas.

      Pour faire accepter une telle politique, de Gaulle obtint la collaboration totale des appareils politiques et syndicaux de la classe ouvrière, en particulier celui du Parti communiste français. Durant la guerre, le PCF s’aligna derrière de Gaulle au sein de la Résistance, en offrant donc comme seule perspective à ses militants la remise en place de l’ordre bourgeois. En échange, de Gaulle lui offrit de participer au Gouvernement provisoire de la République française.

      S’appuyant sur son grand réseau militant et sur celui de la CGT, le PCF mit tout son poids pour aider de Gaulle à remettre en place l’appareil d’État, l’armée, l’administration et la police. La plupart des hauts fonctionnaires de Vichy restèrent en place. Maurice Thorez, secrétaire général du PCF, déclarait alors : « Les gardes civiques, et d’une façon générale tous les groupes armés irréguliers ne doivent pas être maintenus plus longtemps. [...] Il y a un gouvernement. Il doit y avoir une seule armée ; il doit y avoir une seule police. » Et ces forces de répression ne tardèrent pas à être utilisées contre la révolte des peuples coloniaux.

      Il s’agissait aussi de remettre en route l’économie en relançant la production. Dans ses Mémoires de guerre, de Gaulle est explicite : « La reprise du travail dans les usines et dans les mines, la reconstruction des ponts, des ports, des voies ferrées [...] exigent que tout le monde s’y mette. Bien entendu, les communistes ne sauraient être exclus, dans cette période où la substance de la France serait gravement compromise si le peuple tout entier ne se mettait à la besogne, a fortiori si la guerre sociale le déchirait. » Le PCF joua alors ce rôle voulu, en mettant tout son poids pour appeler les travailleurs à retrousser leurs manches et empêcher que des luttes ne se développent. Les grèves furent dénoncées comme « l’arme des trusts » et les militants CGT ou PCF servirent souvent de contremaîtres dans les usines.

      C’est dans ce contexte que fut créée la Sécurité sociale. Elle servait d’assurance pour la bourgeoisie contre un risque de contestation sociale.

      Pour compléter :
      Les révolutionnaires et la défense de la Sécurité sociale
      https://mensuel.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-actuelle-1993/article/les-revolutionnaires-et-la-defense

      Considérer que la Sécurité sociale est une brèche dans la société capitaliste revient à dire que sans lutte de la classe ouvrière, sans révolution sociale qui renverse la classe dominante au pouvoir, les travailleurs peuvent obtenir des conquêtes sociales substantielles. S’il est vrai qu’en fonction de l’évolution du rapport de force entre les bourgeois et les travailleurs ces derniers peuvent conquérir des droits, cela n’introduit pas une dose de socialisme pour autant.

      Cercle Léon Trotsky : L’État, la Sécurité sociale et le système de santé https://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/cercle-leon-trotsky/article/l-etat-la-securite-sociale-et-le-6453
      Les débuts d’une politique sanitaire
      – Avant 1789, la charité chrétienne
      – Remplacer la charité chrétienne par l’assistance publique
      – L’assistance devient un droit
      De l’assistance à l’assurance :les dépenses de santé à la charge des salariés
      – La difficile naissance des Assurances sociales
      – La Sécurité sociale : un acquis... pour la bourgeoisie
      – La croissance des dépenses de santé, prétexte à une remise en cause de la Sécurité sociale
      – 1967 : une réforme sous la pression du patronat
      – La réforme hospitalière
      L’assurance maladie, principale cible des plans d’économie
      – Cotisations salariales en hausse,prestations en baisse
      – Des quotas pour réduire le nombre des professionnels
      – Les hôpitaux, principale cible des plans d’économies
      – Des exonérations pour les patrons, des impôts pour les travailleurs
      – La CMU n’a d’universel que le nom
      Etc.

    • "UN VRAI SCANDALE....Dans le film sur De Gaulle lundi soir encore une fois les communistes sont dénigrés et seul De Gaulle est présenté comme le créateur de la Secu et des différentes nationalisations. La révision historique de cette époque continue de plus belle , on sait aujourd’hui où nous mène cette désinformation de l’histoire !!! on le sait, la sécu n’était pas dans l’ADN de de Gaulle*, il quitte d’ailleurs le gouvernement en janvier 1946 avant même que la sécu soit créée et bâtie essentiellement par des militants de base CGT ( à partir du 22 mai) . Rappelons que sans le rapport de force de 29 % des voix du Pcf, des 5 millions d’adhérents à la CGT ainsi que du travail considérable de CROIZAT au ministère du travail, la sécu n’existerait pas. De Gaulle d’ailleurs sera le premier à casser la sécu. Dans le discours de Compiègne en 1948, il insiste pour « revenir au vieux système précédent des assurances sociales » inégalitaire, en 1958 il instaure le contrôle d’état préalable des budgets de secu, fait nommer les directeurs de caisse qui ne sont plus élus et pire en 1967 avec les ordonnances Jeanneney supprime les élections et instaure le paritarisme qui fait basculer la gestion de la secu du coté des patrons... suivrons dans son sillage 75 ans de casse sociale....

      MICHEL ETIEVENT

      *c’est la force de la gauche, le poids de la résistance et des maquis qui ont pu imposer au sein du CNR l’exigence d’une securité sociale et de tous les grands conquis sociaux. De gaulle a du s’y plier. Rappelons que c’est Pierre Villon, communiste, qui a rédigé le texte final du programme du CNR comprenant l’exigence de la sécu."