L’affiche de Woke, signée Maïc Baxane, donne le ton : une hydre aux multiples têtes masculines, féminines, exultantes, piercées ou voilées, fait un cœur avec ses doigts au-dessus d’une boule disco. Côté casting, c’est un peu les Avengers du « wokistan » : la pièce est un texte inédit co-signé par Virginie Despentes, le philosophe Paul B. Preciado, les romancier·es Anne Pauly et Julien Delmaire. À la distribution, on retrouve des complices de longue date de Despentes dont le rappeur Casey et l’actrice Sasha Andres (Bye Bye Blondie) et de nouveaux visages comme l’acteur Félix Maritaud et l’artiste de cabaret Soa de Muse. De ce qu’on a pu voir de la création en cours, l’œuvre est à la fois tendre et mordante, dense (peut-être un peu trop ?), lucide mais pas fataliste. « Je ne sais pas si la pièce est bien, dit Virginie Despentes, mais je sais depuis le début, et en accord avec les autres, que ce qu’on veut, c’est que les gens n’en sortent pas abattus. On a compris qu’on était dans la merde, on va pas en rajouter. » Woke a beaucoup de choses à dire sur l’état de la France, mais s’il faut trouver un fil rouge pour raconter cet OVNI théâtral, c’est sans conteste la joie, comme technique de résistance et force de création, qui anime la troupe.
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