Se mettre dans la peau d’un·e cycliste

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  • Se mettre dans la peau d’un·e cycliste - Mon blog sur l’écologie politique
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    Revenons à notre doubleur compulsif. Pour lui montrer qu’un mètre du bord n’est pas au milieu mais une distance justifiée, je passe côté passager et évalue la distance entre sa voiture et celle en stationnement. Les bras largement ouverts, je lui montre la distance qui lui a paru sûre et à laquelle les automobilistes ne se prennent pas de portière. Il y a un bon mètre. C’est aussi ma distance de sécurité, dis-je au bonhomme. Je réclame la même chose que lui. D’autant que si en voiture on peut faucher une portière ouverte, à vélo c’est la portière ouverte qui vous fauche. Malgré ma respiration très heurtée (la faute au sprint et à l’émotion, à la peur que la discussion ne se passe pas si bien), j’ai apparemment réussi à me faire comprendre, il admet : « D’accord, d’accord. » Je le remercie.

    Nous, cyclistes, sommes souvent mal compris·es. Même quand nous réclamons exactement la même distance de sécurité que les automobilistes adoptent spontanément pour eux et elles-mêmes.

    #vélo #cyclisme #ville #urbanisme #prévention #sécurité #voiture

    • Il y a aujourd’hui deux ans, le 14 novembre 2015, je ne roulai pas assez près du bord selon un automobiliste qui me punit en me fauchant délibérément devant sept témoins, me laissant la tête dans le caniveau. Je portai plainte, malgré mon peu d’estime et de confiance pour la police. Quelques mois plus tard, alors que je m’enquerrai des suites de ma plainte, la policière chargée de l’enquête m’expliqua que l’enquête patinait car les témoins n’étaient pas venus au commissariat. Les flics avaient passé un seul coup de téléphone, sans relance, et aux deux premiers témoins de ma liste seulement, l’agent ayant refusé de noter les coordonnées des cinq suivants. À partir de là, me disait la policière, elle n’allait pas confronter mon agresseur, pourtant dûment identifié : « C’est votre parole contre la sienne. » Ainsi donc nous sommes tou·tes tenu·es de vivre dans une société où il est possible de faucher les gens dont on n’aime pas la trajectoire sans devoir rendre de comptes. Derrière les policier·es zélé·es, le procureur de la République de Lille, que j’ai saisi cette année, a visiblement fait le même arbitrage. J’ai fini par porter plainte en mon nom propre, directement auprès du juge d’instruction, alors que je n’ai aujourd’hui pas plus de chances que quiconque de rencontrer cet automobiliste (une boule de nerfs dangereuse pour autrui et convaincue de son droit de punir les autres usager·es, ce qu’elle avait pris la peine de m’expliquer avant de me faucher exprès) et que c’est l’ensemble de la société qui mérite d’être à l’abri de sa violence et peut lui demander des comptes. Au lieu de constituer un exemple dans la rubrique faits divers ou justice, cet acte est banalisé par les autorités. C’est pourtant une violence, pas toujours méchante mais quotidienne, qui pourrit la vie des 5 à 10 % d’urbain·es qui font le choix du vélo, un mode de transport qui a tout pour être autrement plus agréable. Nous pourrions vivre mieux que ça.

      #impunité