la voie du jaguar

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  • Manifeste du collectif Stop EDF Mexique

    https://lavoiedujaguar.net/Manifeste-du-collectif-Stop-EDF-Mexique

    L’Isthme compte aujourd’hui plus de 1 800 éoliennes installées pour la plupart par des firmes étrangères. Une grande partie de la population locale, en particulier indigène, est en lutte depuis plusieurs décennies contre l’installation de ces parcs.

    En effet, ces parcs éoliens industriels sont d’abord à l’origine de nombreuses dégradations environnementales : pollutions des eaux et des terres arables dues au ruissellement de l’huile des turbines, circulation des eaux souterraines perturbées par les fondations en béton, massacre d’oiseaux migrateurs et des chauves-souris qui régulent la population de moustiques ce qui favorise la propagation de la dengue dans la région, etc.

    Mais l’installation des parcs a surtout des conséquences sociales graves, en contribuant à la désintégration du tissu social istmeño et à la violation des droits humains : ces projets portés par des multinationales comme EDF reposent sur la privatisation illégale de terres communales, dépossédant ainsi les peuples autochtones de l’Isthme de leurs usages traditionnels et de leurs territoires. Ils divisent la population, favorisent les conflits locaux et les violences contre les opposant·e·s aux projets. (...)

    #Mexique #EDF #Oaxaca #éoliennes_industrielles #peuples_originaires #manifeste #solidarité

  • Entretien de Raoul Vaneigem avec le journal Le Soir

    https://lavoiedujaguar.net/Entretien-de-Raoul-Vaneigem-avec-le-journal-Le-Soir

    Mon enfance s’est déroulée à Lessines, une petite ville ouvrière. Les carrières de porphyre définissaient les bas-quartiers, où j’habitais, par opposition à ceux du haut, tenus principalement par la bourgeoisie. À l’époque, la conscience de classe était pour ainsi dire rythmée par les sirènes qui à des heures précises signalaient le début, la fin du travail, les pauses et les accidents. Mon père, cheminot, regrettait de n’avoir pu, faute de moyens financiers, poursuivre des études. Il rêvait pour moi d’un sort meilleur, non sans me mettre en garde contre ceux qui, en s’élevant dans l’échelle sociale deviennent « traîtres à leur classe ». Je lui suis gré des réserves que j’ai nourries très tôt envers le rôle d’intellectuel — guide, tribun, maître à penser. La répugnance que suscite aujourd’hui l’état de délabrement des prétendues « élites » confirme le bien-fondé de mes réticences. J’ai montré dans La liberté enfin s’éveille au souffle de la vie pourquoi et comment les gouvernants sont devenus de plus en plus stupides. Qui prend un peu de recul avec le harcèlement médiatique du mensonge peut le vérifier sans peine : l’intelligence intellectuelle décline avec le pouvoir, l’intelligence sensible progresse avec l’humain.

    J’ai toujours accordé une place prépondérante au plaisir de savoir, d’explorer, de diffuser les connaissances acquises. Je tiens la curiosité — avec l’amour, la création et la solidarité — pour une des attractions passionnelles les plus indispensables à la construction de l’être humain. (...)

    #Raoul_Vaneigem #entretien #enfance #rencontres #compagnons #Internationale_situationniste #Mai68 #blasphème #christianisme #islam #désobéissance_civile #autodéfense_sanitaire #climat #féminisme #Belgique #jeunesse #La_Boétie

  • La Grande Transformation (IX)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/La-Grande-Transformation-IX

    Aperçus critiques sur le livre de Karl Polanyi
    La Grande Transformation
    (à suivre)

    Dans un chapitre de son livre, Karl Polanyi reconnaît la connivence profonde qui lie l’État à la monnaie tout en donnant à ce mot de monnaie un autre sens que celui communément admis de marchandise universelle utilisée comme moyen d’échange ; il écrit :

    « Or la séparation institutionnelle des sphères politique et économique n’a jamais été complète, et c’est précisément en matière de monnaie qu’elle a été nécessairement incomplète ; l’État, dont la Monnaie semblait simplement certifié le poids des pièces, était en fait le garant de la valeur de la monnaie fiduciaire qu’il acceptait en paiement des impôts et autres paiements. Non, cette monnaie n’était pas un moyen d’échange, c’était un moyen de paiement ; ce n’était pas une marchandise, c’était un pouvoir d’achat ; loin d’avoir une utilité par elle-même, elle était simplement un symbole incorporant un droit quantifié à des choses qui pouvaient être achetées. Il est bien clair qu’une société dans laquelle la distribution dépendait de la possession de ce symbole du pouvoir d’achat était un édifice entièrement différent de l’économie de marché. »

    Ce passage ouvre de nouvelles perspectives de réflexion sur plusieurs plans : celui de la relation qui existe entre l’État et l’activité marchande ; celui de la monnaie ; celui de la valeur et aussi entre l’État et la société par le biais de la monnaie. (...)

    #Karl_Polanyi #société #État #monnaie #valeur #marché #pouvoir

  • Je suis rentré dans la bouche de la baleine et je suis sorti vivant.
    Je suis entré dans le métro et je ne suis plus sorti.

    Métie Navajo

    https://lavoiedujaguar.net/Je-suis-rentre-dans-la-bouche-de-la-baleine-et-je-suis-sorti-vivant-

    Je descends la rue d’Alésia, embouteillée, rien ne nous est épargné cette fois ; qui entend un oiseau ? Retour au règne des voitures, si tu as un peu de quoi vivre si tu es remboursé en notes de frais quand t’es pas au télétravail, si t’es riche juste un peu, le minimum, tu prends la voiture, pas le métro. Le métro c’est pour le virus.
    Je sors en vélo
    du 14e vers le 14e dans le 14e
    en cercle d’un kilomètre de diamètre autour de moi
    et puis beaucoup plus loin
    Ne me demandez pas quelle case j’ai cochée pour ça
    Et par trois fois
    Quelqu’un crie
    Mots projetés dans le vide
    à trois points différents
    éloignés l’un de l’autre
    Ne pas leur demander quelle case ils ont cochée pour
    Crier
    Le masque sous ou sur ou au-dessus
    la bouche
    Les cris étouffés ne le sont plus.

    #Paris #métro #baleine #cri #poème #lieux #enfant #rêve #amis #nous

  • Le devoir de parole

    Pierre Clastres

    https://lavoiedujaguar.net/Le-devoir-de-parole

    Parler, c’est avant tout détenir le pouvoir de parler. Ou bien encore, l’exercice du pouvoir assure la domination de la parole : seuls les maîtres peuvent parler. Quant aux sujets : commis au silence du respect, de la vénération ou de la terreur. Parole et pouvoir entretiennent des rapports tels que le désir de l’un se réalise dans la conquête de l’autre. Prince, despote ou chef d’État, l’homme de pouvoir est toujours non seulement l’homme qui parle, mais la seule source de parole légitime : parole appauvrie, parole pauvre certes, mais riche d’efficience, car elle a nom commandement et ne veut que l’obéissance de l’exécutant. Extrêmes inertes chacun pour soi, pouvoir et parole ne subsistent que l’un dans l’autre, chacun d’eux est substance de l’autre et la permanence de leur couple, si elle paraît transcender l’Histoire, en nourrit néanmoins le mouvement : il y a événement historique lorsque, aboli ce qui les sépare et donc les voue à l’inexistence, pouvoir et parole s’établissent dans l’acte même de leur rencontre. Toute prise de pouvoir est aussi un gain de parole.

    Il va de soi que tout cela concerne en premier lieu les sociétés fondées sur la division : maîtres-esclaves, seigneurs-sujets, dirigeants-citoyens, etc. La marque primordiale de cette division, son lieu privilégié de déploiement, c’est le fait massif, irréductible, peut-être irréversible, d’un pouvoir détaché de la société globale en ce que quelques membres seulement le détiennent, d’un pouvoir qui, séparé de la société, s’exerce sur elle et, au besoin, contre elle. Ce qui est ici désigné, c’est l’ensemble des sociétés à État, depuis les despotismes les plus archaïques jusqu’aux États totalitaires les plus modernes, en passant par les sociétés démocratiques dont l’appareil d’État, pour être libéral, n’en demeure pas moins le maître lointain de la violence légitime. (...)

    #Pierre_Clastres #parole #pouvoir #commandement #État #société

  • Contre les convois de la réintoxication du monde
    … quelques idées à la volée

    L’Amassada

    https://lavoiedujaguar.net/Contre-les-convois-de-la-reintoxication-du-monde-quelques-idees-a-la

    La crise déstabilise les flux capitalistes, c’est un fait. L’aviation n’a jamais été aussi mal au point, une explosion d’un stock de nitrate d’ammonium détruit le port de Beyrouth. RTE, pour sa part, s’inquiète de la capacité de production électronucléaire, suite aux retards qu’EDF a pris dans la maintenance des centrales nucléaires pendant le confinement, et en appelle aux écogestes pour éviter les coupures d’électricité cet hiver.

    Pourtant, partout, et à toutes les échelles, les transports destinés à l’extraction des matières premières, à la construction des infrastructures et des centrales de production, à la maintenance de celles existantes et à la gestion des déchets produits par l’ordre électrique, continuent leur sombre circuit.

    Ce lundi aura lieu le premier transport du combustible nucléaire pour l’EPR de Flamanville toujours défaillant malgré des années de retard, des surcoûts faramineux et une ligne THT construite spécialement pour l’occasion au cœur du bocage normand. EDF s’obstine ainsi à faire des coups de communication pour soigner son image, alors même que l’entreprise est plongée dans une crise financière, technologique et humaine sans précédent. Depuis le début de la crise sanitaire, tous les voyants s’allument pour l’électricien et ses centrales nucléaires. (...)

    #nucléaire #EDF #Bure #autonomie

  • Court aperçu du temps long de l’État

    Louis de Colmar

    https://lavoiedujaguar.net/Court-apercu-du-temps-long-de-l-Etat

    Il n’y a pas de liberté sans responsabilité. La liberté c’est la capacité d’exercer ses responsabilités, la soumission c’est être dépossédé, volontairement ou non, de cette capacité d’exercer cette responsabilité sur tous les aspects de son existence.

    La liberté ce n’est donc pas une capacité de faire ou de ne pas faire, c’est pouvoir être responsable de ce que l’on fait et/ou de ce que l’on ne fait pas. La liberté de faire et/ou de ne pas faire est socialement aveugle, tandis que la responsabilité est toujours relative à un collectif, au regard de ses semblables.

    Tous les systèmes modernes de domination sociale sont non seulement des systèmes de privation de responsabilité, mais encore des systèmes de transferts de responsabilité, des systèmes d’anonymisation, d’invisibilisation, de dilution de la responsabilité. Ce qui caractérise les systèmes bureaucratiques, c’est que non seulement les individus de base sont privés des responsabilités essentielles sur leur vie, mais qu’en outre ce ne sont plus d’autres humains qui en assument la charge, mais que cette responsabilité se perd littéralement dans les rouages automatisés du fonctionnalisme administratif. La responsabilité est seulement réduite au respect passif des règles et des procédures pour masquer l’irresponsabilité de chacun dans leur détermination et contrôle. (...)

    #liberté #responsabilité #domination #dépossession #institutionnalisation #État #hiérarchie #guerre #monnaie #science #Albert_Einstein #corruption

  • La Grande Transformation (VIII)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/La-Grande-Transformation-VIII

    Aperçus critiques sur le livre de Karl Polanyi
    La Grande Transformation
    (à suivre)

    La pénétration du marché dans la société soulève, nous dit Karl Polanyi, deux questions importantes : celle concernant la place de l’homme et celle de la terre. « Il fallait faire entrer l’homme et la nature dans l’orbite du marché. » Ce qui signifie que le travailleur (et son travail) ainsi que la terre doivent obéir à la loi de l’offre et de la demande sur laquelle repose le marché. Une telle conception de l’homme et de la terre ne peut avoir que des conséquences catastrophiques : « La fiction marchandise ne tenait aucun compte du fait qu’abandonner le destin du sol et des hommes équivaudrait à les anéantir » (p. 194). Je suis bien d’accord avec ce point de vue qui peut nous paraître prémonitoire alors qu’il n’était, hélas, qu’un constat, un constat qui préfigure un devenir. Seulement l’expérience mexicaine m’amène à penser que « l’homme et la nature » ou que « le destin du sol et des hommes » ne sont pas deux destins séparés et emportés par le même mouvement, mais bien un seul et même destin. C’est une erreur de séparer l’homme et la nature (ou culture et nature).

    L’idée que nous nous faisons de l’homme et de son environnement, du territoire et de la terre, est une seule et même idée et nous ne pouvons pas séparer l’idée que nous nous faisons de l’homme de celle de la terre. Concevoir l’homme comme individu consiste, dans le même mouvement, à privatiser la terre. Ces deux visions de la réalité sont dépendantes l’une de l’autre pour ne former qu’une seule cosmovision qui consiste à percevoir la réalité comme « nature » c’est-à-dire comme réalité non spirituelle, comme une réalité vidée de sa spiritualité. (...)

    #Karl_Polanyi #nature #société #marché #Mexique

  • Quatrième partie
    « Souvenir de ce qui viendra »

    SCI Galeano

    https://lavoiedujaguar.net/Quatrieme-partie-Souvenir-de-ce-qui-viendra

    C’est il y a 35 octobres.

    Le vieil Antonio regarde le feu résister à la pluie. Sous son chapeau de paille ruisselant il allume à un tison sa cigarette roulée dans une feuille de maïs. Le feu tient bon, parfois en se cachant sous les bûches ; le vent l’aide et de son souffle avive les braises qui rougeoient de fureur.

    C’est le camp nommé Watapil, dans ce qu’on appelle la Sierra Cruz de Plata, qui se dresse entre les bras humides des rivières Jataté et Perlas. C’est l’année 1985 et octobre reçoit le groupe avec une tempête, qui présage de leurs jours à venir. Le haut amandier (qui donnera son nom à cette montagne dans la langue insurgée) observe avec compassion à son pied cette petite, toute petite, insignifiante poignée de femmes et d’hommes. Visages émaciés, peaux sèches, regards brillants (la fièvre peut-être, l’entêtement, la peur, le délire, la faim, le manque de sommeil), vêtements bruns et noirs déchirés, bottes déformées par les lianes qui s’efforcent de maintenir en place les semelles.

    Avec ses mots posés, lents, à peine perceptibles dans le bruit de la tempête, le vieil Antonio leur parle comme s’il s’adressait à lui-même :

    « Pour la couleur de la terre le Donneur d’ordres viendra à nouveau imposer sa parole dure, son JE meurtrier de la raison, sa corruption déguisée en aumône.

    Le jour viendra où la mort revêtira ses vêtements les plus cruels. Ses pas décorés d’engrenages et de grincements, la machine qui rend les chemins malades mentira en disant qu’elle apporte la prospérité alors qu’elle sème la destruction. Qui s’oppose à ce bruit qui terrifie plantes et animaux sera assassiné dans sa vie et dans sa mémoire. Dans l’une par le plomb, dans l’autre par le mensonge. Ainsi la nuit sera plus longue. La douleur sera plus prolongée. La mort sera plus meurtrière. (...)

    #Mexique #SupGaleano #zapatistes #préparatifs #voyage

    • Sur un autre plus loin, on pouvait lire : « Pourquoi pleurer quand il y a déjà trop d’eau salée », et il y avait une suite : « Ce bateau a été fabriqué par la Commission maritime de la commune autonome rebelle zapatiste “On nous reproche de mettre un nom très long aux MAREZ et aux Caracoles, mais ça nous est égal”, du Conseil de bon gouvernement “Aussi”. Produit périssable. Date de caducité : ça dépend. Nos embarcations ne sombrent pas, elles périment, ce n’est pas la même chose. Embauche de fabricants de canoës et de musiciens dans le CRAREZ (la marimba et la sono ne sont pas inclus — parce que si jamais ils coulent, on ne les remplace pas —, mais on se donne à fond pour chanter… enfin, plus ou moins. Ça dépend, quoi). Ce canoë est uniquement coté sur les marchés de la résistance. La suite sur le prochain canoë… » (bien sûr, il fallait faire le tour du canoë et des parois intérieures pour lire le « nom » en entier ; oui, vous avez raison, ça va prendre tellement de temps au sous-marin ennemi de transmettre le nom complet du navire à couler que, quand il aura fini, le navire aura déjà abordé les côtes européennes).

      […]

      « De toute façon, il n’y aura pas de place pour les femmes non plus », a argumenté le Sup « au bord de la crise de nerf ».

      Elle : « Ah, c’est que nous, nous n’allons pas en bateau. Nous allons en avion, pour ne pas vomir. Enfin, un peu quand même, mais moins. »

      Sup : « Et qui vous a dit que vous, ce serait en avion ? »

      Elle : « Nous. »

      Sup : « Mais d’où vous avez sorti toutes ces paroles que tu me dis ? »

      Elle : « C’est que Esperanza est arrivée à la réunion de comme les femmes que nous sommes et nous a informées que nous allons toutes mourir misérablement si nous allons avec ces maudits hommes. Alors nous y avons réfléchi en assemblée et nous sommes arrivées à l’accord que nous n’avons pas peur et que nous sommes très disposées et déterminées à ce que les hommes meurent misérablement et nous pas.

      #lol

  • Contre la bureaucratie et le « caudillisme naturel »

    Abel Paz

    https://lavoiedujaguar.net/Contre-la-bureaucratie-et-le-caudillisme-naturel

    À propos des mémoires de García Oliver
    (Historia Libertaria n° 4 mars-avril 1979)

    Pour commencer, disons qu’un livre de mémoires est une œuvre de témoignage et par là même subjective. Un livre historique, c’est autre chose. Lorsqu’il y a plusieurs témoignages, il faut rechercher la part de vérité de chacun. Un historien admet difficilement comme valide un fait rapporté dans un ouvrage de mémoires si ce même fait n’est pas confirmé par d’autres fonds. Néanmoins, il peut arriver que ce qui est relaté dans des mémoires ait été réellement et personnellement vécu, c’est-à-dire dans le domaine des « conversations privées ». Mais même dans ce cas, au vu des prolongements historiques, on peut mesurer leur portée…

    Dans le cas des « mémoires » de García Oliver, de la première à la dernière page, on ne peut les lire en faisant abstraction de l’histoire. Les témoins principaux, Indalecio Prieto, Largo Caballero, Marcel Rosenberg, Antonov-Ovseïenko, Durruti, etc., sont morts. Face à ce fait l’unique chose importante des mémoires de G.O. est sa trajectoire militante et son jugement critique sur la guerre et la révolution espagnoles, particulièrement sur tout ce qui touche au rôle que la CNT et la FAI ont joué dans l’une et l’autre.

    Ça va bientôt faire quarante ans que se sont déroulés ces événements. Depuis et pour des raisons incompréhensibles, ni la CNT ni la FAI n’ont été capables de formuler un jugement critique sur leur action entre 1936 et 1939. (...)

    #Abel_Paz #García_Oliver #révolution #Espagne #anarchisme #histoire #mémoires #pouvoir #bureaucratie #CNT #critique #José_Peirats #Vernon_Richards #Lluís_Companys

  • Le Jour des morts... Offrande et calaveras

    Estampe et art populaire

    https://lavoiedujaguar.net/Le-Jour-des-morts-Offrande-et-calaveras

    Nous sommes dans le regret de vous informer que, pour cause du reconfinement, l’exposition « Le Jour des morts... à Paris ! Offrande et calaveras » du 31 octobre au 8 novembre 2020 est annulée.

    L’exposition restera accrochée dans nos murs durant le mois de novembre pour celles et ceux qui auront la possibilité de passer la voir.

    Il suffira de sonner à la porte d’entrée de l’immeuble, marquée « atelier », au 49 bis, rue des Cascades à Paris XXe (métro Jourdain).

    Rendez-vous en 2021 pour une édition follement festive du Jour des morts… à Paris !

    Prenez soin de vous et à bientôt.

    #Jour_des_morts #Mexique #Paris #calaveras #annulation

  • La Grande Transformation (VII)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/La-Grande-Transformation-VII

    Aperçus critiques sur le livre de Karl Polanyi
    La Grande Transformation
    (à suivre)

    Au sujet de l’idéologie des trois fonctions mise en exergue par Georges Dumézil, nous ne savons pas si cette cosmovision vient de la réalité ou si elle est une vision idéologique de la réalité qui serait suggérée et imposée par les conquérants indo-européens faisant en sorte que la réalité (sociale) issue de leur conquête ne puisse plus être contestée et s’impose comme incritiquable. Nous pouvons nous poser la même question au sujet de l’existence de la nature. Est-ce une idéologie ou une cosmovision ? Quand l’idéologie est partagée par tous, alors elle est en voie de devenir une cosmovision, c’est ce qui se passe avec la nature. La nature n’est pas un concept donné, c’est un concept laborieusement acquis par le plus grand nombre dans une société qui s’adonne entièrement au commerce, c’est alors qu’il devient une cosmovision. Pourtant le concept même d’un virus pénétrant l’intimité du sujet devrait nous conduire à percevoir avec plus de subtilité l’interaction entre notre environnement et nous, nous et notre environnement, entre « culture » et « nature », pour reprendre les concepts généralement utilisés de nos jours par les anthropologues. Nous nous apercevrions alors que la frontière est désormais plus floue que nous ne le pensions, qu’elle est plus un acte de volonté de notre part qu’une réalité. (...)

    #Karl_Polanyi #Georges_Dumézil #Maurice_Godelier #cosmovision #culture #asservissement #aliénation #État #État

  • Cinquième partie
    « Le regard et la distance à la porte »

    SCI Galeano

    https://lavoiedujaguar.net/Cinquieme-partie-Le-regard-et-la-distance-a-la-porte

    Supposons qu’il est possible de choisir, par exemple, le regard. Supposons que vous pouvez vous libérer, ne serait-ce qu’un moment, de la tyrannie des réseaux sociaux qui imposent non seulement ce qu’on regarde et ce dont on parle, mais aussi comment regarder et comment parler. Donc, supposons que vous relevez les yeux. Plus haut : de ce qui est local à ce qui est régional ou à ce qui est national ou à ce qui est mondial. Vous regardez ? Oui, un chaos, un fouillis, un désordre. Alors supposons que vous êtes un être humain, enfin, que vous n’êtes pas une application numérique qui, à toute vitesse, regarde, classifie, hiérarchise, juge et sanctionne. Alors vous choisissez ce que vous regardez… et comment regarder. Il se pourrait, c’est une supposition, que regarder et juger ne soient pas la même chose. Ainsi, vous ne faites pas que choisir, vous décidez aussi. Changer la question « ça, c’est mal ou bien ? » en « qu’est-ce que c’est ? ». Bien sûr, la première question conduit à un débat agréable (il y a encore des débats ?). Et ensuite au « ça, c’est mal — ou bien — parce que je le dis ». Ou, peut-être, il y a une discussion sur ce qu’est le bien et le mal, et de là, des arguments et des citations avec notes de bas de page. C’est vrai, vous avez raison, c’est mieux que de recourir à des « likes » et des « pouces en l’air », mais je vous ai proposé de changer de point de départ : choisir la destination de votre regard.

    Par exemple : vous décidez de regarder les musulmans. Vous pouvez choisir, par exemple, entre ceux qui ont perpétré l’attentat contre Charlie Hebdo ou ceux qui marchent maintenant sur les routes de France pour réclamer, exiger, imposer leurs droits. Vu que vous êtes arrivé jusqu’à ces lignes, il est très probable que vous penchiez pour les « sans-papiers ». Bien sûr, vous vous sentez aussi dans l’obligation de déclarer que Macron est un imbécile. (...)

    #Mexique #Chiapas #zapatistes #SupMarcos #Europe #France #sans-papiers #Macron #guerre #migrants #Morelos #mégaprojets #mer #radeau #marimba

  • L’Étrange Étranger
    Écrits d’un anarchiste kabyle

    Ernest London

    https://lavoiedujaguar.net/L-Etrange-Etranger-Ecrits-d-un-anarchiste-kabyle

    Mohamed Saïl (1894-1953) fut toute sa vie un ardent militant contre le colonialisme et le capitalisme. Déserteur lors de la Première Guerre mondiale, engagé dans la colonne Durruti pour combattre le fascisme et défendre la révolution, il n’a cessé d’écrire pour la presse anarchiste en France et en Algérie. Francis Dupuis-Déri a rassemblé ici une trentaine de ses articles, rédigés de 1924 à 1951.

    À de nombreuses reprises, notamment dans les colonnes du Libertaire et du Flambeau, il dénonce les conditions imposées aux « indigènes algériens », en particulier par le Code de l’indigénat : « “Tous les hommes naissent libres et égaux en droit.” C’est la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui raconte cela. Mais il est facile de prouver que cette égalité n’a jamais existé pour nous, indigènes algériens. Nos droits, les voici, tels que les comprennent les canailles sanguinaires, les pirates rapaces qui, sous prétexte de colonisation, nous ont apporté les soi-disant “bienfaits” de leur “civilisation”. Ils consistent à voir les terres sur lesquelles nous sommes nés, que de père en fils nous fécondions de notre labeur, qui nous donnaient de quoi vivre librement et fièrement, accaparées par nos “bienfaiteurs”. […] Nous avons un autre “droit” que ne nous contestent pas, au contraire, les entrepreneurs de charniers patriotiques, c’est celui d’aller crever sur les champs de bataille pour la défense de la France si généreuse. » (...)

    #Algérie #Kabylie #anarchisme #Durruti #Espagne #colonialisme #fascisme #émancipation #internationalisme

  • 17 novembre 2020
    Agissons contre la réintoxication du monde !

    https://lavoiedujaguar.net/17-novembre-2020-Agissons-contre-la-reintoxication-du-monde

    Dans la première moitié de l’année 2020, le déferlement viral aura provoqué un ralentissement inédit de la dévitalisation marchande de la planète. Au cœur du confinement s’est alors diffusée une lucidité partagée, mais trop souvent désarmée et isolée, quant à l’urgence de faire barrage in extremis à la production du désastre.

    Le 17 juin dernier, alors que la machine se réemballait de plus belle, plus de 70 actions, blocages, rassemblements se sont déployés simultanément à travers le pays. Ils ont matérialisé un premier grand rebond de luttes de terrain contre la réintoxication du monde.

    C’est pour donner une nouvelle fois corps à ce front commun, frappant par son énergie et sa diversité, qu’un ensemble de collectifs réunis le 30 août dernier à l’occasion d’un rassemblement sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes ont décidé d’appeler à une seconde vague d’actions coordonnées le 17 novembre prochain.

    Les mobilisations locales du 17 juin ont dessiné une première cartographie postconfinement des sites de production destructeurs qui doivent s’arrêter, d’espaces naturels — forêts, zones humides, terres cultivables, friches urbaines — qui ne doivent pas être artificialisés, des chantiers écocides qu’il faudra paralyser… Elles ont aussi révélé des dizaines d’endroits où des collectifs d’habitant·e·s se lèvent déjà localement contre l’absurdité de ces « aménagements du territoire ». (...)

    #appel #réintoxication #agir #17novembre

  • Sixième partie
    « Une montagne en haute mer »

    EZLN, SCI Moisés

    https://lavoiedujaguar.net/Sixieme-partie-Une-montagne-en-haute-mer

    Comité clandestin révolutionnaire indigène
    Armée zapatiste de libération nationale
    Mexique, 5 octobre 2020

    Sœurs, frères, sœurs-frères,
    Compañeras, compañeros, compañeroas,

    Nous, peuples originaires de racine maya et zapatistes, vous saluons et vous disons que ce qui est venu à notre pensée commune, d’après ce que nous voyons, entendons et sentons.

    Un. Nous voyons et entendons un monde malade dans sa vie sociale, fragmenté en millions de personnes étrangères les unes aux autres, s’efforçant d’assurer leur survie individuelle, mais unies sous l’oppression d’un système prêt à tout pour étancher sa soif de profits, même alors qu’il est clair que son chemin va à l’encontre de l’existence de la planète Terre.

    L’aberration du système et sa stupide défense du « progrès » et de la « modernité » volent en éclats devant une réalité criminelle : les féminicides. L’assassinat de femmes n’a ni couleur ni nationalité, il est mondial. S’il est absurde et déraisonnable que quelqu’un soit persécuté, séquestré, assassiné pour sa couleur de peau, sa race, sa culture, ses croyances, on ne peut pas croire que le fait d’être femme signifie une sentence de marginalisation et de mort.

    En une escalade prévisible (harcèlement, violence physique, mutilation et assassinat), cautionnée par une impunité structurelle (« elle le méritait », « elle avait des tatouages », « qu’est-ce qu’elle faisait à cet endroit à cette heure-là ?", « habillée comme ça, il fallait s’y attendre »), les assassinats de femmes n’ont aucune logique criminelle si ce n’est celle du système. (...)

    #zapatistes #EZLN #Mexique #Chiapas #féminicides #Covid19 #mégaprojets #pandémie #paramilitaires #résistance #rébellion #Europe #Espagne #voyage #avril_2021

  • La Grande Transformation (VI)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/La-Grande-Transformation-VI

    Aperçus critiques sur le livre de Karl Polanyi
    La Grande Transformation
    (à suivre)

    L’argent est la représentation de l’idée d’échange, il la matérialise en quelque sorte. Il est à la fois l’idée d’échange et le moyen par lequel l’échange se réalise (la monnaie d’échange). Dans notre société l’idée de l’échange est au départ de toute l’opération comme représentation et elle déclenche tout le mouvement de la pensée jusqu’à sa conclusion : l’échange réalisé. Nous retrouvons l’argent à toutes les étapes de l’opération : au départ, c’est le capital financier ; au cours du mouvement de la pensée, de la production d’un bien à échanger — ce que j’appellerai, à la suite de Hegel, la suppression du travail en vue de l’objet à produire —, c’est l’argent comme investissement, et cet investissement prend généralement la forme de la dette ; à la fin du processus nous retrouvons l’argent comme monnaie universelle d’échange : des marchandises contre de l’argent. Tout au long de l’opération nous trouvons le marchand et les banques. Le rôle des banques consiste principalement à prêter de l’argent en vue de la production d’un bien qui entrera dans la ronde des échanges. Elles sont les dépositaires du capital, de l’argent qu’elles vont investir sous forme de prêt (et de dette) à l’entrepreneur — du petit entrepreneur, au patron d’usine, et à l’État — et cet argent est garanti par l’État, par cette connivence implicite qui lie l’État aux marchands et aux banques ; enfin ce sont encore les banques qui récupèrent sous forme de remboursement de la dette avec intérêt les sommes qu’elles avaient investies dans la production d’une marchandise et de son échange avec toutes les autres marchandises. (...)

    #Karl_Polanyi #marché #échanges #État #banques #dette #christianisme #aliénation #Mexique #zapatistes

  • L’économie comme arme globalisée de l’État

    Louis de Colmar

    https://lavoiedujaguar.net/L-economie-comme-arme-globalisee-de-l-Etat

    La temporalité de l’État doit être distinguée de la temporalité du capitalisme, la première est largement plus longue que la seconde, et leurs critiques ne se recouvrent donc pas entièrement. La critique du capitalisme ne recouvre pas la critique de l’État, et elles ne ressortissent pas exactement à la même logique, à la même temporalité. C’est pour moi la critique de l’État qui englobe la critique du capitalisme, et non pas la critique du capitalisme qui intègre la critique de l’État. Considéré sur le long terme, je dirais que le capitalisme est une expression particulière d’une crise historique de l’État sur le temps long. La critique de l’État ne doit pas être menée au nom de ses « excès » autoritaires, mais au nom de l’idéal de rationalité et de régulation dont il se réclame : se concentrer sur l’autoritarisme c’est prendre l’effet pour la cause, alors qu’il devrait plutôt être considéré sous l’angle d’une perversion de sa logique plutôt que sous celui d’une essence première. Il y a une sorte d’homothétie entre une définition anthropologique de l’homme et une définition correspondante de l’État : c’est cette unité qu’il convient de remettre en cause, et non dénoncer l’État au nom de sa propre définition de l’homme.

    De même que le capitalisme ne doit pas être combattu (seulement) pour ses excès (injustices, répartition inégale des richesses, etc.), de même l’État ne doit pas (seulement) être combattu pour ses excès (autoritarisme, inégalités juridiques, lacunes dans la sélection des élites aristocratique, etc.) mais pour l’idéal de gestion rationnel qu’ils prétendent au même titre mettre en œuvre. (...)

    #critique #État #guerre #économie #capitalisme #Bernard_Charbonneau #Robert_Kurz #modernité #Macron #pandémie

  • Procès en appel pour « jet de feuilles d’origine végétale »

    L’Amassada

    https://lavoiedujaguar.net/Proces-en-appel-pour-jet-de-feuilles-d-origine-vegetale

    Mardi 6 octobre sera jugé au tribunal de Montpellier un militant accusé de « violences aggravées » pour « jet de feuilles d’origine végétale ».

    Ce procès a lieu presque un an jour pour jour après l’expulsion et la destruction des cabanes de l’Amassada. L’Amassada, c’était un lieu d’occupation et de lutte contre un méga-transformateur électrique, à Saint-Victor en Aveyron, nœud d’une gigantesque autoroute internationale de l’électricité. Le méga-transformateur a pour vocation de récolter l’électricité produite par des centaines d’éoliennes implantées en Aveyron et dans les départements limitrophes. Des terres agricoles accaparées par RTE (Réseaux de transport d’électricité, filiale d’EDF), il ne reste qu’un cratère à ciel ouvert.

    Le 21 janvier 2017, à Rodez, six cents personnes manifestaient contre les éoliennes industrielles, une manifestation dans une ambiance conviviale où l’idée était d’enterrer symboliquement les projets devant la préfecture à l’aide de feuilles (d’origine végétale !) et de terre (de type humus organique). Des gendarmes retranchés à l’intérieur ont soudainement gazé toute la foule, enfants et personnes âgées comprises. Deux heures plus tard, notre camarade est interpellé dans son camion. Dans sa poche, un opinel, de quoi le placer immédiatement en garde à vue. Il leur fallait bien un prétexte pour pouvoir juger toute la manifestation. (...)

    #Aveyron #méga-transformateur #EDF #Amassada #résistance #Montpellier #procès #mobilisation #solidarité

  • En route avec les sans-papiers

    Natalie

    https://lavoiedujaguar.net/En-route-avec-les-sans-papiers

    Paris, le 30 septembre 2020
    Chères et chers,

    Le 19 septembre, alors que des marcheurs et soutiens manifestaient à Montpellier, une autre manifestation partait de Marseille, marquant, elle aussi, le lancement de la marche nationale des sans-papiers.

    Le cortège, épaulé par une antique camionnette Volkswagen prêtée par Solidaires, remonta durant plus de six heures la cité phocéenne, depuis la préfecture jusqu’aux extrêmes des quartiers Nord.

    Un déjeuner, préparé par des Marseillaises et Marseillais, fut pris place de Strasbourg. Des habitants s’y joignirent, et Z., sans-papiers algérien passé là par hasard, décida de se joindre à la marche sans même prendre le temps d’aller chercher ses effets chez lui.

    Le cortège reprit la route et, puisque l’une des trois revendications de la marche est la fermeture des centres de rétention administrative (CRA), halte fut faite devant le CRA du Canet. Qui sait si les détenus auront entendu les prises de parole et les tambours dans ce lieu aveugle bâti derrière de hauts murs jouxtant des immeubles d’habitations désolées ? (...)

    #sans-papiers #marche #Marseille #Montpellier #Ardèche #Valence #correspondance