Le « privilège blanc » : une notion contre-productive pour combattre le racisme ?

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  • Le « privilège blanc » : une notion contre-productive pour combattre le #racisme ? - Etat d’Exception
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    Je pense quand même que ce concept de privilège blanc est important : de prendre conscience que même en étant antiraciste, on fait quand même partie du problème, qu’il n’est pas extérieur à nous et limité « aux brebis galeuses ».
    En fait c’est la même chose pour le « privilège masculin ». Être proféministe n’empêche pas de savoir qu’on a accès tout de même à de meilleures conditions de vie (job, salaire et femme conditionnée à servir en dernier ressort) qu’une femme, par défaut. Et que l’on fait aprtie de la #culture_du_viol, parce que toutes ses #discriminations font #système !

    En réalité, comme le souligne Newton, aucune personne noire ne peut bénéficier de privilèges dans une société qui ne la considère pas comme humaine. Par conséquent, au lieu de se focaliser sur la mesure des privilèges de chacun-e, il faudrait se concentrer sur la manière dont s’articule l’oppression sur les personnes racisé-es. Ainsi, si aux Etats-Unis les femmes noires ont quatre fois plus de probabilités de mourir sous les coups de leur conjoint que les autres femmes, ce n’est pas parce que les hommes noirs ont un privilège masculin, mais parce que l’oppression des femmes noires est si absolue que même les hommes noirs considèrent qu’il est acceptable de les tuer.

    Se défaire d’un privilège est insuffisant pour démanteler l’oppression. Dire que le privilège n’est pas réel signifie que si l’ordre social permet à certain-es racisé-es et à toutes les personnes blanches de tirer des avantages de sa structure, ce confort relatif est simplement le résultat de la violence socio-économique institutionnalisée. C’est cette violence qui doit finalement et avant tout être combattue. En ce sens, personne ne peut renoncer à son privilège social tant que le système perdure. C’est pourquoi Newton conclut que la seule issue possible est de se concentrer sur la lutte contre le système d’oppression.

    • En second lieu, axer le discours sur le terrain des privilèges peut renforcer la tension et la violence entre Blancs pauvres et personnes racisées. Le vocable privilège peut s’entendre comme synonyme de « vie privilégiée » ou « vie de luxe » que des millions d’Etats-Unien-nes pauvres n’ont pas. Et a contrario, certains membres de la communauté noire ont connu un processus d’ascension sociale ce qui, depuis cette perspective, les fait apparaître comme des privilégié-es.

      L’activiste antiraciste et éditrice Arielle Iniko Newton partage le point de vue de Curzer. Elle soutient dans un article paru le 12 septembre 2017 sur la plateforme The Black Youth Project que la notion de « privilège » est contre-productive dans le combat antiraciste[8]. D’abord parce que, comme l’avait déjà noté Friedersdorf, le concept se focalise sur un comportement individuel. Il en résulte une sorte de compartimentage des existences et des identités « sous la forme de privilège masculin, privilège cis, privilège validiste, privilège des peaux claires », etc.

      L’individualisme exacerbé peut conduire à la division au sein du mouvement, renforcée par le fait qu’on se focalise sur celui ou celle qui est le/la plus « privilégié-e ».

      #individualisme des luttes