« Pendant qu’avec les hésitations héroïques du voyageur qui entreprend une exploration ou du désespéré qui se suicide, pendant que ma main allant et venant le long d’un rameau dont la croissance ne devait rien à la photosynthèse, je me frayais en moi-même un chemin inconnu et que je croyais mortel, jusqu’au moment où une trace naturelle comme celle d’un colimaçon s’ajoutait aux feuilles du cassis sauvage qui se penchaient jusqu’à moi. Alors je contemplais cette sève avec la curiosité du premier botaniste ayant jamais incisé un caoutchouc, me demandant comment d’un tel tronc pouvait surgir cette blancheur immaculée, ce latex humain qui, par un processus de vulcanisation encore inexpliqué, est capable de donner forme à d’autres êtres pour autant qu’il soit déversé dans un gouffre humide et non sur des feuilles de cassis comme celles qui, à ce moment précis, viennent me caresser le haut des cuisses, ajoutant à mon extase mortelle la douceur d’un dernier effleurement ou d’une ultime caresse. »