http://www.desordre.net

  • J’hérite de la gestion
    D’une société de production
    D’eau minérale ? je sais tout faire

    Mais c’est la guerre qu’est partout
    Un bombardement est annoncé
    C’est autre chose que de se faire frôler par des V1

    Zoé, une fois de plus en retard
    Zoé une fois de plus
    Qui se rachète en me faisant rire

    Retour en open space
    Après spectacle
    Sentiment de poussière, pire, d’ordre

    Le précédent carré permettait de jour aux échecs
    Le suivant permettra de jouer aux dames
    Bon anniversaire Papa

    Désertion
    Et école buissonnière
    J’ai rancard avec Sarah

    http://www.desordre.net/musique/beatles.mp3

    Dans un café du haut de la rue de Belleville
    J’entre et commande un café
    Honey pie des Beatles

    Et après Honey pie, Revolution nine
    En 2018, dans un café de Belleville
    Les archéologues sonores se confondront

    Remontant la rue de Belleville
    Une immense contrebassiste
    Fend les flocons dans un nuage de fumée

    Dans une petite cantine chinoise
    Nous sommes priés trois fois de commander
    Nous n’avons pas encore ouvert les menus, bavards

    Sarah-Caroline commande pour dix
    Anguilles et nouilles sautées
    Pour le gros célibataire

    Sarah-Caroline et moi
    Créons un personnage, Machinette
    Sarah-Caroline doit deviner qui est Machinette

    Machinette
    Cela lui va très bien
    N’est pas celle que Sarah-Caroline pense

    Un indice malgré tout
    Elle ne joue pas
    Du Soubassophone

    Mais assez parler de Machinette
    Sarah-Caroline me fait rire, mais rire
    Elle n’a pas peur des hommes de 130 kgs

    Finalement
    Les anguilles
    Ça passe crème

    Ce n’est pas comme les couleuvres de mon travail
    La curiosité pour mon travail d’ingénieur
    D’une informaticienne qui s’ignore

    Je crois qu’il faut que je te fasse lire
    Élever des chèvres en open space
    Je crois que je l’ai écrit pour que ce soit clair

    On reparle de mes aptitudes à la guitare
    Tu sais je ne fais aucune différence entre un si et un mi
    Elle chante un si et un mi, « la-la »

    Non là
    T’as fait deux fois
    La !

    Je savais bien que ce n’était pas normal
    Ce Revolution Nine dans un café de Belleville
    Déjeuner avec Sarah-Caroline, ce soir JLG !

    Retour en open space
    Un peu déboussolé tout de même
    On ne me demande pas les mêmes choses

    La livraison de la semaine dernière
    Est conforme aux attentes de l’analyse
    Validation de la requête

    Sanctuarisation de la requête
    Et hebdomarisation par script
    Ordonnancé sous ControlM

    Dépôt du fichier plat sur serveur
    Par FTP tous les lundis à 10.00
    L’analyse accepte les données au format .csv

    Charge à l’analyse d’extraire les données csv
    Et de les reporter dans un nouveau fichier
    Pour obtenir le TCD par script EXL

    Je préférais la conversation
    Avec mon amie informaticienne
    Qui s’ignore (et qui joue de la contrebasse)

    Retour home
    Ferait bien la grève
    Des pâtes moi ch’soir !

    Je file au Petit Balcon
    Écouter Jean-Luc Guionnet
    Et Daichi Yoshikawa

    Deux sets
    Deux aventures
    Deux voyages

    Premier set
    Daichi Yoshikawa
    Percussionniste du XXIIIème siècle

    Donnez un percussionniste du XXIIIème siècle
    À Jean-Luc Guionnet
    Et il s’adapte. Il s’adapte à tout

    Je suis à moins d’un mètre
    Du pavillon du saxophone
    De Jean-Luc, sur les lèvres du volcan

    Je sais déjà
    Qu’en sortant
    Je serais différent

    Trois saxophonistes
    M’ont soufflé aux oreilles
    D’aussi près

    http://desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/20140126_partis_001.mp3

    John Tchicai
    Stéphane Rives
    Et donc Jean-Luc

    Il y a quelque chose
    De quasi autistique
    Chez Daichi Yoshikawa

    On pourrait croire à une limite
    Le deuxième set a été composé
    Dans une autre galaxie

    Je croise trop brièvement
    Jean-Luc et Lotus
    Pour échanger vraiment

    Jean-Luc
    S’amuse à me présenter
    Comme guitariste ! Grrr !

    Autoradio
    Johann Chapoutot
    Spécialiste du nazisme

    #mon_oiseau_bleu

  • Dans la grande maison de Bailleul
    Atelier de tampons et de cuisine
    Avec L.L. de Mars et des amis

    Il pleut dans la maison
    De Tante Moineau
    Comme dans celle de S. Thidet

    Les trois enfants dorment encore
    Quand je referme sur moi
    La porte sombre de la maison

    En route, autoradio
    Je crois à une hallucination collective
    Un hommage national pour Charles Mauras ?

    http://www.desordre.net/musique/ellington.mp3

    Non mais ils sont sérieux là ?
    Comme disent les jeunes, comme dit le vieux
    En commutant sur CD : Duke Ellington !

    Je découvre avec plaisir
    Dans open space sombre
    Nouvelle configuration de bureaux

    Je découvre avec déplaisir
    Qu’une masse significative de travail
    M’attend, le couteau sous la gorge

    On me met au défi de rédiger
    Un cahier des charges dans la matinée
    Une demi-heure plus tard je rends ma copie

    C’est que dans mes loisirs
    Je fais l’écrivain, du coup j’écris vite
    Tête de ma cheffe !

    Et pendant que j’y suis
    Je torche la rédaction de deux mails
    D’autodéfense. Têtes des assaillants !

    Après une matinée bien remplie
    Je m’accorde une pause écriture (de roman)
    Au café, vendredi jour de marché, vacarme

    Dans le tintamarre et la foule du café
    J’écris le récit de mon rêve de cette nuit
    Sans rougir !

    Les premiers rayons de soleil de l’année
    Me rappellent le passage du soleil sous les nuages
    Il y a vingt ans au Havre, revenant de Portsmouth : enfin !

    Comme chaque année, je dois passer un texte d’aptitudes
    Aux règles de bonne conduite des affaires
    On ne rit pas

    Trépidantes aventures d’open space
    Photographies d’employés tout sourires
    Remarquables parité et diversité

    Chaque année je me dis que je devrais
    Faire des copies d’écran, un roman-photo
    Et dans les bulles : Madame Bovary ! Déjà fait !

    Chaque année, j’affiche le code des pages
    Pour relever les bonnes réponses
    Et les propagent dans l’open space

    Chaque année je bois beaucoup de café
    Tous offerts par toutes et tous
    Non mais quel ennui ! Quelle vie !

    Émile m’appelle
    Il est aux prises avec un jeune démarcheur
    Auquel je dois expliquer qu’Émile n’est pas intéressé

    Tant de choses minuscules
    Qui me passent sous les yeux
    Et que je ne note pas

    Tant de choses minuscules
    Qui me passent sous les yeux
    Et que je ne photographie pas

    Tant de choses minuscules
    Qui me passent sous les yeux
    Et que je n’enregistre pas

    Et pourtant
    Je ne dirais pas, plus
    Que je les ai manquées

    Je rentre à la maison
    Je suis épuisé par cette semaine
    Et à l’idée de la journée de demain

    Préparatifs
    Liste des choses à prendre
    À laquelle s’ajoutent donc guitare et ampli

    #mon_oiseau_bleu

  • J’ai refait un vieux rêve
    Celui d’une boîte dans laquelle
    Je cuisine des images projetées

    https://www.youtube.com/watch?v=u3PwFDlNUjg

    Petit déjeuner silencieux
    Puis l’envie d’un café-fenêtre
    Garth Knox m’emmène. Loin

    Marché gris
    Manque d’inspiration
    Répétition des légumes d’hiver

    Humeur morose
    Lumière grise
    Et saleté dans la cuisine

    Je monte dans ma chambre
    Tire le rideau, m’isole, allume un peu
    Travaille

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/bowie.mp3

    Hier Lester Bowie
    Aujourd’hui Monk
    Demain ?

    http://www.desordre.net/musique/monk_midnight.mp3

    Pâtes sur le pouce
    Submergé par la fatigue
    Je m’endors comme une pierre

    Rêve de sieste
    Anormalement
    Développé

    De petits androïdes aux tailles réduites
    Mais qui encouragent et conseillent
    Leur propriétaire du matin jusqu’au soir

    Applications surprenantes chez les comptables
    Plus prévisibles pour les ouvriers à la chaîne
    Et décervelantes pour les auteurs

    https://www.youtube.com/watch?v=oNJo-E4MEk8&t=332s

    J. n’a pas le moral
    Et me demande de lui raconter une blague
    Je lui envoie l’url d’une conférence gesticulée de Lepage

    Je passe deux bonnes heures
    A tenter de mettre en forme
    Mon rêve d’androïdes encourageants

    Je vais me promener une petite heure
    Temps gris, un coup de téléphone gris
    Depuis les fenêtres d’un café du rugby à la TV

    Je rencontre un voisin
    Dont je sais un peu le combat
    Nous échangeons

    Dans les rues de Fontenay
    Je passe devant deux maisons
    Dont j’aimais le désordre. Disparu

    Rentré à la maison
    Une tasse de thé
    Et je m’y mets

    Un peu de ménage
    Un peu de rangement
    Un peu de cuisine

    Pendant que les tomettes sèchent
    Après la caresse de la wassingue
    Je joue un peu de guitare

    Les enfants rentrent
    Tous les trois de bonne humeur
    Quelques échanges vifs au dessert

    Ils ont grandi
    Je quitte la table pour écrire
    Il et elles débarrassent et font la vaisselle

    La sieste de cet après-midi
    N’a pas lavé le fond de fatigue
    J’éteins et me laisse enfoncer dans la nuit

    #mon_oiseau_bleu

  • http://www.desordre.net/musique/coltrane.mp3

    Rêve d’un jukebox érotique
    Choix difficile entre une fellation
    Et des inédits de Coltrane (passons)

    École buissonnière
    Grève japonaise
    Cafés au lait

    Enfant malade (Zoé)
    Musique à bas bruit (Twins)
    Ecriture (Anguilles)

    Echange épistolaire avec J.
    Echange de rêves
    Echange de moqueries

    Je ne voudrais pas
    Être ton analyste
    Ou ton éditeur

    Mieux vaut être ton amie
    Que ta fille, ta psy ou ton éditrice
    Et, j’imagine, ta dentiste ou ta monitrice d’auto-école

    Je lance une bouteille à la mer
    Sur seenthis, centre d’intelligence collective
    Rapidement quelques réponses

    https://seenthis.net/messages/661250

    Ton Facebook ®™© bio
    Comme avait dit une fois Sarah
    Dernier endroit fréquentable d’Internet, oui

    Raviolis épinards ricotta
    Sauce au pesto et parmesan
    Zoé émerge de sa crève par l’estomac titillé

    Je fonce au temple de consommation
    Une cliente voilée fait tomber un article
    Un soutien-gorge un peu olé-olé

    Mon embarras, le ramasser ? Non
    Lui dire ? Ben oui, pourquoi pas ?
    Ce qui se passe dans ma tête…

    Caissière au bord de la crise de nerfs
    (Client difficile) et qui ressemble à Sarah
    Elle-même caissière, je prends sa défense

    Du coup je mets tout sur le tapis
    Je ne vole rien aujourd’hui
    Addition salée ! Forcément

    Retour à la maison
    Zoé a nettoyé la cuisine
    Mais mes enceintes gémissent

    Je passe chercher Émile
    Chez l’orthophoniste
    Lecture dans la salle d’attente

    J’emmène Émile et Zoé
    Chez le médecin, grippe pour Zoé
    Et renouvellement administratif d’Émile

    Émile et Zoé
    Repartent à la maison
    Presque bras dessus dessous

    La tendresse de mes filles
    Pour leur frère d’une autre planète
    M’émeut. Souvent. Aux larmes parfois

    Je file à Beaubourg
    Édition 2018
    Hors-pistes

    J’aime assez l’installation d’Adrien
    J’aime l’œuvre avec les timbres
    Je suis ému par les récits d’entraide

    Je ne capte pas grand-chose
    Aux élucubrations savantes
    De l’organisation de la métanation

    J’aime assez la vidéo
    En neuf écrans
    De Frank Smith

    Mais, à vrai dire
    Je serais bien en peine
    De trouver quoi que ce soit d’artistique

    Nous nous retrouvons
    Dans un petit rade au vin infect
    Et à l’ambiance tellement chaleureuse

    Nous faisons la connaissance
    De deux jeunes étudiantes catalanes
    Admirable jeunesse bouillante d’intelligence

    Au bar, un coude sur le zinc
    Discussion tripartite
    Avec Adrien et Mathieu

    J’aime le bouillonnement d’Adrien
    J’aime la bienveillance souriante de Mathieu
    Je rencontre la première Philippine de ma vie !

    N’ayant toujours pas dîné
    Le jeune primo-romancier de 53 ans
    Est un vrai animal social

    Je fais la connaissance grâce à Mathieu
    D’une anthropologue que je croise
    Chaque fois que je vais écrire au BDP !

    Quand nous prenons congé
    Presque, on se dit, à lundi !
    Nouilles, riz ou pizza ? Pizza

    Notre serveuse est géniale
    Elle s’appelle Ibtissem
    « Sourire, en arabe » dis-je. Son sourire !

    https://www.youtube.com/watch?v=hs6tSV2KH9M

    Adrien monomaniaque
    Du coup, insiste pour nous faire écouter
    Smile de Timi Youro. Intenable

    A vrai dire tout à l’heure
    Il voulait que je joue de la guitare
    Pendant l’Étreinte à Beaubourg !

    Ivre,
    Une jeune primo-romancier
    Attrape son dernier de train de banlieue

    #mon_oiseau_bleu

  • BBC Radio 3 - Slow Radio - Sounds you don’t hear anymore
    http://www.bbc.co.uk/programmes/articles/2g7BNYczrSb5cWQd0z5WHC1/sounds-you-dont-hear-anymore?ns_mchannel=social&ns_campaign=bbc_radio_3&ns_so

    Sounds that have disappeared

    The whirring of old computers, the sound of TV white noise (before 24-hour TV), rotary dial telephones, old video game sounds, cash registers, dial-up modems, are all sounds that have virtually disappeared - yet only a few years ago they provided us with the sonic backdrop to our lives.

    As technology evolves and we lose certain buzzes, beeps and whirrs, other noises are born which take their place.

    We’re highly unlikely to hear the staccato click of a typewriter these days, for instance. That sound has been replaced by the more gentle tap of fingers on a laptop keyboard.

    How long will it be before the sound of keys, petrol and diesel engines, books and numerous other everyday noises are also gone forever?
    Nature’s sounds

    As we lose forests and other natural habitats, many species in the animal, bird, and insect kingdoms are becoming extinct, along with the unique sounds they emit.

    Sadly, many of these are irreplaceable, but the good news is that there are several institutions dedicated to recording as many of them as possible before they become extinct.

  • Lever tardif sans rêve
    Les enfants au petit déjeuner
    Se sont jetés sur le spéculoos rapporté par Catherine

    Bref échange avec Émile
    « Je confirme », dit-il
    « Il était très bon le spéculoos »

    Pour bien faire
    Il faudrait que je prenne des notes
    Sarah m’a donné du grain à moudre

    Dans la salle d’attente de l’orthophoniste
    Le petit patient suivant m’adopte
    Je lui fais lire une histoire. Sourires

    Mail de Sarah C.
    Mail à Sarah M.
    MMS avec Sarah

    Riz frit
    Fromage
    Spéculoos

    Sieste express
    Je lave les pieds d’un moine
    Dans le cloître du Thoronet

    Anguille vive de sieste
    Mais dont j’ai retenu la queue
    Juste avant qu’elle ne file

    La scène ressemble à celle
    Du lavage des pieds de Gabin
    De la Grande Illusion de Renoir

    http://www.desordre.net/musique/brahem.mp3

    Dans le salon
    Je travaille sur Frôlé par un V1
    Zoé lit, nous écoutons Anouar Brahem

    Zoé part à son atelier
    Je vais jouer un peu de guitare
    La maison déserte, c’est mieux comme ça

    La guitare ne donne pas grand-chose
    Je retourne à travailler à Frôlé par un V1
    J’ai des cordes d’arc à ma guitare électrique

    Je pars chercher Zoé à l’atelier
    Une pile électrique. Fatigante, intéressante
    Mais putain qu’est-ce qu’elle est chiante !

    Je tente de replonger efficacement
    Dans Frôlé par un V1
    Mais rien ne vient. À la guitare non plus

    Je vais chercher Émile au rugby
    Je vois un de mes anciens poussins
    Devenu junior faire une erreur de poussin

    Depuis la main courante
    « ― Antoine qu’est-ce qu’on fait d’un ballon de récup’ ?
    ― Je sais Phil, et j’ai vu que tu avais vu et je savais ! »

    Autoradio
    Les voix familières d’un trio féminin
    Marie reçoit Kamilya et Sarah

    Kamilya et Sarah
    Parlent de quarts de ton
    Et d’accents en arabe

    Les rires tellement différents
    De ces trois femmes amies
    Fou rire général en fin d’émission

    Sarah qui parle
    De ses visages étranges
    Que parfois les musiciens en jouant

    Avant de me coucher
    Un peu de guitare. Pas inspiré
    Un peu de lecture inspirée : Valérie Cibot

    #mon_oiseau_bleu

  • Je dois retrouver Lola
    Au fait d’une falaise et d’un palais
    Vertigineux

    Au réveil
    L’eau commence
    À refluer, un peu

    En confiance
    Nous redescendons les meubles
    Le sentiment de vivre dans un bateau

    Je vais faire provision
    De poisson avec Isa
    Et des bulots pour son plaisir

    Dos de cabillaud au four
    Pommes de terre et fenouil vapeur
    Chaource

    Je prends la route
    Vers Bibracte
    Rendre visite à Oana

    http://www.desordre.net/musique/zappa.mp3

    Route de l’aller
    Pleine de lacets
    Frank Zappa, One size fits all

    Nous faisons mieux connaissance
    Dans leur maison chaleureuse
    Café sur une table à l’aimable désordre

    Son atelier encore vide
    Est presque prêt
    Lumière du Nord et un arbre

    Je découvre en vrai
    Quelques-unes de ses œuvres
    Rapport d’échelle faussé. Amusant

    Je visite une maison
    Tellement chaleureuse et belle
    Comme une île perchée

    On discute on parle on argumente
    De peinture, de musique (de Sarah)
    De littérature, de cinéma (Tarkovski)

    Oana apprend à jouer aux échecs
    Je lui explique le début de Capablanca :
    Les finales simples

    Elle me retient à dîner
    Nous préparons des nouilles sautées
    On s’entend très bien en cuisine

    Il reste une demi-douzaine d’huîtres
    Des nouilles sautées (aux crevettes)
    Du vin d’Alsace et même un Gewurztraminer

    On discute encore
    Oana me raconte l’histoire
    Du dernier roi de Roumanie

    Expatriée
    La dernière reine de Roumanie
    A été vendeuse

    http://desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/lou_reed_there_is_no_time.mp3

    Ruoter ud etuor
    Stecal ed enielp
    Lou Reed, New York

    Je tombe de fatigue
    Une demi-page
    De Churchill, Manitoba

    #mon_oiseau_bleu

  • Plusieurs fois dans la nuit
    Réveillé
    Frappé par la violence du vent

    Et par de telles bourrasques
    Les spores insaisissables du rêve
    De cette nuit, éparpillés, tels des cendres

    Café matinal
    Avec Lola
    Le vent nous fascine

    Pensée pour l’atterrissage
    De Martin et Isa
    De retour du Québec

    Dans quel état dispersé
    Seront-ils ce soir
    À Autun ?

    Je prépare ma valise
    Lola me cuisine des galettes indiennes
    Et une salade de chou chinois

    On se dit au revoir
    Ému
    Je retraverse le massif des Maures

    Je reconnais, de loin
    La Montagne Sainte-Victoire
    D’après les tableaux de Cézanne !

    Je finis par retrouver ma jeune co-voitureuse
    Qui s’étonne de mon absence de GPS
    J’avais appris la carte par cœur. « Comme mon Grand-Père ! »

    Route longue
    Difficile
    Conversation pas déliée

    Je dépose ma co-voitureuse
    Au kiosque de la place d’Autun
    Mondes qui ne se touchent pas

    Je retrouve Martin et Isa
    Ensuqués de décalage horaire
    Et l’Arroux qui monte, qui monte

    Je monte la garde pendant la nuit
    Drôle de sentinelle, qui lit
    Et qui écoute de la musique

    De temps en temps
    Je me sers de la sculpture de Martin
    Comme d’un zouave pour jauger

    Vers trois heures il me semble
    Que l’eau est étale
    À quatre heures, légère décrue

    L’eau n’est finalement pas rentrée
    Elle s’est arrêtée juste à temps
    Une légère trace humide dans la trappe

    #mon_oiseau_bleu

  • Adrien Genoudet et moi-même relisons l’Etreinte d’Adrien, entrecoupé de passages d’une lettre que je n’aurais jamais du lui écrire, voilà où cela me mène : faire, à mon âge, des trucs qui sont de mon âge.

    C’est à Beaubourg, le samedi 3 février à 20H (entrée libre dans la limite des places disponibles), cela fait partie de la manifestation Gardez les yeux ouverts d’Adrien, elle-même incluse dans le festival Hors-pistes

    Et c’est présenté là : https://horspistes13.fr/l-etreinte

    Quelques photographies d’Adèle-Zoé

  • Plusieurs fois dans la nuit
    Je me réveille et voit la lumière
    Filtrer de la chambre de Daniel

    Vague souvenir
    D’un solo de guitare électrique
    Scène ouverte au Tracé, je suis nul

    Vague souvenir aussi
    De faire descendre en rappel
    Tante Moineau d’un hélicoptère

    Les rêves
    Des fois
    Point d’exclamation !

    A tout moment de la journée
    Un demi-million de personnes
    Survolent les États-Unis, vrai ?

    Re :
    Re : Re :
    Re : Re : Re :

    Fwd : Re : Re : Re :
    Re : Fwd : Re : Re : Re :
    Fwd : Re : Fwd : Re : Re : Re :

    La constante d’Avogadro
    Est le nombre d’entités élémentaires contenues
    Par mole de ces mêmes entités

    La mole est la quantité de matière d’un système
    Contenant autant d’entités élémentaires
    Qu’il y a d’atomes dans 12 grammes de carbone 12

    Avec Avogadro dés à jouer de 1cm de côté
    On peut construire un cube
    De 844 kilomètres de côté

    Avec Avogadro verres de 25cl de bière
    On obtient dix fois le volume
    De la réserve totale en eau de la Terre

    Avec Avogadro neurones
    Il faudrait un cerveau
    De la hauteur du Mont-Blanc

    Échange de mails
    Avec mon cousin Raymond
    Mathématicien

    Je crois que je vais aller
    Me promener
    Prendre un peu l’air !

    Battu par le mistral
    Les joues rouges
    Mais aéré, deux fois, plutôt qu’une

    Dernier déjeuner avec Daniel
    Très belle assiette végétarienne
    Une étreinte et en route

    Et la route
    Quelle route
    Au travers du pays des Maures

    Voie qui serpente
    Qui change sans cesse
    Qui surprend

    http://www.desordre.net/musique/aec.mp3

    Belle lumière
    Un peu de vent
    Et l’Art Ensemble of Chicago

    Nous prenons un café avec Lola
    Dans le jardin comme il y a trois ans
    Et nous reprenons le dialogue où nous l’avions laissé

    De même, avant que le jour s’en aille
    Nous allons marcher sur la piste voisine
    Merveilleuse marche battue par le vent

    Au loin
    Est-ce possible ?
    La Corse !

    Et dans notre dos
    Les massifs enneigés
    Des Alpes du Sud

    La conversation se ressert
    Devient plus dense
    À mesure que nous marchons dans le noir

    Parfait chili sine carne
    Avec les enfants
    Rires et bonne humeur

    Le soir à la table
    Des conciliabules
    Nuit d’hiver, vent dehors, fort

    #mon_oiseau_bleu

  • Mon inconscient a du se tromper de date
    Et me livre ce matin, lendemain de mon anniversaire
    Un récit tout prêt à être développé en roman

    L’écriture des films de fiction
    Se fait désormais
    En images de synthèse

    On charge un script
    Et un programme
    Crée les images du film

    Le programme est désormais
    Accessible au grand public
    Qui se noie dans ses propres images

    Les films amateurs sont téléchargés
    Sur des plateformes en ligne
    Et tout un chacun partage ses fictions

    Les fictions professionnelles
    Celles ourdies par de vrais cinéastes
    Sont entièrement délaissées

    Des grilles d’évaluation des fictions
    Sont sous-jacentes sur les plateformes
    Et, en soute, l’Intelligence Artificielle veille

    Des fictions cinématographiques
    Sont de plus en plus souvent crées
    De toutes pièces en Intelligence Artificielle

    Les fictions générées en IA
    Remplacent désormais
    Les fictions amateur, tombées de mode

    Les fictions générées en IA
    Continuent d’être évaluées
    Par les utilisateurs des plateformes

    On ne vit plus désormais
    Que dans un monde de fictions
    Auto-générées par critères

    Et dans mon rêve je raconte
    Cette dystopie à la manière
    D’un script prêt à être chargé

    J’emmène Émile
    À une analyse de sang
    Laborantines compréhensives

    Nous arrivons fort tôt au rendez-vous
    Chez le psychologue d’Émile à Bondy
    Petite marche le long du canal

    Pendant la séance je vais au café turc
    Je n’ai plus d’argent liquide
    Je propose de laisser mon téléphone en gage

    La cafetière et un client se marrent
    « Mais enfin gardez votre téléphone
    Et allez chercher de l’argent ! »

    C’est bien un truc de Français ça
    De ne pas pouvoir se faire confiance
    Pour le prix d’un café

    Je paie mon café
    Propose d’en offrir un
    À la cafetière, sourire

    « Il
    Va
    Mieux ! »

    On passe chez Clément
    Le temps d’un café
    Brève conversation

    On parle de droits d’auteurs
    De leur tyrannie
    De celle du fils Queneau

    Et, c’est la première fois
    Que je fais cela : je m’adresse à une borne
    Dis borne, date du décès de Raymond Queneau ?

    Voix de la borne, robot féminin
    Raymond Queneau est mort
    Le 23 novembre 1976/ Paix à son âme !

    Et j’ironise avec Clément
    À propos de ma facilité d’adaptation
    À un nouveau monde, pas si vieux le vieux

    Et j’ironise avec Clément
    Que déjà j’appelais conversation bio
    Quand on ne vérifiait rien sur Internet

    Désormais dis-je à Clément
    Il faudra parler de conversation
    Sans borne ?

    Repas de restes avec Émile et Zoé
    Zoé léger état grippal
    Émile pleine forme aux échecs

    Sieste sans anguilles
    Par acquit de conscience
    Au programme du ciné : Coco !

    Plaisir quasi régressif
    Emmener Émile et Zoé
    Au ciné voir un dessin animé

    Et comme souvent
    Singulière surprise
    Coco est un chef d’œuvre

    Zoé et moi sommes indécrottables
    Fous rires
    Quand toute la salle pleure

    On passe par la boulangerie
    Dernier goûter des vacances
    Avec eux : « c’est l’enfance maltraitée ! »

    Je cuisine mes restes
    J’imagine la tête de mes co-voitureuses
    Demain sur une aire d’autoroute

    http://www.desordre.net/musique/aec002.mp3

    Je me prépare
    Quelques disques pour la fin du voyage
    De l’Art Ensemble of Chicago, du Zorn aussi

    Je peine à trouver le sommeil
    Mélange de veille de départ
    Et de maison seul

    #mon_oiseau_bleu

  • Vague souvenir d’une descente
    De montagne vers le rivage
    De New York de nuit. Tellement beau !

    http://www.desordre.net/musique/brahem.mp3

    Ça fait une semaine
    Que le disque d’Anouar Brahem
    Ne quitte pas la platine

    Rangement
    Par petites
    Touches

    J’envoie Zoé chez la docteure
    Pour une conjonctivite
    Elle revient avec la grippe. Zoé !

    Mes parents raccompagnent Émile
    Déjeuner quiche et clafoutis
    Café et palabres

    Un peu de rangement
    Des parties d’échecs
    Et un peu de rangement

    Je pars faire les courses
    Du festin de la 2017ème commémoration
    Du massacre des innocents

    Fruits de mer en solde
    Makis, sushis, sashimis
    Crevettes sauce aux huîtres

    Et un tiramisu
    Pour graisser
    Le tube digestif

    La longue préparation du riz pour les sushis
    Les parties d’échecs récréatives
    Le dîner sommaire, rire des enfants

    Émile choisit un film d’action
    Oblivion
    Je dois t’aimer pour regarder ça !

    Les enfants couchés
    Je continue de peiner
    Sur Frôlé par un V1

    #mon_oiseau_bleu

  • Pas le moindre rêve ce matin
    L’inconscient en grève ?
    Ou simplement repus ?

    Dernier marché
    Pour Brigitte, elle voudrait me donner
    Des cœurs de poulet dont je raffolais

    « - Je ne mange plus de viande
    – Non ? - Qui aurait besoin de viande
    En mangeant d’aussi bons légumes ? »

    Les discussions avec ma maraîchère
    Vont terriblement me manquer
    De même ses kakis et ses tomates vertes

    Je te souhaite de passer
    Un bon Noël
    ( Ça on ne se l’était jamais dit)

    Jamais
    Où on l’attend
    Jamais

    http://www.desordre.net/musique/brahem.mp3

    Émile et Zoé
    Préparent le dal de midi
    Anouar Brahem

    Puis, plus rien
    Pas le moindre message, silence
    Que je n’essaie plus d’interpréter : libre !

    Sieste bienfaisante
    Et puis je m’attèle au dessert
    Et puis je joue aux échecs avec Émile

    On fait de sacrées parties
    Le plaisir de se donner mal au crâne
    Et de regretter certaines erreurs, ensemble

    Quand Sarah rentre
    Je mets le dîner en route
    Raclette et clafoutis

    Je sers un petit verre
    De Jurançon
    À mes grands

    On fait le bilan
    De cette année
    Tout juste écoulée

    C’est qu’il s’en est passé
    Des choses
    Cette année !

    Sarah a eu son bac
    Émile, et bien Émile, désormais confiant
    Zoé a brûlé les planches de la scène Watteau

    – Et toi Papa ?
    – Moi trois fois rien
    – Ben quand même et ton livre ?

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/20160917_apnees_autun.mp3

    Oui, mon livre
    Et puis l’Étreinte
    Et puis Apnées

    Une Fuite en Égypte
    L’Étreinte avec Adrien
    Apnées avec Dominique et Michele

    On débarrasse
    Sarah nous met le dernier OrelSan
    Qu’on écoute de bout en bout dans les canapés

    Je ne complimente pas mes filles
    Pour leur vénération d’un pareil misogyne
    Et je repense à une émission de FC : au secours !

    On regarde Bright
    Je suis saisi, deux soirs de suite
    Par l’anormale bêtise du divertissement

    Il est tard
    On s’embrasse
    Un Noël tout simple

    J’écris un peu
    Je bouquine un peu
    Je pense un peu à elle

    #mon_oiseau_bleu

  • Il s’en est fallu de pneu
    Que le rêve de cette nuit
    S’enfuit, retenu in extremis à un fil

    Un fil
    Un cheveu
    Un cheveu roux

    Je travaille de nouveau à Clermont-Ferrand
    Je rentre tous les soirs à Paris par le pneu
    Je passe devant le Tracé provisoire

    Balance en cours, pas répétition
    La musique improvisée cela ne s’improvise pas
    Je n’irai pas au concert de ce soir

    Je propose aux enfants encore petits
    Un concours de maquettes
    Avec imprimante tri dimensionnelle

    Ils sont moyennement motivés
    Et veulent prendre le pneu
    Pour aller prendre le goûter aux Rigaudières

    Nous sommes retenus pour le dîner
    Ce qui va m’obliger à sécher le travail demain
    À travailler en mode fantôme

    Je sais quoi offrir
    Pour la nouvelle année
    A mon psychanalyste : ce rêve !

    Ce matin les enfants sont
    En autonomie parfaite je les entends
    Partir à leurs différents établissements, de mon lit

    http://www.desordre.net/musique/brahem.mp3

    Café noir
    Tartines
    Anouar Brahem

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/agnel_minton.mp3

    L’entièreté de mon rêve cette nuit
    M’est revenue en apercevant
    Les tranches des disques de Sophie

    Et
    Tout
    M’est revenu

    Pour gagner deux heures de sommeil
    Le premier sinistre nous a fait perdre
    Un demi-million d’euros, peigne-cul

    Et on ne parle même pas
    De l’empreinte carbone
    D’un vol de douze heures à vide

    Je sais c’est mal
    Mais je voudrais tuer ce peigne-cul
    En lui faisant respirer cette inutile pollution

    Musique à fond
    Range ta chambre
    Nom de nom ! Et il le fait

    On y voit un peu plus clair
    Mais comme chaque fois
    Après un tel rangement : je suis sec !

    Une anguille de sieste assez curieuse
    Je fais réparer ma guitare électrique
    Je peins un aileron de requin dessus

    Je réapprends à jouer de la guitare
    Même mal, je la branche à la console MIDI
    Et je me lance dans un nouveau spectacle

    Dois-je piloter les images avec la guitare
    Ou jouer de la guitare avec les images ?
    Réponse dans une douzaine d’années !

    Je sors de cette sieste
    Je fourre ma guitare dans sa sacoche
    Et je file chez le luthier. Fermé

    À la librairie je croise mon amie Joëlle
    Mais qu’est-ce que tu as dans ton dos ?
    Ma vieille guitare électrique

    Joëlle, musicienne, violoniste
    Tu joues de la musique maintenant ?
    Non des images que je vais piloter avec elle

    Joëlle me raconte des choses pas drôles
    Il pleut une pluie anglaise, insidieuse
    Mais on est content de se revoir

    Une fois par an
    Je me rends à la cathédrale locale
    De consommation

    Chaque année
    J’ai le sentiment d’assister
    À la fin de l’humanité

    Chaque année
    J’ai le sentiment d’être habillé
    Comme un clochard, d’être regardé

    Chaque année
    Je trouve avec les enfants
    L’occasion d’en rire. Jaune

    Soupe de courge
    Mozzarelle et huile d’olive
    Long débat sur qui fait la vaisselle

    Je me fais remettre
    À ma place
    Aux échecs par Émile

    Le soir je reçois un mail d’Hélène
    Qui me raconte une vieille histoire
    Entre nous, une histoire d’arbre

    L’accompagnant à Curie
    On imagine bien pourquoi
    Elle avait reproché l’absence d’arbre

    J’avais traversé la rue d’Ulm
    Monté dans les étages des Arts Déco
    Et dessiné un arbre

    Aujourd’hui je peux bien lui dire
    Sa chambre c’était celle de ma mère
    Vingt ans plus tôt pour le même animal à pinces

    C’est la chambre de celles
    Qui s’en sortent très bien
    Ma mère en 1988, Hélène en 2009

    #mon_oiseau_bleu

  • http://www.desordre.net/musique/habka.mp3

    Conte oriental (non, pas si loin)

    Il était une fois. Il était une fois un instrument ventru joué par une toute petite fée, très mignonne la toute petite fée. Il était une fois une mandoline qui venait de loin, de très loin, de l’Orient, non peut-être pas de si loin. Et la joueuse de mandoline était une autre fée, très mignonne aussi et pas très grande non plus ? et d’ailleurs sa mandoline n’était pas une mandoline mais un oud, une mandoline orientale, non, pas si loin, et pas vraiment une mandoline. Ces deux fées ne parlaient pas la même langue mais avaient inventé une manière bien à elles de se raconter des histoires, des charades et se réciter des poèmes. En fait elles n’étaient pas vraiment des fées ? mais elles étaient vraiment mignonnes et vraiment pas très grandes ? non pas des fées. Ça va bien comme ça, les contes, tout le monde sait que rien n’est vraiment vrai dans un conte. C’est juste que j’avais envie, une fois, une toute petite fois, de commencer une histoire par Il était une fois , comme si je la racontais à une petite fille, parce que cette histoire est une histoire de filles (très mignonnes) et une affaire de femmes (pas très grandes). Non, l’histoire que je voudrais raconter est une histoire vraie, mais parfois les histoires vraies ressemblent à des contes, elles se déguisent, sans compter que parfois aussi les contes aimeraient bien qu’on croit en eux et se déguisent, eux aussi, en histoires vraies. Donc je reprends, deux fées pas très grandes : les deux musiciennes qui n’étaient pas des fées, étaient, en revanche des femmes puissantes, deux femmes puissantes, qui avaient de sacrés-satanés pouvoirs aux bouts des doigts ? c’est pour cela que j’ai pu les confondre, un moment, avec des fées. Avaient-elles des armes ? Oui. Des arcs. Des arcs sans flèches. Elles ouvraient ces arcs qui n’envoyaient pas de flèches, non, de vrais arcs, des arcs qui maintiennent les assaillants à bonne distance. L’archère orientale, non pas de si loin, un peu avant, et son oud tout doux se servait, en plus, de cordes secrètes, des cordes invisibles et en jouait redoutablement. Avec ses cordes, invisibles-vocales, elle électrisait, immobilisait ou, plus exactement, elle enveloppait les assaillants et ces derniers devenaient doux, tout doux dis donc, on a même vu, un soir, une armoire à glace fondre, bouleversée ? ça fait toujours un drôle d’effet une armoire à glace qui pleure, mais parfois les armoires à glace sont sensibles, faut pas croire ?, au premier rang. Parce que les foules qui voulaient s’approcher des deux petites (et mignonnes) archères devenaient plus nombreuses et plus touffues, les deux musiciennes ont levé une armée, une petite armée, un trio, d’archers, mais des archers très forts, très puissants, notamment le plus petit des trois archers qui, lui, venait de loin, de vraiment très loin, de plus loin encore. Ces puissants archers se sont assis avec leurs arbalètes à la droite ? à jardin ? des deux musiciennes et le pouvoir de ces deux dernières a été décuplé, mais elles n’en abusaient pas, il est même possible, c’est même sûr, que tel le grand magicien, le plus grand magicien de tous les temps, elle aient tout ignoré de leurs immenses pouvoirs, parce qu’ils sont vraiment immenses ? Les Pouvoirs de la parole tels que René Daumal a tenté de les décrire, tout en sachant qu’il échouerait, parce que René Daumal ( http://desordre.net/textes/bibliotheque/daumal.html ) était, lui-même, sans le savoir, un puissant magicien, ignorant de ses pouvoirs, comme les grands magiciens, astuce suprême des pouvoirs magiques que de se cacher chez des hôtes qui ignorent tout de la magie, mon comptable est un magicien, il l’ignore, mais je dévie, c’est souvent que je dévie. La magicienne à cour a même ouvert la mer en deux, sur ses partitions la musique courait de gauche à droite, mais la poésie de ses paroles, en arabe, elles, les paroles, courait, elle, la poésie, de droite à gauche et c’est sans doute dans cette gouttière, là où les notes ne sont plus accrochées à leur portée, que coule cette magie de pouvoirs qui s’ignorent. Tel le capitaine Haddock, pas plus malin, dans Les Sept boules de cristal , je suis allé plusieurs fois au music-hall pour tenter de percer à jour tant de magie. Hier soir la lame est passée à ça... Mais que croyez-vous ? que l’on puisse percer à jour les plus grandes magiciennes qui soient ? Caramba ! encore raté !

    La musique de Kamilya Jubran et Sarah Murcia échappe, élude, et résiste à la description, elle se dérobe à l’étreinte, on voudrait la capturer, notre main se refermerait sur du vent, le vent d’un air marin, d’un air poisseux et méditerranéen, et dans votre paume, le souvenir du sel, pas n’importe quel sel d’ailleurs. La musique de Kamilya Jubran et Sarah Murcia est comme le silence, elle disparait dès que l’on murmure son nom.

    Comme le capitaine Haddock, pas plus malin, chaque fois que j’ai tenté de comprendre le mystère de tout ceci, j’ai reçu des décharges qui me maintenaient loin, non pas si loin, et qui me disaient : « mais enfin, écoute, écoute avec ton cœur, pas avec ta tête, et peut-être, enfin, tu auras l’intuition, tu ne résisteras pas, plus, tu laisseras les poils sur tes avant-bras se dresser, tu te laisseras envelopper sans étreindre toi-même, tu te laisseras toucher, là même où peu de mains finalement se sont aventurées, du côté de toi qui n’existe que par intermittence et enfin, tel Saint Thomas, tu verras (entendras), toucheras (te laisseras toucher) et tu pourras croire et cesser au contraire de croire que tu peux tout décrire, et in fine tout décortiquer-expliquer. Au risque de tout casser et de tout détruire dans des tentatives dégoûtantes de vivisection. »

    J’étais guéri. Enfin. Comme par magie. Il était temps. Merci.

    Ce soir Kamilya Jubran et Sarah Murcia jouent à la Dynamo de Pantin : le concert de l’année.

  • Nouvelle émission de télévision
    Un quiz de culture générale
    Contre Sarkozy (mon inconscient se moque)

    Mon inconscient se moque
    Et fera moins le malin tout à l’heure
    C’est mardi c’est psy

    Je dépose Sarah à la gare
    Je dépose Zoé au collège
    Je dépose Émile à l’EMPRO

    Je retourne à la maison
    Je me fais un café, je ne me jette pas
    Sur les papiers mais sur Mon Oiseau bleu

    J’imagine qu’il y aurait une solution
    Qui consiste à parler de mes difficultés
    Du moment dans Mon Oiseau bleu

    Mais je doute beaucoup
    Que cela contribuerait
    A faire avancer les choses

    Et qui, plus tard
    Aurait envie de lire
    Ma correspondance avec la MDPH ?

    Même
    Pas
    Moi

    Même pas
    Ma conseillère
    À la MDPH, la pauvre

    N’empêche, toutes proportions mal gardées
    Les personnes qui reçoivent mes correspondances
    Ne doivent pas toutes goûter mon style d’écrivain

    Pourtant de telles correspondances
    Sont signées de mon nom, le même
    Que sur la couverture d’Une Fuite en Égypte !

    Toutes proportions mal gardées
    Je me demande comment Proust
    Traitait ses mails à la Sécurité Sociale

    À : CPAM
    De : Marcel Proust
    Re : Panne et entretien de respirateur

    À : MDPH
    De : Franz Kafka
    Re : Lit adapté à nouvelle condition

    À : CHCT
    De : Herman Melville
    Re : boreout dans l’open space

    Ne pouvant égaler
    Le jeu étincelant de McEnroe
    J’imitais très bien ses colères

    Ne pouvant pas égaler
    L’écriture admirable de Proust
    Je me rabats sur les difficultés respiratoires

    J’en étais sûr
    Mon inconscient fait un peu moins le matin
    Les mardis en début d’après-midi

    Psy : - Un peu littéral non ce rêve ?
    Ego : - Vous trouvez ?
    Psy : - Votre père n’est pas très grand non ?

    Ego : - Et le quiz ?
    Psy : - Vous voulez dire les questions ? Ego : ? Oui
    Psy : - Répondez-y ! Ego : Ah oui, pas con !

    Psy : - Et A. reparue en rêve ?
    Ego : - Pas récemment, sauf un il y a deux semaines
    Psy : - Et ? Ego : - C’est très bref

    Psy : - Dites ! Ego : - je nage au fond d’une piscine
    Je nage vers elle, je lui retire son maillot de bain
    Et je la tripote Psy : - c’est tout ?

    Ego : - Nous sommes surpris
    Je m’enfuie d’une longue apnée
    Psy : - Une apnée ?

    Ego : - Une apnée heureuse,
    Mais mes rêves d’apnées sont nombreux
    Je souffre d’apnées du sommeil

    Ego : - Mais je suis appareillé
    Donc mes rêves d’apnées
    Sont toujours des rêves heureux

    Psy : - Vous ne vous étouffez jamais en rêve ?
    Ego : - Avant plusieurs fois par nuit
    Appareillé, plus jamais

    Psy : - Qu’est-ce qu’une apnée heureuse ?
    Ego : - Des rêves dans lesquels
    Je suis Johny Weissmüller

    Psy : - Vous voulez dire Tarzan ?
    Ego : - Oui, je nage pendant des heures sous l’eau
    Comme les effets de montage dans Tarzan

    Psy : - Vous voyez toujours les ficelles ?
    Ego : - Quand elles sont aussi grosses !
    Psy : - Même enfant ?

    Ego : - Oui, déjà enfant
    Comme de remarquer que c’étaient toujours
    Les mêmes séquences remontées dans les films

    Psy : - Un exemple de film
    Ego : - L’Homme qui valait trois milliards
    Psy : - Je ne m’en souviens plus

    Ego : - Cela ferait un bon titre
    Psy : - Qu’est-ce qui ferait un bon titre
    Ego : - Je ne me souviens plus

    Psy (sourire)
    Ego : - Aujourd’hui j’ai mis longtemps
    À vous faire sourire

    Psy (sourire) : - Déjà
    Avec Johnny Weissmüller
    Ego : - C’est qu’on se donne du mal

    Psy : - Et Johny Weissmüller ?
    Ego : - Je suis Johny Weissmüller
    Chaque fois que je vais à la piscine

    Psy : - Vous nagez beaucoup ?
    Ego : - Je fais Paris-Compiègne
    Chaque année

    Et la sonnette de la personne suivante
    A sonné le coup de sifflet final
    Un score nul en somme

    Les adversaires se sont serré la main
    Est-ce qu’un jour Mc Enroe et moi
    On se fera une haie d’honneur ?

    Psy : - À la semaine prochaine
    Ego : - Je croyais que…
    Psy : - Vous avez raison, au 9 janvier

    Ego (intérieurement) :
    – Pourquoi cet acte manqué ?
    Il regrette déjà que ce soit fini ?

    Retour à la maison
    Sur l’autoradio je me passionne
    À écouter un fiscaliste !

    Tout le pouvoir
    Au fiscaliste
    Sans rire !

    J’essaye des trucs
    Je bouinnasse
    Je ne fais rien de bon

    Le technicien de mon respirateur arrive
    Homme jovial qui se marre tout le temps
    Refuse poliment le café, pas la conversation

    C’est qu’on apprend de ces trucs
    En regardant les statistiques
    D’utilisation de cette machine

    Je dors 7 heures et deux minutes
    Par nuit en moyenne
    Mes stats ressemblent à un clavier

    Cinq notes enfoncées,
    23h00 - 06H00, deux notes non jouées
    00H00 - 07H30, samedi et dimanche

    Voilà bien l’anarchiste que je suis
    Plaisantant avec les agents de police le soir
    Et dormant comme un loir

    http://www.desordre.net/musique/reich.mp3

    Un loir qui serait
    Comptable
    Ou qui jouerait du Steve Reich

    « Et un jour vous pensez
    Que cela enregistrera les rêves ? »
    Tête du technicien

    Je rejoins Émile chez l’orthophoniste
    Intelligence de la discussion
    Bienveillance et compétence, dévouement

    En sortant je propose à Emile
    D’aller boire un coup
    « Et mon goûter ? », demande-t-il

    – Pâtisserie orientale ?
    – D’accord
    Rue de Paris

    La dame nous donne un plein sac
    De fourrés aux dattes
    Pour trois fois rien

    C’est en ressortant
    Que je me souviens que son fils
    Était dans la même classe qu’Émile

    Au BDP, où j’ai mes habitudes
    On ne connaît pas mon fils
    Mais on le reconnaît

    Gratin de patates douces
    Omelette au basilic
    Calendrier de l’avent autogéré

    Lucky
    De John Carroll Lynch
    Avec (l’immense) Harry Dean Stanton

    Pas forcément un chef d’œuvre
    Mais je peux regarder HDS
    Dans n’importe quel navet

    Quelle émotion et quelle tristesse
    De se dire qu’il est effectivement mort
    Quelques temps après ce tournage

    À la fin de Lucky, il ne meurt pas
    Alors qu’il marche vers la mort
    Après Lucky, HDS, lui, est mort

    #mon_oiseau_bleu

  • https://filmstreams-production.s3.amazonaws.com/uploads/_1200x675_crop_center-center_75/StopMakingSense1.jpg?mtime=20170908134717

    Je participe à un débat télévisé
    Avec Sarkozy comme adversaire
    Je fais preuve d’esprit d’escalier

    Pourquoi est-ce que mon inconscient
    Cherche à m’humilier de la sorte ?
    Attends voir demain qu’on aille chez Psy

    J’entame une semaine dans laquelle
    Je me suis promis de tordre le cou
    À toutes les tracasseries administratives

    Ça commence un peu fort
    Avec les allocations familiales
    Tension interne à tout rompre

    Mais pourquoi est-ce que ça
    Oui, ça, me met dans un tel état ?
    Suis-je aussi peu au clair avec moi ?

    Je soupire
    Je soupire tellement fort
    Pas un soupir de samouraï, pourtant

    Cela se passe nettement mieux
    Avec la mutuelle
    Plus mutuelle ? Moins allocative ?

    Je m’autorise une petite heure
    D’écriture non administrative
    J’achève une passe de corrections du V1

    Déjeuner de restes
    Hyper bons
    Meilleurs réchauffés

    Je retourner à gravir ma montagne
    De formalités administratives
    J’écris à un juge ! Oui

    Je me passe des vieux disques
    Pour me donner du courage
    Des fois ça marche, d’autres fois non

    Je passe prendre
    Un café sans café
    Chez Clément

    Incroyable
    Ce que je peux lui confier
    À lui et à sa sœur

    Un jour vous rencontrez
    Deux adoleschiants
    Vingt ans plus tard…

    Je file rejoindre
    Zoé
    Chez sa psy

    C’est la dernière fois
    Que je l’accompagne
    Elle ira seule désormais, émus

    Retour dans deux wagons
    Séparés de métropolitain
    Ultime test avant lâcher

    Darnes de saumon
    Riz
    Fromage

    http://www.desordre.net/musique/talking_heads.mp3

    Je monte au Kosmos
    Ciné-club, cycle musique
    Stop Making Sense de Jonathan Demme

    Assez marrant un cinéma
    Rempli d’anciens fans
    Des Heads, quinquagénaires

    Assis à côté de moi
    Thomas de Porchery
    Qui vit la chose intensément

    Film jonché de capsules proustiennes
    Inattendues, méta involontaires en somme
    Comme Heaven : the band is playing my favorite song

    En revanche je ne me souvenais pas
    Que David Byrne était à ce point
    Une bête de scène, une pile électrique

    Et tout le film a un petit côté arty
    American art school des années 80
    Qui (me) fait sacrément son effet

    Petit verre
    Puis petit verre a casa
    Avec Nicolas

    Je descends le déposer au métropolitain
    Inattentif et dévié, je prends un sens interdit
    En face une voiture de la maréchaussée

    Agent : - bah alors on a trop bu ?
    Moi : - comment savez-vous que je suis alcoolique ?
    Agent : - et le panneau de sens interdit ?

    Moi : - pas vu, mais pris
    Agent : - c’est 90 euros et 4 points
    Moi : - c’est cher mais c’est juste

    Agent : - ?
    Moi : - dura lex sed lex
    Agent : - ?

    Agent : - Vous passez souvent ici ?
    Moi : - Tous les jours, c’est la déviation
    Qui m’a enduit d’erreur

    Agent : - Quelle déviation ?
    Moi : - Au niveau de la piscine
    Agent : - vous buvez pour aller à la piscine ?

    Moi : - Toujours monsieur l’agent
    Pour nager plus vite, cela me donne des ailes
    Agent : - un vrai poisson-volant

    Moi : - Il existe aussi des poissons volants,
    Mais ils ne constituent pas la majorité du genre
    Agent : - Je vois on connait ses classiques

    Moi : - Hic !
    Agent : - Bon allez faites une manœuvre
    Et joyeux Noël

    Moi : - Merci vous êtes débonnaire
    Agent : - Qu’est-ce que vous avez dit ?
    Moi : - Que vous étiez juste et bon

    Agent : - Mais c’est quoi le mot que vous avez dit
    Moi : - Débonnaire comme dans le juge est débonnaire
    Comme dans Le Juge de René Gosciny

    Agent : - Bon allez circulez
    Moi : - Merci
    Nicolas (consterné) : Débonnaire ? T’es sérieux ?

    Moi : - Tels ont toujours été mes rapports
    Avec la police, gentiment décalés
    S’ils savaient…

    Nicolas : - Quel anarchiste !
    Moi : - Je suis un anar qui traverse dans les clous
    Pour minimiser le dialogue avec la police (Brassens)

    Du coup je raconte à Nicolas
    Comment ayant calé à un carrefour
    Devant une voiture de police à Chicago

    Cop : - what seems to be the trouble son ?
    I : - car ain’t starting, not mine, I ain’t have its papers
    Ain’t have a proper driving lessons

    I : - Aint’t have a proper ID, I’m an illegal alien
    Behind is the food for 50 people
    I’m getting married in two hours

    Le flic a bloqué le carrefour
    M’a dit, tout sourire : « no pressure son ! »
    Je suis reparti dans un nuage de fumée noire

    Avec la camionnette de Stu à Leo’s
    Le premier décembre 1990
    Stu s’est tué trois mois plus tard dedans

    Je ne savais pas
    Que je passais la soirée
    À Chicago ce soir, en 1990 !

    Et cela me fait tellement plaisir
    De repenser à Stu, le serveur de Leo’s
    Qui goûtait les plats de ses clients

    #mon_oiseau_bleu

  • Rêve
    D’apnées
    Heureuses !

    Faute de pain frais
    Il fait froid, pas envie de m’habiller
    Des biscottes font l’affaire, souvenir paternel

    Je remonte dans ma chambre
    Café en main
    Prêt à en découdre

    http://www.desordre.net/musique/tom_waits.mp3

    Tom Waits
    Me tient compagnie
    God’s away on business

    Les aubes paresseuses
    De l’hiver sont excellentes
    Pour ma concentration

    Le sentiment
    Que le jour ne se lève pas
    Mon écriture est anormalement fluide !

    Une demi-douzaine
    De pages
    Sans effort, presque

    Longue conversation
    Téléphonique avec Julia
    Une heure et dix-sept minutes !

    Coquillettes au beurre
    Je suis allé vérifier la recette
    Dans Une Fuite en Égypte

    Café
    Sieste
    Métropolitain

    Vers la gare Saint-Lazare
    Je suis accosté par une très belle femme
    B. ! Comme moi en avance

    Nous prenons un café
    Au Mistral
    La serveuse a l’accent du Ch’Nord

    Les idées si souvent surprenantes de B.
    Allons à la chapelle exutoire de Louis XVI
    Visiter l’exposition de Simone Pheulpin

    Les sculptures de Simone Pheulpin
    Surprennent à tant d’égards
    Et cachent une mine d’épingles

    La chapelle exutoire de Louis XVI
    Drôle d’endroit pour une exposition
    Drôle d’endroit tout court

    On marche d’un bon pas
    Jusqu’au Jeu de paume
    Pour les vidéos d’Ali Kazma

    Découverte d’un travail très singulier
    À la fois formel, plastique, narratif
    Et finalement documentaire : beau surtout

    Ali Kazma va chercher la beauté
    Partout, tout simplement partout
    Et il la trouve ! Et la souligne

    Dans un même regard
    On peut voir la neige tomber
    Dans une cour de prison et

    Dans un même regard
    On peut voir deux robots
    Tentant d’interagir et

    Dans un même regard
    On peut voir une patiente
    Se faire opérer du cerveau, consciente

    Et, dans ce même regard
    On peut voir des étudiants de médecine
    Suivre un cours d’anatomie et disséquer un homme

    Voir
    Une usine
    De verres

    Sur
    Trois
    Écrans

    Un atelier de céramique
    Une usine de pipeline
    Une station polaire abandonnée

    Un clerc qui tamponne très vite
    Un tatoueur
    Un calligraphe lent

    Un taxidermiste au travail
    La sauvegarde des graines du monde
    Une fouille à Bibracte

    La maison d’Alberto Manguel
    Un musée d’avions
    En fait tout un monde

    Un
    Art
    Vidéo

    Tofu frais et poissons séchés
    Riz et beignets de crevettes et de légumes
    Et une immense bouteille de bière japonaise

    On marche jusqu’au palais Garnier
    Regard rapide sur la façade
    Et déjà le temps de se dire au revoir

    Échange de messages
    Dans le métropolitain
    Avec Clément

    http://www.desordre.net/musique/brahem.mp3

    Sitôt arrivé à la maison
    Sitôt première écoute
    Du dernier Anouar Brahem

    Batterie de Jack DeJohnette
    Et contrebasse de Dave Holland
    Django Bates fameux pianiste

    Et toujours
    L’oud
    Tout doux

    #mon_oiseau_bleu

  • Je convaincs
    Mathieu et Jérôme de devenir
    Les éditeurs de l’accaparement des terres arables

    Petit-déjeuner silencieux
    Dépose à la gare silencieuse
    Autoradio finalement silencieux

    Je partage désormais
    L’open space avec un collègue
    Aussi matinal que moi : il allume

    La beauté de l’open space
    Dans les ténèbres
    Disparaît : tout fout le camp

    Café
    Et
    Chocolat

    L’open space
    Comme lieu de travail
    Versus le Musée de la Danse

    Toujours ces transitions difficiles
    Finalement comme des fins de rêve
    Un jour dans la lumière, le suivant dans la masse

    J’écris un poème
    Sur mon ordinateur de genou
    Posé sur le zinc

    Rendez-vous de psychanalyse
    Décalé, c’est lundi c’est psy
    « - Des rêves ? - Oui, éveillé ! »

    Je pars chercher Zoé à la gare
    Olivia Gisbert reçoit Échenoz
    Elle parle pour lui, on ne l’entend pas

    D’un autre côté
    Échenoz ne dit rien
    Il est plus fort à l’écrit

    Un monde fou dans la gare
    Un incident informatique
    Et c’est le désordre !

    Beauté d’un train à douze wagons
    Les six premiers vides
    Les six suivants, bondés. Service ?

    Zoé descend du wagon
    Une chiffe molle, épuisée
    Je la reçois dans mes bras

    Incurie de la SNCF
    24 heures de retard
    Le service est rendu, dit-on

    J’imagine que c’est avec de telles non-compensations
    Que l’on peut dégager de belles primes
    Pour la nouvelle sinistre des transports, autrefois à la SNCF

    Nous rentrons juste à temps
    Pour aller chercher Sara
    Dans son usine d’enfants

    J’ai oublié
    À la crèche
    Le D-O-U-D-O-U

    http://www.desordre.net/musique/comelade.mp3

    Mais qui aurait besoin
    D’un D-O-U-D-O-U pour danser
    Avec son Grand-Père sur Comelade ?

    Je fais le sanglier, le skateboard
    La scène d’Alien, des coquillettes au pesto
    Caca et on regarde l’Âge de glace

    Des rates au four
    Des fruits
    Émile, un peu absent

    Émile
    Qui me donne
    Qui nous donne tant de soucis

    Julia
    Repart
    Avec Sara

    Avec Émile et Zoé
    On regarde la fin
    De l’Âge de glace

    Je reprends les photos de Zoé
    Pendant les répétitions
    Bon sang ne saurait mentir

    Sarah finit fort tard
    Rentre fort tard
    Sera fort fatiguée

    Deux pages
    De Deux fois né
    Ont raison de moi

    #mon_oiseau_bleu

  • http://desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/20140126_partis_002.mp3

    Jean-Luc et Stéphane
    Fabriquent des trucs
    Dans une cave inaccessible

    Petit déjeuner
    Avec Bertrand
    Complicité désormais

    Dernier café
    Avec Adrien
    À la gare

    Comme
    Dans _Matrix

    Tu vois ?

    Longue absence
    Dans le train
    Paysage qui file

    Je m’astreins à un peu de lecture
    _Deux fois né
    de Constantin Alexandrakis
    Ça me reconnecte un peu, pourtant

    Dans le métropolitain, dans la rame
    Un mendiant joue la Chanson du petit lapin
    Dans les quatre langues : tu vas te faire pincer très fort !

    Il fait un froid mordant
    Il n’y a pas grand-chose à manger
    Longue discussion avec Sarah

    Je remets de l’ordre
    Dans une valise comble
    Je rebranche les ordinateurs : au travail !

    Au travail !
    Mais rien ne vient vraiment
    Pas facile de redescendre sur Terre

    Le soir je ressors, froid mordant
    Lotissement compagnie Man Haast au 104
    J’ai le trac pour eux, contagieux ?

    La fragilité du spectacle
    Les risques que l’on prend devant
    Des personnes seulement avides de plaisir

    Des personnes qui pour leur plaisir
    Regardent de biais les imperfections
    Et, ont, en fait, envie d’être émerveillées

    Et, avec Lotissement
    Possiblement
    Ont envie d’être violentés

    Le spectacle a gagné
    Tant d’épaisseur
    Et creuse désormais de tels sillons !

    Je retrouve Sarah
    On échange brièvement
    Grande table chaleureuse

    Est-ce seulement
    Quinquagénaire
    Que je découvre…

    … Que je découvre
    Mon bon plaisir
    Et mon désir : la scène !

    http://www.desordre.net/musique/eels.mp3

    Les Eels me raccompagnent
    Rompu de fatigue
    Anormalement libre en pensée

    #mon_oiseau_bleu