http://www.desordre.net

  • J’hérite d’un vaste domaine
    Avec abri souterrain
    De la taille d’une cathédrale

    Je concoure pour les élections présidentielles US
    On me reproche mon élitisme et mon accent British
    Finalement ça se joue au billard, je gagne, évidemment

    J’emmène Sarah à la gare
    Silencieuse
    Silencieux et une bise et à ce soir

    Je déjeune avec Zoé
    Silencieuse
    Silencieux et une bise et à ce soir

    Je croise Émile à la salle de bain
    Silencieux
    Silencieux et une bise et à ce soir

    Je travaille d’arrache-pied
    Je sais très bien
    À quoi je ne veux pas penser

    http://www.desordre.net/musique/davis.mp3

    Je pouffe à l’idée de Miles Davis
    Dans l’ascenseur du Music Center à Bâle
    Sifflotant l’air d’Ascenseur pour un échafaud

    J’ai connu un homme qui avait serré
    Les mains de Coltrane et d’Obama
    Sans doute le seul homme dans ce cas

    Les éco-gestes
    J’utilise des trombones
    À la place des agrafes

    « C’est le bonheur là non ? »
    Terrasse ensoleillée du BDP
    Si elle se taisait, oui

    La discussion dextrogène
    À la terrasse
    M’empêche d’écrire

    Je voudrais que la dame de droite
    Qui pérore à propos de sa réussite
    Se taise que je puisse relire une phrase longue

    Elle pourra reprendre son laïus libéral
    Quand j’aurais fini avec les phrases longues de mon texte
    Dit l’auteur d’ Une fuite en Égypte

    Je n’aime pas les gens ostentatoires
    Déclare cette femme en terrasse
    Fausse blonde, faux bijoux, vraies Ray-bans

    La facilité avec laquelle
    Mes contemporains
    Dessinent leur autoportrait flatteur

    C’est comme si les attitudes
    Désormais de mise sur les réseaux asociaux
    Descendaient dans la rue au grand jour

    Et on est beaucoup
    Le con de quelqu’un
    Et on existe que grâce à ces cons

    J’ai une force en moi
    Les gens me connaissent
    C’est ma marque de fabrique

    Amusant
    Je cherchais ce dernier ver
    Il m’est soufflé par les gens que je décris

    Réunion, un collègue
    Qui m’a longtemps nui est cerné
    Je ne goûte pas l’esprit de revanche

    Poursuivi par les nécessités du travail
    Jusque dans la cour de récréation
    Zoé médusée : son père au téléphone !

    Lundi matin papier
    La Domestication de l’art de Laurent Cauwet
    Deux fois né de Constantin Alexandrakis

    Dans la salle d’attente du CMPP
    Mes Fantômes (le tapuscrit)
    Le ventre ouvert

    Brève escale à la maison
    Émile a fait à manger : pâtes au pesto
    Je pars pour la Dynamo de Pantin

    Julien Desprez
    & Bob Mazurek
    Et beaucoup d’enfants intenables

    Quand Julien Desprez
    Canalise l’électricité de sa guitare
    En tapotant sur l’envers du manche

    Le concert de Twins
    Dure trop longtemps
    Début prometteur qui s’enlise

    C’est marrant
    Un concert
    Un lundi soir

    Je rentre épuisé
    Pas le moindre jus
    Pour écrire quoi que ce soit

    #mon_oiseau_bleu

  • Je me suicide
    Au tromblon
    Ça fait désordre

    Je me suicide
    Tout le monde s’en fout
    Cela me servira de leçon

    D’anciennes tomates au marché
    Des tomates vertes aussi, un cageot
    Odeurs de confiture

    Matin calme
    Un disque, des cafés
    Un coup de téléphone

    Gratin dauphinois
    Salade à la coriandre
    Fruits d’automne

    Et pourtant
    Je ne suis pas heureux
    Depuis ses messages de la veille

    Je devrais lui dire
    De me laisser tranquille
    Mais elle ne le mérite pas

    Je pars encourager mes copains
    Qui jouent contre Limay
    Par une journée radieuse

    Bastien fait un match plein
    Sûreté du jeu au pied, un placage énorme
    Et deux très belles échappées

    Léo entre avec vingt minutes restantes
    Apreté de ses placages
    Et de ses percées

    Une combinaison entre ces deux-là
    Trompent les adversaires
    Mais, aussi, hélas, le soutien

    Ils sont tellement contents
    Ils peuvent
    Ils ont tellement bien joué

    Embrassades à tout-va
    Sur le bord du terrain
    Corps qui tremblent encore

    Le cadeau que me font mes copains
    En me laissant les étreindre
    C’est comme si je jouais encore

    Chemin du retour à travers bois
    Émile et moi croisons
    De pauvres jeunes femmes

    Tout autour le bois grouille
    De gens endimanchés de lumière
    Et elles semblent quand même trouver clients

    Je n’irai donc pas au Tracé mardi
    Franchement, ça fait chier
    Je sais ça fait chier dans un poème !

    Et les téléphones de poche
    Font chier aussi
    Jamais tranquille

    Je veux absolument prolonger
    L’après-midi divine
    J’emmène Zoé et Émile marcher un peu

    Tout le Val-de-Marne d’un regard
    Aux carrières et des marque-pages
    Jaunes comme s’il en pleuvait

    J’ai appris à aimer
    Les fins de dimanche
    Quand même l’air est détendu

    Quiche
    Salade
    Compote

    Une partie avec les Noirs
    Une partie avec les Blancs
    Une dernière avec les Noirs

    J’aide Zoé avec son devoir de maths
    Je suis admiratif de son opiniâtré
    Je me souviens quand j’étais découragé

    Mais
    Pas
    Zoé

    Finalement je ferme
    Le fichier de bloc-notes
    Dans lequel je brouillonnais un mail

    Le système d’exploitation
    Émet un couinement
    Sûr ? Oui, sûr, après six mois

    Sensation en ce dimanche soir
    De portes qui se ferment
    Moi-même…

    Retourne travailler
    Après deux minutes au-dessus du tapuscrit
    Des Fantômes , ça va déjà (un peu) mieux

    Sans compter l’anguille de sieste
    C’est tellement rare que j’en attrape une
    Je présente Raffut aux représentants d’Actes Sud

    On marche dans les rues d’Arles
    On passe devant Saint-Sophime
    Devant le massacre des innocents

    Il est tard, je suis seul, terriblement seul
    Je travaille, j’écris, mais à qui j’écris ?
    À vous, à qui voudra bien m’enlacer ce soir

    Et c’est finalement
    Émile, longuement
    Qui me prend dans ses bras


    #mon_oiseau_bleu

  • Je démarche auprès
    Du ministère de la culture
    Soudanais, quand soudain…

    Sur le chemin du collège
    Zoé fait d’excellentes imitations
    De voix de chauffards, Connard !

    Sur le chemin du collège
    Zoé s’est fabriqué une nouvelle grimace
    Strabisme partiel d’un seul œil

    Sur le chemin du collège
    Nous passons devant le stade de rugby
    Zoé imite la grosse voix d’un entraineur, accent compris

    Dans le jardin du psychologue d’Emile
    Je reprends le tapuscrit de Frôlé par un V1
    Tête du psy, apercevant l’écheveau de mon brouillon

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/20130306_noble_o_malley.mp3

    Café
    Je donne une dernière chance
    À un disque d’O’Malley

    Dans ce disque en duo
    Heureusement qu’il y a Steve Noble
    En charpentier à la batterie

    Malicieusement
    Cécile m’invite
    À son atelier d’écriture

    Je joue le jeu
    On sourit
    Sarah aussi

    Frédéric me parle de son travail
    Il construit des tunnels
    Des centaines de kilomètres

    Des centaines de kilomètres
    Qui sont creusés à raison
    De vingt mètres par jour

    L’excavatrice
    A un diamètre
    De vingt mètres

    Et ceci a lieu
    En ce moment même
    50 mètres sous nous

    Quand je pense que pendant
    Que Frédéric travaille à de tels tunnels
    Je teste des outils informatiques

    Un film de Zoé dejonckheere
    Ma fierté et ma reconnaissance
    À l’équipe enseignante

    Émile écrit ses souvenirs
    De Decroly :
    « J’avais des copains »

    Zoé
    Se souvient
    De gâteaux de gadoue

    Je me souviens de pelotes de déjection
    Décortiquées pour y chercher les os
    De petits rongeurs dont on reconstruisait le squelette

    Nouilles sautées
    Sur le pouce
    Je file à Gentilly

    Au Générateur
    Une première performance
    Prometteuse d’une jeune artiste

    « Entrer en contact avec le public » devient
    Elle embrasse une femme, caresse les cheveux d’un spectateur
    Boit dans le verre de l’une et se rue sur son compagnon

    Au Générateur
    Boomrang

    Lotus Edde-Khouri / Christophe Macé

    Les aventures de Lotus
    Toujours à la pointe
    Toujours en tension

    Une attention jamais relâchée
    Elle nous tient, elle me tient
    Et Christophe Macé parfait de courage

    L’intelligence du moindre détail
    Tout concoure, tout concorde
    En finesse et le travail sonore de JLG

    Lotus : « on a mangé du conté
    Ensemble à quatre heures du matin »
    Ensemble

    Avec Jean-Luc cette compréhension
    A la fois franche et à demi-mots
    Et pourtant nous nous connaissons si peu

    Et pourtant nous nous connaissons si peu
    Si, nous nous connaissons en vrai
    Au travers de nos travaux respectifs

    Ruban de périphérique
    Je raccompagne des amis musiciens
    Et les dépose à la Cité de la musique

    Il est tard
    J’écris un peu
    Fenêtre ouverte

    #mon_oiseau_bleu

  • Levé en sursaut
    Zoé qui buque ad’batinse
    Rêves envolés si rêves six rêves

    Home office aujourd’hui
    Open space à la maison
    Meilleur café et free jazz

    En revanche je m’étonne
    Que la hargne du boulot
    Puisse pénétrer jusque chez moi

    Et c’est essentiellement
    Ma hargne
    Je ne suis pas fier

    Je change de disque
    Je change d’ordinateur
    Ça va déjà mieux

    Je retourne au récit
    De ma rencontre brève
    Avec une jeune Laurence Ostolaza

    N’écoutant que son courage
    Virgule, un petit projectionniste
    Démarche au bas de chez lui

    Et si on rejouait Apnées ?
    Et si je lisais, je ne me souviens plus ?
    Et si je commençais à être qui je suis ?

    Hier nous avions entamé une partie d’échecs
    Circonspecte avec Émile
    Nous la finissons dans un déluge d’échanges

    Tu ne rentres pas pour écouter les discours ?
    Non, je suis anarchiste
    Tête de cet ami parent d’élève

    Tu es anarchiste vraiment ?
    Non j’étais anarchiste quand j’avais 25 ans
    Depuis je me suis radicalisé sur Internet

    Pendant que sénateur, conseillers et maires
    Se saluent cérémonieusement
    Je discute dehors avec Émile, je préfère

    C’est assez facile pour des hommes politiques
    De faire oublier leurs retards de responsabilités
    Il suffit de noyer l’opposition sous des petits fours

    Je me demande combien coûtent des petits fours
    Pour deux ou trois cent personnes
    Et ce que l’on pourrait faire d’autre avec pareil argent ?

    Je dépose Emile et Zoé à la maison
    Epuisés et je file au Comptoir
    Concert de Sylvain Kassap

    Sylvain Kassap
    Octobres
    Fameux programme

    Hélène Labarrière
    S’entend très bien avec Sylvain Darrifourcq
    Derrière les fûts

    Sylvain Kassap
    Compte les mesures sur ses doigts
    Pour rentrer dans un passage bien free

    http://www.desordre.net/musique/ayler.mp3

    Ils finissent par un morceau
    D’Albert Ayler
    Une armoire à glace s’effondre

    Fin d’ Octobres
    Et maintenant le rappel
    C’est à vous de le faire dans la rue

    Les concerts au Comptoir
    C’est aller et retour
    A pied, quel pied !

    Il est tard
    Mais j’ai encore envie
    D’écrire

    http://www.desordre.net/musique/monk_midnight.mp3

    Il est à peu près minuit
    J’écoute Monk qui cherche
    Autour de minuit

    J’aimerais bien parvenir
    À tordre le cou à Laurence Ostolaza
    Je veux dire à réussir ce passage de Fantômes

    Une intuition me dit
    Que c’est le nœud du texte
    Mais je ne parviens à le dénouer

    Cela fait trois jours
    Que j’écris et réécris ce passage
    Et toujours le sentiment qu’il m’échappe

    Et tout d’un coup
    Je trouve la bonne formulation :
    C’étaient les mêmes mains !

    #mon_oiseau_bleu

  • La compagne d’A. est mère de deux chats
    Mes cheveux repoussent à toute berzingue
    Je vais bientôt mourir, Françoise en pleurs

    Devoir attendre que l’ordinateur
    Finisse ses mises à jour
    Pour pouvoir noter ses rêves !

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/20140316_hubbub001.mp3

    Écouter Hubbub
    Travailler
    Écrire. Cafés

    Je reçois un mail
    De Corentin qui me dit, j’en suis ému
    Trouver du réconfort dans Mon Oiseau bleu

    Emmener Zoé chez l’orthophoniste
    En chemin elle me questionne, sans rire
    Sur le bon usage du point-virgule

    Le point-virgule, lui explique-je
    Permet de garder liées deux idées
    D’égale valeur dans une même phrase

    Par exemple
    « J’emmène Zoé chez l’orthophoniste
    Point-virgule ; Zoé est dyslexique »

    Si on écrit : « j’emmène Zoé chez l’orthophoniste
    Virgule, elle est dyslexique »
    On peut se demander si l’orthophoniste n’est pas dyslexique

     ? C’est très fin comme différence
     ? Tu n’imagines pas à quel point les langues
    Notamment le Français, contiennent de nuances

    Et c’est pour la préservation de ces nuances
    Qu’il nous appartient à tous
    De veiller à leur bonne préservation

     ? Même
    Quand on est dyslexique ?
     ? Même ! (surtout)

    Cuire le butternut à la vapeur
    Faire revenir le butternut au beurre
    Gratiner la purée au parmesan

    Bricks à l’œuf et aux poireaux
    Purée de butternut
    Pommes et soupirs d’aise

    Zoé : «  on se s’attaque pas comme ça aux sœurs De Jonckheere
     ? Sans courir le risque qu’elles crient, Émile, attaque !
     ? ou Julia, analyse ! et Clément, rééduque ! »

    Un coup de balai
    Un coup de wassingue
    Un coup de gueule de loup

    Nouvelle expertise, nouveaux plaisirs
    Ce n’est pas Emile qui fait le show cette fois
    Mais le psychiatre

    Je suis souvent frappé
    Par les bénéfices inattendus de la psychiatrie
    Un conseil de lecture : Kenzaburo Oe

    Je vais chercher Zoé à l’atelier de céramique
    On parle perspective avec Marilou
    Pour découvrir que nous avons eu le même prof

    Marilou et moi avons eu le même prof de pers
    Elle en 2011, moi en 1986
    Marilou et moi ne sommes pas du même millénaire

    Potée de choux de Bruxelles
    Qui mijotent
    Pendant que je vais chercher Émile au rugby

    Emile s’accroche
    Ça continue d’aller trop vite pour lui
    Mais ses gestes sont plus déliés

    Leçon de morale
    Derrière la main courante
    Respect de l’autre = respect de soi-même

    Et je finis, enfin !
    Par retrouver le nom de la speakerine
    Laurence Ostolaza

    Aujourd’hui j’aurais retrouvé
    Mon ancien professeur de perspective
    Et une speakerine de télévision

    #mon_oiseau_bleu

  • Où je découvre que Sarah
    N’est pas une jeune étudiante de 18 ans
    Mais une ethnologue trentenaire

    Petit-déjeuner matinal avec Sarah
    Je lui raconte mon rêve
    Sarah : je me demande bien ce que cela veut dire

    Et je ris :
    Raconte-t-on ses rêves à sa fille
    Etudiante en psycho ?

    http://www.desordre.net/musique/eels.mp3

    Autoradio : blagues capillotractées
    Entre-soi, je switche sur les Eels
    Et je tombe sur un ancien hymne amoureux

    Et je tombe sur un ancien hymne amoureux
    Et je m’en fous complètement
    Là je pourrais me penser guéri, j’en doute

    Je rechigne
    Et je renâcle
    À me mettre au travail

    Le tapuscrit de Frôlé par un V1
    Est un désordre sans nom
    Le report des corrections un labyrinthe sans issue

    Elle oublie de descendre de la rame
    Je ne parviens pas à monter à temps
    Je la regarde s’éloigner

    Elle descend juste à temps
    Je parviens à monter dans la rame
    Je la regarde en m’éloignant

    Elle oublie de descendre
    Je monte dans la rame in extremis
    Nous sommes penauds entre deux stations

    Elle descend juste à temps
    Je rate la rame
    On ne sait pas quoi se dire sur le quai

    Je suis en avance
    Mon psychanalyste me demande
    De m’installer, il arrive

    En l’attendant, je corrige
    Mon tapuscrit des Anguilles
    Je corrige mes rêves chez le psy

    Je rentre juste à temps dans l’open space
    Tout à l’heure j’en pars pour rejoindre Adrien
    Finalement l’ open space c’est le lieu de transit

    C’est la première fois
    Que je retourne à la Sorbonne
    Depuis très longtemps, ému

    Ému et vieux
    C’est tant mieux
    Je dois jouer le rôle du vieux

    Première répétition avec Adrien
    On s’apprivoise comme il dit
    Essouffle-toi, mets-toi dans tout tes états !

    On est trop long d’une heure
    J’apprends à connaître Adrien
    Qui voudrait rajouter des choses

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/schnittke.mp3

    En sortant, accueillis par des chœurs
    Depuis l’amphithéâtre
    Où j’ai entendu le trio Calaïs la première fois, 1993

    Quant au chemin à pied
    Depuis la Sorbonne
    Pour rejoindre la place Monge

    Quant au chemin en métropolitain
    Depuis Monge
    Pour aller à Daumesnil

    Je passe prendre Emile au rugby
    Quelques poignées de main
    Qui font du bien

    De très bons spaghettis
    De chouettes rire à trois
    Je travaille deux petites heures

    #mon_oiseau_bleu

  • Le retour des rêves d’espionnage
    Partie d’échecs qui sert de couverture
    L’espionne du camp adverse est contrebassiste

    Mon inconscient s’applique à nouveau
    Et il sait, comme personne
    Mon goût pour les films d’espionnage

    Mon inconscient s’applique à nouveau
    Et il sait, comme personne
    Mon goût pour les contrebassistes

    Rien
    Pause méridienne
    Rien

    Je rentre du travail en courant
    Pour pouvoir
    Ecouter le disque de Murcia/Jubran

    http://www.desordre.net/musique/zappa.mp3

    Je rentre du travail en courant
    Pour écouter de la musique
    Comme du lycée pour écouter Zappa

    Je fais rire Dominique
    Jusqu’à Anvers
    Avec les réparties de Zoé

    Dominique joue à Anvers
    Dans Paysages de nos larmes
    Et ce soir j’écoute La Soustraction des fleurs

    Mes courgettes farcies
    S’orientalisent, je le sens
    Avec la voix de Kamilya Jubran

    Mes courgettes farcies
    Seront délicieuses, je le sens
    Avec la contrebasse de Sarah Murcia

    Les reports de corrections
    De Frôlé par un V1
    Sont labyrinthiques

    Mais pourquoi
    Ai-je besoin
    D’en passer par là ?

    Finalement je me moque bien
    De la destination
    Ce que je veux c’est faire du chemin

    Je laisse la nuit rentrer
    Dans ma chambre
    Trouée, seule, par l’écran

    Écris
    Écris si tu veux
    Mais ne fais pas brûler tes oignons !

    Je mets ma main tout près
    Des enceintes pour sentir
    Les vibrations de la contrebasse

    Et
    Ca
    Marche !

    Et ça marche
    Je ressens un peu
    Des sensations du concert

    Décès d’Anne Wiazemsky
    À qui B. et moi devons bien des rires
    Ainsi va la mort à bord du Redoutable !

    Est-ce qu’on peut vraiment
    Écrire de la sorte
    Avec des doigts qui sentent l’oignon ?

    Vue sur le réseau une photo au cordeau
    954 militaires en rang parfaitement
    Alignés sur quinze hauteurs : la Corée du Nord

    J’ai donc un moment cru que la vie
    Avait cette perfection que je termine
    Le livre de Toussaint juste au moment de descendre

    Pour comprendre mon erreur
    Je suis descendu parce que je terminais le livre
    Mais au mauvais arrêt et je suis arrivé en retard au concert

    La vie n’est pas parfaite non
    Mais belle quand un soir un concert
    De La Soustraction des fleurs

    Est-ce que je me souviendrai
    Et est-ce que cela aura de l’importance
    Être arrivé en retard au concert ?

    Est-ce que je me souviendrai
    Oui cela aura de l’importance
    Du guichetier me faisant cadeau de l’entrée ?

    Est-ce que je me souviendrai
    Je n’espère pas
    Avoir fait les gros yeux à des voisins bruyants

    Et comprendre au foyer du théâtre
    Que j’étais assis à côté
    Du père de Sylvain, ému d’écouter son fils

    Je me souviendrai longtemps je crois
    D’avoir ré-embrayer avec Jean-François Vrod
    Une discussion restée en suspens depuis onze ans

    Et je me souviendrai longtemps aussi
    De rater mon Réseau Express Régional
    Et pendant l’attente du suivant un lever de lune

    Demain on enterre Phil
    A Lausanne
    Demain j’écris mes poèmes en SMS

    Je n’aime pas déjà parler
    De Phil
    A la troisième personne

    #mon_oiseau_bleu

  • Elle et B. se croisent à un vernissage
    Elle est saoule
    Je tente une déclaration d’amour en collage

    J’ai réussi un exploit d’organisation
    Aujourd’hui je n’ai rien à faire
    C’en est vertigineux, paralysant

    J’utilise la page de Qui ça ?
    Comme jukebox aléatoire
    Je m’y retrouve totalement

    Je passe devant le carton d’invitation
    D’Agnès Geoffray, je pose un câble USB dessus
    Une image, une photographie

    Je croyais pourtant
    Avoir arrêté
    La photographie

    C’est tout juste
    Si je sais encore
    Changer d’objectif

    C’est tout juste
    Si je sais encore
    Faire la mise au point

    C’est tout juste
    Si je sais encore
    Cadrer

    Mais
    Je sais encore
    Déclencher

    Dans Frôlé par un V1
    Je peine à décrire le croisement
    D’avec les sœurs Le Pen

    Il est en effet nettement
    Plus plaisant de décrire, si bref fut-il
    Le croisement avec Romane Bohringer

    Alors Maréchal-nous-voilà,
    On vient apprendre à dessiner
    Des croix gammées à main levée ?

    Il n’y avait pas d’amour perdu,
    Ni gâché, entre Maréchal
    Et De Jonckheere

    Quelle est la probabilité
    D’avoir, dans son frigo, des huîtres, du beurre
    De la crème, du gingembre et de la coriandre ?

    Je me cuisine
    Pour moi seul
    Des huîtres chaudes !

    Je peine à trouver le sommeil à la sieste
    Action conjuguée de la digestion des huîtres
    Et du souvenir de la soirée avec B. hier soir

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/20140924_jacques_demierre001.mp3

    Tant pis
    Café
    Axel Dörner

    Je retourne
    À mes Fantômes
    Je retourne en 1986

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/metheny.mp3

    En 1986, j’ai eu mon permis
    J’ai bu une bière avec Pat Metheny
    Je suis entré aux Arts Déco, Daphna

    En 2017, j’ai perdu 25 kilogrammes
    Je suis tombé amoureux d’elle
    Une Fuite en Égypte

    Mais en 2017 aussi, j’ai été très malade
    Très malheureux, elle est partie
    Et Tante Moineau ne s’est pas réveillée

    En 2017, trop tôt pour faire le bilan ?
    Trois amis sont partis
    Encore dimanche. Stop !

    https://www.youtube.com/watch?v=Spwnz4q3iFw

    Des années que je me disais
    Que je devais aller écouter
    Le duo Sarah Murcia – Kamilya Jubran

    Sarah Murcia (b) – Kamilya Jubran (oud, chant)
    Régis Huby (v), Guillaume Roy (a)
    Et Atsushi Sakaï (vcl)

    Rarement ai-je écouté
    Une musique comme celle-ci
    Qui m’atteignait sans passer par la tête

    Il y a des musiques qui rendent triste
    D’autres qui poussent au suicide
    Celle-ci prend au ventre, sans détour

    Après le concert
    Je me demande si je ne trouve
    Pas la clef d’un tel pouvoir

    Sur les partitions de Kamilya Jubran
    On lit la musique de gauche à droite
    Et les paroles, en arabe, de droite à gauche

    Si un jour le récit de J.
    Est porté à l’écran − on peut rêver
    J’ai déjà trouvé mon actrice : Sarah Murcia

    Je repars avec la galette
    Que j’installe sur l’autoradio
    Je peux me sentir tellement heureux parfois

    #mon_oiseau_bleu

  • Mon inconscient
    N’a rien foutu
    Cette nuit

    Petit-déjeuner
    Silencieux
    Émile songeur

    Une fois par an, le dimanche matin
    On entend la rumeur d’un rassemblement
    À Vincennes comme dans Une journée particulière

    Je n’aime pas cette rumeur
    Je n’aime pas qu’on hurle avec les loups
    J’ai peur de cette tumeur

    De retour du marché
    Mes mains sèches
    Déballent les fruits

    Un butternut, des kakis
    Un potimarron
    Automne

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/images/sophie/sons/bill_evans_i_fall_in_love_too_easily.mp3

    Café
    Bill Evans
    Autumn leaves

    Dimanche matin
    Refais du café
    Et fais un peu de ménage

    Au milieu du rap des filles
    Sur l’autoradio, pour me faire plaisir
    Sarah glisse Yesterday des Beatles

    Sarah tu savais que cette chanson
    Est sortie avant ma naissance
    Non ? Si, 1964

    La cité dans laquelle j’ai grandi
    Est grillagée depuis vingt ans
    Mais je ne m’y habitue pas

    Qui voudrait vivre
    Derrière un grillage
    Et pour se protéger de quoi ?

    Je n’arrive jamais tout à fait
    À comprendre qu’il faille badger
    Là où on fonçait à vélo en descente

    Et je ne voudrais pas avoir l’air du type
    Né à l’époque de Yesterday , mais où sont les enfants
    De cette cité ? Chez eux et pas dehors

    Yesterday
    All my troubles
    Seem so far away

    And now
    I long for
    Yesterday

    Emile tient une forme spectaculaire
    Aux échecs et ne fait qu’une bouchée
    De son père puis de son grand-père

    Je fais une partie de Monopoly
    Avec ma mère et Zoé, et je gagne
    Grâce à la rue de Wazemmes (Lecourbe)

    Au retour je traduis à la volée
    Les paroles de je ne sais plus
    Quel rappeur états-unien : on rit bien

    Quenelles aux morilles
    Cêpes de Bordeaux au beurre
    Poires et prunes, c’est l’automne

    Cèpes de Proust : des cèpes au beurre
    Un dimanche soir, comme au retour
    D’un dimanche à Rambouillet

    Sarah et Émile discutent
    Dans le garage
    Zoé fait la vaisselle, dimanche soir

    Les enfants vivent leur vie
    Dans ma chambre au calme
    J’écris. Nous serons couchés tôt

    Tandis que je tente de me renseigner
    A propos du référendum catalan
    Mon téléphone de poche vibre

    José, en pleurs
    Phil Rahmy
    Est parti

    Chaque fois que je pense à Phil
    J’ai mal aux bras
    De l’avoir porté, il y a quinze ans

    #mon_oiseau_bleu

  • Concours de pâte à modeler
    Au Val André
    Je gagne haut la main avec un aileron

    Je dépose Zoé au collège
    Nous passons devant notre arbre
    Longtemps que nous ne l’avions photographié

    http://www.desordre.net/musique/comelade.mp3

    Je mets un peu la radio
    On tresse des louanges au Premier Ministre
    Je switche : Pascal Comelade

    J’ai reçu un courriel de Daniel
    Photographies de son exposition
    Je suis ému aux larmes, presque

    J’expédie les affaires courantes
    Sans joie
    On s’en doute, open space

    Un coup de téléphone d’Isa
    Me délivre
    De l’ennui, de l’ open space

    Déjeuner avec Isa au BDP
    A la fois chaleur de l’amitié
    Et sentiment d’être avec ma grande sœur

    Je ne sais pas très bien
    Comment faire la transition
    Entre Isa et l’ open space

    On me demande de rebondir
    Sur un courriel
    Je réponds que cela na pas être facile

    Dans le parking du temple
    Une dame qui range ses courses
    Voudrait en découdre avec moi !

    Si je l’ignore elle m’insulte
    Si je réponds, elle crie
    Mon tort ?, en fait je n’en sais rien

    Je rends mon charriot, elle continue de m’invectiver
    « Je crois que nous ne sommes pas faits l’une pour l’autre »
    Mon ironie se traduit mal dans sa langue

    «  ? Connard !
     ? Mais madame … » Arrive son fils paniqué
    Je crains le pire, il s’excuse, Maman fait une Tourette

    Il est surpris que je sache ce que cela veut dire
    «  ? Ce n’est pas grave Monsieur, votre maman
    N’a rien fait de grave, au revoir Madame… »

    «  ? Connard !
     ? Maman !
     ? Au revoir Monsieur ? Oui, au revoir, pardon… »

    Finalement
    Un fils autiste
    C’est plutôt tranquille !

    Je range les courses
    Je dépose Zoé au théâtre
    Je joue aux échecs avec Émile

    Je cuisine une tarte salée
    Je vais chercher Zoé au théâtre
    J’essaie d’écrire un peu

    Mon Oiseau bleu
    Les anguilles les mains mouillées
    Frôlé par un V1

    Mon Oiseau bleu
    Une page, un dialogue
    Douze poèmes

    Les Anguilles les mains mouillées
    Deux pages relues
    Un seul rêve

    Frôlé par un V1
    Trois pages relues
    Une précision annotée

    #mon_oiseau_bleu

  • Un balai tombe dans l’escalier du garage
    Et déclenche une suite curieuse
    Notamment une excursion en montagne entre urophiles

    Dimanche matin
    Café free jazz écrire
    On devrait toujours être dimanche

    La liste des morts
    Dans Fantômes
    Est encore longue

    François Morellet, Martin Gray, Guy Hamilton
    Ronit Elkabetz, Imre Kertèsz, Jim Harrison
    Johan Cruyff, oui, un manchot, fameux

    À la fin de Fantômes dans le fichier
    Les noms des morts que je dois encore évoquer
    Tels un réservoir de récits et de fictions

    Keith Emerson, Nana Vasconcelos, George Martin
    Raymond Samuel Tomlinson, Nancy Reagan,
    François Dupeyron, Umberto Eco, Jacques Rivette

    Ludovic Janvier, Ettore Scola, Glenn Frey
    David Bowie, Pierre Boulez, Paul Bley
    Vilmos Zsigmond, André Turcat, Michel Galabru

    Michel Galabru,
    Michel Delpech
    David Douche

    Et quand je gomme un nom de cette liste
    Après avoir écrit le paragraphe le concernant
    J’ai le sentiment d’une suppression terrible

    Je fais une pause pour aller au marché
    Je me garde Nana Vasconcelos
    Pour m’y remettre, en écoutant la Serpillère

    La wassingue de Vasconcelos
    Nancy Reagan me redonne des bribes
    De Robert Heinecken (1930-2005)

    Dupeyron me ramène dans le Bronx
    Umberto Eco à Chicago
    Éric Chevillard devient un tueur en série

    http://www.desordre.net/musique/jarrett_you_dont_know_what_love_is.mp3

    Moment ataraxique
    Plier le linge
    En écoutant Jarrett au Blue Note

    Après
    J’arrête
    Jarrett

    Salade de haricots plats et œufs
    Tomates-cerises mozzarelle
    Courgettes crues à la menthe

    Haïkus
    De salades !
    Annonce-je

    Émile revient avec une coupe de manchots
    Les filles protestent contre mes préjugés
    Même les All Blacks ont ce genre de coupe : on rit

    Mes filles aiment bien
    Quand je leur parle de rugby
    Ça les fait rire (ce sont de drôles de filles)

    Une partie d’échecs longtemps
    Tendue entre Emile et moi
    Et soudain, un déluge d’échanges

    Je pense y avoir gagné un pion
    Emile me crucifie d’une fourchette
    Sa pointe est remarquable, j’abaisse mon roi

    Il monte se coucher
    C’est quoi déjà mon code pin
    Joueur d’échecs avec mémoire atrophiée

    J’hésite un peu à regarder
    La fin de Ma Mère
    Pas envie de faire des cauchemars

    #mon_oiseau_bleu

  • Précipités dans une fosse
    Pleine de chiens-squelettes
    Les enfants et moi nous faisons dévorer

    De bon matin, je travaille aux Fantômes
    Ecrivant à propos de Larry Coryell
    Je me souviens de Three Or Four Shades Of Blues

    http://www.desordre.net/musique/mingus/mp3

    Mingus
    Café
    Travaille !

    Travaillant aux Fantômes
    Nana Vasconcelos
    Tu me feras deux heures de berimbau

    Je passe de Mingus
    A la serpillère
    D’Egberto Gismonti

    Oui, on peut difficilement
    Ecrire
    La wassingue de Gismonti !

    Quand on joue au jeu
    Des je me souviens
    Incroyable ce qui remonte

    Une conversation téléphonique de cinq minutes
    Avec Irène Lindon, éditrice de Minuit
    Et ce sont deux pages qui affleurent

    Minuit, bonjour !
    Avait répondu la préposée
    Au téléphone

    Ceci dit le croisement de cinq minutes
    Avec Pacôme Thiellement au Kosmos
    Et de sont aussi deux pages d’enjeux souterrains

    De même la sombre histoire
    De la construction d’une bibliothèque
    Avec Daniel qui m’avait fait passer pour soiffard

    Samedi matin
    Café free jazz écrire
    On devrait toujours être samedi

    Longue, interminable même, discussion
    Avec Julia, dont je mesure la brillante intelligence
    Même si un calcul de pourcentage la met souvent en défaut

    Brève conversation téléphonique
    Avec B. qui nous replonge tous les deux
    Dans la vie à bord du Redoutable

    Je rejoins Mathieu et Adrien
    A L’Industrie , par égard pour Adrien
    Nous sautons rapidement l’introduction ovale

    Echange remarquable d’intelligence
    De part et d’autre à propos de l’Étreinte
    Et des cinq belles séquences filmées d’Adrien

    Le conseil de Mathieu
    Auquel j’adhère
    N’en faisons pas de trop

    Mathieu et moi
    Rions à propos du fauteuil
    À oreilles, Adrien, pas sûr

    Limite, retour
    Aux fondamentaux
    L’ovalie revient

    Mathieu et Adrien filent
    À leur dîner respectif
    Et moi au mien, une soupe froide

    Le soir
    Je remarque
    Que je suis lourd à l’encre

    Attendons
    Demain
    Matin

    La moitié de Ma Mère
    De Christophe Honoré
    Pas le meilleur des somnifères

    #mon_oiseau_bleu

  • Je paramètre
    Le traitement de texte
    Du nouvel Hemingway

    Discussion qui porte
    Au petit-déjeuner
    Avec Zoé

    Puis Zoé me fait mourir de rire
    En m’inventant une existence
    Fictive en open space

    Toussaint le soir
    Zoé le matin
    Guérison en cours

    Remplir les formalités en ligne
    Pour la licence de rugby d’Émile
    On n’avait pas tout ça dans les années septante

    Un homme en soutient un autre
    Au bord des larmes, au bord de tomber
    J’en suis ému, je voudrais me joindre à eux

    Je regarde désormais les jeunes femmes
    Portant leur bébé près de leur poitrine
    Avec l’attendrissement d’un grand-père

    Deux provinciaux égarés
    À la croix de Chavaux
    Me demandent, à moi ! le chemin du Tracé

    Je reçois un texte de Peugeot
    Une opération coup de poing
    Je redoute une nouvelle facture

    Je ne peux pas, tout de même pas
    Demander à mes collègues de parler un peu moins fort
    Je n’arrive pas à me concentrer sur le récit de mes rêves

    Les Fantômes
    Ont une matière textuelle
    Incroyablement malléable

    Je n’ai jamais écrit de la sorte
    À la fois confiant, curieux
    Et en partant tous azimuts

    Soirée admirablement ratée au Tracé
    Tracé confié à tout un gotha de poètes
    Post beat complètement ratés, mais conquérants

    J’ai tenté de m’accrocher un peu
    Tâchant de retrouver un peu l’ambiance
    Du Rainbo ou du Czar bar sur Division, las !

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/20140924_jacques_demierre002.mp3

    Sur la scène du Tracé , cette année
    J’aurais écouté le trio Demierre/Philips/ Leimgruber
    Et des poètes ricains s’accompagnant avec des guitares folkloriques

    #mon_oiseau_bleu

  • Je ne parviens pas du tout
    A recoller les bribes très éparses
    Et très floues de mon rêve

    Ne reste de ce rêve
    Que des idées générales
    Une conférence avec Jean-Luc

    http://www.desordre.net/musique/guionnet.mp3

    J’essaye même d’écouter
    Un disque de Jean-Luc pour
    Me reconnecter au rêve, peine perdue

    Enfin peine perdue
    C’est mal dire
    Plaisir de l’écoute, quand même

    Belle lumière dehors
    Qui monte dans mon dos
    Fatigué, trop dormi

    Je voudrais pouvoir écrire
    Mais ne pouvant faire mon échauffement
    Dans les Anguilles , rien ne vient

    En fin de matinée je reçois
    Un de ces mails toxiques, plein de mensonges
    Poison dont je sens la progression dans mes veines

    Déjeuner pollué, un peu
    Avec Nicolas du Kosmos
    Avant que le fil de la discussion ne me dévie

    J’ai entre les mains
    Le scénario du prochain film
    D’un cinéaste que je vénère

    J’aurais un vase Ming
    Entre les mains
    Je serais moins ému

    Sieste improductive
    Aussi bien sur le plan du repos
    Que, in fine , de la production onirique

    Je descends travailler
    Et l’intention d’en découdre
    Avec la machine à coudre

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/nick_cave.mp3

    Je mets Nick Cave
    Il a pour mission de me secouer
    La red right hand

    Travaille !
    Je me dis tout haut
    Au milieu du garage

    Et Je
    M’y
    Mets

    Enfin
    Je m’y mets
    C’est pas gagné

    Les Fantômes
    Prennent forme
    Dit comme ça…

    Le soir, dîner
    Avec les filles
    Sushis

    Enfance maltraitée
    J’emmène Zoé
    Au cinéma après les sushis

    Barbara
    Mathieu Almaric
    Jeanne Balibar

    Certains plans de Barbara
    Ont la grâce surnaturelle
    Des derniers plans de E La Nave va

    http://www.desordre.net/musique/zappa.mp3

    Zoé : « qu’est-ce que tu reprocherais à ce film ?
    ― Rien, je n’aime pas Barbara, j’aurais aimé le même film
    À propos de Zappa ― avec Balibar en Zappa ? ― Oui !

    Jeanne Balibar
    Saurait très bien faire
    Zappa, elle sait tout faire

    #mon_oiseau_bleu

  • Je rencontre une femme merveilleuse
    Que j’ai bien du mal à emmener en voiture
    Je ne sais plus, en effet, où j’ai garé cette dernière

    http://www.desordre.net/musique/tom_waits.mp3

    Je ne m’explique pas bien
    En revanche ce désir au réveil
    D’écouter Tom Waits

    Des fois mon inconscient
    Ne se fatigue pas de trop et assure
    Une sorte de service minimum

    Je note malgré tout ce récit sans mystère
    Mais je le tance, ne fais pas trop la malin
    J’ai rendez-vous chez l’analyste à 13 heures

    Moment de gloire en réunion
    Vidéoprojecteur en panne
    Je fais mon exposé sans slides, yes !

    Je rêve
    D’une telle panne
    Depuis cinq ans !

    Personne avec qui prendre mon café
    Au BDP et je n’ai pas pris de lecture
    Du coup la serveuse m’entreprend !

    Si elle savait le rôle de tueuse en série
    Qu’elle a parfois dans mes rêves
    Elle se ferait moins enveloppante

    Une collègue, habituellement timide
    Surprend son monde dans l’open space
    Et m’invite à déjeuner ensemble, oui, moi

    Chouette échange et je comprends
    Qu’elle voulait me dire qu’un de nos jeunes nouveaux collègues
    Fait du Vjaying et que cela pourrait m’intéresser

    Un peu mon neveu
    Mais avec moi il va voir le sentiment
    Que les images font du ralenti !

    En cochant mentalement
    Mon rendez-vous chez l’analyste
    Je réalise que c’est avec moi-même que j’ai RDV

    Et de fait, dans le miroir
    De l’ascenseur récemment inspecté
    Je découvre mon visage, je suis calme

    J’entame la séance en annonçant
    Que j’interromps le récit de la fois dernière
    Pour une nécessaire digression

    Cela amuserait sans doute
    Mes lecteurs de savoir
    Que j’ai de telles prévenances avec mon psy

    Vous imaginez un peu le tableau
    Dans un de mes livres : attention
    Je vais digresser !

    En revanche avec mon psy
    Je fais comme avec mes lectrices et lecteurs
    Je recolle au récit en cours sans crier gare !

    Psy : ? Des rêves en ce moment ?
    Ego : ? une soixantaine de pages cet été
    Tête de Psy !

    Ego : ? Je suis un père anarchiste
    Psy : ? Doublé d’une mère juive
    Tête d’Ego !

    Léger relâchement du langage soutenu
    Avec psy ? « ça m’emmerde », dis-je
    Il m’encourage, il ne devrait peut-être pas

    Avant que je ne comprenne
    Que l’encouragement porte sur le ça
    Pas sur la merde, trop tard, je suis lancé

    Dans le métropolitain je fais la monnaie
    Sur un euro auprès d’un clochard
    Pour donner cinquante cents à son collègue

    Toute
    Ta
    Tête !

    And it’s six in the morning
    Gave me no warning
    I had to be on my way

    Tom Waits
    For
    What ?

    Le petit rêve un peu sot
    Tel que je m’en souvenais ce matin
    S’épaissit à l’écriture le soir pour devenir un vrai rêve

    Cela faisait longtemps
    Que je n’avais pas tant écrit
    En sortant de l’open space

    Frédéric Lordon, Amélie Nothom, Philippe Djian
    Xavier Lambours et William Klein
    Rejoignent la cohorte des Fantômes

    Il est 18H39
    Il est l’heure
    De l’invention de la photographie

    Il est 19H01
    Il est l’heure
    Du début du siècle

    Il est 19H18
    Il est l’heure
    de l’armistice

    Il est 19H25
    Il est l’heure
    De la mort de Proust

    Il est 19H33
    Il est l’heure
    De l’élection de Hitler

    Il est 19H42
    Il est l’heure
    De la conférence de Wannsee

    Il est 19H45
    Il est l’heure
    Du 8 mai

    Il est 19H47
    Merde il est l’heure
    D’y aller. Je suis en retard

    Now the sun’s coming up
    I’m riding with Lady Luck
    Freeway cars and trucks

    http://www.desordre.net/musique/guionnet.mp3

    Jean-Luc Guionnet
    Ou l’impossibilité d’avoir la moindre idée
    De ce que l’on va écouter d’une fois sur l’autre

    Jean-Luc Guionnet
    Thomas Bonvalet
    Virtuose des bouts de rien

    Julien Desprez
    Arnaud Rivière
    Ça vous remet droit

    Cela fait du bien
    De revenir
    Au Tracé provisoire

    Emmener Julia
    Au Tracé provisoire
    Transmission (en cours)

    N’empêche le pépé de Sara
    Est nettement plus rock’n’roll
    Que sa maman, ça nous fait rire

    #mon_oiseau_bleu

  • Dans mes rêves
    Je pars aux sports d’hiver
    En voiture de sport !

    Dans mes rêves
    Mes amis et moi avons affaire
    Avec un propriétaire retors

    Dans les rêves
    Même quand je suis diplomate
    Mes amis me donnent tort

    Dans mes rêves
    Je roule en voiture de sport
    Mais je ne roule pas sur l’or

    Dans mes rêves
    Je sais tout faire
    Je suis très fort

    Catastrophe
    C’est dimanche matin
    Et plus de café !

    Sur le marché
    Une pluie d’automne vient salir
    Les courgettes de fin d’été

    Dimanche matin
    Matinée d’écriture
    Je chasse les Fantômes

    Travaillant désormais
    Sur quatre textes à la fois, immodestement
    Je me fais penser au peintre Arnulf Rainer

    Ich male
    Zehn oder zwanzig
    Bilder zur gleichen Zeit

    Un peu de flottement en fin de matinée
    Je cuisine des rates et je prépare
    Une grande salade de chicons, ça va

    Un peu de flottement en fin de matinée
    Je reçois le mail de Daniel
    En réponse au récit de mon rêve, ça va

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/wayne_shorter.mp3

    Un peu de flottement en fin de matinée
    J’écoute un vieux disque
    De Wayne Shorter (elle détesterait), ça va

    Brigitte Macron
    Entreprend de dépoussiérer
    L’Elysée

    Une artiste dissidente chinoise
    Se sert du Désordre pour organiser
    La fuite d’autres artistes dissidents

    La Sécurité Sociale
    M’écrit pour me dire que j’ai épuisé
    Mon crédit d’arrêts-maladie, je ne suis plus couvert

    L’artiste chinoise dissidente
    Et la Sécurité Sociale disparaissent
    Dans la bonde de la douche, après la sieste

    Pour ce qui est
    De la Sécurité Sociale
    Ce n’est pas dommage

    Promenade au Bois de Vincennes
    Quasi désert juste après une ondée
    Tour du lac des Minimes, le petit tour

    Zoé prend Emile et moi par les bras
    Elle ironise : « là, entre vous deux
    Je ne devrais pas me faire agresser ! »

    Je vais chercher
    Du pain frais
    Pour le goûter !

    Je prépare
    Un crumble
    Aux poires

    Pendant la cuisson
    Attendant que le sèche-linge
    Ait fait son office, j’écris, un peu

    Zoé retourne à ses devoirs
    Emile retourne à sa promenade
    Je retourne à la pile de linge

    Je suis surpris moi-même
    Par l’étrange portée
    De Fantômes . L’ai-je vraiment écrit ?

    Aberanne Salisburry
    Est très ponctuelle, c’est toujours
    À 21H23 qu’elle voudrait fµck me

    Patates douces
    Coriandre
    Fromage de feta

    Et soudain Émile
    Me révèle un incident
    Survenu il y a cinq ans !

    La portée de tout ceci
    La solidarité indéfectible de Zoé
    L’intelligence claire de mes enfants

    La profondeur
    Avec laquelle
    Cela s’insinue en moi

    Un petit quart d’heure
    De Comment je me suis disputé
    N’a pas le pouvoir de me dérider

    J’éteins
    Mais
    Je ne dors pas

    #mon_oiseau_bleu

  • Rêve de pissotière
    Électronique qui dénonce
    Ceux qui pissent debout

    Sarah
    Part
    À la fac !

    What
    A
    Man !

    Contrecoup d’hier soir
    Je pense à elle
    Et je sais qu’elle n’est pas seule

    Elle serait seule
    Je penserais
    Que je ne peux pas la rejoindre

    J’emmène
    Exceptionnellement
    Zoé au collège

    Mon nouvel embrayage
    Couine risiblement
    Crises de rire inextinguibles avec Zoé

    Nettement moins drôle
    La première réunion
    De la journée

    Encore moins drôle
    La conférence téléphonique
    Qui lui fait suite

    S’entendre dire
    Des phrases comme
    Nous devons l’exiger d’eux

    Au café, croiser Baptiste
    Le saxophoniste du Surnat’
    Longue conversation

    On parle de Profondo rosso
    On parle d’Esquif
    On n’est pas d’accord, on rit

    Baptiste me révèle que dans Esquif
    Les spectateurs tirent sur le filin de la funambule
    À hauteur de leur sens des responsabilités

    Je me souviens
    Des courbatures
    Du lendemain d’Esquif

    Étonnant aussi
    De voir comment on est rapidement
    De plain-pied au centre de nous-mêmes

    Récit des grandeurs
    Trompeuses des grands hommes
    Plus grands qu’eux-mêmes

    Et il faut une volonté toute particulière
    Pour s’arracher à une telle conversation
    En sachant qu’on repart vers l’open space

    Je remarque que le café
    Fourmille d’énergies et de projets en cours
    À la différence de là d’où je viens, pourtant

    Première fois en dix jours
    Que je rentre directement sans rendez-vous
    Rien, un soir à la maison avec les enfants !

    Je lis une critique d’Une fuite en Égypte
    J’y lis un extrait qui parle du personnage
    De Suzanne, j’aimerais bien rencontrer Suzanne

    PDJ, n’a sans doute pas lu les recommandations
    Du Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale
    Concernant le point-virgule

    « On doit éviter d’en faire un emploi excessif
    Et notamment de l’utiliser là où il faudrait
    Une virgule ou un point. »

    Non
    Sans doute
    Pas

    Dans les biographies fantaisistes
    Pour la quatrième de couverture
    D’Une Fuite en Égypte

    Philippe De Jonckheere
    Découvre, à 52 ans
    Le Traité de la ponctuation française

    Je pose mon clavier cinq minutes
    Sarah rentre de l’université
    Et un sac plein de questions

    On a bien du mal à se parler
    Avec Sarah ce soir
    Elle grandit, je vieillis

    Une bonne heure
    Des litres de pleurs
    Elle et moi, surtout moi

    Un jour, aurais-je le courage
    De regarder les sept dernières années
    Et n’en pas trop souffrir ?

    Pommes de terre sautées à l’ail
    Omelette au parmesan
    Soupirs d’aise des enfants

    Mais déjà en arrière-plan
    La pensée triste
    Nous quatre, c’est presque fini

    Combien, encore
    De dîners comme celui-là
    En semaine ?

    Sarah et Zoé qui chambrent
    Emile qui songe
    Et moi qui enregistre, pour plus tard

    Homme de 52 ans
    Constamment chahuté
    Par ses émotions

    Deux parties d’échecs
    Avec Emile
    Qui m’achève, même si

    Mi-septembre
    Et déjà aussi peu de forces
    Qu’en mai-juin ?

    Quelques échanges de messages avec elle
    C’est gentil de sa part, mais c’est étonnant
    À quel point c’est en deçà de mes fictions !

    Un funambule dont on élèverait sans cesse le filin
    On exigerait qu’il danse et qu’il jongle et on finirait
    Par agiter le filin. C’est moi. Et le funambule finit par tomber non ?

    #mon_oiseau_bleu

  • https://i1.wp.com/clothesonfilm.com/wp-content/uploads/2010/05/The-Big-Lebowski_Sam-Elliot_mid.bmp.jpg?fit=800%2C481

    Ça devient un peu
    La routine, non ?
    De noter mes rêves

    Au petit déjeuner
    Les simagrées de Zoé
    Me mettent en joie

    http://www.desordre.net/musique/smoke_on_the_water.mp3

    Sur l’autoradio
    Les simagrées de Pascal Comelade
    Me mettent en joie

    Dans l’open space
    Réfléchissons bien
    Peu de choses me mettent en joie

    L’auteur qui travaille
    A côté de moi au BDP
    Lit les œuvres complètes de Lénine

    Sommes-nous rentrés
    À mon insu, mais de plain-pied
    Dans la révolution prolétarienne des auteurs ?

    Non seulement je ne suis pas sûr
    Que je vais parvenir à écrire
    Trois textes à la fois, mais travailler en open space ?

    Au BDP je relis un passage des Anguilles
    Dans les marges duquel j’écris des poèmes
    Après avoir écrit, ce matin, dans celine.rtf

    Qu’est-ce que l’auteur
    Qui travaille sur Lénine
    Va penser de mon stakhanovisme ?

    L’âpreté de la conversation
    Voisine au BDP et qui concerne
    L’achat d’un bien immobilier

    L’auteur qui travaille sur Lénine
    Paraît tout aussi indisposé que moi
    Par cette conversation pleine de montants

    L’auteur qui travaille sur Lénine
    Vient de fusiller
    Une plaquette de chocolat

    Mon esprit d’escalier
    Une très jolie femme au café, tout sourire
    Me demande si je travaille à une thèse

    Non
    Un
    Roman

    Imaginez comme c’est facile
    Pour cette femme vraiment charmante
    De rebondir avec une réponse aussi laconique

    Et voilà
    Comme il est facile
    D’entrer en contact avec moi

    Si cela se trouve
    Cette femme
    Aurait été une amie précieuse

    Une passionnée de musique
    De peinture abstraite
    De littérature peut-être même

    Nous serions allés au concert
    Et de concert aux expositions
    Nous nous serions prêté nos livres

    Elle se serait confiée à moi
    Et moi à elle
    Et peut-être bien plus encore

    Non un roman !
    Ah ? Bon courage alors
    Fit-elle

    Et finalement cette femme
    Souffre du même esprit d’escalier que le mien
    Et pourtant nous serions faits l’une pour l’autre

    Ce dont nous continuerons
    De tout ignorer au motif
    Que « le rapport sexuel n’existe pas »

    Ça ne rigole pas de trop
    En réunion
    Avec le chef du chef

    Et en sortant de deux heures de réunion
    Où cela ne rigolait pas de trop
    Rejoindre Zoé pour son rendez-vous de psychologue

    Dans la salle d’attente
    De la psychologue de Zoé
    Lecture distraite de Jerusalem

    Un peu de tension au retour
    En passant près du Tracé provisoire
    Où je sais qu’elle répète, mais ça va

    Gnocchis frais
    Sauce au pesto, parmesan
    Un très morceau de cantal

    Et si j’allais me promener ?
    Émile qu’en penses-tu
    Plutôt une partie d’échecs ? Figures

    Je n’oppose pas une résistance
    Digne de ce nom
    Aux attaques d’Émile

    Mat
    Mat
    Et mat

    Je monte me coucher de bonne heure
    Je fouille dans les films récemment acquis
    The Big Lebowski ne peut pas me faire de mal

    The Big Lebowski
    Zoé peine à faire ses devoirs
    Vacarme de mes crises de rire

    Et qu’est-ce que j’essaye
    De masquer en riant si fort ?
    Je ne le sais que trop

    #mon_oiseau_bleu