Pourquoi Milan est exemplaire dans l’accueil des migrants

/pourquoi-milan-est-exemplaire-dans-l-ac

  • Pourquoi Milan est exemplaire dans l’accueil des migrants
    Alessio Foderi, Libération, le 21 novembre 2017
    http://www.liberation.fr/planete/2017/11/21/pourquoi-milan-est-exemplaire-dans-l-accueil-des-migrants_1610725

    La ville a organisé les premiers états généraux sur l’immigration pour un avenir « sans barrières ».

    Une porte d’accès à l’Europe et surtout la dernière étape d’un long périple. Tels sont les deux visages de Milan. Ou du moins, de l’image que s’en font les immigrés. Un vrai safe harbour. La ville du nord de l’Italie est réputée pour la qualité de son accueil des migrants. Mais il lui reste à relever un défi : celui de l’intégration. Du 17 au 20 novembre 2017, sous la bannière « Milano Mondo », la ville a organisé ses premiers états généraux de l’immigration.

    « Il nous faut vivre ensemble sans barrières, et être capable de vivre dans la diversité », déclare à Libération Pierfrancesco Majorino, adjoint de la ville de Milan pour les affaires sociales. C’est d’ailleurs dans cet esprit qu’a été organisée le 20 mai 2017 une manifestation pour promouvoir l’idée d’une ville ouverte. A l’époque quelque 100 000 personnes sont descendues dans la rue pour dénoncer la discrimination subie par les migrants. Une mobilisation plutôt rassurante dans un pays où l’immigration provoque de grandes fractures entre pros et antis. « Avant d’être des chiffres, les migrants sont avant tout des êtres humains… », répète Pierfrancesco Majorino.

    Si cet été Rome a expulsé des réfugiés à coups de canons à eau, Milan semble avoir une approche diamétralement opposée. « Certes, mais l’Italie cherche toujours la bonne formule pour gérer l’immigration », ajoute Majorino. La réussite du modèle de Milan tient surtout à l’aide des bénévoles et des associations qui travaillent avec la mairie pour développer le réseau d’accueil. « Notre dialogue avec les services de la mairie est sans tabou. Nous leur disons ce qu’ils doivent faire tout en sachant que, très souvent, ce sera à nous de combler leurs éventuelles inactions », confie l’une des bénévoles du centre Naga. La priorité de cette association à but non lucratif qui existe depuis 30 ans est de fournir une assistance médicale aux migrants ou un soutien pour les demandeurs d’asiles, les réfugiés et autres victimes de tortures…

    Depuis 2013, Milan a accueilli 125 000 migrants (75% sont âgés de moins de 45 ans et 23% sont des mineurs). Plusieurs d’entre eux ont rejoint la France ou l’Allemagne. « C’est pour cette raison que je souhaite créer un centre pour l’éducation des migrants qui désirent aller dans d’autres pays de l’Union », explique Majorino. Mais il leur faut avant tout suivre des cours d’italien : « Souvent, un médiateur culturel s’avère important pour aider les migrants qui ne parlent pas notre langue » explique Claudio Passaro, jeune prof d’italien. Et d’ajouter : « Généralement, ceux qui suivent des cours d’italien veulent rester dans la péninsule, mais il m’est arrivé aussi d’en connaître plusieurs qui souhaitaient poursuivre leur route vers le nord de l’Europe. »

    Dans le but de supprimer la loi d’immigration en vigueur les bénévoles milanaises et la mairie soutiennent désormais la campagne de l’ancienne ministre des Affaires étrangères Emma Bonino appelée « Ero Straniero : l’umanità che fa bene » (J’étais étranger : l’humanité qui fait du bien). Cette initiative populaire, qui propose une nouvelle régularisation des migrants et la création d’un permis de séjour temporaire pour trouver un emploi, a récolté 85 000 signatures. « Je n’imaginais pas ce succès-là. Je pensais être la seule à croire en ce projet » déclare Emma Bonino à Libération. Ce projet de loi vient d’être déposé au parlement comme une loi d’initiative populaire.

    #Migrants #Immigration #Italie #Milan