• On a chopé la puberté : l’ignorance, premier combustible du bûcher
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    L’ignorance, premier combustible du bûcher

    Avec On a chopé la puberté, deux choses sont à retenir : celle connue de la vendetta que facilitent les réseaux sociaux, et l’instinct grégaire qui gagne les internautes en quelques minutes. Mais ce fait est connu. L’autre, plus sournois, relève des pétitions en ligne, qui catalysent l’engouement, provoquant une boule de neige mortifère.

    Pour l’ouvrage, imprimé à 5000 exemplaires, ce sont plus de 148.000 personnes qui ont signé. Combien ont pu lire ce livre avant d’apposer leur signature dans ce qui était devenu une chasse à l’homme ? Combien de commentaires, sur les réseaux, ces agoras modernes, de personnes qui ignoraient presque tout du livre ? De fait, quelques extraits ont suffi à cristalliser la colère, et condamnant quelques parties, c’est le tout qui méritait alors le bûcher.

    Et chacun de s’indigner à bon compte.

    Tout cela est inquiétant : autant de gens ne peuvent pas avoir tort, peut-on lire. Ici, le cap est franchi : on s’exonère du paradigme premier de toute société, savoir de quoi on parle, avant de s’exprimer. Le pire des scénarios de Margaret Atwood se concrétise : Trump a gagné.

    Depuis quand pour devenir populaire faut faire des trucs de geeks ?
    Ils posteraient des Sextape de leurs parents pour plus de « clics »,

    Orelsan — Plus rien ne m’étonne

    On clique, on partage et on like, dans la plus totale ignorance. Et l’on s’y complaît, parce que son profil Facebook brillera de cette indignation aveuglée. Facebook, Twitter ou les pétitions restent des outils dont l’incidence dépend de notre intelligence. En parvenant à se substituer à la loi, seule dans un État de droit à juger un livre, ce cocktail ne conduit qu’à une violente gueule de bois. Et la quantité d’aspirine pour la faire passer dépasse l’imagination.

    Le scandale est là : qu’en 2018, nous en arrivions à voir des livres disparaître, par la seule force d’une marée inhumaine, devenue folle.

    #Médias_sociaux #Censure #Fake_news

  • Vers une interdiction de la cigarette et du tabac dans les livres
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    Mais pourquoi pas la littérature ? Après tout, le livre est la première industrie culturelle de France ! Et puis, on a déjà pris le pli : il y eut en 2005, à la BNF, cette exposition autour de Sartre, privé de sa légendaire cigarette sur l’affiche de l’exposition. Alors, pourquoi ne pas pousser le bouchon et par souci de santé publique, doucement glisser aux auteures, illustrateurs, romanciers, dessinatrices et consorts, qu’il faut se mouiller et en finir avec les sèches !

    D’ailleurs, ça s’est déjà fait : lors de la publication des mémoires de Jacques Chirac, chez Nil, en 2009, le président s’était fait sucrer sa clope, frappé par la loi Evin. On se souvient en effet du passé de fumeur du président de la République. Avant d’arrêter officiellement en 88, alors que la campagne contre le cancer lancée de 2003 à 2006 avait fait les gorges chaudes de l’Élysée.

    Comment oublier — on s’éloigne un peu des maisons d’édition — le timbre Malraux sans clope, lui aussi passé sous les fourches caudines de la photoshopisation de notre société ? À cette époque, le député Didier Mathus avait même tenté de faire réviser la loi Evin, pour que soit exclu de son champ d’application le patrimoine culturel.

    Le Haut Conseil à la Santé publique avait estimé que donner « un signal d’assouplissement [était] contraire aux objectifs de la lutte contre le tabagisme ». Aussi, merci, mais non. En effet, la proposition « pourrait constituer un cheval de Troie permettant de développer le marketing ».

    L’application de la loi Evin au cinéma n’en reste pas moins une vieille rengaine, et dans le monde des lettres, pas moins. « De fait, l’on impute souvent à la loi Évin plus qu’elle ne dit ni ne prescrit puisque ce texte ne s’oppose qu’aux seules représentations prosélytes du tabac dans l’espace public », rappelait Pascal Mbongo, professeur des Facultés de droit.

    #Littérature #Edition #Dogmatisme