• #Andrea_Dworkin : Souvenez-vous, résistez, ne cédez pas (l’article)
    https://tradfem.wordpress.com/2017/11/26/souvenez-vous-resistez-ne-cedez-pas

    Je veux réfléchir avec vous au stade politique que nous avons atteint. Je dirais que nous avons réussi à ce que l’on appelle, par euphémisme, « briser le silence ». Nous avons commencé à parler de certains événements, expériences, réalités, vérités dont on ne parlait pas avant ; et particulièrement d’expériences qui sont arrivées à des femmes et qui ont été cachées – des expériences que la société n’a pas nommées, que les politiciens n’ont pas reconnues ; des expériences que le droit n’a pas abordées du point de vue de celles à qui on a fait mal.

    Mais quand nous parlons de « briser le silence », les gens conçoivent parfois ce « silence » comme superficiel, comme s’il y avait de la parole – du bavardage, en fait – et par-dessus cette parole, un niveau superficiel de silence, qui serait affaire de bienséance ou de politesse. Il est vrai qu’on apprend aux femmes à être belles et à se taire. Mais le silence dont je parle est plus profond : il va au cœur de la tyrannie, de sa nature. Il existe une tyrannie qui dicte non seulement qui peut dire quoi mais particulièrement ce que peuvent dire les femmes. Il existe une tyrannie qui détermine à l’avance qui n’a pas droit de parole, une tyrannie où l’on enlève aux personnes le droit de dire les choses les plus importantes pour elles sur la vie. C’est de ce genre de tyrannie que je parle.

    Les systèmes politiques où nous vivons sont basés sur ce profond silence. Ils sont basés sur ce que nous n’avons pas dit. Ils sont basés particulièrement sur ce que n’ont pas dit les femmes – les femmes de toutes les catégories raciales et de toutes les classes, y compris les plus privilégiées. Les a priori qui sous-tendent nos systèmes politiques sont eux aussi basés sur ce que n’ont pas dit les femmes. Nos idées de démocratie et d’égalité – des idées créées par les hommes, des idées qui expriment ce que les hommes pensent que sont la démocratie et l’égalité – ont évolué en l’absence des voix, des expériences, des vies, des réalités des femmes. Les principes de liberté que nous entendons énoncer comme autant de truismes sont des principes élaborés en dépit de ce profond silence : sans notre participation.

    L’article est évidemment disponible dans l’anthologie qui vient de paraître aux éditions #Syllepse et #Remue-ménage


    Traduction : #Tradfem
    #libération_de_la_parole #violences_patriarcales

  • Souvenez-vous, résistez, ne cédez pas !, par Andrea Dworkin (TRADFEM)
    https://tradfem.wordpress.com/2017/11/26/souvenez-vous-resistez-ne-cedez-pas

    Nous avons identifié le #viol ; nous avons identifié l’#inceste ; nous avons identifié la #violence conjugale ; nous avons identifié la #prostitution ; nous avons identifié la #pornographie – comme autant de #crimes contre les #femmes, de façons d’exploiter les femmes, de façons de faire souffrir les femmes qui sont systématiques et soutenues par les pratiques des sociétés où nous vivons. Nous avons identifié l’exploitation sexuelle comme une forme de violence. Nous avons identifié l’objectification des femmes et leur transformation en produits marchands comme des pratiques déshumanisantes, profondément déshumanisantes. Nous avons identifié l’objectification et l’exploitation sexuelle comme des mécanismes servant à créer de l’infériorité, de l’infériorité réelle : pas un concept abstrait mais une vie vécue en tant que personne inférieure dans une société civile. Nous avons identifié les modèles de violence qui se produisent dans les rapports intimes. Nous savons que la plupart des viols ne sont pas commis par l’étranger dangereux et prédateur mais par le copain, l’amant, l’ami, le mari ou le voisin dangereux et prédateur, par l’homme dont nous sommes le plus proches et non le plus éloignées.