• « Africains, il n’y a rien à attendre de la France que nous ne puissions nous offrir à nous-mêmes ! »
    http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/11/27/africains-il-n-y-a-rien-a-attendre-de-la-france-que-nous-ne-puissions-nous-o


    Achille Mbembé et Felwine Sarr écrivent juste et bien.
    " Réinventer la relation avec l’ex-puissance coloniale exige de remplacer le colonialisme par de nouveaux rapports de mutualité, de réciprocité et d’égalité. Le vieux lien colonial a pour socle la reproduction structurelle de multiples asymétries – économiques, politiques, symboliques. [..) Dans le domaine économique, il s’agit d’en finir avec la relation d’extraction et de prédation des ressources naturelles et matières premières du continent. Afin d’inverser un rapport économique structurellement défavorable aux pays africains, la question des flux financiers illicites rapatriés par les multinationales françaises, des exonérations fiscales indues, des contrats miniers ou pétroliers léonins imposés aux Etats africains, de l’effectivité des transferts de technologies doit être mise sur la table et faire l’objet de transparence."
    #France #Afrique #Nouveau_Paradigme #Atelier_de_la_Pensée

  • « Africains, il n’y a rien à attendre de la France que nous ne puissions nous offrir à nous-mêmes ! », Achille Mbembé, Felwine Sarr
    http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/11/27/africains-il-n-y-a-rien-a-attendre-de-la-france-que-nous-ne-puissions-nous-o

    En effet, plus d’un demi-siècle après les indépendances, la France n’est-elle pas, de tous les Etats occidentaux, celui dont les interventions dans ses anciennes colonies, multiformes et répétées, prêtent le plus à controverse ?

    N’est-elle pas, de toutes les grandes et moyennes puissances, celle qui subit de plein fouet l’aversion d’une part importante de l’opinion africaine ?

    Au demeurant, ne l’accuse-t-on pas de tout et de son contraire, ce qui ne la condamne guère a priori, mais ne la disculpe en rien non plus ?

    Sa présence sur le continent constituerait, dit-on, une menace pour l’autonomie de nos peuples et leur soif d’autodétermination. Tantôt elle entraverait le rythme et la direction que devraient prendre les transformations dont nous avons tant besoin, tantôt elle imprimerait, de par ses actions, un cours paroxystique à ce processus, comme ce fut le cas hier lors du génocide des Tutsi au Rwanda, et comme cela risque d’être le cas demain, à la faveur de ce qui se trame en ce moment dans la bande sahélo-saharienne.

    Puissance parasitaire, elle vivrait sur le dos de l’Afrique et ne devrait son rang dans le monde qu’au rapport d’extraction scellé avec les élites locales au moment de la décolonisation – rapport sans cesse reconduit sous des formes qui ne trompent plus personne. D’où, au sein des classes éduquées et de la jeunesse politisée, lassitude, raidissement et appels stridents à la rupture et au désengagement.

    Vieux fond négrophobe

    Il y en a qu’étonne encore cette perception négative. L’arrogance inconsciente du mépris aidant, d’autres nient l’existence même d’un problème et préfèrent tout balayer du revers de la main.

    Le recul est pourtant indubitable, et de veau d’or, il n’en est plus. L’aversion, récemment, ne s’est-elle pas cristallisée sur le franc CFA, précipitant des mobilisations transnationales contre cette monnaie désormais prise dans les mailles d’un procès en illégitimité qui n’est pas prêt d’être clos ?

    Devons-nous, par ailleurs, faire semblant de ne point entendre la clameur qui monte, s’agissant du rôle qui lui est imputé dans la destruction de l’Etat libyen, laquelle aurait accéléré les dynamiques de désagrégation dans l’espace sahélo-saharien ? Ou encore les dénonciations répétées de sa politique migratoire et l’établissement de centres de triage humain à l’intérieur même des frontières de pays africains formellement souverains ?

    Plus grave encore, dans quelle mesure l’externalisation des frontières de l’Europe a-t-elle transformé les Etats maghrébins en garde-chiourmes de l’Occident, attisant par là même le vieux fond négrophobe et non interrogé de leurs sociétés, puis canalisant et détournant leur propre ressentiment contre le mauvais objet, les Négro-Africains que ces Etats enferment dans des camps de fortune, dont ils se débarrassent en plein désert à la manière de déchets, lorsqu’ils ne les exposent pas à des pogroms et aux trafics d’un autre âge ?