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  • Nucléaire : EDF va prolonger la durée de vie de ses centrales | Mediapart
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    Si un·e automobiliste oublie le contrôle technique de sa voiture, la police peut l’immobiliser. Si EDF omet de soumettre ses réacteurs nucléaires au réexamen complet de sûreté obligatoire à 40 ans, pourquoi peuvent-ils continuer à tourner ?

    Le vieillissement des centrales nucléaires est le point aveugle de l’annonce par Nicolas Hulot du report après 2025 de l’abaissement de la part du nucléaire dans la production d’électricité. Construites en rafales à partir de 1977 (Fessenheim), les centrales approchent de la quarantaine. Trente-quatre réacteurs sur un total de 58 auront 40 ans avant 2025. Historiquement, ils ont été autorisés sans limitation de durée de fonctionnement.

    Déjà complexe, ce processus fait aujourd’hui face à une sérieuse difficulté : l’ASN ne pourra pas rendre son avis générique sur la prolongation des réacteurs nucléaires en 2018, comme cela était prévu. « Il doit être rendu en 2020, a expliqué son président, Pierre-Franck Chevet, devant les députés début novembre. Il faudra attendre l’année suivante, 2021, pour qu’il devienne une prescription juridiquement opposable. » Pourquoi ? « C’est un travail de très grande ampleur, explique à Mediapart Julien Collet, directeur général adjoint de l’ASN. Le réexamen dure plusieurs années. EDF nous a transmis des éléments et en transmettra d’autres. Par rapport au planning prévu, cela a pris quelques mois de retard. Ça décale d’autant la fin de l’instruction. » Devant les députés, Pierre-Franck Chevet a expliqué que « les questions se sont avérées particulièrement compliquées, nécessitant du travail d’abord chez EDF. Il y a une partie qu’on attend de leur part. Et c’est l’arrivée de ces dossiers qui conditionne ensuite notre prise de position ».

    Autrement dit, les retards de l’exploitant empêchent l’autorité de sûreté d’assurer le contrôle des centrales nucléaires à la date prévue par la loi. Or, en l’absence de l’avis générique de l’ASN, impossible de conclure les réexamens de sûreté des vieux réacteurs. Pourtant, dans la loi, rien n’oblige EDF à fermer ses réacteurs le temps que leur visite des 40 ans se soit déroulée en entier. Or d’ici à la fin de l’année 2021, 22 réacteurs auront atteint la quarantaine. Et selon le calendrier légal, le réexamen de six d’entre eux devra être terminé : les deux tranches de Fessenheim (censées fermer à l’ouverture de l’EPR de Flamanville), deux autres au Bugey (Ain) et les deux dernières à Tricastin (Drôme et Vaucluse).

    Quelques mois plus tard, en octobre, EDF déclare un autre défaut générique, non identifié jusque-là. Il concerne cette fois-ci les stations de pompage qui servent à refroidir les réacteurs nucléaires. Elles ne résisteraient pas en cas de séisme sur 29 réacteurs du parc. L’incident a, lui aussi, été classé au niveau 2 sur l’échelle INES. « Depuis des mois ou des années, plus des deux tiers du parc étaient sans qu’on le sache sous la menace d’une panne totale d’alimentation électrique ou de refroidissement en cas de séisme de forte intensité », analyse Yves Marignac, pour qui « c’est d’autant plus inquiétant que ces diesels de secours et stations de pompage étaient au cœur des préoccupations dans le cadre des évaluations complémentaires de sûreté qui ont été menées après la catastrophe de Fukushima ».

    Il y a quelques années, EDF prévoyait de les utiliser pendant quarante ans, puis de les remplacer par des réacteurs de nouvelle génération, par exemple des EPR. Mais en 2009, le groupe change de stratégie et annonce vouloir les exploiter « significativement au-delà de 40 ans ».❞

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    « Je n’ai jamais été aussi inquiet d’un risque grave d’accident sur une installation, considère Yves Marignac. Il y a un problème systémique majeur : le système d’évaluation et de contrôle de la sûreté a été pensé et développé dans les années 1970, 1980 et 1990, à une époque où les choses étaient fondamentalement différentes. Avec la loi de 2006, on a créé une autorité indépendante, l’ASN. En même temps, EDF s’est vu doté d’un statut privé de société anonyme. À partir de là, les intérêts de la sûreté et les intérêts industriels sont devenus indépendants les uns des autres. Mais le fonctionnement n’a pas été adapté. Aujourd’hui, l’ensemble de la chaîne de sûreté est défaillante à un point inacceptable. »

    #Nucléaire

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    Des militant·e·s de Greenpeace tirent un feu d’artifice depuis la centrale nucléaire de Cattenom, le 12 octobre 2017 (Reuters/Vivien Fossez/Greenpeace). En toute discrétion, EDF est en train d’obtenir la prolongation de la vie de ses centrales nucléaires au-delà de 40 ans, un âge autrefois jugé indépassable. Le manque de discussion publique entretient l’opacité des décisions au sujet de la sûreté des réacteurs. L’ASN présente son rapport annuel jeudi 30 novembre aux parlementaires.

    #Economie #ASN #Nicolas_Hulot #Sûreté