Ruines contemporaines - En attendant Nadeau

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  • Ruines contemporaines - En attendant Nadeau
    https://www.en-attendant-nadeau.fr/2017/05/23/ruines-contemporaines-ikonomou

    Déclassés et déracinés. Tàssos, Stàvros, Làzaros. D’autres encore. Tous ont fui la grande ville pour se réfugier sur une île des Cyclades et tenter de subsister. Qui en essayant de profiter du tourisme, qui en devenant paysan. Ils rêvent : « Dans le jardin, ils cultiveraient des légumes et des melons, rien que du bio, pour n’avoir plus besoin des rats qui leur refilaient de l’ail chinois et des tomates hollandaises. » Autant se faufiler sous une pluie de météorites. Dès la première page, un de ces sympathiques néo-ruraux venus d’Athènes se fait passer au lavage par la mafia locale, « ligoté sur le capot de son pick-up ». Manière de prévenir le lecteur et de le décrasser de ses illusions. Le darwinisme social l’a emporté : « Maintenant il faut tuer pour vivre. » Il y aura toujours des puissants, ou des égaux hélas, pour « bouffer vos rêves ». Réagir collectivement à l’injustice ? Sans feinte, Ikonòmou décrit ce qui permet encore d’espérer en Grèce : les coopératives agricoles, la solidarité communale, les anarchistes. Mais c’est pour mieux en dire l’inanité. Espoir, société, politique, progrès, crise même, idées périmées tout cela. Le livre tonne de déclamations hallucinées et prophétiques où résonnent le désastre matériel absolu, le désarmement idéologique et la vacuité spirituelle. Paradoxalement, la peinture de ces extrémités enjoint à porter ailleurs son attention, plus loin : « Maintenant qu’il n’y a plus d’argent faut qu’on trouve autre chose pour être ensemble. »

    #grèce #crise