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Le 3 juillet à 13 heures, Kristina envoie à François ce mail que nous avons pu consulter : « Je suis à bout de forces, Bertrand est extrêmement jaloux de toi, et depuis que tu lui as décrit comment on faisait l’amour, il a des coups de colère, il vérifie tout, chaque mot peut faire éclater une dispute, et il s’interroge sur ce qui s’est passé le week-end dernier. Il me harcèle de a [sic] et s’il apprend quoi que ce soit, ce sera la fin de mon histoire ici-bas. Je n’arrête pas de courir d’un psy à l’autre pour trouver des solutions à ses coups de colère, mais ça ne marche pas. Je t’en supplie, n’appelle pas, l’iPhone a déjà été cassé lundi pour cela. L’autre, comme tu continuais, j’ai dû le cacher, car s’il apprend que tu connais mon numéro, c’est fini pour moi. »
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Le même jour, Kristina appelle ses parents, qui vivent à Budapest. Le téléphone sonne dans le vide. Ils sont partis au lac Balaton, où ils possèdent une maison. À leur retour de vacances, quelques jours plus tard, ils trouvent sur leur répondeur un message glaçant, de 7 minutes et 33 secondes : « Allô, salut Maman, salut Papa, c’est Cini [...] Ici beaucoup de choses se sont passées et des pas bonnes [...] Pourtant il aurait semblé que quelque chose de très bon m’arrive, mais en l’espace de quelques secondes Bertrand l’a empêché et l’a transformé en un vrai cauchemar qu’il appelle amour. Et j’en suis maintenant au point, alors que j’avais du travail pour tout ce mois-ci, ce qu’il ne supporte pas, qu’hier j’ai failli y laisser une dent, tellement cette chose que je ne sais comment nommer ne va pas du tout, mon téléphone, mes lunettes, m’a jeté quelque chose, de telle façon que mon coude est complètement tuméfié et malheureusement un cartilage s’est même cassé, mais ça n’a pas d’importance tant que je pourrai encore en parler. Mais... puisque nous avons donc décidé de revivre ensemble et que Bertrand, n’est-ce pas, est à nouveau amoureux de moi et ne peut vivre qu’avec moi, ce qui serait bien s’il était possible de vivre avec lui, mais on ne peut pas. [...] J’ai essayé, et j’essaie, de vivre de telle manière que je ne sois pas obligée de fuir, car soit il sera déjà trop tard pour fuir faute d’être encore en état pour le faire, soit je réunis mes forces maintenant et je m’enfuis avec Liszka [Alice, leur fille, NDLR]. [...] Naturellement, vous pouviez deviner qu’une série [d’événements] encore plus regrettable a eu lieu que celle de 2003, car à l’époque cela ne m’était pas arrivé à moi, tandis que maintenant cela m’arrive, et déjà à plusieurs reprises j’ai échappé au pire, et puis c’est intenable [...] Bertrand est fou, il croit que c’est là le plus grand amour de sa vie et que, mis à part quelques petits déraillements, tout va bien. Et tout le monde, bien sûr, dans la rue le considère comme une icône, comme un exemple, comme une star, et tout le monde désire que pour lui tout aille bien, et après il rentre à la maison et il fait des choses horribles avec moi devant sa famille. [...] J’espère qu’on va pouvoir s’en sortir et que vous pourrez encore entendre ma voix, et sinon, alors vous aurez au moins une preuve que... mais des preuves il y en a, les gens dans la rue et nos amis, car ce qu’ils ont vu hier quand Bertrand a tout cassé, et j’ai eu peur que pour une fois, cela ne se passe pas chez nous mais chez nos amis, et donc si telle chose devait arriver, ils pourraient témoigner, même si un témoignage n’aurait aucun sens car tel que je connais Bertrand, il se suiciderait, et alors les enfants resteraient là, orphelins. »
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Un des membres de Noir Désir nous raconte que Kristina lui avait déjà confié avoir peur pour sa vie. Il a essayé de parler au chanteur, l’a supplié d’aller voir un psy. « Je n’ai pas un problème avec les femmes, ce sont les femmes qui ont un problème avec moi », lui aurait répondu celui-ci.