Révolution Permanente

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  • Toulouse. Pendant que Attal exclut des élèves de l’école, 287 enfants dorment à la rue- RP Dimanche
    https://www.revolutionpermanente.fr/Toulouse-Pendant-que-Attal-exclut-des-eleves-de-l-ecole-287-enf

    À Toulouse, parents, personnels d’éducation et militants associatifs se mobilisent pour revendiquer des solutions de relogement pour les 287 élèves qui dorment actuellement à la rue avec leurs familles.Education / Toulouse / Précarité / Secundaria4 / Ecoles / Education nationale / Crise (...) @Mediarezo Actualité / #Mediarezo

  • La France crée un nouveau paradis fiscal pour attirer la FIFA- RP Dimanche
    https://www.revolutionpermanente.fr/La-France-cree-un-nouveau-paradis-fiscal-pour-attirer-la-FIFA

    A moins d’un an des Jeux Olympiques, le gouvernement vient de créer un paradis fiscal pour attirer les Fédérations sportives internationales dans l’Hexagone, à commencer par la surpuissante FIFA. Ces dernières se verront en effet exonérées de tout impôt pour leurs activités en France.Politique / FIFA / (...) @Mediarezo Actualité / #Mediarezo

  • Palestine : quand travailleurs arabes et juifs luttaient ensemble- RP Dimanche
    https://www.revolutionpermanente.fr/Palestine-quand-travailleurs-arabes-et-juifs-luttaient-ensemble

    Face au massacre colonial d’Israël contre le peuple palestinien, nous retraçons un exemple d’unité entre les travailleurs arabes et juives sous le drapeau du marxisme, en se replongeant dans les origines du conflit déclenché par l’impérialisme il y a un siècle.Palestine / Trotsky / Internationalisme / (...) @Mediarezo Actualité / #Mediarezo

  • Israël-Palestine : le secrétaire de la CGT dans le Nord en garde à vue pour « apologie du terrorisme »
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/lille/israel-palestine-le-secretaire-de-la-cgt-dans-le-nord-e

    Publié le 20/10/2023 à 09h43 • Mis à jour le 20/10/2023 à 11h17
    Écrit par Martin Vanlaton
    Nord
    Hauts-de-France
    Lille
    Jean-Paul Delescaut, secrétaire de la CGT dans le Nord, a été interpellé à son domicile pour « apologie du terrorisme », affirme le syndicat. En cause selon ses camarades, un tract pro-palestinien édité le 10 octobre dernier. Un rassemblement est en cours devant le commissariat de Lille.

  • Cisjordanie, Liban, Syrie... : des manifestants prennent la rue après le bombardement d’un hôpital à Gaza
    https://www.revolutionpermanente.fr/Bombardement-de-l-hopital-a-Gaza-Partout-dans-le-monde-des-mani

    Hier soir, de l’Irak à la Jordanie et la Syrie en passant par les États-Unis, la colère contre le massacre des palestiniens a envahi les rues dans une dizaine de pays. Et si les institutions israéliennes sont prises pour cibles, celles des États-Unis, de la France ou encore du Royaume-Uni qui continuent de soutenir Netanyahou sont également dans le viseur.

    En Cisjordanie occupée, des manifestants ont pris la rue à Ramallah pour revendiquer le départ du président Mahmoud Abbas. « Dégage », « le peuple veut la chute du président »…des chants scandés par les manifestants qui leur ont valu d’être réprimé par les forces de sécurité de l’autorité palestinienne à coups de gaz lacrymogènes dans les villes d’Hébron, Bethléem, Ramallah, Tubas, et Jénine, selon les médias locaux. Ce mercredi, plusieurs centaines de palestiniens ont repris la rue pour exiger « la fin de la coopération sécuritaire avec Israël ».

    En Turquie, raconte Le Monde, ce sont près de 80.000 personnes qui se sont rassemblées devant le consulat d’Israël à Istanbul. Une foule impressionnante réunie dans la capitale, qui a tenté de pénétrer dans le bâtiment. Le média Quds News Network rapporte également que des manifestants se sont rassemblés devant une base militaire américaine et ont lancé des pierres sur la police.

    #palestine #israel

  • Blocage du lycée Colbert après la convocation d’une élève pour une « jupe trop longue »
    https://www.revolutionpermanente.fr/Blocage-du-lycee-Colbert-apres-la-convocation-d-une-eleve-pour-

    Ce matin 3 octobre, les lycéens de Colbert à Paris ont bloqué leur établissement pour contester l’interdiction des abayas dans les écoles, dernière offensive islamophobe du gouvernement. Une élève aurait été convoquée pour une jupe trop longue. En réponse, les lycéens ont barricadé les grilles de l’établissement et ont déployé des banderoles autour du bâtiment : « Stop Islamophobie d’État » et « Islamophobie =/= Laïcité ». « A bas l’État islamophobe ! » scandaient des centaines de lycéens devant les portes de leur établissement. Vers midi, des policiers de la CSI sont intervenus pour débloquer le lycée.

    • la position de Amnesty International :

      Ce que nous dénonçons :  

      cette interdiction limite la liberté d’expression et de religion, particulièrement des femmes et des filles musulmanes, ainsi que leurs droits à ne pas être discriminées à l’école en fonction de leur race, leur religion ou leur genre ; 
      cette interdiction, par son étendue sur tout le territoire et son imprécision (quant à savoir ce que sont réellement une abaya et un qamis), mais aussi et surtout par sa mise en place dans un contexte de discours de personnalités politiques discriminatoires à l’encontre des musulman.es (ou personnes perçues comme telles) fait craindre à de graves discriminations ;
      l’État ne démontre pas en quoi l’interdiction de l’abaya et du qamis est nécessaire pour protéger les enfants ou la sécurité nationale.  

      Explications. ⬇
      Une limitation de la liberté d’expression et de religion 

      Premier problème : l’État ne démontre pas en quoi l’interdiction de l’abaya et du qamis est nécessaire pour protéger les enfants ou la sécurité nationale.  
      En effet, toute restriction aux droits à la liberté d’expression et de religion ou de conviction doit répondre à un critère rigoureux en trois volets. Elle doit :  

      - être prescrite par la loi ;  

      - viser un objectif légitime spécifique autorisé par le droit international, à savoir : la protection de la sécurité nationale, l’ordre public, la santé publique, la morale ou la protection des droits d’autrui ; 

      - être manifestement nécessaire et proportionnée à cette fin. 

      - En outre, il incombe à l’État, lorsqu’il adopte et met en œuvre des restrictions à ces droits, de fournir les preuves nécessaires de leur légitimité, de leur nécessité et de leur proportionnalité et d’évaluer l’impact discriminatoire que ces restrictions peuvent avoir sur des groupes spécifiques. Les autorités françaises ont jusqu’à présent omis de le faire en ce qui concerne l’interdiction de l’abaya et du qamis.

      https://www.amnesty.fr/actualites/notre-position-sur-linterdiction-du-port-de-labaya-dans-les-ecoles-publiques

    • Rappel à la loi du 2004-228 du 15 mars 2004 par le CCIE (Collectif contre l’islamophobie en Europe) :

      https://ccieurope.org/2023/07/28/tenues-vestimentaires-a-l-ecole-publique
      entre autre :

      Ainsi, la loi du 15 mars 2004 ne s’oppose pas au port de jupes ou robes longues, de tenues amples ou d’accessoires, qui ne sont pas par nature des tenues religieuses et qui sont communément portées. Les vêtements ordinaires tels que robes ou jupes longues ne sont en principe pas assimilés à une tenue religieuse. Interdire le port de jupes longues ou vêtements amples, quelles que soient leurs couleurs, est une atteinte à l’identité personnelle et à la liberté d’expression. Les vêtements peuvent, en effet, être portés par goût personnel, sans connotation religieuse.

      Mais bon, après, pour les petits salopards et les gros faisans qui « drivent » la Ve République, la loi n’existe que pour être contournée, voire durcie. Ne pas oublier non plus que, depuis 2015, nous sommes dans un régime d’exception.

  • La lutte féministe et le piège du punitivisme
    https://www.revolutionpermanente.fr/La-lutte-feministe-et-le-piege-du-punitivisme

    De #MeToo au mouvement Ni Una Menos en Argentine ou en Italie, en passant par le plus récent #SeAcabó des footballeuses espagnoles, l’accent a été mis sur la violence de genre et sur la manière d’y faire face, en dénonçant les féminicides et les multiples agressions et abus sexuels qui se produisent sur les lieux de travail et dans d’autres sphères sociales. Le mouvement des femmes a contesté la naturalisation de ces agressions et abus, ce qui a constitué un grand pas en avant. Cependant, lorsqu’il a fallu articuler des stratégies de lutte, des objectifs et des programmes politiques, de profondes divergences sont apparues au sein du féminisme. Si dans les premières années de cette nouvelle vague féministe, les courants du féminisme radical, défendant des conceptions séparatistes et parfois essentialistes, étaient assez hégémoniques, récemment des voix se sont faites entendre à gauche pour remettre en cause ce que l’on peut appeler une dérive punitiviste du féminisme. Dans cet article, nous proposons un aperçu de certaines de ces critiques, pour ensuite approfondir le point de vue et le programme d’un féminisme socialiste à ce sujet.

    #féminisme #punitivisme #anticarcéral #abolitionnisme #justice

  • Le cinéma, anatomie- RP Dimanche
    https://www.revolutionpermanente.fr/Le-cinema-anatomie

    « Anatomie nous a réappris à voir le cinéma pour ce qu’il est, un agencement d’images et de sons, un moyen de faire apparaître le monde », une critique cinéma par Nicolas Vieillescazes, traducteur et directeur des éditions Amsterdam. - RPDimanche-2023-09-17 / Culture, Cinéma, Critique cinéma, Dimanche (...) @Mediarezo Actualité / #Mediarezo

    • La juxtaposition est illustrée à merveille dans la scène de dispute, qui, par son insoutenable durée, saisit, comme seuls Cassavetes, Pialat et Bergman l’avaient fait auparavant, la cruauté des rapports de couple, où chacun, campant sur sa position, se retrouve à la fois bourreau et victime, s’adonne à l’outrance et à l’injustice, balance, presque à son insu, à la seule fin de faire mal, des horreurs qui n’auraient jamais dû remonter à la surface. Mais au fond, peu importe que Samuel soit foncièrement incapable de terminer un livre, ou que sa femme soit si dominatrice qu’elle l’ait empêché de devenir le grand écrivain, ou qu’à l’inverse elle l’ait, comme elle le répète, toujours soutenu. Peu importe : l’interprétation psychologique, bien que possible car suscitée par le cadre judiciaire où l’on tente d’établir des « profils » (c’est-à-dire d’unifier la variété des traces dans une identité), est ici sans objet. La scène, en faisant coexister deux interprétations contraires des mêmes faits, deux positions antagoniques entre lesquelles il nous sera à jamais impossible de trancher, n’est que le paroxysme de la disjonction perceptive sur lequel le film se fonde et dont il ne cesse d’explorer différentes combinaisons.

      Par exemple, la disjonction entre le son et l’image. À la barre, Daniel rapporte les propos que son père lui a tenus un jour qu’ils étaient en voiture : apparaît alors le visage en gros plan de Samuel (vu, sans doute, du point de vue de Daniel) mais la voix qui semble sortir de sa bouche est celle, parfaitement synchrone, de l’enfant qui témoigne dans le présent du récit. Plus troublant encore, quand est diffusé au tribunal l’enregistrement audio de la dispute entre Samuel et Sandra, la bande-son semble elle-même sécréter une image qui ne se rattache au point de vue d’aucun personnage mais pourrait correspondre à la vérité des faits ou, à l’inverse, être seulement inférée par un public imaginaire avide de connaître le fin mot de cette histoire – celui du tribunal, celui que nous sommes –, un peu comme, dans Blow Out de Brian De Palma (1982), le son émis par l’éclatement du pneu, peut-être dû à l’impact d’une balle, vient susciter l’image hypothétique de l’événement et ainsi, donner complétude et cohérence à la scène matricielle qui obsède le protagoniste. Or ici, à l’instant où la dispute atteint son point culminant, où les mots de reproche cèdent la place aux cris, aux gémissements et aux coups, Triet enlève l’image et nous ramène dans la salle d’audience où sa caméra se focalise sur le visage décomposé de la juge en train d’écouter cet enregistrement.

      #cinéma #Justine_Triet #couple #incertitude

    • « Anatomie d’une chute » dépasse le million de spectateurs en salles, à défaut de représenter la France aux Oscars
      https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/09/23/anatomie-d-une-chute-depasse-le-million-de-spectateurs-en-salles-a-defaut-de

      Le film de Justine Triet dépasse déjà largement la dernière Palme d’or française, « Titane » (306 293 entrées en 2021), au box-office.

      https://seenthis.net/messages/1004434

  • Trois journalistes de Libération convoqués par la police pour avoir enquêté sur un meurtre policier
    https://www.revolutionpermanente.fr/Trois-journalistes-de-Liberation-convoques-par-la-police-pour-a

    L’État poursuit l’intimidation des journalistes. Ce jeudi, trois journalistes de Libération ont été convoqués par la police judiciaire après avoir écrit des articles sur le meurtre policier d’Amine Leknoun, tué par un agent de la BAC en août 2022.

    L’État poursuit l’intimidation de journalistes. Deux jours après que la journaliste d’investigation chez Disclose, Ariane Lavrilleux, [ait été perquisitionnée et placée en garde-à-vue- >https://www.revolutionpermanente.fr/Une-journaliste-arretee-par-la-DGSI-pour-avoir-revele-la-compli par la DGSI, c’est au tour de trois journalistes de Libération, Ismaël Halissat, Fabien Leboucq et Antoine Schirer d’être convoqués par la police judiciaire.

    Leur tord ? Avoir rédigé plusieurs articles sur le meurtre policier d’Amine Leknoun, tué par balles par un agent de la BAC pour « refus d’obtempérer » en août 2022 à Neuville-en-Ferrain. Ils ont en effet procédé à une enquête sur la mort du jeune homme qui conteste l’argumentaire policier de la « légitime-défense », notamment au travers de l’analyse médico-balistique, dénoncé une « frêle enquête judiciaire [qui] semble avoir été délaissée par l’IGPN et la juge d’instruction », et ont donné la parole à la famille de la victime dans leurs colonnes en juin dernier.

    En réaction, ils ont été convoqués par la brigade criminelle de la police judiciaire de Lille pour « violation du secret de l’instruction », « recel de violation du secret de l’instruction » et « diffamation publique à raison de la fonction ou de la qualité de dépositaire de l’autorité publique » selon le communiqué signé par la société des journalistes et du personnel de Libération et la direction de la rédaction.

    Une attaque à l’encontre de celles et ceux qui dénoncent les violences policières et qui envoie un message clair à l’ensemble des journalistes : enquêter sur les mensonges d’État qui entourent les crimes policiers et l’impunité dont jouissent les auteurs de violences, c’est s’exposer soi-même à la répression judiciaire. Le comité de rédaction de Révolution Permanente apporte sa solidarité aux journalistes de Libération et de Disclose, qui font face à une campagne répressive de l’État contre le droit d’informer.

    • Communiqué de la Société des journalistes, du personnel de Libération et de La direction de la rédaction

      Ce jeudi 21 septembre, les journalistes de Libération Ismaël Halissat, Fabien Leboucq et Antoine Schirer étaient convoqués pour être entendus en tant que suspects sous le régime de l’audition libre par la brigade criminelle de la police judiciaire de Lille.

      Les motifs d’infractions de « violation du secret de l’instruction », « recel de violation du secret de l’instruction » et « diffamation publique à raison de la fonction ou de la qualité de dépositaire de l’autorité publique » retenus par le parquet visent la publication d’une série d’articles sur la mort d’Amine Leknoun, tué par un policier de la BAC, à Neuville-en-Ferrain (Nord).

      Dans leur enquête, les journalistes de Libération soulignent les manquements de l’IGPN et de la juge d’instruction dans la conduite des investigations concernant la mort d’Amine Leknoun.

      Parce qu’elle constitue un gaspillage des ressources de la police et de la justice, et, surtout, dans la foulée de la perquisition et de la garde à vue de trente-neuf heures infligées à notre consœur de Disclose Ariane Lavrilleux, une nouvelle tentative d’intimidation de journalistes, la Société des journalistes et du personnel (SJPL) et la direction de Libération dénoncent une procédure inadmissible et indigne d’un pays démocratique où la liberté de presse ne doit en aucun cas être entravée.

      https://www.liberation.fr/plus/communiques/des-journalistes-de-liberation-convoques-par-la-pj-communique-de-la-sjpl-

  • « Revenir à la révolution chilienne » Franck Gaudichaud
    https://www.revolutionpermanente.fr/Revenir-a-la-revolution-chilienne


    Que faut-il retenir de la Révolution chilienne ? Quelles leçons en tirer ? Auteur, entre autres, de Découvrir la Révolution chilienne , qui vient de sortir aux Éditions sociales, Franck Gaudichaud est professeur d’histoire et civilisation de l’Amérique latine à l’Université Toulouse Jean Jaurès et militant du Nouveau Parti Anticapitaliste.

    RP Dimanche : Lorsque l’on pense au Chili des années 1970, ce qui vient le plus souvent à l’esprit c’est soit l’image d’Allende et d’une possible « voie électorale et pacifique au socialisme », soit l’évocation du terrible coup d’État de Pinochet qui clôt l’expérience gouvernementale de l’Unité Populaire (UP). Dans le titre de ton dernier ouvrage consacré à la période, publié aux Éditions sociales dans la collection « Découvrir », passionnante invitation à (re)parcourir la séquence 1970-1973, tu as opté pour le terme « Révolution chilienne » pour évoquer la période. Pourquoi un tel choix ?

    Franck Gaudichaud : Précisément, à cinquante ans du coup d’État, l’idée était de redécouvrir cette expérience en tant que processus révolutionnaire, de montrer à quel point le coup d’État a été en fait l’issue dramatique d’une période de mille jours de mobilisations, de luttes, de débats stratégiques, de création de formes diverses de pouvoir populaire, de capacité de celles et ceux d’en bas à intervenir sur la scène politique, à déplacer les lignes, y compris celles de la gauche parlementaire et du gouvernement Allende. Ces mille jours ont été un moment d’immense politisation comme on peut très bien le voir dans La Bataille du Chili de Patricio Guzmán, un moment de créativité populaire dans les champs artistiques, culturels, médiatiques mais aussi en termes d’organisation pour affronter l’opposition, l’oligarchie, la bourgeoise putschiste et tous les réactionnaires.

    Il s’agissait de revenir sur cette joie, ce soulèvement que déclenche l’élection d’Allende. Derrière lui, il y a un mouvement bien plus vaste, alimenté et structuré par des militants politiques, ce que l’historien Peter Winn a appelé « la révolution par en bas ». Au lieu d’en rester aux lunettes noires de Pinochet et à la violence du coup d’État et de la répression contre-révolutionnaire, aux années de dictature, l’idée était de revenir sur la puissance tellurique de ces mobilisations que l’on peut qualifier de révolutionnaires. C’est l’origine du titre « Révolution chilienne », même si d’un point de vue historique strict, il n’y a pas eu de révolution. Il y a un processus révolutionnaire qui n’a pas trouvé d’issue révolutionnaire. Il a été écrasé avant de dépasser les limites et les obstacles de la voie chilienne...

  • Argentine. Les raisons de la percée du candidat d’extrême-droite Javier Milei
    https://www.revolutionpermanente.fr/Argentine-Les-raisons-de-la-percee-du-candidat-d-extreme-droite

    Dans El Diplo, Fernando Rosso revient sur les racines du succès électoral du libertarien Javier Milei aux primaires argentines, produit du double échec du néo-libéralisme de Macri et de l’étatisme mou du Frente de Todos, et sur les contradictions que ce résultat ne doit pas masquer.

    Nous relayons la traduction de ce texte publié originellement sur El Diplo, la version latino-américaine du Monde Diplomatique. et intitulé Milei, la chose et les causes.

    « Milei n’a peut-être pas raison, mais ceux qui votent pour lui ont raison », écrit le journaliste Martín Rodríguez. Il met ainsi le doigt sur une plaie qui, ce dimanche, s’est gangrenée. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : trouver les raisons de la « folie » de cet homme qui aime les chiens, parle à l’au-delà et se prend pour le roi d’un monde perdu [1]. Ne pas le considérer comme une trajectoire biographique indéchiffrable, mais comme un phénomène politique brutal.

    L’Argentine est devenue depuis longtemps un cimetière d’ambitions hégémoniques, où les différents blocs sociaux (et leurs expressions politiques) réussissent à bloquer les projets de leurs adversaires, mais n’ont pas les moyens d’imposer le leur de manière durable. Javier Milei et le libertarianisme triomphant à l’issu des primaires [2] est le produit de ce labyrinthe et la conséquence de deux échecs et d’un succès.

    Les échecs sont, d’une part, celui du néolibéralisme dur, qui a sombré avec l’aventure du gouvernement Macri, et, d’autre part, celui de l’étatisme mou - dont la dernière expression a été l’administration terne d’Alberto Fernández - incapable de tenir les promesses de son propre récit. Dans ce dernier cas, nous nous trouvons face à ce que Pablo Semán a qualifié de « simulacre d’État » (mimica de Estado) : un récit étatiste dans un contexte de capacités de l’État ankylosées, qui ne permettent pas de satisfaire, même partiellement, les revendications sociales émergeant d’une crise chronique, profonde et multidimensionnelle.

    Le succès a été la capacité (essentiellement du péronisme) à contenir et à faire taire les organisations syndicales et « sociales » qui ont été des pourvoyeurs volontaires d’ordre et de gouvernabilité pour un gouvernement qui poursuivait l’austérité par d’autres moyens. Sa feuille de route économique a aggravé le mal-être social et donné lieu à une humeur collective dominée par la colère, la lassitude et la fatigue, qui n’a pas trouvé de canal pour s’exprimer sous forme de révolte.

    Dans The Tragedy of the Labour Movement, le sociologue et journaliste américain d’origine autrichienne Adolf Sturmthal écrivait qu’il était impossible de « comprendre ce qui s’est passé en Europe sans le relier au destin de ses organisations ouvrières ». Il faisait référence au début de l’entre-deux-guerres, avant la montée du fascisme et du nazisme. Impacté par la lecture de ce livre, Juan Carlos Portantiero a repris la notion d’« impasse » pour réfléchir à une période de la réalité argentine. Sturmthal a soutenu que le grand drame du mouvement syndical européen à cette époque était sa mentalité de « groupe de pression » : chercher à imposer ses revendications corporatistes sans penser un projet politique dans son ensemble (indépendamment du débat sur ce que ce projet devrait être).

    La plupart des directions des organisations syndicales et « sociales » argentines ont une praxis similaire, à une différence près : leur pratique de « groupe de pression » se fait par des méthodes diplomatiques, des négociations ministérielles et dans la paix sociale. Cela transforme les classes populaires (et leurs différentes couches) en une « majorité silencieuse » dominée par le désespoir, la colère ou le remords, en phase avec l’époque. L’absence de cet acteur et de cette voix sur la scène publique argentine confère à l’ultra-droite un premier avantage dans le contexte de la crise.

    Matériellement, cela renforce et cristallise la division de la classe ouvrière en deux parties, avec un secteur qui maintient quelques conquêtes et droits, voire lutte contre l’inflation, et un autre secteur, de plus en plus large, qui est livré à lui-même, en proie à l’« uberisation » ou à la précarisation des conditions de vie. Tout un contingent de travailleurs est condamné à un petit entrepreneuriat marginal, d’où émergent de nouvelles subjectivités, éloignées des expériences collectives et beaucoup plus enclines à accepter les discours individualistes. Dans ces brèches émergent ce que les chercheurs brésiliens Daniel Feldmann et Fabio Luis Barbosa dos Santos [3] - essayant d’expliquer les bases sociales du bolsonarismo - ont décrit comme une « sociabilité concurrentielle », de compétition des uns contre les autres : ceux qui travaillent contre ceux qui ne travaillent pas, par exemple. Un processus parallèle à l’affaiblissement des corps intermédiaires, caractéristique du néolibéralisme à son stade le plus avancé. Le discours sur la « liberté » agité par les libertariens pendant la pandémie avait un sens très spécifique pour ceux qui composent cet univers de personnes, qui n’avaient pas d’autre choix que d’aller travailler et n’avaient pas les moyens de « rester à la maison ».

    D’autre part, la réaction de droite exprimée par le « mileisme » en construction n’est pas seulement une réaction à ce « simulacre d’État ». Elle est également combinée à un rejet de ce que la philosophe Nancy Fraser a appelé le « néolibéralisme progressiste » : des années d’un intense récit progressiste de la part de l’État, combiné à une austérité économique tout à fait orthodoxe.

    Mais au-delà des racines sociales et des récits de l’État, Milei et le libertarianisme ont eu des promoteurs par en haut. Un certain establishment s’est efforcé de l’inscrire en haut de l’affiche et de déplacer le débat public vers la droite. Bien qu’il ne s’agisse pas essentiellement d’un artefact créé de toutes pièces, le « phénomène Milei » ne serait pas ce qu’il est sans avoir été dopé par l’appareil médiatique. Dans son livre El loco. La vida desconocida de Javier Milei y su irrupción en la política argentina, le journaliste Juan Luis González révèle les efforts concrets et matériels d’hommes d’affaires comme Eduardo Eurnekián pour le positionner sur la scène médiatique.

    Enfin, il ne faut pas oublier le petit calcul politique du pan-péronisme, qui a misé sur la croissance de Milei dans l’espoir qu’il enlève des voix à Juntos por el Cambio. On pourrait nous répondre qu’il s’agit d’une manœuvre courante et même légitime dans les conflits politiques, mais le problème est plus grand lorsque la stratégie se réduit uniquement à un pari sur la capacité à diviser les votes du parti d’en face, tandis que l’on perd chaque jour une partie de ses propres votes. Le résultat « non désiré » a été un moteur supplémentaire pour l’expérience libertarienne.
    Cependant, face à la "dépression post-PASO" qui ne manquera pas d’envahir les âmes du progressisme, il convient d’affirmer que Milei n’échappe pas à la « malédiction » argentine. Celle qui veut que le triomphe électoral ne soit pas synonyme de conquête d’un rapport de force pour imposer un projet politique. Le vainqueur du jour court aussi le risque de prendre la partie pour le tout, et l’ampleur de l’espoir qu’il suscite réellement reste à évaluer.

  • « Beaucoup en France semblent ne pas mesurer ce qu’a été la colonisation au Niger » | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/international/060823/beaucoup-en-france-semblent-ne-pas-mesurer-ce-qu-ete-la-colonisation-au-ni


    https://justpaste.it/b6713

    « Beaucoup en France semblent ne pas mesurer ce qu’a été la colonisation au Niger »
    Pour l’historienne Camille Lefebvre, qui a étudié la période de l’occupation coloniale au Niger à la fin du XIXe siècle, ce moment est primordial pour comprendre le ressentiment des Nigériens à l’égard de la France, même si ce dernier est instrumentalisé par les militaires qui ont renversé le président Mohamed Bazoum.

    #Niger #France

  • 🔴 Comment une ancienne dirigeante de la CGT a-t-elle pu être nommée préfète par Macron ? 🙃 😆

    Maryline Poulain, ancienne membre de la direction confédérale de la CGT et référente du travail en direction des travailleurs migrants, vient d’être nommée préfète déléguée à l’égalité des chances auprès de la préfète de la région Grand Est, préfète de la zone de défense et de sécurité Est, préfète du Bas-Rhin, par Emmanuel Macron, sous conseil du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin (...) L’ancienne syndicaliste a répondu très favorablement à cette nomination, en expliquant être « très fière et honorée » et en n’oubliant pas de remercier chaleureusement Macron, Borne et Darmanin pour cette place offerte en tant que haute-fonctionnaire de l’appareil d’État (...)

    #CGT #Maryline_Poulain #préfecture #Darmanin #macronie #nomination #BasRhin #bureaucratie #collaborationdeclasse #pouvoir #étatisme... 🤑 💩

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    > Décret du 13 juillet 2023 portant nomination de la préfète déléguée pour l’égalité des chances auprès de la préfète de la région Grand Est, préfète de la zone de défense et de sécurité Est, préfète du Bas-Rhin - Mme POULAIN (Marilyne)

    https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000047836698

    🔴 ▶️ " ...elle garde avec le #PCF et avec la centrale cégétiste des liens privilégiés. Fabien #Roussel, qu’elle apprécie beaucoup, l’a chaleureusement complimentée pour sa promotion... "


    https://www.dna.fr/politique/2023/07/20/la-cegetiste-marilyne-poulain-nommee-prefete-a-l-egalite-des-chances-dans-le-bas

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    ⏩ Lire l’article complet (via le site trotskyste et très orthodoxe « RP ») :

    ▶️ https://www.revolutionpermanente.fr/Comment-une-ancienne-dirigeante-de-la-CGT-a-t-elle-pu-etre-nomm

  • Notre préfet de l’Hérault continue de peaufiner sa carrière politique à l’extrême-droite :
    https://www.revolutionpermanente.fr/Racisme-Robert-Menard-s-oppose-au-mariage-d-un-Algerien-et-l-ex

    Ce jeudi, la préfecture de l’Hérault a annoncé par un communiqué sur Twitter que Mustapha B. a été expulsé du territoire français, quelques jours après avoir été empêché de célébrer son mariage avec sa compagne française. Un acte on ne peut plus raciste, dont s’est félicité Robert Ménard, le Maire de Bézier.

    • Darmanin dans ses œuvres : il faudrait faire une loi qui viole explicitement la Convention européenne sur les droits humains :
      https://www.lepoint.fr/politique/robert-menard-s-oppose-au-mariage-d-un-algerien-sous-oqtf-et-d-une-francaise

      L’article 12 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et du citoyen précise également que rien n’empêche deux sans-papiers de se marier.

      « Il est impossible d’interdire à une personne de se marier sous prétexte de sa religion, de sa couleur de peau ou de sa situation aux yeux de l’administration du pays dans lequel elle vit », précise également ce même article.

      Robert Ménard a alerté Gérald Darmanin et Emmanuel Macron de la situation. Il a réclamé qu’une solution soit trouvée avant le jour J… Le ministre de l’Intérieur lui aurait répondu qu’il faudrait « mettre une mesure concernant ce type de mariages dans la prochaine loi sur l’immigration. » En attendant, le gouvernement souligne que « le mariage n’empêche pas l’expulsion ».

  • Une révolte politique, fruit de la répression du militantisme dans les quartiers populaires
    https://aoc.media/analyse/2023/07/06/une-revolte-politique-fruit-de-la-repression-du-militantisme-dans-les-quartie

    Si la révolte qui a éclaté après la mort de Nahel s’avère très politique, c’est qu’elle se comprend comme une réponse à des décennies de marginalisation sociale de quartiers qui se sont peu à peu autonomisés, à mesure qu’ils étaient délaissés par les partis politiques. Or, la myriade d’organisations diverses qui les avait pris en charge a été très fragilisée ces dernières années, voire ouvertement attaquée par les pouvoirs publics.

    Les causes de l’embrasement qu’a connu la France la semaine dernière sont éminemment politiques. D’abord, car la mort de Nahel est indirectement le produit de la loi de 2017 qui a facilité le recours à la légitime défense et s’est traduite par une augmentation significative du nombre de tirs et de morts dans les interactions avec la police.

    Politique encore, en ce que la révolte est une réponse à des décennies de marginalisation sociale de ces quartiers. Contrairement à ce qu’avance une vulgate peu informée, malgré ses milliards la Politique de la ville n’est qu’une maigre compensation au fait que la République consacre moins de moyens à ces territoires qu’aux autres, que ce soit en termes d’éducation, de transports et plus généralement d’accès au service public. Des députés de droite et de la République en Marche l’avaient d’ailleurs reconnu en 2018 dans le cadre d’un rapport parlementaire sur la Seine-Saint-Denis[1].

    Les gouvernements successifs ont ainsi fait le choix répété de donner moins à ceux qui ont déjà moins. La colère cible dès lors d’abord les symboles d’un État qui a failli : commissariats, mairies, écoles. Dans le cadre de mes recherches, j’ai souligné la fréquence de la mention des élus, de l’État ou de « la France » quand les personnes identifient les causes des discriminations qu’elles subissent[2]. Le personnel politique est souvent jugé responsable des injustices : par inaction, en renvoyant les inégalités vécues à la responsabilité des habitants eux-mêmes ou en contribuant à la stigmatisation de ces territoires par leurs discours. Les habitants de ces quartiers ont bien conscience de la dimension politique de leurs problèmes.

    L’autonomie politique des quartiers populaires

    Mais pourquoi certains d’entre eux l’expriment-ils de façon si violente et auto-destructrice ? De fait, les élections sont rarement perçues comme un moyen d’améliorer son sort, fruit de décennies de promesses non tenues, notamment à gauche. Cette démobilisation électorale est renforcée par la distance sociale vis-à-vis d’élus auxquels on peine à s’identifier et dont on a le sentiment qu’ils ne peuvent comprendre ce que l’on vit. Au-delà, la gauche, qui continue de recueillir les suffrages de ceux qui votent, n’a historiquement entretenu qu’un rapport paternaliste ou clientéliste à ces quartiers, si bien que leurs habitants voient rarement les partis comme un moyen d’améliorer leur condition[3].

    Cette marginalisation par le système partisan explique que depuis les années 1980 les quartiers aient vu fleurir une myriade d’organisations autonomes visant à représenter leurs intérêts : le Mouvement Immigration Banlieue, le Forum social des quartiers populaires, le Front uni des immigrations et des Quartiers populaires, la Coordination pas sans nous, Comité Adama, le Front de mères, sans parler des dizaines de petites associations qui œuvrent localement dans ces quartiers… Ces acteurs ont permis d’offrir une voix aux habitants de ces quartiers, de défendre leurs intérêts quand personne ou si peu ne le faisait.

    Des corps intermédiaires fragilisés

    Or, ces corps intermédiaires sont aujourd’hui extrêmement fragilisés. Ils manquent de moyens financiers et ont été durement affectés par la suppression des emplois aidés en 2017. Plus encore, les modalités de financement des associations contribuent souvent à leur auto-censure et in fine leur dépolitisation, l’expression de critiques à l’égard des financeurs pouvant se traduire par des sanctions délétères. Le travail nécessaire d’éducation populaire pour structurer les colères n’est dès lors plus toujours opéré. Ces acteurs militants sont en outre souvent vus d’un mauvais œil par les pouvoirs publics : trop à l’image des habitants de ces quartiers, on les qualifie de « communautaristes », de « séparatistes », « d’islamistes »…

    Certaines associations, comme récemment Femmes sans frontières à Creil, ont ainsi perdu leurs financements, sans autre explication possible que la présence en leur sein de femmes portant un voile[4]. Les centres sociaux, dont on redécouvre aujourd’hui le rôle essentiel, ont aussi été attaqués. À Tourcoing, une MJC a dû fermer ces derniers mois après la perte de tous ses financements, sans autre justification que la présence pourtant légale de salariées portant un foulard en son sein. La Fédération nationale des centres sociaux a également été la cible de critiques acerbes de la ministre de la Vie associative, suite à une rencontre sur la lutte contre les discriminations avec des jeunes à Poitiers, qui avait semblé trop peu républicaine à son goût. Un rappel à l’ordre qui peut contribuer à la dépolitisation du travail social.

    Dans un autre domaine, celui du logement, central pour les résidents des banlieues, des associations ont aussi été ouvertement attaquées, accusées de communautarisme et exclues du système de représentation des locataires[5]. À Grenoble, l’Alliance citoyenne a fait l’objet d’une plainte par un bailleur du fait de son recours à la désobéissance civile. Récemment, à Roubaix, la mobilisation d’un collectif d’habitants contre un projet de rénovation urbaine qui leur impose de quitter leurs logements contre leur gré a été disqualifiée, se voyant reprochée d’être impulsée par des « dealers » et des « délinquants ». Quelques années plus tôt, la Table de quartier du Pile avait aussi perdu financements et local, suite au travail d’organisation de la colère d’habitants qui ne souhaitaient pas non plus quitter leur quartier[6]. Non seulement les fonds de l’Agence nationale de rénovation urbaine (ANRU) ne sont pas employés à stimuler la participation dans ces quartiers, mais la rénovation urbaine se fait le plus souvent contre elle. La dispersion des habitants induite par la rénovation urbaine brise les réseaux de solidarité informelle qui constituent à la fois un filet de sécurité sociale et le ferment de l’action collective dans ces territoires. Le choix de se concentrer sur la rénovation du bâti plutôt que sur le social depuis la création de l’ANRU en 2004 se paie aujourd’hui très cher.

    Des militants attaqués

    Ces exemples contrastent avec l’usage pour le moins erratique des fonds publics dans le cadre de la lutte contre le séparatisme orchestré par le Fonds Marianne, ayant servi à financer des associations à l’activité pour le moins discrète. Au-delà des questions financières, certaines organisations ont fait face à une répression plus frontale. Faut-il rappeler le traitement institutionnel qu’a connu le Comité Adama ces dernières années ? Plaintes en diffamation contre Assa Traoré, emprisonnement pour Bagui Traoré, attaques du président de la République les accusant de séparatisme… En juin 2020, ils n’avaient pourtant fait qu’organiser des manifestations pacifiques suite à la mort de George Floyd. Ces protestations d’ampleur contre les violences policières n’ont débouché sur aucune réforme des pratiques institutionnelles. Comment s’étonner dès lors que quand les voies traditionnelles d’expression de la colère sont bouchées celle-ci ne s’exprime autrement ?

    La loi « Séparatisme » est venue parachever ce processus en 2021, en institutionnalisant la défiance à l’égard des associations, via le Contrat d’engagement républicain et la facilitation des dissolutions. Avant cela, la dissolution du Collectif contre l’islamophobie en France – quand bien même le Conseil d’État avait reconnu qu’il n’était pas impliqué dans l’assassinat de Samuel Paty – a fait disparaitre une organisation structurée qui travaillait sur l’une des discriminations les plus durement ressentie dans ces territoires. Elle a été suivie par la dissolution du Collectif contre le racisme et l’islamophobie. Si les prises de position de ces acteurs parfois virulents ont pu heurter, elles incarnaient à leur manière, tout en permettant de la structurer, la colère qui habite les minorités françaises.

    Au-delà de la politisation ordinaire, quels débouchés politiques ?

    Ces quelques cas, loin d’être exhaustifs, font système. Plus que d’un rendez-vous manqué, ils témoignent de la répression institutionnelle des militants des quartiers. Celles et ceux qui seraient les mieux à même d’offrir un débouché pacifique et politique aux colères nées de discriminations et d’inégalités endémiques sont souvent perçus comme des ennemis de la nation[7]. Si le pouvoir actuel a radicalisé la gestion autoritaire des quartiers populaires, elle le dépasse et le précède, comme en témoigne la répétition des émeutes ces dernières décennies. Si l’on veut éviter que les mêmes révoltes ne se reproduisent dans cinq ou dix ans il faut s’attaquer aux racines politiques du mal. Réformer la police, permettre une éducation et des services publics de qualité, mais aussi transformer les pratiques démocratiques en changeant de regard et de rapport aux militants de ces quartiers qui réclament l’égalité.

    Les conséquences politiques pour le moins incertaines du soulèvement actuel imposent cependant d’aller au-delà du constat nécessaire de la politisation de l’émeute. Rappeler la politisation ordinaire des habitants des quartiers ne suffira pas, comme la crainte des violences n’a pas suffi à créer un rapport de force capable de faire bouger les lignes. Si la séquence actuelle rappelle le potentiel politique des quartiers populaires, l’organisation de la colère demeure un chantier ouvert.

    Julien Talpin

    Politiste, Chargé de recherche au CNRS

    L’interdiction de la marche de La VéritéPourAdama prévue samedi en est un nouvel exemple.

  • Récits. Les juges humilient et condamnent par centaine des jeunes interpellés pendant les révoltes
    https://www.revolutionpermanente.fr/Recits-Les-juges-humilient-et-condamnent-par-centaine-des-jeune

    La question des violences policières est omniprésente. Pour cause, très nombreux sont les prévenus dont les blessures causées par les policiers lors de leurs interpellations sont encore visibles.

    C’est notamment le cas de deux jeunes de 20 ans qui comparaissent mardi après-midi à Bobigny, poursuivis pour tirs de mortier et violences sur PDAP. L’un d’eux a été blessé par un tir de flashball, l’autre s’est fait casser deux incisives lors de sa violente interpellation. Ils contestent les faits : « On est simplement sortis manger un grec ce soir-là ». « On est quand même dans une société où on peut tout se faire livrer, pourquoi vous êtes allés manger un grec dehors en période de violences urbaines ? », rétorque la magistrate.

    Ce qui dérange, comme dans de nombreuses autres affaires, c’est bien le simple fait d’être sorti en cette période de révolte, d’avoir été là. L’un d’entre eux sera relaxé, mais le second condamné à 10 mois fermes. « Force à toi ! », lance un soutien dans la salle.

  • @Youbrak
    https://twitter.com/Youbrak/status/1676902437599191041

    Une provocation inadmissible !
    La préfecture souhaite interdire la marche Adama VII ! Ils prennent cette décision suite à la publication de l’appel unitaire des forces de gauche. C’est une décision politique pour empêcher la solidarité avec les habitants des quartiers populaires !

    @Prefet95
    https://twitter.com/Prefet95/status/1676893637446172672

    Compte tenu des violences survenues les jours passés et face au risque de débordements et de troubles à l’ordre public que l’évènement peut susciter, #préfet95 a informé le comité « Vérité pour Adama » qu’il envisage d’interdire la marche, le rassemblement et le concert prévus le samedi 8 juillet 2023 à Persan et à Beaumont.

    #manifestation #interdiction

  • Violences, intimidations, jeunes livrés à la police : l’extrême-droite collabore à la répression des révoltes
    https://www.revolutionpermanente.fr/Violences-intimidations-jeunes-livres-a-la-police-l-extreme-dro

    A Lorient, une trentaine de militants d’extrême-droite masqués et cagoulés, ont, dans la nuit entre vendredi et samedi, participé à la répression. « Un groupe d’une trentaine d’individus, masqués, cagoulés et se présentant comme « anticasseurs », mettait « des serre-flex aux poignets » de certains jeunes, avant de les présenter aux forces de l’ordre » rapporte ainsi Le Télégramme.

    #extrême_droite #fascisme #collabo

  • Les hijabeuses empêchées de jouer au sein de la FFF : une nouvelle décision islamophobe du Conseil d’État
    https://www.revolutionpermanente.fr/Les-hijabeuses-empechees-de-jouer-au-sein-de-la-FFF-une-nouvell

    Les hijabeuses ont contesté devant le Conseil d’État l’article 1 des statuts de la FFF qui interdit le port de « signes ou tenues manifestant ostensiblement un appartenance religieuse » au cours des matchs. La juridiction a validé car cette interdiction permettrait « de prévenir tout affrontement ou confrontation ». Une décision dans la droite lignée des arrêts anti-burkini et témoignant du caractère réactionnaire de cette institution.

    #football #discriminations #islamophobie #foulard

  • « Il n’y a pas de justice pour nous » : à Pontoise, l’écrasement judiciaire de la révolte se poursuit
    https://www.revolutionpermanente.fr/Il-n-y-a-pas-de-justice-pour-nous-a-Pontoise-l-ecrasement-judic

    Quand vient le moment des délibérés, des policiers envahissent les petites salles d’audience du Tribunal de Pontoise et enserrent de façon anxiogène les rangs du public. Un homme noir, installé dans le public, regarde un instant son téléphone, un policer le menace immédiatement de le poursuivre pour outrage. Du côté des détenus aussi, derrière les vitres, le nombre de policiers est doublé, faisant pressentir à tout le monde la lourdeur des peines à venir et la colère que l’institution judiciaire est consciente qu’elle va déclencher.

    Le couperet tombe enfin et comme partout, les peines sont insoutenables. Pourtant la plupart sont sans casier, les dossiers vides, les preuves très faibles, comme le répètent les avocats, mais la plupart prennent des peines de prison ferme. Le groupe d’adolescents de 18 ans, poursuivis pour « groupement… », obtient une peine de 8 mois d’emprisonnement à domicile avec bracelet électronique. « On est soulagés qu’ils ne retournent pas en prison ce soir même si une peine de 8 mois d’emprisonnement à domicile, c’est énorme pour des gens sans casier et pour des faits comme ceux-là. Ils écopent aussi d’une interdiction de paraître à Argenteuil, alors qu’ils y vivent… » conclut Louisa.

    Partout les familles et les amis sont brisés par les condamnations. Un lycéen de 18 ans, sans casier prend 12 mois de prison ferme avec mandat de dépôt (départ en prison depuis l’audience). Il est accusé d’avoir fourni le briquet qui aurait servi à l’incendie d’une voiture. A la lecture du délibéré, sa mère s’effondre. Dans une autre salle, on annonce qu’un chauffeur de bus, père de famille, part en prison lui aussi pour 12 mois ferme. On lui reproche d’avoir transporté des feux d’artifice et d’avoir été interpellé avec du cannabis sur lui.

    Dans la foulée, un jeune homme est condamné lui aussi à 12 mois ferme avec mandat de dépôt pour conduite sans permis et refus d’obtempérer, sans participation aux émeutes. A la nouvelle, sa compagne, enceinte, s’effondre par terre et fait une crise d’épilepsie. Derrière la vitre, son mari la voit, paniqué, et est violemment immobilisé par les policiers autour de lui. Pendant ce temps la juge s’époumone en hurlant sur la famille de quitter la salle, alors même que la jeune femme est inanimée par terre face à elle. Une femme de la famille, est en pleurs : « On a moins quand on est un violeur aujourd’hui en France ».