• « Pour faire système, les alternatives doivent changer d’échelle » par Marine Caleb | Politis
    https://www.politis.fr/articles/2017/12/pour-faire-systeme-les-alternatives-doivent-changer-dechelle-38112

    travers des événements comme « Le Temps des communs » en 2015 ou « Villes en biens communs » en 2013, la sociologue Claire Brossaud explore la notion au prisme des sciences sociales. Alternative au capitalisme et au dualisme privé-public, moyen de changer la société, les « communs » sont encore loin de faire système. Selon cette chercheuse, les différentes expérimentations doivent changer d’échelle et miser sur la collaboration, ce qui prendra du temps.

    #Communs #Claire_Brossaud

  • Cette grande distribution qui affame les paysans et supprime les PME par Claude-Marie Vadrot | Politis
    https://www.politis.fr/articles/2017/12/cette-grande-distribution-qui-affame-les-paysans-et-supprime-les-pme-38106

    Cette grande distribution qui affame les paysans et supprime les PME

    Alors que les États généraux de l’alimentation se terminent, les grandes surfaces s’organisent et s’associent au niveau européen pour écraser les prix payés aux producteurs.

    D’après les dernières statistiques publiées le 14 décembre par la Commission des comptes de l’agriculture, le revenu des paysans français a reculé, toutes activités confondues, de 29 % au cours de l’année 2016. Avec tout ce que cela représente comme cessations d’activité et, aussi, suicides. En moyenne un tous les deux jours, soit une proportion supérieure de 20 % au reste de la population française. Au cours de cette même année le nombre des faillites des petites entreprises spécialisées dans la fabrication des produits alimentaires, généralement consacrées aux conserves, aux surgelés ou aux préparations pour les traiteurs, a été multiplié par deux. Certaines à cause des retards de règlement de leurs factures, d’autres ne pouvant plus faire face aux conséquences des tarifs d’achat à la baisse imposés par la grande distribution.

    Les États généraux de l’alimentation, dont les discussions durent depuis la fin du mois de juillet et se terminent dans quelques jours, n’ont guère pris en compte le problème des revenus des agriculteurs ou le sort des PME spécialisées dans l’agro-alimentaire. Pourtant, 90 % d’entre elles (60 000) emploient au plus une dizaine de salariés. Avec un taux de disparition annuelle de plus en plus élevé.
    Alliances entre grandes enseignes

    Ces situations ne préoccupent pas les quelques responsables de la grande distribution. Puisque les quelques géants existant dans ce secteur ont décidé de « rationaliser » et de mutualiser leurs recours aux centrales d’achat. Y compris en s’alliant à des plate-formes d’achat internationales regroupant déjà des Britanniques, des Espagnols, des Allemands et même des Russes. C’est, par exemple, le cas pour Casino qui va donc désormais se fournir par le biais d’une centrale d’achat réalisant chaque année un chiffre d’affaires de 184 milliards d’euros. De quoi peser sur les prix… mais en faisant porter ce poids sur les agriculteurs et les petites entreprises ou ateliers alimentaires. Tous n’ayant ni les moyens ni la force de résister aux exigences de la grande distribution. Laquelle veut pouvoir affirmer que les prix baissent, mais en faisant porter cet « effort » sur leurs petits fournisseurs. D’ailleurs c’est bien la seule préoccupation de Casino qui s’est pour cela associé à Intermarché. Notamment pour les « marques de distributeurs » qui ne permettent aucune traçabilité des produits.
    Achever les paysans et les PME

    Avec les mêmes objectifs, Auchan s’est associé à Système U dans une centrale française baptisée Alliance tout en regroupant ses achats avec l’enseigne Metro, le groupe de distribution allemand qui pèse 60 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an. Mais dans le domaine alimentaire et d’autres, Carrefour, c’est également Cora ou Fnac-Darty. Et Intermarché fait la loi sur les prix avec Alidis, Casino et Arena. En fait les croisements, d’un distributeur à l’autre, sont de plus en plus fréquents et multiples. Même pour Leclerc qui proclame une « indépendance » qui n’est que fictive puisque ses achats sont également regroupés avec Boulanger et Système U.

    Les grandes surfaces sont donc résolues, contrairement aux souhaits des consommateurs ou de la Confédération paysanne, à constituer un gigantesque conglomérat d’achat à travers l’Europe pour réussir à imposer une illusion de baisse des prix qui n’affectera que les revenus de nombreux agriculteurs, des entreprises de production alimentaire locales. Au détriment, notamment de la santé des consommateurs puisque ces groupes puissants sont déjà et seront en plus à même d’imposer le recours à des ingrédients et additifs face aux législations des États.

    Les États généraux de l’alimentation ont donc simplement fait apparaître que la grande distribution peut s’opposer sans crainte aux pays en raison de la force de frappe de son chiffre d’affaires.

  • Le CRIF ne représente pas les Juifs de France. Il nous mène à la catastrophe.
    http://www.ujfp.org/spip.php?article6053

    L’UJFP s’adresse solennellement aux Juifs de France. Donald Trump vient de violer un peu plus le droit international en reconnaissant Jérusalem comme capitale d’Israël et en mettant fin pour longtemps à toute perspective de paix fondée sur l’égalité des droits et la justice au Proche-Orient. Il confirme son alignement complet sur les Chrétiens sionistes américains (qui sont des antisémites) et sur un gouvernement israélien d’extrême droite qui a totalement libéré la parole raciste ou la déshumanisation de « l’Autre ». Source : UJFP

  • Sur France 2, Mélenchon fait preuve de courage politique par Pauline Graulle | Politis
    https://www.politis.fr/articles/2017/12/sur-france-2-melenchon-fait-preuve-de-courage-politique-38039

    Lors de son « Émission Politique », le leader de la France insoumise, questionné sur la « laïcité », a clairement pris position contre le discours douteux de Philippe Val, ancien patron de Charlie Hebdo.

    C’était attendu. Évidemment, Jean-Luc Mélenchon allait bien devoir en passer par là. Éclaircir ses positions sur « la laïcité » – entendez, l’islam. Après un mois de polémiques nauséabondes lancées par Charlie Hebdo suite à « l’affaire Ramadan », l’équipe de « L’Émission politique » n’avait rien trouvé de mieux que de lui opposer, hier soir, un ancien patron de… Charlie Hebdo. Histoire d’obliger le leader de la France insoumise à prendre position sur un débat potentiellement explosif pour l’unité de son mouvement et qu’il avait jusque-là pris soin de ne surtout pas ouvrir (lire ici).

    Sur le plateau de Léa Salamé, voilà donc Jean-Luc Mélenchon contraint et forcé de s’engager sur ce terrain glissant. La tâche n’est pas commode face à un Philippe Val venu dialoguer « en mémoire de nos amis assassinés » – une vache sacrée, donc. Il commence par un terrible lapsus sur Danièle Obono (« une militante antiraciste et antisémite – euh… »). S’excuse platement. Puis défend, clairement, et tout du long, sa camarade de l’Assemblée nationale, laquelle est accusée d’avoir jugé « islamophobes » certaines caricatures de Charlie et, plus récemment, de trouver utiles des réunions « non mixtes ». Danièle Obono, dit-il, « aborde [la question] par la solidarité des opprimés. Je ne suis pas procureur, c’est une amie, je la respecte, elle sait sur quoi nous sommes d’accord et sur quoi nous ne sommes pas d’accord ».
    « Ça va Val ! »

    Lui, « l’homme qu’on traitait de laïcard, de bouffeur de curé », n’en revient pas de cette « situation cocasse » de passer pour l’islamogauchiste de la soirée. Il faut dire que face à Philippe Val... Jean-Luc Mélenchon répète :

    La laïcité, c’est la séparation de l’Église et de l’État, c’est pas la guerre contre telle ou telle religion.

    Rien de bien nouveau en vérité. Mais, en cette période d’affrontement entre les pro-Charlie et les pro-Mediapart, la phrase résonne clairement. Et fortement.

    « Les musulmans font l’objet d’un ‘‘montré du doigt’’ permanent dont l’origine est le FN », lance ensuite l’insoumis, en référence à Manuel Valls. « Valls n’est pas d’extrême droite », rétorque, un peu gêné quand même, Philippe Val. Lequel ajoute : « Les actes terroristes ont baissé, les actes antimusulmans ont baissé, je vous l’accorde [sic]. Un Français juif a 20 fois plus de chances de se faire agresser. Pourquoi vous ne défendez jamais les juifs dans vos meetings ? » Mélenchon : « Dans tous mes meetings, je ne parle jamais des communautarismes, je défends l’universalité de la condition humaine. Je ne flatte pas de clientèle. »

    Comme à son habitude, Philippe Val manie l’amalgame sans pudeur de gazelle : « Le chanoine de Latran (lui) n’a tué personne. » « Dans votre mouvement, vous êtes l’arbre républicain qui cache la forêt communautariste. » « L’islamisme se réclame de l’islam et peut-être qu’un jour, il faudra le dire. » Visiblement, Jean-Luc Mélenchon n’en peut plus. Lance un « ça va, Val ! » salutaire.

    Quelques dizaines de minutes plus tôt, le député des Bouches-du-Rhône s’est prononcé pour la régularisation des travailleurs sans papiers, 400 000 selon un chiffre avancé par Adrien Quatennens : « Je suis pour qu’on traite humainement les gens. [D’autant plus quand ils sont] réfugiés de nos guerres, de notre économie, de notre perturbation climatique. » Contraste subtile, mais marquant, avec la campagne présidentielle, lorsqu’il s’en prenait « au travailleur détaché qui vole son pain aux travailleurs qui sont sur place ». Ce soir, sur France 2, il s’est passé quelque chose : Jean-Luc Mélenchon est redevenu banalement de gauche.

    • La France insoumise n’a pas de temps à perdre avec Valls et Bouteldja par Thomas Guénolé

      La France insoumise défend le républicanisme. Certes, les autres grandes formations politiques du pays s’en revendiquent toutes. Mais c’est sous forme de slogans publicitaires creux : ces « valeurs républicaines » sans cesse évoquées mais jamais définies. Ou pour dénaturer ces valeurs : par exemple la « laïcité » à géométrie variable du FN et d’une partie de LR, ce masque pour diaboliser les Français d’origine maghrébine. La France insoumise, elle, est la seule grande force politique à défendre le républicanisme pour ce qu’il est vraiment : un projet politique concret.

      La liberté républicaine , c’est abolir le pouvoir de la caste. C’est refuser la loi du plus fort qui usurpe le mot « liberté ». C’est refuser que quiconque soit enfermé à vie dans une identité collective qu’il le veuille ou non, au seul motif de sa religion présumée, de son orientation sexuelle, de ses origines ou de sa couleur de peau. C’est donner à chacun les moyens et les droits nécessaires pour s’épanouir, s’émanciper, s’éduquer, se cultiver. C’est garantir à tous le droit de croire ou de ne pas croire grâce à la neutralité spirituelle de l’Etat et des services publics, c’est-à-dire la laïcité.

      L’égalité républicaine , c’est abolir les privilèges. C’est refuser que le mot « égalité » soit usurpé sous la forme d’une charité publique au compte-gouttes. C’est abolir le culte des inégalités croissantes et « ruisselantes ». C’est assurer à tous des services publics de qualité. C’est ne voir dans notre population que des citoyens à égalité politique de droits et de devoirs. C’est ne connaître qu’une seule communauté : la communauté nationale, cadre d’expression et de concrétisation de la souveraineté du peuple.

      La fraternité républicaine , c’est abolir le chacun pour-soi. C’est refuser le mensonge d’un égoïsme généralisé qui conduirait miraculeusement au bien-être de tous. C’est refuser à la fois le séparatisme social des riches et le communautarisme raciste d’où qu’il provienne. C’est redistribuer les richesses, de chacun selon sa prospérité à chacun selon ses besoins, parce que « société » du latin socius signifie « l’alliance ». C’est se rappeler que l’universalisme républicain donne à la France le devoir de défendre la fraternité des peuples.

      Entre autres incompatibilités évidentes, l’antisémitisme, le communautarisme, le racisme, sont donc incompatibles avec la France insoumise, puisque rien de tout cela n’est républicain. Jean-Luc Mélenchon l’a expliqué clairement dans un récent courrier à la Licra.

      Donc lorsque Manuel Valls accuse en boucle La France insoumise de complaisance avec le communautarisme, il ment. Et lorsque dans une tribune à Libération, une poignée de partisans de Houria Bouteldja reprochent à Jean-Luc Mélenchon de ne pas la soutenir, ils devraient plutôt ne pas s’en étonner.

      Manuel Valls et les rares partisans de Houria Bouteldja doivent surtout s’attendre à se heurter au silence de La France insoumise. A cela une raison simple : le manque de temps. La victoire complète du projet de société républicain, on le voit bien, reste à atteindre. Y parvenir tout en sauvant l’écosystème indispensable à la vie humaine : telle est la mission que la France insoumise, de facto première force d’opposition du pays, s’est fixée. C’est un labeur énorme, auquel travaillent chaque jour des milliers de militants. Donc le temps manque pour réagir aux provocations de personnalités marginales, de groupuscules marginaux, qui ont en commun d’être en mal désespéré de publicité.

      Les grands médias doivent d’ailleurs s’interroger. Quand un groupuscule aux thèses racistes ne pèse rien dans la population réelle, ne sont-ils pas irresponsables de lui donner une si vaste publicité ? Quand Manuel Valls est réduit à une place objectivement marginale dans le paysage politique, n’est-il pas anormal de lui donner une exposition médiatique aussi massive ?

      source : débats libération