Comment aider nos enfants à s’informer

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    Comme le constate Anne Cordier, maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication, certains parents privilégient, pour partager l’info télévisée, le « replay », qui permet d’arrêter le journal pour expliquer ou discuter, ou bien de sauter des passages non appropriés. « Certains regardent même le ”JT” une première fois avant d’en montrer des fragments à leur enfant. » Dans un contexte d’individualisation des pratiques, beaucoup de jeunes vont certes progressivement s’affranchir du mode d’information qui prévaut dans la famille. « Mais l’essentiel, c’est de leur avoir donné des repères », soutient Anne Cordier.

    Partir des questions des enfants

    Pour ce faire, Agnès Barber, rédactrice en chef de 1 jour 1 actu, conseille aux parents d’adopter un principe qui préside à la rédaction de son magazine, destiné aux 8-13 ans : « Partir des questions des enfants, de ce qu’ils ont lu, vu, entendu, imaginé. » L’adulte doit aussi « jouer le rôle d’un filtre, qui laisse passer ce qu’ils sont en mesure de recevoir et de comprendre ». Pas toujours facile… Et si, à l’heure du petit déjeuner, l’enfant entend à la radio une information qui l’interpelle, ou si papy n’a pas changé de chaîne lorsqu’un reportage de guerre passait au « JT », il faut lui apporter des réponses.

    « Abonner son enfant à un magazine d’actualité est une bonne piste, à condition que sa lecture ne soit pas présentée comme une contrainte, quasi scolaire, mais comme un plaisir », glisse Anne Cordier. « Et cela dépendra notamment du rapport que les parents eux-mêmes entretiennent à l’information », fait-elle remarquer.
    Ne pas juger les pratiques d’information de son enfant

    Un autre écueil consiste à juger les pratiques d’information de son enfant. « Il faut s’y intéresser, pour l’amener progressivement à se poser les bonnes questions. On peut aussi lui expliquer que les algorithmes des moteurs de recherche nous proposent des informations en fonction de nos précédentes requêtes, que les réseaux sociaux, eux aussi, ont tendance à réduire notre horizon de pensée », conseille cette universitaire.

    Le défi consiste à éveiller un esprit critique, une capacité à prendre du recul pour aborder l’actualité, sans verser pour autant dans une méfiance généralisée vis-à-vis des médias traditionnels. On peut également opérer un détour par des situations du quotidien, suggère la psychanalyste Claude Halmos (1).

    « Ce n’est pas parce qu’un professeur a commis une injustice qu’il est par nature injuste ni, a fortiori, que tous ses collègues le sont aussi. De la même façon, il faut se garder de mettre tous les journalistes dans le même sac, de les considérer comme les membres d’un vaste complot, ce qui nous dispenserait de réfléchir », dit-elle. Et pour faire saisir à son enfant qu’il est utile de confronter différentes sources si l’on veut bien s’informer, on peut prendre l’exemple d’une banale dispute dans la cour de récréation. « Trois élèves en sont témoins. Chacun, en fonction de sa sensibilité, en fera un récit différent. Tout comme trois journaux traiteront différemment la même info », poursuit-elle.

    Cette éducation aux médias et à la complexité est essentielle, plaide Anne Cordier. « Il faut montrer à nos enfants qu’informer et s’informer est un droit, qui n’est pas garanti partout dans le monde. On doit aussi leur faire comprendre, d’un point de vue plus personnel, que l’info est une arme pacifique qui permet, pour reprendre leur expression, de ne pas “se faire avoir” »

    #Education #Education_medias #Pratiques_culturelles #Journalisme