• Chasse aux militants antiracistes : jusqu’à quand ?
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    Créer l’ennemi et imposer la rupture

    En réalité, on le sait, à travers Houria Bouteldja et le PIR, c’est tout l’antiracisme politique qui est visé - même si par ailleurs, ce dernier ne se résume pas à leur parti. Aussi, si les Indigènes de la République cristallisent les tensions et une bonne partie des attaques, aucune des organisations partageant tout ou partie de ces thèses n’est épargnée. Nous avons tous fait les frais, chacun à notre niveau et dans nos domaines respectifs, de ces cabales visant à étouffer une critique radicale de la colonialité du pouvoir et à freiner des projets d’émancipation.

    En réalité, on le sait, ce que l’on ne pardonne pas à ces militants c’est la mise en cause du système raciste à l’oeuvre dans nos sociétés, du traitement colonialiste et guerrier contre d’autres peuples et des politiques sionistes au dépend des droits inaliénables du peuple palestinien. Aussi, non seulement faut-il veiller à ce que ces critiques ne puissent s’exprimer nulle part (d’où les pressions successives pour faire annuler des interventions, conférences, couvertures médiatiques…) mais il faut aussi s’assurer qu’elles ne pénètrent pas les réseaux progressistes. C’est comme cela qu’il faut traduire la focalisation sur la députée Danièle Obono qui, en plus d’être une femme noire, porte un antiracisme qui tranche avec l’idéologie dominante. C’est comme cela qu’il faut traduire les injonctions faites à Mediapart, Sud Éducation et la France Insoumise - pour ne citer que les polémiques les plus récentes - de se désolidariser de l’antiracisme politique. Ces injonctions sont simplifiées par les campagnes de criminalisation menées tout au long de l’année contre les militants et organisations décoloniales. C’est effectivement plus simple de se « désolidariser » de ceux qui ont déjà publiquement été érigés au mieux en groupes « infréquentables », au pire en « ennemis de l’intérieur ».

    Nous refusons de céder à ces injonctions, et nous refusons de nous taire. Au-delà d’exprimer toute notre solidarité aux différents militants de l’antiracisme politique, nous enjoignons les forces progressistes à ne reculer sous aucun prétexte. Les débats politiques, absolument nécessaires et légitimes, ne doivent pas être réduits à néant par d’abjectes campagnes de marginalisation et de sabotage. Nous valons tous mieux que ça. Nous avons surtout urgemment besoin de mieux que ça.