À Lille 3, une conférence sur littérature et violence vire à l’affrontement LVDN - Cédric Gout - 08/12/2017
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Jeudi soir, une conférence organisée à Lille 3 avec comme invité Édouard Louis s’est terminée par une intervention de police. Depuis plusieurs semaines, le climat est tendu entre un groupe d’étudiants et la direction de l’université et en particulier le vice-président, chargé de la sécurité.
La conférence initiée par l’Institut de recherches historiques du Septentrion portait sur la capacité de la littérature à interroger la violence du monde. Un thème approprié à ce qui allait se passer…
Les invités, Édouard Louis (Pour en finir avec Eddy Bellegueule) et Geoffroy de Lagasnerie, avaient été prévenus par des étudiants que l’assemblée générale qu’ils voulaient organiser juste après avait été interdite. Le collectif de résistance à la sélection (à l’entrée à l’université) était l’organisateur.
Ce groupe est très actif depuis plusieurs semaines et ses relations avec la direction de la fac sont de plus en plus tendues. Le 28 novembre, des policiers étaient venus les déloger d’un amphi qu’ils voulaient occuper (voir vidéo).
Bronca et doigt d’honneur
Jeudi, après le début de la conférence, les intervenants ont reçu un mail de l’administration de Lille 3 leur demandant d’écourter leur intervention. À l’extérieur, des vigiles ont empêché le public d’entrer dans la salle. Au moment des échanges, un étudiant a demandé aux conférenciers comment un étudiant pouvait résister quand des assemblées générales étaient interdites.
Il s’est fait arracher le micro des mains par Philippe Vervaecke, vice-président de Lille 3. Ce dernier a voulu prendre la parole et s’est fait huer. Il a adressé au public un doigt d’honneur et s’est ensuite assis sur l’estrade entre les conférenciers.
Édouard Louis n’en revient toujours pas : « Je lui ai dit qu’il ne pouvait pas interrompre comme ça une conférence et qu’il ne pouvait pas monter sur scène. Il m’a soufflé à l’oreille, menaçant :« Toi et moi, on va avoir une explication. » On a essayé de finir la conférence, mais des policiers sont entrés et ont demandé à tout le monde de sortir. Dehors, un policier avait même un berger allemand. J’ai fait une tournée en Asie, dans des pays compliqués, mais cela n’a jamais été aussi violent ! »
Le vice-président assume
Un membre du collectif et un étudiant, qui a accepté de témoigner, confirment les faits et expliquent que les policiers ont aussi pris l’identité des personnes encore présentes dans l’amphi. Comme Édouard Louis, ils ne comprennent pas cette violence.
« L’université doit rester un lieu de débats, d’échanges, indique l’écrivain nordiste. La violence n’y est pas normale, encore moins venant d’un de ses représentants. »
Philippe Vervaecke assume néanmoins son comportement. Il le justifie par l’attitude des étudiants qui ont mené une campagne de diffamation à son encontre. Le vice-président ajoute : « Ils ne peuvent pas occuper les locaux de la fac sans autorisation. L’université n’est pas un camping ! » _
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