Lieux numériques, entre pratiques populaires et ré- appropriation des technologies ?

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  • Lieux numériques, entre pratiques populaires et ré- appropriation des technologies ?
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    Plus « il y a de la technologie », plus nous avons besoin de lieux physiques favorisant une réelle appropriation sociale de ces technologies ? Est-ce suffisant ? Quels sont leurs retours d’expériences ? Comment nos explorations numériques viennent-elles interroger l’éducation populaire ? Comment partager ces questions avec les acteurs de l’intérêt général, de l’éducation, de la culture, des mouvements sociaux, … ?

    A QUI PROFITENT LES LIEUX DE … « MEDIATION » ?

    Dans quelle mesure à travers les lieux de médiation, sommes-nous des agents de promotion de ces objets techniques et méthodes ? De façon presque involontaire, nous sommes des facteurs de validation de ces progrès techniques, et ce malgré une posture critique. A travers les arts numériques notamment, nous sommes amenés à utiliser les « dernières technologies » et à en faire ainsi la promotion.

    Nous sommes également parfois, contre notre gré, complètement partie prenante dans « l’écosystème » créatif et innovant : les *labs (fablab, medialab, hacklab, …) comme avant garde de l’innovation (avec par exemple la récupération des hackatons par les démarches entrepreneuriales), nous sommes parfois défricheurs de futurs terrains fertiles mais dont les légumes et les fruits seront récoltés par des start-ups à la pointe de l’intégration capitaliste de ces dynamiques créatives et de partage.

    Les lieux de médiation sont donc des lieux de tension, de conflit entre des injonctions à l’innovation industrielle et des appels à un mouvement d’une culture critique. Ces lieux ne peuvent éviter (même placés sous le signe de la culture libre) d’être intégrés, à un degré ou à un autre, à l’économie de l’attention. Dans le modèle du « double-sided market », façon Google, ils figurent sur le premier côté, parmi toutes sortes de têtes de gondole. Le conflit des attentions croise et renforce le conflit des cultures techniques.

    Cela ne signifie pas que les lieux de médiation soient condamnés à être instrumentalisés. Le seul fait d’ouvrir la question de la culture technique constitue un début de résistance (voire de sagesse).

    Dans un texte co-écrit avec Alain Giffard en 2014, nous nous interrogions sur « les lieux » où nous apprenons à comprendre ces technologies numériques, à les anticiper, à les détourner, à nous les approprier. Cette question des conditions nécessaires à cette appropriation n’est rien d’autre que la question de ce que nous avions nommé, pour définir un espace commun : la culture numérique.

    En partant du postulat que la culture numérique est en mouvement — dans le sens où elle est en formation — elle ne pré-existe pas à sa transmission, en insistant sur la dimension “pratiques, ateliers” ?
    C’est à dire que les usages du public ne sont pas strictement déterminés par l’institution ou le marché. C’est cet écart entre une position de cible et une position active de sujet, qui révèle le projet d’appropriation culturelle.
    Le point central de cette approche fut l’abandon de l’idée que la technologie, pouvait, en se banalisant, diffuser par son mouvement propre les savoirs et savoir-faire nécessaires. Nous avons ainsi proposé des pistes de réflexion sous forme de manifeste :

    → Nous prenons parti pour une culture numérique critique. Sans approche critique, pas de véritable formation à la culture numérique qui se réduit alors un discours d’accompagnement du marketing, à la préparation des consommateurs.
    → Nous pensons que le développement de la culture numérique doit s’inscrire dans la perspective du renforcement des capacités des personnes et des collectifs, c’est-à-dire dans la perspective de la culture de soi.
    → La culture numérique doit être réellement et largement démocratisée. Si nous récusons l’approche par le “rattrapage” et le seul “accès” aux technologies, nous restons fidèles à notre engagement initial de combattre les inégalités dans le domaine numérique et autres.
    → En démocratie, la souveraineté du peuple devient une simple fiction si, face à un environnement qu’il ne comprend pas, qui le « dépasse », il ne peut acquérir l’autonomie suffisante pour comprendre les enjeux, identifier les problématiques et en fin de compte, s’étant approprié cet environnement, désirer exercer réellement son pouvoir. L’assujettissement du peuple à la technologie est une menace sur la démocratie.
    → Nous préconisons d’associer culture numérique et culture du Libre, de construire la culture numérique comme un bien commun.
    → La construction et la transmission de la culture numérique nécessite la mise en place d’une formation dans les cursus généraux de l’enseignement comme dans l’éducation populaire. Cet enseignement relève de la culture générale et ne peut être cantonné aux cursus scientifiques au sens étroit.

    Il faut également aménager des temps de débat sur la culture numérique afin d’activer l’appropriation sociale des technologies. Autrement dit, il faut faciliter l’appropriation de la culture numérique comme “contenu” et comme « problème ».

    #Culture_numérique #Vocabulaire #Tiers_lieux