• Grecia mantiene confinados más de 12.000 refugiados en cinco islas del Egeo

    Las inclemencias meteorológicas agravarán por desgracia la ya difícil situación de los ‘hotspots’ de #Lesbos, Chíos, #Samos, #Kos y #Leros, transformados en “lugares de confinamiento indefinido para los solicitantes de asilo”, decía hace unos días Nicola Bay, director de Oxfam en Grecia. Miles de mujeres, hombres y niños muy pequeños siguen viviendo allí en precarias tiendas de campaña, durmiendo literalmente en el suelo, esperando una respuesta a su solicitud de asilo en Europa. Algunos llevan así casi 19 meses.

    Desde que entró en vigor el acuerdo UE-Turquía sobre refugiados, en marzo del 2016, la situación en estos ‘hotspots’ se ha ido deteriorando hasta límites insospechados. Actualmente, según el Gobierno griego, más de 15.000 refugiados están atrapados en estas islas, el doble de su capacidad de acogida. Entre ellos, más de 12.000 viven recluidos en los ‘hotspots’, con acceso limitado al agua potable y a los servicios básicos.


    http://www.elperiodico.com/es/internacional/20171204/grecia-mantiene-confinados-a-mas-de-12000-refugiados-en-cinco-islas-del
    #statistiques #îles #chiffres #réfugiés #Grèce #asile #migrations #Chios #attente #anti-chambre

    • Greece: 13,000 Still Trapped on Islands

      The Greek government has moved more than 7,000 asylum seekers from the islands to the mainland as an emergency measure, as it had promised in early December 2017. But with more than 5,000 people arriving since December, it has also increased the number of unsuitable makeshift shelters in the already overcrowded island camps.

      https://www.hrw.org/news/2018/03/06/greece-13000-still-trapped-islands
      #accord_UE-Turquie
      cc @i_s_ @isskein

    • « Samos est le pire endroit en Grèce pour les réfugiés »

      A Samos, où les arrivées d’exilés se poursuivent malgré l’accord de 2016 entre l’UE et la Turquie, les conditions de vie dans le camp de transit sont devenues inhumaines. Sur cette île transformée de facto en prison, les habitants, au départ tous solidaires des réfugiés, cèdent parfois aux sirènes d’une « radicalisation raciste ».

      « Regardez comment nous vivons ! » s’exclame Manos, en désignant la clôture qui entoure sa propriété agrippée au flanc de la colline. C’est une maison modeste, conçue au départ pour les vacances. Jusqu’à ce que Manos et son épouse Vasso prennent leur retraite et viennent s’installer définitivement sur l’île dont ils sont originaires. Ils pensaient y couler des jours tranquilles, d’autant que la vie sur l’île est moins chère qu’à Athènes. Sauf que désormais, au bout du minuscule petit jardin, il y a ces silhouettes adossées au grillage. Et juste derrière, un océan de tentes et de bicoques précaires en bois : La « jungle » de Samos, où s’installent tous ceux qui arrivent clandestinement sur l’île mais ne peuvent plus loger, faute de places, à l’intérieur du hot spot, qu’on distingue un peu plus loin. Cet ancien camp militaire a été reconverti en centre de « transit » pour les réfugiés et migrants arrivées des côtes turques, toutes proches.

      Les dirigeants européens se félicitent régulièrement d’avoir mis un terme à la crise migratoire amorcée en 2015 ? A Samos, ce « succès » fait grincer des dents. Car les îles grecques proches de la Turquie payent le prix lourd de cette normalisation. Les arrivées peuvent avoir diminué, elles n’ont jamais cessé. Et désormais, tous ceux qui accostent à Samos, comme sur les îles voisines, sont contraints de rester sur place jusqu’à l’achèvement de la longue procédure de demande d’asile. Cela peut prendre six mois, un an, parfois plus encore.

      Dans le jardin de Manos et de Vasso, le face-à-face est saisissant. Les nouveaux « voisins », les doigts agrippés au grillage, gémissent et implorent de l’aide : « On s’entasse les uns sur les autres, c’est sale, il y a des rats et des serpents partout », énumèrent en cœur ces Congolais, d’une voix plaintive. « Ceux-là sont vraiment gentils et je leur fais souvent à manger. La nourriture du camp est infecte », murmure Vasso. Mais Manos tient aussi à montrer les branches cassées de son amandier, la porte fracturée du frigo extérieur : « Une nuit, des gamins un peu ivres y ont trouvé mes gouaches s’en sont emparé et ont maculé de peinture les murs de la maison. Juste comme ça, sans raison, raconte ce professeur de dessin retraité. Un autre jour, c’est le pare-brise de ma voiture qui a été cassé. » Le grillage est une barrière fragile, maintes fois détruite, maintes fois réparée par Manos. « C’est une honte ! L’Europe nous a sacrifiés pour sa tranquillité », gronde-t-il.

      « Faux certificats »

      Conçu à l’origine pour 648 places, le hot spot et la « jungle » qui l’entoure ont accueilli 6 000 personnes au plus fort de cet hiver. A Vathi, la capitale de l’île, il n’y a guère plus de 8 000 habitants. A la différence des autres îles grecques, le hot spot de Samos a été installé, non pas dans un endroit isolé, mais juste à la sortie de cette petite ville qui se déploie en amphithéâtre verdoyant autour d’un joli port. « L’aspect positif, c’est que les réfugiés peuvent échapper quelques heures à l’enfer de ce camp et venir respirer en ville. Il y a donc moins de tensions qu’ailleurs à l’intérieur du hot spot. Mais toute cette nouvelle population, c’est aussi un choc pour les gens du coin », souligne Manos Logothetis, le directeur général de l’office de santé public et l’un des deux seuls médecins du hot spot. « Jusqu’en 2008, il n’y avait qu’une seule Africaine à Samos. Les gens ne connaissent pas l’Afrique, nous n’avions pas de colonies ! Et voilà qu’on met face à face une population vieillissante, dont la moitié a plus de 60 ans, confrontée à des réfugiés ou migrants, pour la plupart très jeunes. C’est normal que certains aient peur. Notre île est devenue une belle prison où les réfugiés sont coincés le temps de statuer sur leur sort », soupire le médecin.

      Sur son bureau, il montre un paquet de photocopies : « Ce sont de faux certificats médicaux saisis par la police. Tous ceux qui arrivent ici se prétendent malades. C’est le moyen le plus rapide pour se faire évacuer à Athènes. Mais il y a de vrais malades, et ceux-là se perdent parfois dans la masse de ceux qui trichent. » En réalité, personne ne veut rester dans ce hot spot aux conditions de vie inhumaines. « Ils arrivent ici après un dangereux périple, et personne ne leur dit rien. On les dirige vers le camp, à eux de comprendre ensuite comment ça marche. Tous les documents sont en grec, il n’y a aucune aide juridictionnelle prévue. Ils s’installent où ils peuvent, sans sanitaires. Mais même à l’intérieur du camp, les douches sont insuffisantes, les toilettes déglinguées », se désole Domitille Nicolet, une jeune juriste française, arrivée ici il y a quelques mois pour Avocats sans frontières (ASF) et qui tente avec quatre collègues de gérer « 300 dossiers », ballottés dans le labyrinthe de la légendaire bureaucratie grecque. Les lenteurs administratives ont été accentuées par les réductions du nombre de fonctionnaires imposées par la crise économique. Et les contrôles se sont multipliés, en principe pour lutter contre la corruption. « Résultat, pour commander une cartouche d’encre, il me faut cinq autorisations, un appel d’offres. Et ça peut prendre un an », soupire Manos Logothetis.

      « Il faut faire la queue pour tout »

      « Il y a beaucoup d’incompétence. Mais c’est aussi une stratégie volontaire », considère de son côté Antonis Rigas, coordinateur de Médecins sans frontières (MSF), qui vient d’ouvrir une clinique en ville. « Dès le départ, la situation a été difficile dans les hot spots. Parce qu’il fallait faire passer un message : décourager ceux qui seraient tentés par la traversée depuis la Turquie. A Samos, quand on a récemment proposé de réparer les ampoules cassées et d’améliorer le système hydraulique dans le hot spot, on nous a répondu que les réfugiés n’avaient qu’à faire les réparations eux-mêmes », explique-t-il, avant d’insister : « Aujourd’hui, Samos est devenu le pire endroit en Grèce pour les réfugiés. » Début mai, en visite sur l’île, Dimitrios Vitsas, le ministre grec des migrations l’a lui aussi reconnu, promettant de tenter d’alléger la pression sur l’île.

      Les nouveaux arrivants, près d’un millier rien qu’en avril, sont désormais évacués sur les îles voisines de Kos ou Leros. Sept cents réfugiés ont également été transférés à Athènes au début du mois, et un nouveau camp éloigné de la ville est également prévu. « Mais cette construction prendra beaucoup de temps. Et en attendant, on a du mal à comprendre pourquoi l’Europe, le continent le plus riche du monde, n’accepte pas de partager le fardeau migratoire imposé à la Grèce : 15 000 personnes coincées sur les îles, ce n’est pas insurmontable à l’échelle europèenne ! » s’exaspère Bogdan Andrei, un Roumain qui a créé Samos Volonteers, la plus grande ONG qui aide les réfugiés sur l’île.

      Depuis trois ans, Bogdan les voit arriver plein d’espoirs, malgré les traumatismes vécus. « Et voilà qu’il leur faut endurer la promiscuité, la saleté. Il faut faire la queue pour tout : l’obtention d’un papier, les repas, les douches. Puis attendre. Sans cesse attendre, sans même savoir pour combien de temps. Une vie privée d’horizon qui rend souvent dépressif », se désole-t-il.

      « Le pire a été évité »

      Cette attente sans fin est visible à Vathi. Elle s’est même incrustée dans la carte postale : dès le matin, ils sont nombreux à fuir le bourbier infâme du hot spot, pour aller passer en ville ce temps qui ne compte pour rien. Assis en grappes sur les bancs des places, les yeux rivés sur leurs portables, ils ont forcément changé la physionomie des lieux. Et plus le temps passe, plus ce huis clos devient tendu.

      « En 2015, les gens d’ici, comme ailleurs en Grèce, ont fait preuve d’une solidarité incroyable. Ils ont spontanément aidé tous ceux qui arrivaient des côtes turques. Puis quand ils ont été coincés ici, l’ambiance a changé », se souvient Nikos Kaklamanis, un neurologue qui est aussi le responsable local de la section de Syriza, le parti de gauche au pouvoir à Athènes. Une association de citoyens en colère s’est créée dès 2016, dénonçant la saleté, « les risques de maladie », mais aussi « l’islamisation de l’île ». Puis on a fait pression sur ceux qui louaient des logements aux ONG afin qu’ils cessent de le faire, et un an plus tard des parents en colère ont voulu chasser les enfants réfugiés d’une école.

      « Pour l’instant, le pire a été évité à chaque fois. Car les responsables politiques locaux évitent la surenchère extrémiste. Elle profite toujours à l’extrême droite, personne d’autre ne gagne de voix en stigmatisant les réfugiés, en Grèce comme ailleurs », rappelle le docteur Logothetis, qui appartient à la branche locale de Nouvelle Démocratie, le parti conservateur grec. Il avoue cependant ne pas être toujours suivi par la direction de son parti. « Les gens de Samos ne sont pas racistes. Ils ont vécu une situation totalement inédite depuis trois ans. Ils sont déboussolés ! Il y a eu plusieurs braquages, sur une île qui n’a jamais connu de délinquance. Et la présence de ce hot spot horrible est une honte qui pèse sur le moral, la vie quotidienne », défend Manos, le prof de dessin à la retraite.

      Issu des rangs de Syriza à gauche, Nikos Kaklamanis redoute, lui, une « radicalisation raciste de l’île ». Elle s’exprime déjà. Des restaurants et des bars refusent désormais les réfugiés, et particulièrement les Africains. Ioanna, une jeune Samiote qui a ouvert un bar à chicha sur le port, n’en revient toujours pas. « Soudain j’ai été ostracisée par tous mes amis et connaissances ! Ils ne me parlent plus », lâche, amère, cette jeune femme qui songe désormais à quitter l’île. « Le poison qui dévaste l’Europe se répand insidieusement chez nous aussi hélas. Partout, le réfugié devient l’équivalent du Juif des années 30 », s’inquiète Nikos Kaklamanis.


      https://www.liberation.fr/planete/2019/05/23/samos-est-le-pire-endroit-en-grece-pour-les-refugies_1728873