Aux origines du terme « casseurs »

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  • Aux origines du terme « casseurs »
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    Malgré les manifestations, les grèves, les occupations, bon nombre de médias n’ont retenu du mouvement social de ces derniers mois qu’une image et qu’un mot : les « casseurs ». Est-ce une première fois ? Certainement pas : ces dernières années, bien des manifestations n’ont été couvertes médiatiquement qu’au prisme de leurs affrontements. Mais d’où la représentation vient-elle exactement ?

    Nous sommes en 1832. Les 5 et 6 juin ont lieu les journées insurrectionnelles qui inspireront Victor Hugo dans Les Misérables. Les obsèques du général républicain Lamarque se transforment en manifestations et en protestation contre un régime qui a déçu. La monarchie de Juillet n’a pas tenu ses promesses ; deux ans à peine après l’épisode révolutionnaire, le pouvoir de Louis-Philippe est déjà devenu autoritaire – l’insurrection est réprimée dans le sang. Mais le régime est aux abois. Il se sent menacé de toutes parts, et notamment dans la presse satirique qui le harcèle de sa critique. Le Figaro est alors de ces journaux-là, de ceux qui pratiquent l’insolence politique à l’égard du gouvernement et revendiquent allègrement la liberté de pensée sans laquelle, on le sait, « il n’est point d’éloge flatteur ».

    Pour contrer la fronde, le pouvoir n’y va pas par quatre chemins. Son moyen de faire taire l’impertinent est en effet bien évident : il rachète Le Figaro, purement et simplement. Ses confrères et frères d’hier l’accablent de sarcasmes : voilà un « Figaro préfet ». Rien n’y fait. Le journal trempe désormais sa plume à l’éloge des gens établis. Et pour défendre leurs intérêts, il lui faut changer de cibles et d’adversaires. Ils sont tout trouvés : ce sont ces républicains qui viennent de mettre le régime en danger.

    C’est ici que l’image du « casseur » intervient. On en voit très précisément surgir l’occurrence à l’automne 1832.