La réunion de l’OMC finit dans la discorde

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  • La réunion de l’OMC finit dans la discorde
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    Les membres de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) ne sont parvenus à conclure aucun nouvel accord à l’issue, mercredi, d’une conférence ministérielle de trois jours qui aura exposé les divergences de vues au sein de cet organisme, critiqué par les Etats-Unis et bloqué par les vetos. Cette paralysie a empêché des avancées dans les domaines du commerce en ligne et des subventions à l’agriculture et à la pêche. Elle soulève surtout des questions sur la capacité de l’OMC à réguler un commerce mondial de plus en plus féroce. Certains participants, comme le représentant américain au Commerce Robert Lighthizer, ont émis l’idée qu’il serait préférable d’essayer de progresser au sein de groupes restreints de pays partageant un même état d’esprit.

    « Nous ne sommes parvenus à aucun résultat multilatéral », a dit Cecilia Malmström, commissaire européenne au Commerce, lors d’une conférence de presse. « La triste réalité est que nous ne nous sommes même pas entendus sur un arrêt des subventions à la pêche illégale. » Elle a jugé que cette réunion avait exposé crûment l’une des principales fragilités de l’OMC, la nécessité que tous les accords soient approuvés à l’unanimité des 164 pays membres. Elle a déclaré que les Etats-Unis étaient en partie responsables de cette paralysie mais qu’ils n’étaient pas les seuls. Roberto Azevedo, directeur général de l’organisation, a invité les pays membres à un « véritable examen de conscience » afin de réaliser qu’ils ne peuvent obtenir tout ce qu’ils désirent.

    « Des progrès nécessitaient un changement dans les positions des pays membres », a-t-il dit. « Nous ne l’avons pas observé. » L’absence d’accord signifie que les discussions sur les mêmes thèmes vont se poursuivre d’ici la prochaine conférence ministérielle en 2019. Cecilia Malmström a dit que des « accords plurilatéraux de court terme dans le cadre de l’OMC » étaient la meilleure façon d’aller de l’avant. Deux accords de ce type ont été conclus à la conférence de Buenos Aires. Environ 70 membres, dont les Etats-Unis, l’Union européenne et le Japon, se sont engagés à élaborer des règles de négociation en matière de commerce électronique après l’échec d’une initiative identique à l’échelle de l’ensemble de l’OMC. La Chine et l’Inde, entre autres, n’ont pas participé à cet accord. Mardi, les Etats-Unis, l’Union européenne et le Japon ont déclaré qu’ils entendaient coopérer davantage pour lutter contre les surcapacités industrielles et autres pratiques faussant les échanges commerciaux. Leur communiqué ne mentionne pas la Chine mais les pratiques qu’ils dénoncent, comme les subventions aux entreprises publiques, pointent en direction de ce pays.

    Chad Brown, expert des questions commerciales au sein du Peterson Institute for International Economics à Washington, pense que les pays engagés dans cette voie peuvent prendre pour exemple l’accord de 1996 sur les technologies de l’information, par lequel seulement 29 membres de l’OMC au départ ont décidé d’abaisser les barrières douanières sur ces produits. Ils ont depuis été rejoints par 82 pays représentant 97% des échanges commerciaux du secteur. La présidente de la conférence de Buenos Aires, l’ancienne ministre argentine des Affaires étrangères Susana Malcorra, a défendu le principe de l’unanimité au sein de l’OMC. « Travaillons plutôt à renforcer l’OMC parce que l’option alternative, c’est la jungle », a-t-elle dit. Dès le début de la conférence, Robert Lighthizer avait lancé une charge virulente contre l’OMC reflétant la primauté accordée par le président américain Donald Trump à des accords commerciaux bilatéraux et à la défense des intérêts des Etats-Unis. Le représentant américain au Commerce a déclaré lundi aux ministres présents qu’il était impossible de négocier de nouvelles règles quand tant d’autres ne sont pas appliquées. Il a aussi reproché à l’OMC de perdre de vue ses objectifs et de se transformer en instance d’arbitrage et non plus de négociation. La Chine a dit jeudi « ne pas soutenir les membres de l’Organisation mondiale du Commerce niant l’utilité de cette organisation lorsque leurs demandes ne sont pas satisfaites ».