La répression anti-syndicale devient-elle une pulsion du ministère du travail ?

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  • Une inspectrice du travail suspendue pour avoir critiqué la politique de Macron
    http://www.revolutionpermanente.fr/Petition-Une-inspectrice-du-travail-suspendue-pour-avoir-critiq

    Le 14 novembre dernier, une Inspectrice du travail a été suspendue de ses fonctions pour « faute grave » par la direction du ministère du travail, jusqu’à la tenue d’une commission disciplinaire programmée le 14 décembre. Quelle est cette « faute grave » ? Interviewée par un journaliste lors d’une manifestation publique, elle a osé porter la parole du syndicat SUD-Travail Affaires Sociales en interpellant la ministre du travail Mme PÉNICAUD au sujet de la politique de suppression massive de postes au sein de son ministère, qui met son service public dans l’impossibilité de fonctionner. Peu de temps auparavant, deux autres agents du même ministère membres du syndicat CGT-TEFP avaient fait l’objet d’un blâme pour leur action de soutien aux travailleurs sans-papiers. Très récemment un quatrième a fait l’objet d’un rappel à l’ordre pour sa participation, toujours dans un cadre syndical, à une réunion publique critiquant la réforme actuelle du droit du travail.

    #dérive_autoritaire #Penicaud #relais_du_patronat

    • Il se pourrait qu’une raison soit dans la nature des propos tenus par la syndicaliste inspectrice. Même si ceux-ci ne sont ni injurieux, ni outranciers, ils prennent à parti directement Mme la ministre du travail. D’après la chansonnette, « elle court derrière le patronat ; elle court pour détruire nos droits ». Peut-être aussi le contexte de la manifestation a-t-il joué un rôle ? Celle-ci s’opposait à certaine idéologie managériale et à la venue à un congrès de DRH de Mme la ministre, où elle était annoncée comme la « DRH de l’entreprise France ». La ministre elle-même était donc visée. Or personne n’aime être caricaturé, surtout dans une chanson. Et personne n’aime être contesté, surtout par une manifestation. D’ailleurs, plus généralement, aucun pouvoir n’aime être critiqué. Et lorsque la critique est acerbe et qu’elle vient d’un subordonné, le pouvoir a toujours l’envie de réagir. Cette envie est bien compréhensible, bien naturelle. Elle explique la réaction ministérielle.

      Mais cette pulsion du pouvoir est aussi la raison pour laquelle, en démocratie, les opposants doivent être protégés. C’est le sens de la liberté d’expression et de la liberté syndicale. La démocratie exige du pouvoir qu’il protège ceux qui le limitent, ceux qui le contredisent et ceux qui le critiquent. Mais que c’est dur ! Surtout lorsqu’on perd la culture de la démocratie au profit d’une certaine culture managériale.

      Dans l’univers des idées démocratiques et sociales, les agents des services de l’inspection du travail sont des fonctionnaires indépendants, qui ont notamment pour fonction de lutter contre la discrimination syndicale afin de permettre l’expression de contre-pouvoirs dans les entreprises. C’est ce qui découle d’une convention internationale, de rang mondial, conclue en 1947 au sein de l’OIT, ratifiée par la France. Mme Pénicaud, en sa qualité de ministre du travail, a pour fonction d’assurer le respect de cette convention. Pourtant, tel un pompier pyromane, son ministère réagit en sens inverse de ses fonctions.

      Pour que cette dérive autoritaire cesse, nous appelons le ministère du travail à ne pas sanctionner l’inspectrice suspendue pour une soi-disant « faute grave » qui n’est que l’exercice de son droit syndical, à annuler les blâmes dont certains syndicalistes ont fait l’objet suite à leur action de soutien à des sans-papiers, à redevenir le défenseur de la liberté syndicale dont notre démocratie, politique et sociale, a le plus grand besoin. En un mot, nous appelons le ministère du travail à se rappeler de ce qu’il est et ne doit pas cesser d’être.

      https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/131217/la-repression-anti-syndicale-devient-elle-une-pulsion-du-ministere-d
      https://www.youtube.com/watch?v=NhxCZCT8DQU

      Pour avoir poussé la chansonnette satirique et donné une interview à l’occasion d’une manifestation syndicale, une inspectrice du travail est actuellement suspendue de ses fonctions, dans l’attente de passer devant une commission disciplinaire, le 14 décembre prochain.