Territoires. Les services publics priés de jouer les « start-up »

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    « Pourquoi le Lot ? » Cette question obsédait les élus et la presse locale durant le déplacement d’Édouard Philippe, en fin de semaine dernière. Il fallait, pour comprendre ce choix, suivre le premier ministre au bout de son périple aux quatre coins de ce territoire rural, vendredi. C’est à Biars-sur-Cère, dans cette cité ouvrière de 2 000 habitants, où siège l’entreprise Andros, que le premier ministre a dévoilé son plan d’action pour les services publics. Une « carte blanche » sera donnée au territoire du Grand Cahors pour « réinventer, tester et imaginer une nouvelle façon d’organiser les services publics ». Lancée dans le cadre du « programme action publique 2022 », cette opération consistera, pour une « équipe projet », à imaginer de nouvelles procédures, en bénéficiant si nécessaire de dérogations réglementaires.

    Le Lot, le laboratoire de la « restructuration » de la puissance publique

    Le Lot était l’endroit idéal pour délivrer ce message. Peu peuplé, ce département est devenu depuis longtemps le laboratoire de la « restructuration » de la puissance publique. C’est aussi à Cahors que Nicolas Sarkozy était venu défendre sa révision générale des services publics, la funeste RGPP. Les habitants parlent plutôt de « désertification ». Les services publics sont dans une telle « déconfiture », comme l’écrit la Dépêche, que les élus se sont démenés pour ouvrir, dès qu’ils le pouvaient, des maisons de services publics. Le Lot en détient le record de France, soulignait Édouard Philippe. Celle de Biars est citée en exemple par le gouvernement. Une seule personne sert d’interface pour la CAF, Pôle emploi, la Cpam, la Mutualité sociale agricole ou la caisse de retraite. La droite macronienne est moins brutale que celle de Nicolas Sarkozy. Elle enrobe la restructuration des services déconcentrés dans un discours sur l’innovation et « la confiance dans l’avenir ». « Il faut trouver des solutions nouvelles » qui ne doivent « pas forcément naître à Paris, d’en haut », a expliqué Édouard Philippe. Des moyens accrus, provenant du grand plan d’investissement, seront accordés pour mener cette expérimentation d’un an. Un peu trop zélé, un haut fonctionnaire de la direction interministérielle de la transformation publique (DITP) ne pourra s’empêcher de parler de « start-up de l’État » et de « start-up des territoires ».