C’est dommage que ce soit sur Facebook, alors je porte à votre connaissance un échange qui fait suite à un signalement (vu ici aussi) et une reflexion de Serge Quadruppani. Je fais l’effort de le reproduire ici, vous verrez pourquoi : il est un peu au cœur d’une réflexion collective que l’on mène depuis quelques temps sur seenthis :
Serge Quadruppani 20 décembre, 18:53 :
Isaac B. Singer disait :
"Pour les animaux tous les humains sont des nazis ". Disons pour nuancer "certains plus que d’autres".
Un projet d’élevage intensif à l’entrée d’un ancien camp de concentration soulève l’indignation
▻https://reporterre.net/Un-projet-d-elevage-intensif-a-l-entree-d-un-ancien-camp-de-concentratio
À Septfonds, dans le Tarn-et-Garonne, une porcherie géante pourrait accueillir 6.500 animaux. Cet élevage intensif serait situé à l’entrée d’un ancien camp de concentration, celui de Judes, expliquent les auteures de cette tribune, qui voient dans ce prolongement « troublant » de l’Histoire une superposition « obscène ».
Un commentaire de Yann Ski :
D’après le wikipedia anglo-saxon, Singer était de droite. Et misogyne (je pense à une nouvelle sur la prostitution, je ne me souviens plus du titre ; sur une femme qui arrête la prostitution pour rentrer dans son village natal, qui est violée à deux reprises par des inconnus sur le trajet et ensuite dans son village parce qu’elle reste et restera une pute, c’est écrit sur son front). Donc son opinion sur les carnivores n’est pas très intéressante (je reste poli). Et il ne faut pas oublier qu’il y avait des nazis qui aimaient beaucoup les animaux ; par exemple Heinrich Himmler, qui détestait la corrida.
Une réponse furieuse de Quadruppani
Serge Quadruppani D’après moi, et n’en déplaise à Wikipédia et toi, Singer est un grand écrivain et qu’il ait été de droite ou misogyne n’enlève rien à sa grandeur et à la beauté du texte que cite Michèle, et le fait que Milan Kundera ou Romain Gary n’aient pas été précisément des gauchistes ne retire rien ni à la qualité littéraire de leurs oeuvres ni à la pertinence de leurs remarques sur la condition animale. Et que Flaubert ait été un conservateur ne retire rien non plus à la portée de sa description de la révolution de 1848 et son massacre par les bourgeois, et que Baudelaire n’ait pas été féministe n’enlève rien à la splendeur de ses poèmes autour de la beauté féminine. Mais dis-donc, où as-tu appris la littérature ? Chez Jdanov ? (Si tu ne sais pas qui c’est regarde dans Wikipédia). Et l’argument sur les nazis qui aimaient les animaux, franchement, c’est ridicule et honteux.
Voilà une bonne question. Faut-il vénérer Baudelaire (ou pas), lui qui a vomi toute sa vie sur les femmes en leur dédiant les pages les plus dégueu de la littérature, sous le prétexte que « c’est vraiment super beau » ? Mais peut-être que "lire ses correspondances avec sa mère permet de comprendre que cette « haine des femmes » est une haine des Hommes ; réduire Baudelaire à un misogyne borné, c’est en faire une lecture étroite et féministe."
Dans un autre style, j’ai entendu sur France Inter aujourd’hui le biologiste Gille Boeuf dire qu’il souscrivait complètement à une citation de Gandi : "quand on élève un petit garçon, on élève un être humain, quand on élève une petite fille, on élève une famille"
Que Gandi ait effectivement dit ou écrit cette énormité est une chose - qu’il faut relever et critiquer à la lumière de ce qu"était Gandi réellement, que Gille Bœuf répète cette ânerie et dise à la radio en 2017 qu’il souscrit à cela est est particulièrement choquant.