Catastrophe industrielle
Dans le monde du modélisme
Une maquette Tamiya est fausse
Je suis devenu écrivain public
Je dispose d’un petit bureau à la mairie
On me commande des haïkus érotiques
C’est ennuyeux
C’est désastreux
D’être amoureux
Ecris-je
Pour un amoureux
Éconduit
Je déjeune avec ma belle Sarah
Je pense à laisser des tickets à Zoé
Je téléphone à Émile
J’ai deux amis
Qui écrivent au milieu de la nuit
J’ai une amie qui n’écrit plus
Dans les ténèbres de l’open space
Je reprends mon anguille de ce matin
Je peine à lui donner de l’épaisseur
Cette histoire de modélisme
Cette histoire d’échelle au 1/32ème
Cette histoire d’ingénieurs informaticiens
Je fais prendre l’air
A mon tapuscrit
Je travaille en terrasse
Passe une personne
Prosopagnosique
De ma connaissance
Je fais une liste de sosies
A la fin de Frôlé par un V1
Handke, Topor, Heinecken, Guyotat
Et j’allais ajouter à cette liste
De sosies, par jeu
Hélène Gaudy, qui arrive au BDP
Chouette café avec Hélène
Et son compagnon prosopagnosique
On parle de leur lutte en cours
De Corps et âme, eux aussi émus
Mais l’autisme avait échappé
À la lecture de Xavier
Je leur parle du combat pour Émile
De mes erreurs, Xavier va fumer
On parle un peu boutique avec Hélène
Tout juste le temps de filer
Chez psy
Et donc mon rêve de modélisme
Auquel je ne parvenais
Pas à donner d’épaisseur
Disais-je
En deux ou trois questions
Psy remet Ego sur la piste
Toute ma vie au 1/32ème
C’est comme si toute ma vie
Avait été maquettée
Pour tenir dans ce petit rêve
Psy : « - en regardant le visage des femmes
Dans le métropolitain, vous arrive-t-il
De bâtir des fictions ? Ego : - c’est mon métier non ? »
Ego : « - et vous savez cela m’arrive aussi
D’en construire avec le visage des hommes
Surtout ceux que je présume réfugiés »
« Ces hommes et ces femmes
Qui ont tant traversé
Ont tellement plus de valeur que moi »
Psy : « - Que vous ?
Ego : - Que nous ?
Psy : - Que nous ! »
Psy : « Et dans ce rêve de modélisme
Etiez-vous jaloux que ce soit vos collègues
Qui aient découvert le défaut ? »
Ego : « - j’étais catastrophé
Psy : - catastrophé
Ego : - le défaut c’était moi ! »
Psy : « - vous ?
Ego : - non, mon père
Psy : - Pas vous ? Votre père ? »
Ego : « - c’est lui l’ingénieur
Psy : - mais vous aussi êtes ingénieur
Ego : - c’est vrai je l’oublie toujours »
Psy : « - c’est vrai vous n’êtes pas ingénieur ?
Ego : - non c’est un immense mensonge
Psy : - c’est surtout que vous êtes écrivain »
Ego : - oui, un menteur
Psy : - vous préférez ingénieur ?
Ego : - non je préfère menteur «
Psy : » - ce n’est pas moins de compétence
Ego : - oui, cela demande aussi d’être
Comptable. Je suis un auteur-comptable «
Psy : - nous allons peut-être…
Ego : - nous arrêter là-dessus ?
Psy : - oui !
Après cela reprendre calmement
Le métropolitain
Retour en open space comme si de rien
Par bonheur, j’ai un collègue
Qui sait ne pas trop me demander
Les c’est-mardis-c’est-psy
Ma nouvelle cheffe appelle » Tes mails me font rire « , dit-elle » Cela ne va pas durer ", dis-je pour rassurer
J’ai cinq jours devant moi
Pour refaire le monde
Commençons par un peu de ménage
Tarte salée courgettes gorgonzola
Tomates feta basilic
Tarte aux pommes (je sais, deux tartes)
Pieds de plomb
Je ressors
Réunion de parents d’élèves
Echanges constructifs
Pendant deux heures
Puis fléchissement
Cas personnels
Attentes démesurées
Implication personnelle déclinante
Je rentre tard
Dans une maison silencieuse
J’avale mon propre bruit