Les infirmières scolaires, sentinelles de l’éducation sexuelle

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  • Les infirmières scolaires, sentinelles de l’éducation sexuelle
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    Les infirmières scolaires sont souvent les premières à recueillir la parole des collégiennes victimes de harcèlement ou de violences sexuelles. Les mieux placées aussi pour lutter contre les stéréotypes.

    Cette histoire, on l’a écoutée mille fois. Mais les premières à l’entendre sont souvent les infirmières scolaires – ce sont presque toujours des femmes. Interlocutrices privilégiées des adolescentes, elles les voient régulièrement débarquer en disant : « C’est pour une copine… » Quand ça commence comme ça, observe Agnès Laroche, ça signifie deux choses : que ça ne va pas très fort et qu’il n’y a pas de copine.

    Ces dernières années, le grand changement, « c’est vraiment la diffusion de photos et de vidéos, explique-t-elle. Ça peut être des SMS d’insultes ou des photos qui circulent. Ou des rumeurs de photos qui circulent. On a beau leur dire de ne pas envoyer de photos, les filles ont une grosse pression : elles cèdent parce qu’elles ont peur de perdre le petit copain et que tout le monde le fait. Ça fait désormais partie du jeu amoureux. » Elle poursuit : « On leur apprend que faire circuler une rumeur, c’est un délit. On encourage les parents à porter plainte parce qu’un rappel à la loi, c’est costaud. Et ça fait du bien. »

    « Entre 12 et 15 ans, on constate une montée des stéréotypes. Les enfants sont dans une période de construction, les garçons veulent être perçus comme masculins. » Bernard Bétrémieux, président de l’association je.tu.il…

    Pour éviter d’en arriver là, les infirmières scolaires profitent des heures d’éducation à la sexualité, qui leur sont souvent confiées, pour tenter de déconstruire les stéréotypes sexistes. Ces séances, obligatoires depuis 2001, ne sont pourtant pas systématiquement mises en place. « A leur âge, c’est quelque chose…, observe Annie Routier. Et c’est sans doute plus compliqué pour les filles, dont l’identité se résume à la réputation. » Certains adolescents ne s’embarrassent pas de nuances : il y a d’un côté les « putes » et de l’autre les « pas putes ».

    Une autre histoire l’a marquée. C’était il y a quatre ans. Pendant une intervention dans une classe de 3e, elle a donné la définition du viol. Un acte de pénétration sexuelle de quelque nature que ce soit sur la personne d’autrui par contrainte, violence, surprise ou menace. « Comme d’habitude, ça a interpellé les élèves, pour qui, une pénétration, c’est avec le sexe. »

    Huit jours plus tard, une adolescente est passée à l’infirmerie. « Elle a révélé des choses terribles, se souvient Annie Routier. L’élève auteur était dans sa classe. » Elle ajoute ceci : « Les autres ne l’ont pas su, on a eu cette chance-là. » Parce que quand les élèves l’apprennent, « et c’est terriblement injuste », il n’est pas rare qu’ils reprochent à la fille de l’avoir bien cherché.

    #Harcèlement_sexuel #Sexisme #Education