Sommeil en pointillé
Troublé, agité
Tout ce cirque n’est pas neutre
Je partage une collocation
À New York dans la famille de Nicolas
Je me fais pardonner en préparant un tiramisu
Je surprends un intrus
Qui joue du violoncelle
Un enfant roux que je ne reconnais pas
A la piscine, celle de Thelma
Je nage vers le sexe d’A.
Mais nous sommes interrompus
Petit-déjeuner plantureux
Avec Adrien, Bertrand et Zoé
On prend des forces
Vincent l’ingénieur du son
Prend les commandes
Soudain nos voix projetées
On répète les parties dialoguées
Dans une petite loge
Zoé en assistante parfaite
Les calages très erratiques de la vidéo
Adrien et moi ne déraillons pas
Mais nous sommes tendus par tant d’erreurs
Dernier filage catastrophique
Suivi d’une réunion à même notre table
On recale tout, Bertrand prend les manettes
On reprend le début
On a besoin de le refaire
Six fois pour que cela soit bon
On reprend la fin
On a besoin de la refaire
Six fois pour que cela soit presque bon
On souffle un grand coup
Rendez-vous dans les loges
Dans une heure
Je pars me promener
Avec Zoé dans les rues voisines
Une crêpe et un crème
Dans les loges
Petites attentions de l’équipe
Pascal en régisseur très protecteur
Adrien et moi dans les loges
On blague pas mal
Mais on n’en mène pas large
Pascal vient nous chercher
On se glisse derrière
Les rideaux. Un monde fou
Noir salle
On se jette dans le vide
Repères flurorescents, confiance
Entame vidéo
Parfaitement calée
Merci la technique
J’entame
Ça va, j’ai la voix libre
Je ne bafouille pas
Bertrand nous a fait une armure
De lumière, deux îlots lumineux
On est seuls, protégés par l’ombre
Ca déroule
Ca roule
Tout coule
On fait comme on a dit
Je ne quitte pas Adrien des yeux
Je me fis entièrement à ses gestes
Pas une erreur
Tout est synchrone
Des passes aveugles parfaites
On prend du plaisir
J’improvise
Je me sens bien
Adrien rentre dans le dernier tiers
Un (beau) cheval qui sent l’écurie
Du regard je l’encourage, j’halète dans le micro
Le public est captif
Pas une toux, pas un bruit
Des petits sursauts de temps en temps
J’ai le sentiment
Isolé par l’éclairage
De n’être pas moi-même
Adrien se met dans tous ses états
C’est dingue ce que cela dégage
Je l’étreins, comme prévu, quelle décharge !
Nous sommes très applaudis
Soulagés
Et on rigole bien
Dans la loge Pascal me déséquipe
De mon micro, le capitaine Haddock
Se débattant avec un lézard dans le dos
On reprend un peu nos esprits
Adrien s’est un peu blessé
Mais il a un bon sourire
Dans le hall qui nous attendent
Des sourires connus
Et d’autres inconnus, mais sourires
Je confie Zoé
À sa marraine
Week-end à Rennes
Un monsieur me dit être bouleversé
Me dit devoir tout repenser
Me dit n’avoir pas pensé tout cela avant !
Un autre monsieur
Veut une dédicace d’Une Fuite en Égypte
Mes mains tremblent, presque incapable
On part dîner
Au TNB
Autour de nous, des amis
J’aime le sourire farceur
Du cuisinier du TNB
Et son dîner est fort bon
Je bois du vin
Encore du vin
Je ris tout mon saoul
Dans un café à l’ancienne
Longues conversations
Avec Mathieu, Adrien lui, avec Jérôme
Nous échouons dans une salle du billard
Première fois que je joue depuis très longtemps
Surtout première fois que je joue avec des lunettes
Retour à l’hôtel
A trois heures
Epuisé, mais heureux
#mon_oiseau_bleu