• Ma fille, ce sont des larmes de lutte
    29 décembre | Bassem Tamimi pour Haaretz |Traduction JPP pour l’AURDIP
    http://www.aurdip.fr/ma-fille-ce-sont-des-larmes-de.html

    (...) Il y a plusieurs mois, lors d’un voyage en Afrique du Sud, nous avons projeté en public une vidéo documentant la lutte de notre village, Nabi Saleh, contre la domination d’Israël qui nous est imposée. Quand la lumière est revenue, Ahed s’est levée pour remercier les gens de leur soutien. Après avoir remarqué que certains dans l’assistance avaient les larmes aux yeux, elle leur a dit ceci : « Nous sommes peut-être victimes du régime israélien, mais nous sommes aussi fiers de notre choix de lutter pour notre cause, malgré le coût que l’on sait. Nous savions où ce chemin nous conduirait, mais notre identité, en tant que peuple et en tant que personnes, est ancrée dans la lutte, et elle en tire son inspiration. Au-delà de la souffrance et de l’oppression quotidiennes des prisonniers, des blessés et des tués, nous connaissons aussi le pouvoir immense qui nous vient de notre appartenance à un mouvement de résistance ; le dévouement, l’amour, les petits moments sublimes qui viennent de notre choix de briser les murs invisibles de la passivité.

    « Je ne veux pas être perçue comme une victime, et je n’accorderai pas à leurs actions le pouvoir de définir qui je suis, et ce que je serai. J’ai choisi de décider par moi-même comment vous me verrez. Nous ne voulons pas que vous nous souteniez à cause de quelques larmes photogéniques, mais parce que nous avons fait le choix de la lutte et que notre lutte est juste. C’est la seule façon de pouvoir arrêter de pleurer un jour ».(...)

    #Ahed_Tamimi

    • L’Occident célèbre Malala, et ignore Ahed. Pourquoi ?
      http://chroniquepalestine.com/occident-celebre-malala-ignore-ahed
      Shenila Khoja-Moolji - 28 décembre 2017 – Al-Jazeera – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet

      (...)Pourquoi n’y a-t-il pas pour Ahed le même tollé international que pour Malala ? Pourquoi la réaction aux tribulations d’Ahed est-elle si insignifiante ?

      Il y a plusieurs raisons à ce silence assourdissant. La première est le fait que la violence d’État est globalement reconnue comme légitime. Alors que les actions hostiles d’acteurs non étatiques tels que les talibans ou les combattants du Boko Haram sont considérées comme illégales, une agression équivalente de la part d’un État est souvent jugée appropriée.

      Cela comprend non seulement les formes visibles de violence telles que les attaques de drones, les arrestations illégales et la brutalité policière, mais aussi les agressions moins apparentes telles que l’appropriation de ressources comme la terre et l’eau. L’État justifie ses violences en présentant les victimes de ses injustices comme une menace au bon fonctionnement de l’État.

      Une fois considéré comme une menace, l’individu perd tous ses droits politiques. Le philosophe italien Giorgio Agamben dit* que l’État est considéré comme un pouvoir souverain qui peut suspendre les lois dans un lieu ou une période donnés ; il peut déployer toute sa violence contre n’importe quel individu considéré comme une menace. Les terroristes entrent évidemment dans cette catégorie. Ainsi, l’exécution de terroristes présumés par des drones, hors de toute procédure judiciaire régulière, ne suscite pas beaucoup de remous dans la population.

      La police israélienne a déployé une stratégie similaire. La raison invoquée pour prolonger la détention d’Ahed est qu’elle « constitue un danger » pour les soldats (qui représentent l’État) et qu’elle pourrait entraver le fonctionnement de l’État (l’enquête). (...)