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    L’amour de l’Autre comme une drogue
    Donc, le problème, avec notre société, c’est qu’elle se borne à nous faire croire que sans être aimé par les Autres, on ne peut pas être heureux, mais qu’en plus, l’amour des autres se mérite. Si tu veux être aimé il faudra que tu sois plus ceci, moins cela. Il ne faudra surtout pas que tu sois toi-même (et puis quoi encore ?) Tiens achète une voiture, une maison, des vêtements, fais des cadeaux coûteux, etc, etc. Notre monde consumériste veut que tu sois persuadé que tu n’es jamais assez bien pour tes pairs, car ainsi il peut te vendre des quantités de choses pour t’aider à parvenir à un idéal inatteignable. Le pire, c’est que ce n’est pas fait sciemment par les gens qui créent les médias et les publicités. Ils se contentent de reproduire un schéma qu’ils connaissent et qui fonctionne d’un point de vue commercial, sans même penser au fait que c’est un mensonge et au fait que ça engendre tant de souffrances.

    En attendant, c’est comme ça que les relations inter-dépendantes sont possibles : comme on n’est plus capables de s’aimer soi-même, on attend des autres de recevoir de l’amour -parce que tout être humain en a besoin-, comme un mort de faim attendrait qu’on le nourrisse parce qu’il n’a plus la force de le faire lui-même. Et finalement on se transforme en drogués en manque de cam : les autres sont nos dealers, et si le manque se fait trop sentir, la souffrance pousse à la haine et à la violence (qu’elle soit physique, mentale ou verbale). Tout comme un/e héroïnomane en manque de sa dose sera prêt/e/s à faire beaucoup de choses pour l’avoir, ceux qui manquent d’amour parce qu’incapables de le trouver en eux-mêmes vont essayer de trouver une raison, un coupable qui expliquera leur mal-être.

    Pour les hommes dont j’ai parlé plus haut, les Nice Guy, les coupables sont toutes trouvées : ce sont celles qui leur refusent leur « dose ». Couplé à une éducation sexiste qui prétend que les femmes seraient toutes pareilles, ça donne le fameux « toutes des salopes (sauf maman) ». En outre, depuis leur plus tendre enfance, on a appris aux hommes qu’action = récompense. Tu sauves la princesse, tu peux la baiser, tu payes le resto, tu peux la baiser etc etc. C’est ce que nous apprennent les médias. Il y aurait des « techniques » pour pécho, comme si toutes les femmes fonctionnaient de la même manière et qu’il suffisait d’avoir cette fameuse formule secrète et mystérieuse pour toutes se les faire. Finalement, les femmes sont vues comme des machines dans lesquelles on mettrait des jetons « Gentillesse » jusqu’à ce que du sexe finisse par tomber. Sauf que cette technique qui est vendue comme LA solution pour avoir des relations sexuelles ne marche pas toujours (et c’est même problématique si une femme couche avec vous juste parce qu’elle vous trouve gentil). Et des frustrations et incompréhensions se mettent en place.

    Pour reprendre la métaphore du drogué, c’est un peu comme si je disais à un héroïnomane qu’il aurait sa cam s’il me donnait de la thune et qu’une fois les billets en poche je me barrais sans rien lui filer. Le truc, c’est que contrairement à l’Héroïne, l’amour et le sexe ne sont pas des choses qui se donnent et s’échangent comme des objets ou des services sous contrat, si la personne n’a pas explicitement précisé qu’elle était là pour ça (auquel cas, vous avez en face de vous un/e Travailleur/se du Sexe et c’est un tout autre sujet). Que ce soit contre de l’argent ou contre de la gentillesse, une femme ne donnera pas de l’affection ou du sexe parce que (outre situation explicite ou les deux parties se sont mises d’accord) ces choses ne se troquent ni ne s’échangent pour peu qu’on prenne en compte le désir et le consentement de la personne. C’est quelque chose qu’on donne et qu’on reçoit de manière inconditionnelle. Mais pour ça, encore faut-il ne pas en avoir besoin. D’où l’importance d’être capable de s’aimer soi-même avec bienveillance et respect.

    #amour #PUA #nice_guy #féminisme