mieux que Phileas Fogg, un tour du monde en 72 jours

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  • Nellie Bly : mieux que Phileas Fogg, un tour du monde en 72 jours
    https://www.franceculture.fr/medias/nellie-bly

    Lorsqu’il publiait Le Tour du Monde en 80 jours en 1872, Jules Verne pouvait-il imaginer qu’une journaliste entreprendrait de faire un tour du monde en un temps plus rapide que son personnage fictif, Phileas Fogg ? Et pourtant ! C’est le défi qu’a relevé l’américaine Nellie Bly en 1889. L’histoire a cependant retenu le nom d’un héros fictif, aussi célèbre soit-il, plutôt que celui d’une femme.

    En utilisant bateaux, montgolfières, trains, l’intrépide journaliste a fait le tour du monde en 72 jours, 6 heures et 11 minutes en passant par Londres, Amiens, Suez, Singapour, Hong Kong ou encore, Yokohama et San Francisco. Un périple qu’elle a elle-même raconté dans son livre Le tour du monde en 72 jours :

    La gare était remplie de milliers de concitoyens et, lorsque je posai enfin pied à terre, la foule cria comme un seul homme, suivie par les canons de Battery et Fort Greene qui tonnèrent en mon honneur. J’ôtai mon chapeau et criai joyeusement avec la foule, non parce que j’avais accompli mon tour du monde en soixante-douze-jours, mais parce que j’étais de nouveau parmi les miens.

    • Et donc elle n’était pas que ça, aussi pionnière de l’investigation :

      Lorsqu’elle embarque pour son tour du monde, Nellie Bly a déjà initié dans la presse américaine un nouveau journalisme. Elle s’est infiltrée dans une usine pour décrire la réalité des femmes ouvrières, puis dans un asile psychiatrique en se faisant passer pour folle. Dans l’émission « Les Chemins de la philosophie », Jacques Munier s’entretenait avec Géraldine Muhlmann, spécialiste de l’histoire du journalisme américain, et revenait notamment sur le rôle de Nellie Bly en tant que pionnière du journalisme d’investigation :

      Nellie Bly sera considérée comme la première stunt-girl, littéralement une fille du coup de force [...] Ce sont des journalistes qui pratiquent de l’investigation en allant dans des institutions occultes, par exemple un asile psychiatrique [...] Toute la démarche de Nellie Bly sera de dire : « On en parle beaucoup, mais personne n’est allé y voir. »

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Nellie_Bly

      Le premier reportage confié à Nellie Bly, en 1880, concerne une fabrique de conserves. Elle raconte alors la vie des ouvrières et leurs conditions de travail très difficiles, dans le froid, la saleté et le danger. Ce premier reportage, accompagné de photographies, fait exploser les ventes du Pittsburgh Dispatch. Elle a alors rapidement le libre choix de ses articles et se concentre essentiellement sur les conditions de vie du monde ouvrier.

      Malheureusement, les industriels commencent à mettre sous pression le journal. Madden lui demande donc de ne plus s’occuper que des rubriques théâtrales et artistiques. Mais elle finit par le convaincre de revenir à son thème de prédilection, le monde ouvrier. Elle se fait alors embaucher dans une tréfilerie pour écrire un article « de l’intérieur ». Ce sera le premier reportage du genre, prémices du journalisme d’immersion et d’investigation. Le reportage fait sensation mais Nellie est forcée par les industriels à revenir aux rubriques théâtrales.

      Et encore :

      Pulitzer lui promet alors un contrat si elle parvient à s’infiltrer dans un asile. Elle accepte. Sa première tâche consiste ainsi à écrire un article au sujet d’un asile de fous pour femmes, le Blackwells Island Hospital à Roosevelt Island. Elle se fait passer pour malade et s’invente des problèmes psychiatriques afin d’y être internée. Après une nuit d’entraînement, l’illusion est parfaite : tous les médecins la déclarent folle et se prononcent pour son internement. Elle reste dix jours dans l’hôpital. Le reportage fait la une de toute la presse et fait scandale en dévoilant les conditions épouvantables des patientes et les horreurs des méthodes utilisées (nourriture avariée, eau souillée, bâtiments infestés). Il amènera un changement radical des pratiques. Elle publie son aventure sous le pseudonyme de L. Munro : Ten Days in a Mad-House (1887). Ce mode de journalisme, le reportage clandestin, devient sa spécialité.

      Mais pourquoi n’y a-t-il pas un film biopic sur sa vie, ça ferait un sacré film d’aventure ! (Il y a eu un film sur son passage à l’asile apparemment, mais il faudrait un film sur sa vie entière…)

      #Nellie_Bly #journalisme #investigation #aventurière