Anne Sylvestre « Clémence en vacances » | Archive INA

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  • @georgia histoire de donner le change, voici une petite interview de Titiou Lecocq par Maïa Mazaurette (de bons ingrédients, donc).
    http://www.gqmagazine.fr/sexactu/articles/liberees-linterview-sexe-de-titiou-lecoq/59015
    Morceaux choisis :

    Notre génération a grandi dans le mythe de l’égalité déjà là ce qui rend insupportable de se découvrir à 35 ans dans le rôle de maîtresse de maison.

    En lisant ce passage, cette évidence m’a un peu sauté aux yeux, concernant l’apparition d’une nouvelle génération féministe et de sa nouvelle génération d’analyses, d’arguments et de revendications.

    le sexe est une pulsion vitale qui arrive toujours à se frayer un chemin en érotisant de nouvelles représentations. On le voit déjà sur la paternité.

    Je trouve ça hyper intéressant de constater que les attributs de la virilité et de la féminité, les clichés érotiques et les objets de désir évoluent vers des représentations (potentiellement) moins nocives, qu’on puisse consciemment orienter voire contrôler ces évolutions, au niveau collectif comme individuel. C’est loin d’être évident, y compris pour certain.e.s militant.e.s féministes que j’ai pu croiser.

    La grève du sexe a souvent été évoquée par les féministes comme un moyen de pression. Mais ça pose problème aussi. D’une certaine manière, le sexe devient une récompense pour les hommes qui font bien. C’est pas top en terme d’égalité.

    Oui, et... cela renforce le cliché selon lequel le sexe serait un « besoin vital » pour les hommes et un « service rendu » pour les femmes.
    Pour autant, la grève du sexe a été utilisée dans des luttes pas forcément féministes à la base : http://www.lemonde.fr/afrique/article/2012/08/28/greve-du-sexe-au-togo-un-procede-deja-teste-avec-plus-ou-moins-de-reussite_1
    Mais on en revient toujours au même problème : c’est un mode d’action qui présuppose que les femmes n’ont de pouvoir politique qu’à travers la pression qu’elles mettent sur leurs maris. C’est triste.

    il est clair que le nombre de rapports sexuels mensuels devient une moyenne qu’on essaie de tenir, comme de bonnes élèves. On se dit même quand notre moyenne est en baisse qu’on va se rattraper (donc faire un effort). Il y a vraiment une charge mentale de la sexualité du couple (ce qui est dingue quand on y pense).

    Oui, c’est dingue... et difficile à croire à la base, que dans un couple traditionnel il repose sur la femme de s’assurer qu’on couche à échéances régulières. Ce n’est en tout cas pas le cliché habituel (je n’ai pas fait d’étude statistique sur le sujet).
    En revanche, cela en dit sans doute sur « pourquoi les femmes en couple couchent ».

    si les femmes se demandaient plus souvent « de quoi ai-je vraiment envie ? » les maisons seraient nettement moins bien rangées

    Et... et ? Serait-ce vraiment si grave ?
    Le patriarcat induit que la valeur d’une femme en tant que personne dépend de la bonne tenue de son foyer. Si on veut abattre le patriarcat, ne faut-il pas remettre en cause cette valeur morale de l’ordre et du rangement (et pas seulement la répartition du travail qui permet d’y répondre) ?
    Je suis curieux de lire le livre de Titiou Lecocq pour voir quelle réponse elle donne à cette question. On se l’arpente ?

    • Première réponse à chaud, sur l’érotisation de nouveaux objets de désirs : dans mon milieu écolo, le père attentif qui porte son bébé en écharpe ou porte-bébé physiologique est au même niveau de sexitude que Brad Pitt au mieux de sa forme (et c’est pas du second degré).
      La suite plus tard, après lecture de tout l’interview et de tes commentaires

    • dans mon milieu écolo, le père attentif qui porte son bébé en écharpe ou porte-bébé physiologique est au même niveau de sexitude que Brad Pitt au mieux de sa forme (et c’est pas du second degré).

      Ca me semble pas nouveau, c’est du même ressort que la survalorisation des hommes qui « aident » leur compagne.

      Le ménage c’est assez convenu de dire que c’est chiant, mais au moins quant tu as fini tu as un peu de satisfaction. Le sexe c’est tellement chargé de contraintes, sachant qu’une femme sur 5 a subit des violences sexuelles avant ses 15 ans ce qui laisse des traumatismes important chez beaucoup d’entre elles, que la plus part des jeunes femmes prennent une contraception qui limite leur libido, que le principale agresseur sexuel (statistiquement) des femmes c’est leur conjoint, que l’imaginaire sexuel est envahie de représentations pornographiques gravement inégalitaires et humiliantes pour les femmes, et qu’en plus tu risque une grossesse qui va faire explosé la charge mentale, les corvées, contraintes et injonctions, qui a de fortes chances de limité ta carrière pro et affecté souvent ta santé. Sachant tout ca je me demande comment il est possible de parler de sexualité hétéro de manière positive, enviable du point de vue féministe. J’ai l’impression que l’obligation de l’expression d’une sexualité épanouie et heureuse est bien plus forte que celle d’avoir une maison rangée et propre.

      Sur le fait que la sexualité peut ne pas être un rapport de domination ou que la domination dans le sexualité ne serais pas comparable à celle du couple dans les autres domaine de leur existence je suis aussi assez septique. Pendant longtemps je me disait que l’idée que la pénétration était liée à la domination à cause (ou depuis) la culture Grecque antique (ou de la bible). Mais ce comportement de domination par la pénétration sexuel on le trouve chez beaucoup de mammifères y compris chez des femelles dominantes. Les hyènes par exemple pratiquent beaucoup et j’ai le souvenir de la chienne d’un ami qui était très dominante et qui cherchait toujours la moindre occasion de monter sur les gens. C’est possible que ce soit un comportement acquis. Quand une hyène ou une chienne prennent la position dite « active » elles ne se reproduisent pas, elles utilisent la sexualité à une autre fin, celle de la hiérarchisation de leur groupe. J’ai l’impression que chez les sapiens sapiens le conditionnement des femmes à ne pas être dominantes sexuellement est très fort, (bien plus que chez les Hyènes et les chiennes en tout cas). Il y a peu j’étais tombé sur une discutions au sujet du BDSM et des difficultés extrêmes que les hommes hétéros soumis rencontraient pour trouvé des femmes dominantes. La rareté des femmes dominantes sexuellement contraindrait ces hommes à les trouvé dans la prostitution. C’est pas une info fiable, mais j’ai quant même jamais eu l’occasion de rencontré des femmes hétéro qui se revendiquent de pratiques de domination sexuelles avec leur conjoint.

      Si les pratiques de domination-soumission dans la sexualité humaine ne sont pas symétriques à ceux de la société patriarcale (ce dont je doute) alors il y a pas de raison à ce que les hommes ne soient pas autant pénétrés par les femmes que l’inverse. Et je pense que c’est là qu’il y a des choses à faire bouger. C’est pas une grève du sexe qu’il faudra, c’est une grève de la pénétration des femmes. On peu brûler la serpillière mais le mieux c’est de l’échanger contre un gode ceinture. On peu faire des formations à l’autodéfense féministe, mais ca serait pas mal d’avoir aussi des ateliers dominatrices pour les femmes hétéros et soumission pour les hommes hétéros. Car si le sexe c’est si bien et que tout le monde dit qu’ille adore et que sois disant ca ne reproduit pas les hiérarchisations culturelles et sociales, il y a pas de raison a ce que les hommes n’adorent pas être soumis et pénétrés au lieu de contraindre les femmes à cela.

      J’y travail de mon coté avec mes trucs de #mégèrisme et peut être que je ferais un jour des stage de « devenir hyènes » ou de « chiennerie ». Ca me semble aussi lié aux histoires de femmes plus petites que les hommes (Priscille Touraille) et de beauté féminine associé à la faiblesse (cf le blog d’Antisexisme) et donc masculine associé à la force. Je me dit qu’il faudrait érotisé la faiblesse et la petitesse masculine ainsi que la puissance et le contrôle du coté des femmes.

    • @raspa On parlait l’autre jour de la question de l’anticipation (rappel rapide : les femmes anticipent plus que les hommes, parce qu’elles gèrent la logistique, qui demande de l’anticipation) : je me rends compte que ça fait vraiment système avec ce qui est décrit là :

      - Je pense par exemple à la logistique de la sexualité quand tu fais partie des femmes qui s’épilent : la sexualité + sa préparation c’est double de temps ?
      – Exactement. Tu ne vas pas te dire « tiens, j’ai envie de niquer ». Mais « ça fait trop longtemps, donc ce soir il faut qu’on nique. Du coup, il faut que je trouve le temps de m’épiler, je vais aussi me mettre de la crème hydratante pour avoir la peau douce » etc. La capacité des femmes à se rajouter des corvées est incroyable. Alors certes, de temps en temps, se préparer pour une folle nuit de sexe ça peut ajouter à l’excitation, mais il ne faut pas que ça devienne un impératif qui alourdit tout. Je me souviens d’une amie à moi qui avait très envie de coucher avec un homme, l’occasion se présente, c’est parfait, mais elle a finalement dit non parce qu’elle n’était pas épilée et qu’elle avait peur que ça le dégoûte. C’est affreux. Elle a fait passer un impératif « social » avant son envie.

      La logistique que demande la réponse aux impératifs sociaux (rien que pour la sexualité : maintenir la moyenne mensuelle, avoir une sexualité épanouie, se conformer aux canons de beauté, mais aussi gérer sa contraception) est dingue quand on y pense.
      Ça participe de cette stratégie de saturation de l’emploi du temps, dont il est bien difficile de sortir. Mais c’est diablement efficace pour freiner les envies, cf l’exemple décrit là.
      J’avais lu un bouquin sur les journaux intimes de jeunes filles françaises au XIXe. Les stratégies pour les contrôler socialement y étaient super bien décrites, et notamment cette saturation de l’emploi du temps (y compris dans la bourgeoisie où les femmes n’avaient pas de métier/emploi/travail, salarié ou indépendant), qui passait notamment par la saturation des mains. On apprenait aux filles, dès petites, à avoir toujours quelque chose dans les mains : tâches ménagères, broderie... Et comme malheureusement, occuper les mains ne suffit pas toujours à occuper l’esprit (typiquement pour les travaux de couture /broderie : des fois il faut sacrément réfléchir, mais il y a plein de moments où c’est très mécanique, surtout avant la machine à coudre), pour éviter les pensées vagabondes ou les conversations intimes, on faisait la lecture à voix haute (de choses édifiantes, bien sûr).

      - La première conséquence directe de cette surcharge de boulot pour les femmes c’est qu’elles sont fatiguées. Et quand je dis fatiguées, c’est plutôt épuisées. Sachant qu’il n’y a pas d’arrêt de maison comme les arrêts de travail et que même pendant les vacances, on conserve la charge de la maison. C’est un boulot sans fin.

      Ça aussi, c’est un vrai sujet. Avec parfois des réponses incroyables de la part des conjoints « mais repose toi si tu es fatiguée », sans qu’ils en fassent plus, comme si ça allait résoudre magiquement la cuisine, la vaisselle et emmener les enfants au parc. Dans le genre injonction horrible...
      A ce propos, cette conversation Twitter l’autre jour, parfaite illustration de ce que dit Titiou Lecoq : https://twitter.com/MarionCanneval/status/943142885251272704
      Et en forme de révolte, cette chanson d’Anne Sylvestre que j’adore <3 https://www.youtube.com/watch?v=2Ao4jhrMGfY


      Sérieux, une grève des tâches ménagères me semblerait plus pertinente qu’une grêve du sexe, mais plus compliquée à mettre en place (faut bien nourrir ceux et celles qui ne sont pas autonomes : enfants, personnes dépendantes...)