Groupe d’information et de soutien des immigrés

https://www.gisti.org

    • Courrier adressé par le #Gisti aux membres de la Mission et au président de l’Assemblée nationale :
      https://www.gisti.org/IMG/pdf/lettre-ouverte_2020-10-12_mission_racisme.pdf

      À Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,

      À Mesdames et Messieurs les députés,
      membres de la Mission d’information sur l’émergence
      et l’évolution des différentes formes de racisme
      et les réponses à y apporter

      Nous souhaitons appeler votre attention sur les conditions dans lesquelles s’est déroulée l’audition de Mme Danièle Lochak le 24 septembre dernier.

      Madame Lochak a été entendue en sa double qualité de Professeure émérite de droit public à l’Université de Paris Nanterre et Présidente honoraire du Gisti par les membres de la mission d’information sur l’émergence et l’évolution des différentes formes de racisme.

      Elle a présenté un exposé liminaire, dans lequel elle a procédé à une analyse de la législation relative aux étrangers et des pratiques constatées de la part des autorités publiques, pour démontrer en quoi de nombreuses inégalités de traitement fondées sur la nationalité constituent en réalité des discriminations fondées sur les origines, voire des discriminations raciales et comportent de ce fait un effet stigmatisant.

      Reprenant immédiatement la parole à l’issue de la présentation de cet exposé introductif, le président de la mission, Monsieur Robin Reda, a adopté un comportement insolite en ce genre de circonstances. Il s’est exprimé en ces termes : « Un peu plus, un peu moins, de toutes manières, ce qui nous intéresse, c’est le fond du propos, dont je dois dire, Madame, qu’il m’a énormément choqué mais je ne suis pas surpris au regard des prises de positions du Gisti et moi qui me croyais d’une droite relativement modérée, je me découvre totalement fasciste au regard de ce que vous dites, avec lesquels je suis en désaccord sur tous les points. Mais on est là pour en débattre et la démocratie a ceci de beau que nous invitons aussi des organisations qui appellent ouvertement à enfreindre la loi, je pense notamment à la Marche des sans-papiers organisée le 17 octobre, à laquelle le Gisti est associé. Si on est sans-papiers et que l’on défile ouvertement sans se faire arrêter, on viole la loi et non seulement on viole la loi mais en plus, l’État est trop faible pour vous interpeller ».

      Madame Lochak a rappelé qu’il n’y avait là aucune violation de la loi puisque la liberté de manifester ne prévoit pas d’exceptions pour les personnes sans papiers. Elle a fait remarquer qu’il arrivait souvent, au demeurant, que des personnes sans papiers soient régularisées, ce qui atteste que leur revendication peut être entendue par l’administration. Monsieur Reda a alors ajouté qu’à cette Marche du 17 octobre, le Gisti défilait avec des mouvements indigénistes – comme si le fait d’apparaître comme signataire d’un appel parmi plus d’une centaine d’organisations impliquait l’adhésion aux positions de la totalité des signataires, et alors même que plusieurs des associations déjà auditionnées par la mission sont également signataires de cet appel à la Marche du 17 octobre, sans que Monsieur Reda s’en soit ému.

      Monsieur Reda a ensuite demandé « si la France serait toujours coloniale et s’il faudrait lui imposer une forme de démarche vengeresse qui mettrait en cause la République-même, avant de s’interroger lui-même, de façon particulièrement insultante pour l’organisation représentée par Madame Lochak et pour elle-même, sur la question de savoir si la mission qu’il préside « ne devrait pas s’intituler : Émergence d’une forme d’antiracisme dangereux en ce qu’il menace l’ordre républicain », suggérant explicitement que le Gisti serait le vecteur de cet « antiracisme dangereux ».

      Le monologue agressif du président de la Mission d’information s’est poursuivi pendant la majeure partie de l’audition, alors qu’il avait lui-même rappelé que celle-ci devait pouvoir se dérouler « en toute tranquillité ». Ce n’est que dans les dix dernières minutes que la rapporteure a donné l’occasion à Madame Lochak de développer ses arguments.

      Par son comportement, le président a clairement outrepassé ses prérogatives, dévoyé sa fonction et dénaturé cette audition en principe destinée à recueillir les connaissances d’experts, à poser des questions utiles et à enrichir les travaux de la Mission. Il l’a utilisée en effet comme une tribune pour afficher des positions partisanes, en agressant la personne auditionnée, non sans proférer une série d’erreurs grossières et de contre-vérités.

      Ces manquements aux obligations inhérentes à ses fonctions et la violence des attaques portées par Monsieur Reda contre Madame Lochak, et à travers elle contre le Gisti, nous paraissent d’autant plus préoccupants que la Mission mise en place par la Conférence des Présidents traite d’un sujet « sensible » et que, pour cette raison précisément, son déroulement exige, a fortiori de la part de son président, une parfaite neutralité.

      Compte tenu de l’importance de l’enjeu de la Mission, nous demandons que ce courrier soit annexé à son futur rapport.

      Pour la même raison, vous comprendrez que ce courrier soit rendu public.

      Veuillez croire, Mesdames, Messieurs, à l’assurance de nos salutations.

      Vanina Rochiccioli
      Présidente du Gisti

    • Robin Reda, 29 ans élu député dans l’Essonne en 2017 mama mia. Il quitte LR en 2019 pour rejoindre Soyons libres de Valérie Pécresse. Plutôt que d’écouter ce clone du front national, il vaut mieux lire ou relire « à ceux qui se croient libres » justement :
      http://www.insomniaqueediteur.com/publications/ceux-se-croient-libres

      Thierry Chatbi (1955 - 2006) qui a grandi aussi, en parti malgré lui, à Savigny-sur-Orge comme Mr le député.
      https://lenvolee.net/rencontres-discussions-en-rhone-alpes

      A ceux qui se croient libres
      un livre de Nadia Ménenger

      Ce recueil de lettres et de témoignages retrace une vie passée principalement derrière des barreaux… Né en 1955, Thierry Chatbi a connu la maison de correction dès l’enfance, puis dans des centres pour jeunes détenus pendant son adolescence. Par la suite, il a été enfermé dans des maisons d’arrêt avant d’aller pourrir dans des centrales de haute sécurité. Sa singularité, c’était sa lucidité ; il savait ce monde gouverné par et pour les nantis et ne voulait pas trimer pour quelques miettes. Très jeune, il a opté pour l’illégalité, au risque d’être enfermé.

      #Thierry_Chatbi a payé ce choix au prix fort : plus de 25 ans de #prison. Son refus de se faire exploiter s’est mué en refus de se soumettre à l’administration pénitentiaire. Il a pris une part active aux mouvements de prisonniers des années 1980. Son engagement l’a conduit à passer plus de treize ans dans les quartiers d’isolement, dont il n’a cessé de dénoncer l’existence.

      Thierry Chatbi avait une haute idée de la liberté. À tel point qu’après son ultime sortie de prison, il s’est suicidé en 2006, préférant la mort au renoncement.
      On trouvera dans cet ouvrage des textes de Thierry Chatbi adressés à des journaux et à des émissions de radio, ainsi qu’une correspondance avec sa professeur de français. On y trouvera aussi des interviews de quelques-uns de ses amis sur les combats de Thierry Chatbi. Ces textes ont été rassemblés, choisis et organisés par #Nadia_Ménenger, proche amie de Chatbi et animatrice d’émissions de radio consacrées aux problèmes carcéraux.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Robin_Reda
      https://seenthis.net/messages/663157

    • Histoire de la Ferme de Champagne, Centre d’observation public de l’éducation surveillée, par où est passé Thierry Chatbi avant d’aller à Fleury.
      http://enfantsenjustice.fr/?-L-historique-du-centre-d-

      La Ferme de Champagne de #Savigny-sur-Orge est un des premiers établissements gérés par la toute nouvelle direction de l’Éducation surveillée. Il a ouvert ses portes en juillet 1945 et a fonctionné en tant que centre d’observation public jusqu’en 1972. Il accueillait uniquement des jeunes garçons ayant tous entre 13 ans et 20 ans, pour une durée de trois mois avant décision définitive du juge des #enfants. Étant le seul établissement de ce type à proximité de Paris, il a été rapidement en sur effectif, les 120 places prévues initialement s’avérèrent rapidement insuffisantes, la construction de pavillons en préfabriqué ayant permis d’augmenter le nombre de jeunes accueillis à 160 puis 180, devant parfois improviser pour loger jusqu’à 210 mineurs. Il devient à partir de 1976, un service d’hébergement plus classique pour une prise en charge plus longue (ISES). Toujours en activité aujourd’hui, le plateau de champagne a accueilli successivement les dernières innovations des politiques judiciaires : centre de placement immédiat (1998) et tout dernièrement centre éducatif fermé (2009).

      http://enfantsenjustice.fr
      #administration_pénitentiaire

  • Pour que le Briançonnais reste un territoire solidaire avec les exilés - Libération
    https://www.liberation.fr/debats/2020/09/21/pour-que-le-brianconnais-reste-un-territoire-solidaire-avec-les-exiles_18

    fermeture du « Refuge solidaire » et du local des maraudeurs ou comment le nouveau maire de Briançon, Arnaud Murgia, prépare les drames de cet hiver...
    La pétition : https://www.change.org/p/pour-que-le-brian%C3%A7onnais-reste-un-territoire-solidaire-avec-les-exil%C3

    #Briançon #migrants #migrations #refuge_solidaire #ville-refuge #solidarité #asile

  • Kamel Daoudi, plus vieil assigné à résidence de France, incarcéré pour un retard de 30 minutes
    paru dans lundimatin#256, le 28 septembre 2020

    https://lundi.am/Kamel-Daoudi-plus-vieil-assigne-a-residence-de-France-incarcere-pour-un-retard

    Il préparait des falafels pour une soirée karaoké

    Assigné à résidence depuis 12 ans, obligé de pointer de 2 à 4 fois par jour à la gendarmerie, soumis à un couvre-feu quotidien, éloigné de sa femme et de ses enfants, Kamel Daoudi a été incarcéré à la maison d’arrêt d’Aurillac ce dimanche. Il vient d’entamer une grève de la faim et de la soif. (...)

    • L’acharnement contre Kamel Daoudi doit prendre fin
      https://www.gisti.org/spip.php?article6481

      Condamné en 2005 à six ans d’emprisonnement, Kamel Daoudi, qui a purgé sa peine depuis fort longtemps, est pourtant assigné à résidence depuis douze années. Sous le coup d’une mesure d’interdiction définitive du territoire français, déchu de sa nationalité française, il ne peut être expulsé vers l’Algérie – le pays dont il a la nationalité – en raison des risques de mauvais traitements qu’il y encourt. La Cour européenne des droits de l’Homme l’a affirmé dans une décision sans équivoque.

      Vendredi 25 septembre 2020, il vient, pour la seconde fois, d’être interpellé et arrêté pour ne pas avoir respecté les conditions de son assignation à résidence. Voilà douze ans que #Kamel_Daoudi doit, tous les jours, rester au domicile qui lui est imposé entre 21 heures et 7 heures et pointer jusqu’à quatre fois par jour au commissariat ou à la gendarmerie la plus proche. Ces derniers temps, il était assigné à Aurillac, le septième lieu d’assignation en dix ans, à nouveau loin de ses enfants et de sa femme. En l’espèce, il lui est reproché d’avoir dépassé d’une demi-heure le couvre-feu de 21 heures. Il se trouvait alors dans un bar associatif d’Aurillac dans la vie duquel il est impliqué depuis plusieurs mois et où, notamment, il prépare bénévolement des repas.

      Kamel Daoudi doit être jugé en #comparution_immédiate mardi 6 octobre prochain. Il a entamé une grève de la faim et de la soif.

      À Aurillac, les membres de l’association appellent à un rassemblement devant le tribunal pour soutenir Kamel Daoudi et demander sa libération immédiate.

      Le privant de toute vie familiale et professionnelle, l’assignation à résidence à perpétuité infligée à Kamel Daoudi le condamne à une véritable mort civile.

      L’acharnement dont il est la cible est incompatible avec l’Etat de droit. Le Gisti et la Ligue des droits de l’Homme (LDH) demandent l’abandon des poursuites contre lui et appellent le gouvernement à mettre un terme à son assignation à résidence.

      Paris, le 1er octobre 2020

  • #Marche nationale des #sans-papiers : on marche vers l’Élysée !

    A l’appel de 15 collectifs de Sans-Papiers, de la Marche des Solidarités, des Etats Généraux des Migrations et de plus de 120 organisations, des Sans-Papiers marcheront à partir du 19 septembre des quatre coins du pays pour atteindre Paris en une grande manifestation le samedi 17 octobre.

    Acte 1 : Le 30 mai des milliers de Sans-Papiers et de soutiens ont bravé l’interdiction de manifester à Paris et dans plusieurs autres villes.

    Dans les jours et les semaines qui ont suivi des dizaines de milliers de personnes ont manifesté contre le racisme et les violences policières.

    Acte 2 : Le 20 juin des dizaines de milliers de Sans-Papiers et soutiens ont manifesté à Paris, Marseille, Lyon, Lille, Rennes, Montpellier, Strasbourg et dans de nombreuses autres villes.

    Mais Macron n’a eu aucun mot pour les « premierEs de corvée », aucun mot pour les Sans-Papiers, exploitéEs dans les pires des conditions ou perdant leur emploi sans chômage partiel, retenuEs dans les CRA, vivant à la rue ou dans des hébergements souvent précaires et insalubres. Aucun mot pour les jeunes migrantEs isoléEs. Il n’a eu aucun mot contre le racisme, aucun mot pour les victimes des violences policières.

    Nous disons qu’une société qui refuse l’égalité des droits aux prétextes de la nationalité, l’origine, la couleur de peau sera de plus en plus gangrénée par le racisme et les violences d’Etat.

    Nous disons qu’une société qui accepte l’inégalité des droits, la surexploitation, la répression, l’enfermement, l’expulsion des Sans-Papiers au nom de la crise, sera désarmée face à toutes les attaques sociales.

    Alors nous organisons l’Acte 3 des Sans-Papiers.

    En septembre des Sans-Papiers et des soutiens partiront de Marseille, de Rennes, de Toulouse, de Lille, de Strasbourg, Montpellier, Bayonne, Grenoble, Le Havre… de tous nos quartiers, de toutes nos communes et traverseront le pays.

    Ces marches convergeront le 17 octobre à Paris pour aller vers l’Elysée.

    Parce qu’il s’agit de liberté et de solidarité, nous manifesterons le 17 octobre en hommage à toutes les victimes du colonialisme, du racisme et des violences de la police, en hommage à toutes les victimes des politiques anti-migratoires et des contrôles au faciès.

    Parce qu’il s’agit tout simplement d’égalité nous manifesterons pour imposer enfin la régularisation de touTes les Sans-Papiers, la fermeture des centres de rétention et le logement pour touTEs.

    Premiers signataires :

    ASP
    CISPM
    CSP 13
    CSP 59
    CSP 75
    CSP 92
    CSP 93
    CSP 95
    CSP Alsace
    CSP Kabyle
    CSP Montreuil
    CSP Paris 20
    CSP Rouen
    Collectif des Immigrants en France
    Collectif Pour l’Avenir des Foyers
    Collectif Schaeffer d’Aubervilliers
    CTSP Vitry
    Droits Devant !!
    Ensemble Pour Notre Régularisation Sans Exceptions
    La Marche des Solidarités et les Etats Généraux des Migrations
    20ème Solidaire avec tou.te.s les migrant.e.s
    2MSG
    Accueil Réfugiés Vals du Dauphiné
    ACORT
    ADTF
    AEResP28
    Ah Bienvenue Clandestins !
    Allamma internationale
    Alternatiba ANV Rhône
    Alternatiba Rouen
    AMDH Paris-IDF
    AMF
    Amicale CNL de Hautepierre à Strasbourg
    Amoureux au Ban Public Lyon
    ARDHIS
    Assemblée antiraciste du 20ème
    Assemblée locale des EGM de Cahors
    ASIAD
    ASIL Accueil 88
    ASMA
    ASMIE – Solidarité mineurs isolés
    ASTI d’Elbeuf
    ASTI de Montélimar
    ASTI de Petit-Quevilly
    ASTI de Romans sur Isère
    ASTI de Valence
    Association Talawassi
    ATMF
    ATTAC France
    ATTAC 45
    ATTAC Moselle
    ATTAC Rennes
    ATTAC Romans
    ATTAC Strasbourg
    Autremonde
    Ballon Rouge (Aubagne)
    Bangladesh Community in France
    BDS France Marseille
    BDS France Montpellier
    CADM 70
    CDDLE de Besançon
    Cercle 49
    CGT
    CGT AHS Franche-Comté
    Chemins Pluriels
    CISEM
    CIVCR
    CNT
    CNT-FTE
    CNT SO
    CSRA
    Collectif 343 racis.ée.s
    Collectif Casse-rôles
    Collectif Chabatz d’entrar de la Haute-Vienne
    Collectif des écoles de Marseille
    Collectif des Sorins de Montreuil
    Collectif de soutien aux réfugiés en Ariège
    Collectif de soutien de l’EHESS aux sans-papiers et aux migrant-es
    Collectif du 5 novembre – Noailles en colère
    Collectif Intersquats Exilé.e.s Lyon et Environs
    Collectif Justice et Libertés du Bas-Rhin
    Collectif Loire « Pour que personne ne dorme à la rue »
    Collectif Migrants 83
    Collectif Migrants Comminges (31)
    Collectif Réfugiés du Vaucluse
    Collectif Sénonais de Soutien aux Migrants
    Collectif Solmiré (Solidarité Migrants-Réfugiés) de Besançon
    Collectif Solidarité Migrants 01
    Collectif Solidarité Migrants Pays Basque et Sud Landes ETORKINEKIN
    Collectif Toulouse Anti CRA
    Collège sans Frontières Maurice Sève
    Comité de Soutien aux Sans-papiers Haïtiens
    Comité de Vigilance sur le Droit des Etrangers de Montbéliard
    Comité Génération.s Immigration
    Confluences
    CRI
    CRLDHT
    DAL
    Décoloniser les arts
    DIEL
    DNSI 67
    DNSI 86
    EELV Paris 18
    Emancipation Lyon-69
    Emancipation tendance intersyndicale
    Ensemble !
    ETM 31.46
    EVTC
    Extinction Rébellion Ardèche
    Extinction Rébellion Montreuil
    Extinction Rébellion PEPPS
    FASTI
    Faux-Solidaires
    FETAF
    Femmes solidaires
    FI Krutenau- Esplanade Insoumise (Strasbourg)
    Filles et Fils de la République
    FSU
    FTCR
    FUIQP
    Genepi
    GISTI
    Habitat&Citoyenneté
    ICARE 05
    Identité Plurielle
    INDECOSA-CGT 67
    Jarez Solidarités
    J’En Suis J’Y Reste
    KOLONE
    La Boîte Sans Projet
    La Cimade
    La Cimade Figeac
    La Cimade Yonne
    La Mule Du Pape
    La Révolution Est En Marche
    LDH Amiens
    LDH Istres Ouest-Provence
    LDH Mâcon
    LDH Montpellier
    LDH PACA
    L’Effet Papillon
    Le paria
    Les Voisins Solidaires de Versailles
    LFI 35
    Mama Road
    MAN
    MAN 71
    MAN IdF
    MDP
    Modus Operandi (Grenoble)
    Montreuil Rebelle
    Mouvement Utopia
    MRAP
    MRAP Centre Ardèche
    MRAP Limoges-Haute-Vienne
    MRAP Montpellier
    MRAP Strasbourg
    Nayan France Association of Child éducation Bangladesh
    Nogozon
    Nouvelle Jungle Lille
    NPA
    OCML-VP
    Organisation de Femmes Egalité
    Paris d’Exil
    PCOF
    Parti des travailleurs (Tunisie) section France
    Pas Sans Nous
    PEPS
    PIR
    Planning Familial 33
    Queer Education
    RASH Tolosa
    Ras L’Front Strasbourg
    Réfugiés Bienvenue Nîmes
    REMCC
    RESF 13
    RESF 36
    RESF 51
    RESF 61
    RESF 69
    RESF 82
    RESF Bassin minier 71
    RESF Castres
    RESF Somme
    RESF Tournon 07
    Réseau Féministe « Ruptures »
    RSM 89
    RUSF 51
    Sang pour Sans
    Section CGT de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration
    Section syndicale CGT Société de Restauration du Musée du Louvre
    SNPES-PJJ/FSU
    Solidaires 13
    Solidaires 35
    Solidaires Alsace
    Solidaires en Beaujolais
    Solidarité et Langage (Valence)
    Solidarité Migrants Collectif 06
    Solidarité Migrants du Haut Nivernais
    Sous le même ciel
    SUD Culture Solidaires
    SUD Education 91
    SUD Education 92
    SUD Education 93
    Syndicat des Quartiers Populaires de Marseille
    Terre d’Ancrages
    Tous Migrants
    UCL
    UD CGT 67
    UJFP
    UJFP Lyon
    Union syndicale Solidaires
    United Migrants
    Un Toit C’est Tout
    Un Toit c’est Un Droit
    UTAC
    VISA
    Voies Libres Drôme
    ZSP18

    https://www.gisti.org/spip.php?article6478
    #France #2020 #17_octobre_2020 #marche_nationale

  • Pour faire disparaître les migrant·es... il suffit de les affamer. [Actions collectives] ⋅ GISTI
    https://www.gisti.org/spip.php?article6472

    « Il est interdit toute distribution gratuite de boissons et denrées alimentaires dans les rues listées ci-dessous [du centre-ville de Calais] pour mettre fin aux troubles à l’ordre public et limiter les risques sanitaires liés à des rassemblements non déclarés », a décidé le préfet du Pas-de-Calais par un arrêté longuement motivé publié le 10 septembre [1].

    Pour favoriser une meilleure compréhension de cet arrêté, nos associations en ont réalisé une réécriture, débarrassée des faux-semblants du langage bureaucratique.

    #migration #asile

  • Calais : sur instruction de Gérald Darmanin, le préfet interdit la distribution de repas aux migrants par les associations non-mandatées
    https://www.lavoixdunord.fr/863431/article/2020-09-10/migrants-le-ministre-interdit-la-distribution-des-repas-par-les-associa

    Ce jeudi en fin de journée, la maire de Calais Natacha Bouchart était reçue par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, place Beauvau, à Paris. Parmi les annonces du ministre, celle de ne plus autoriser les distributions de repas par les associations.

    Éric Dauchart | 10/09/2020

    • Après une heure et quart d’entretien avec le ministre nordiste, la maire a obtenu plusieurs avancées. Parmi elles la rédaction d’un arrêté préfectoral qui interdit la distribution de repas sauvages par les associations. Seules resteront autorisées celles de la Vie Active, financées par l’État. « Cela concerne un périmètre assez large qui va de la Mi-Voix (NDLR : centre commercial Carrefour) au Fort-Nieulay, en passant par le quai de la Moselle, la gare, le Minck… Le ministre s’est engagé à ce que l’on conserve une bonne tenue du centre-ville », note Natacha Bouchart.

      Par bonne tenue du centre-ville de Calais, le p’tit facho de l’intérieur veut dire qu’il faut avoir le bon dress code (avec un masque) pour faire son shopping.

    • comment oser ce terme de « repas sauvages » aux relents militaires racistes, ne pas énoncer plutôt « repas libres et ouverts » ou « repas solidaires », dire « repas sauvages » comme si il y avait à l’opposé des « repas civilisés ». Et c’est corroboré par le « bonne tenue du centre-ville » qui suit.
      Interdire à des personnes de recevoir un repas ce n’est pas être civilisé, c’est de la #barbarie.

      #journalisme_de_prefecture

    • Et faire croire que c’est pour des raisons sanitaires est mensonger :

      À Calais, Gérald Darmanin interdit la distribution de nourriture aux migrants
      https://www.ladepeche.fr/2020/09/12/a-calais-gerald-darmanin-interdit-la-distribution-de-nourriture-aux-migran

      Une décision fustigée par les associations

      Quatre distributions quotidiennes de repas seront toujours assurées par l’association La Vie Active selon la préfecture. L’État aurait par ailleurs mis à disposition 38 robinets d’eau dont 22 accessibles 7 jours sur 7. “L’ensemble des prestations assurées permet d’apporter aux personnes migrantes des prestations humanitaires suffisantes au regard des besoins de cette population notamment alimentaires” a estimé la préfecture.

      Des prestations jugées insuffisantes par beaucoup d’associations qui ont critiqué la décision des autorités : "Il y a un prétexte sanitaire mais aux distributions de La Vie Active (l’association mandatée par l’Etat), c’est pareil, les gens sont les uns sur les autres", a fustigé François Guennoc, vice-président de l’Auberge des migrants interrogé par l’AFP. L’Auberge des migrants dit assurer la distribution de 200 à 300 repas chaque jour en centre-ville et plusieurs centaines dans d’autres points de la ville. "Si l’Etat veut entasser les gens autour de l’hôpital (site de distribution de La Vie Active) où il y a déjà 700 personnes, il prend ses responsabilités, mais on va arriver à une situation pire que précédemment", a déclaré François Guennoc.

    • https://seenthis.net/messages/875983

      [...« Les arguments avancés sont totalement exagérés, on ne va pas laisser passer ça ! Quand on laisse des gens vivrent dans la rue, il est évident que les distanciations sociales ne peuvent être respectées », ajoute Antoine Nehr. Pour François Guennoc, cette mesure est contre-productive. « Des milliers de migrants vont s’entasser aux distributions de la Vie active, donc les mesures de distanciation ne pourront pas être appliquées », pense le militant. Selon les associations, environ 1 400 migrants sont actuellement présents à Calais...]

    • Un arrêté préfectoral indigne contre les actions de solidarité à Calais

      Communiqué LDH - 14.09.2020
      https://www.ldh-france.org/un-arrete-prefectoral-indigne-contre-les-actions-de-solidarite-a-calais

      Le ministre de l’Intérieur, pour la deuxième fois en visite à Calais depuis sa nomination, vient d’autoriser le préfet à prendre un arrêté restreignant les distributions alimentaires au centre de Calais à une seule association agréée par l’Etat, en dépit des besoins importants insatisfaits.

      Il cède ainsi aux pressions de la maire, Nathalie Bouchart, dans son travail de sape des actions humanitaires des associations et qui vise à réduire les droits fondamentaux des exilés qui cherchent désespérément à rejoindre le plus souvent famille et proches outre-manche.

      Aujourd’hui, alors que la situation reste dramatique, ces associations de terrain sont accusées de « créer des nuisances », d’organiser « des distributions de repas de façon totalement anarchique » « caractérisées par le non-respect des mesures de distanciation sociale dans le cadre de la lutte contre la Covid-19 ». (...)

    • Pour faire disparaître les migrant·es... il suffit de les affamer.
      https://www.gisti.org/spip.php?article6472
      « Il est interdit toute distribution gratuite de boissons et denrées alimentaires dans les rues listées ci-dessous [du centre-ville de Calais] pour mettre fin aux troubles à l’ordre public et limiter les risques sanitaires liés à des rassemblements non déclarés », a décidé le préfet du Pas-de-Calais par un arrêté longuement motivé publié le 10 septembre [1].
      https://www.gisti.org/IMG/pdf/arrete_2020-09-11.pdf

      Pour favoriser une meilleure compréhension de cet arrêté, nos associations en ont réalisé une réécriture, débarrassée des faux-semblants du langage bureaucratique.

      CABINET DU PRÉFET

      DIRECTION DES SÉCURITÉS - BUREAU DE LA RÉGLEMENTATION DE SÉCURITÉ

      Considérant que l’Europe et ses États membres mènent une politique visant à maintenir à distance respectable de leurs frontières les personnes qui tentent de fuir les guerres, persécutions et autres calamités provoquées par les élites politiques, économiques et financières ;

      Considérant que la présence persistante dans le centre ville de Calais de personnes que leur aspect désigne comme étrangères et totalement démunies met en évidence l’inhumanité de cette politique et constitue en conséquence une nuisance insupportable ;

      Considérant que la présence de ces exilé·es à proximité de la frontière franco-britannique accroît d’autant cette nuisance que, selon des sources bien informées, confronté aux pressions du Royaume-Uni en faveur d’un accord visant à renvoyer tous les migrant-es en provenance de France, le ministère de l’intérieur fait valoir que "si on accepte ça, on deviendra la poubelle des Anglais » [2] ;

      Considérant que les actions déterminées menées jusqu’à ce jour pour soustraire ces personnes aux regards de la population et les dissuader se rassembler sur le territoire de la commune et, si possible, du département, voire du territoire national, n’ont pas encore parfaitement atteint leur but ;

      Considérant notamment que si les destructions quotidiennes de campements, tentes et cabanes de même que les opérations policières de harcèlement et de dispersion ont largement contribué à réduire significativement leur visibilité, nombre d’entre elles s’obstinent pourtant à apparaître à la vue de tou·tes et ce, à toutes heures du jour ;

      Considérant que doit en conséquence être empêchée toute réunion de personnes paraissant étrangères et démunies ainsi que toute action favorisant ces réunions, notamment les points de fixation créés pour assurer la satisfaction de leurs besoins élémentaires ;

      Considérant que des associations subversives persévèrent à distribuer quotidiennement la nourriture dont ces personnes manquent et que, révélant les carences de la commune et de l’État, elles discréditent ainsi leur action ;

      Considérant que par une ordonnance du 22 mars 2017, le tribunal administratif de Lille avait certes sanctionné les décisions précédemment prises par la maire de Calais visant à interdire ces distributions en violation de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme ;

      Mais considérant qu’après concertation entre la maire de Calais et le ministre de l’intérieur, il est apparu nécessaire, pour assurer l’éradication définitive des points de fixation, de passer outre cette décision de justice et, la police étant étatisée sur la commune de Calais, que soit pris un arrêté, préfectoral cette fois, réitérant les décisions interdisant la distribution de nourriture aux personnes étrangères qui en ont besoin ;

      Considérant que la pandémie de Covid 19 constitue dès lors l’occasion inespérée de fonder un tel arrêté sur les risques de propagation du virus, peu important que ces risques ne puissent être majorés par la réunion de personnes déjà en situation de proximité permanente et au demeurant parfaitement informées des mesures de distanciation à prendre ;

      Considérant en conséquence que cet arrêté doit être pris et ainsi motivé, quand bien même cette motivation apparaîtra pour ce qu’elle est : un prétexte ;

      Arrête

      Article 1er : Il est interdit aux personnes étrangères exilées et migrantes de se nourrir et, par voie de conséquence, à toute personne ou association de leur procurer de la nourriture ;

      Dans le prolongement de cet exercice de réécriture, nos associations appellent chacun·e à œuvrer pour que, sans délais, soient mises en œuvre des politiques tournant définitivement le dos à ces dérives nauséabondes et fondées sur le principe de la liberté de circulation et d’installation.
      Le 17 septembre 2020

      #gisti

      https://seenthis.net/messages/876342

  • À Calais, Abdulfatah Hamdallah, victime des politiques migratoires européennes [Actions collectives] ⋅ GISTI
    https://www.gisti.org/spip.php?article6469

    D’une pierre, deux coups. À l’unisson, gouvernements britannique et français usent des mêmes arguments. Non seulement ils se dédouanent de leur responsabilité dans le décès d’Abdulfatah Hamdallah, mais ils mobilisent - une fois de plus - la figure du « passeur » pour désigner l’unique coupable des « drames de l’immigration ».

    https://twitter.com/MarleneSchiappa/status/1296006599090343936?s=20
    https://www.infomigrants.net/fr/post/26544/face-a-l-afflux-de-migrants-londres-veut-rendre-impraticable-la-traver
    #gisti

  • "L’humanitaire, ce n’est pas ma lutte" - suivi de - "La Tunisie, terre d’accueil… des politiques européennes"

    Sophie-Anne Bisiaux est diplômée du master Human Rights and Humanitarian Action, École des affaires internationales de Sciences Po (2017). Membre de l’organisation Sea-Watch qui mène des opérations civiles de recherche et desauvetage en Méditerranée centrale, elle a écrit de retour de mission une lettre à son père : "L’humanitaire, ce n’est pas ma lutte."
    Parue sur Paris-Luttes.infos le 20 juillet 2020 : https://paris-luttes.info/l-humanitaire-ce-n-est-pas-ma-14189
    A propos de Sea-Watch et pour aider TOUS les bateaux, débordés, et pour leur venir en aide aussi financièrement : https://sea-watch.org/fr
    Suivi sur twitter : https://twitter.com/seawatch_intl

    Début juin, la revue du Gisti "Plein Droit" publiait sa synthèse du rapport conjoint Migreurop-FTDES, « Politiques du non-accueil en Tunisie – Des acteurs humanitaires au service des politiques sécuritaires européennes » (à paraître), rédigé à la suite d’une mission de Migreurop en Tunisie entre septembre et décembre 2019. Sous le titre de "La Tunisie, terre d’accueil… des politiques européennes", elle est à retrouver sur le site du Gisti : https://www.gisti.org/spip.php?article6468

    https://archive.org/details/humanitaire-pas-ma-lutte

    A la fin de la lecture, je mentionne plusieurs choses :

    La mise à l’eau d’un nouveau navire de sauvetage, la Louise Michel, affrétée par un riche artiste, et qui utilise la notoriété de celui-ci ainsi que le savoir faire de sa capitaine Pia Klemp, pour venir en aide aux personnes en détresse en Méditerranée. Politiquement très au clair avec sa mission, elle ne saurait être utilisée par des tentatives de récupération : « Je ne vois pas le sauvetage en mer comme une action humanitaire, mais comme faisant partie d’un combat antifasciste », a-t-elle déclaré au Guardian : https://www.theguardian.com/world/2020/aug/27/banksy-funds-refugee-rescue-boat-operating-in-mediterranean "Les 10 membres d’équipage du Louise Michel ont des antécédents divers, mais ils s’identifient tous comme des militants antiracistes et antifascistes prônant un changement politique radical. Comme il s’agit d’un projet féministe, seules les femmes membres d’équipage sont autorisées à parler au nom de la Louise Michel." C’est pourquoi parler de l’artiste plutôt que de l’action, c’est trahir la mission même de cette équipe.
    Suivi de ses interventions sur twitter : https://twitter.com/MVLouiseMichel

    D’autres navires, qui n’ont pas pour vocation de faire du sauvetage, sont aussi en difficulté. Le 5 août un pétrolier danois, le Etienne du groupe Maersk, a sauvé 27 personnes d’un bateau en mauvais état de marche. Depuis lors, ils se sont vu refuser l’entrée dans un port de sécurité. Ils sont maintenant à la dérive depuis plus 3 semaines : https://www.infomigrants.net/fr/post/26904/23-jours-d-attente-et-27-migrants-a-bord-situation-intenable-et-floue-

    Jusqu’à présent, en 2020, plus de 500 réfugiés et migrants sont connus pour être morts dans la mer Méditerranée, et le nombre réel est estimé être considérablement plus élevé.
    Pire, les camps installés loin de nos yeux se transforment encore plus en mouroir avec la pandémie Covid. Une enquête vient de sortir sur les condition atroces dans lesquelles sont laissés quasiment pour morts des migrants en Arabie Saoudite : https://www.telegraph.co.uk/global-health/climate-and-people/investigation-african-migrants-left-die-saudi-arabias-hellish

    Tout ceci relève de notre responsabilité collective.

    .

    Photo : @val_k / ValK.
    REVER ?
    Repas partagé avec les exilé-e-s expulsé-e-s, Nantes le 28 juin 2018.
    https://www.flickr.com/photos/valkphotos/42166951745/in/album-72157668531853507

    Flickr

    | Série [Exils] : https://www.flickr.com/photos/valkphotos/albums/72157646214825739
    | Ensemble [Human] : https://www.flickr.com/photos/valkphotos/collections/72157632092797423
    | Ensemble [fil-le-s de luttes] : https://www.flickr.com/photos/valkphotos/collections/72157632096933304

    toutes mes photos : http://frama.link/valk
    toutes mes lectures : https://archive.org/details/@karacole
    et pour m’aider à rester bénévole & justifier mes activités : https://liberapay.com/ValK

    #audio #opensource_audio #migration #exils #politiques_migratoires

  • Marlène Schiappa, le fémonationalisme et nous | Kaoutar Harchi
    https://www.revue-ballast.fr/marlene-schiappa-le-femonationalisme-et-nous

    Juillet 2020. Dans le cadre d’« opérations de reconquête républicaine », Marlène Schiappa en appelle au « bon sens », entendre : « Si la maison de votre voisin s’effondre, vous l’accueillez. Mais s’il se met à tabasser votre sœur, vous le virez ! » C’est en ces termes qu’elle se félicite de la mise en place, par ses soins, de la double peine pour les étrangers coupables de violences sexistes et sexuelles. Accusée de promouvoir le fémonationalisme — c’est-à-dire un féminisme qui instrumentalise les droits des femmes à des fins nationalistes et identitaires —, la porte-voix du gouvernement Macron a répondu n’avoir « aucune leçon de féminisme à recevoir de qui que ce soit ». Plus qu’une participation à la présente polémique, la sociologue et écrivaine Kaoutar Harchi entend ici, en guise de prolongement, rappeler (...)

  • C’était octobre 2019, et le Gisti faisait ce communiqué...

    #Allocation_pour_demandeurs_d’asile : NON au changement de fonctionnement de la carte

    L’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) a annoncé le 2 août dernier que la carte de retrait remise aux demandeurs et demandeuses d’asile pour utiliser l’allocation pour demandeur d’asile (ADA) deviendrait - à partir du mois de septembre - uniquement une carte de paiement. De ce fait, elle ne permettra plus de retirer de l’argent liquide dans les distributeurs de billets. Elle n’autorisera pas non plus les virements vers un compte bancaire ou les paiements sur internet.

    Finalement, l’Ofii a publié un communiqué afin d’annoncer que la mise en place de cette nouvelle carte était reportée au 5 novembre.

    Les associations membres de la CFDA et de la Fédération des acteurs de la solidarité, mobilisées quotidiennement auprès des personnes exilées, s’alarment des graves conséquences de cette mesure qui va plonger les personnes demandant l’asile dans une situation encore plus précaire. Rappelons que le montant de l’Ada est nettement inférieur aux besoins d’une personne (6.80 euros par jour pour une personne isolée).

    Même si la France a l’obligation d’héberger l’ensemble des personnes demandant l’asile pendant toute la procédure, moins de la moitié d’entre elles est hébergée par l’État, dans les structures qui leur sont dédiées. Les personnes qui ne sont pas prises en charge dans les structures réservées aux demandeurs d’asile sont dès lors contraintes de trouver un hébergement par leurs propres moyens (locations, colocations, sous-locations, hébergements solidaires), de faire appel aux structures d’hébergement d’urgence ou, en l’absence de places suffisantes dans ces dispositifs, de rester à la rue.

    Dans le cas où les personnes qui ne sont pas hébergées par l’Etat parviennent à accéder à un logement privé, le règlement des loyers ne peut en général s’effectuer que par virement, ou en espèces, l’État n’ayant aucun moyen de contraindre les acteurs privés à s’équiper de terminaux de paiement électronique. Dès lors, les personnes concernées risquent donc tout simplement de perdre leur hébergement du jour au lendemain, alors même que la loi attribue une allocation d’un montant légèrement supérieur (quoique nettement insuffisant pour se loger dignement : 7€40 par jour pour les personnes isolées non hébergées) afin de financer cet hébergement personnel.

    Les demandeurs d’asile n’ayant accès à aucune solution de logement ou d’hébergement et qui survivent dans la rue seront nécessairement confrontés à une dégradation accrue de leurs conditions de vie.

    Le bénéfice avancé par l’Ofii, à savoir la possibilité de jouir des sommes inaccessibles en raison des seuils de retrait, justifie que la carte devienne une carte de paiement, mais ne justifie en rien la suppression de la possibilité de faire des retraits. Le retrait d’espèce relève des services bancaires de base et l’argent liquide est nécessaire pour de nombreux actes de la vie quotidienne.

    Vexatoire et lourde de conséquences, cette mesure semble surtout destinée à exercer un contrôle accru sur les demandeurs et demandeuses d’asile dans l’utilisation de la maigre allocation qui leur est versée en contrepartie de l’interdiction de travailler qui leur est imposée.

    Pour justifier la mise en place de ce dispositif, l’#Ofii invoque le coût élevé du système de carte de retrait et le risque que la manipulation d’argent liquide génère du « racket » : or, ces arguments ne s’appuient sur aucun élément concret, objectif et vérifiable.

    L’Ofii se réfère également à la réussite de ce système en Guyane. Or, telle n’est pas l’appréciation de nos associations présentes sur place : elles ont au contraire constaté que le passage à une carte de paiement a réduit le pouvoir d’achat et compliqué la vie courante des demandeurs d’asile, qui ne peuvent plus acheter de nourriture au marché, ni acheter du gaz, ni payer des tickets de bus.

    L’Ofii a enfin évoqué la possibilité d’effectuer tout de même des retraits d’espèces auprès des commerçants qui pratiquent le « cashback » (le commerçant remet de l’argent liquide au client payant par carte bancaire pour un montant supérieur au bien acheté). Pourquoi mettre en avant cette pratique qui a été surtout mise en place dans les zones rurales pour pallier le manque de DAB, et au demeurant refusée par de nombreux commerçants, plutôt que de laisser la possibilité aux personnes de payer et de retirer de l’argent simplement avec leur carte ?

    En outre, la décision de faire payer les paiements dans les commerces 0,50 € au-delà de 25 par mois (moins d’un paiement par jour) est scandaleuse : elle revient à reporter les frais de fonctionnement de la carte proposée par l’Ofii sur des personnes qui sont sans ressources.

    Voici quelques-unes des conséquences qu’entraînera cette mesure pour les demandeurs d’asile :

    - une baguette à 1,10 €, achetée dans les boulangeries qui acceptent le paiement à partir d’un euro, reviendra, après l’utilisation des 25 paiements autorisés, à 1,60 € ;

    – un ticket de métro coûtera 2,40 € au lieu de 1,90 € ;

    – il sera impossible de payer un hébergement si le logeur n’est pas équipé d’un terminal de paiement ;

    - il sera impossible d’acheter des aliments de première nécessité à bas prix vendus par des commerçants ne disposant pas de terminal de paiement ou sur les marchés.

    Pour toutes ces raisons, les associations membres de la CFDA et de la Fédération des acteurs de la Solidarité demandent au ministère de l’Intérieur et à l’Ofii de revenir sur cette décision et de mettre en place une carte permettant à la fois le retrait d’espèces et la possibilité de payer sur un terminal de paiement.

    https://www.gisti.org/spip.php?article6245

    #asile #migrations #réfugiés #France #allocation #ADA #cash #liquide #carte #frais #carte_de_crédit #carte_de_paiement #carte_de_retrait

  • L’État décide de frapper au porte-monnaie les départements qui résistent au fichage des #enfants

    Tout juste sorti de cette période de confinement, et alors que la crise sanitaire a fortement impacté la situation des mineur⋅es isolé⋅es, le gouvernement reprend l’offensive réglementaire à l’encontre de leurs droits.

    Un #décret daté du 23 juin 2020 vient d’autoriser l’État à réduire sa #contribution_financière aux #départements qui refusent de faire intervenir les #préfectures dans le processus d’évaluation et d’#identification de ces enfants.

    Pour mémoire, ce sont la #loi_Collomb de septembre 2018 et son décret d’application du 30 janvier 2019 qui ont institué un #fichier des mineur⋅es isolé⋅es permettant aux départements d’associer les préfectures à la détermination de leur #minorité, et de faciliter l’éloignement de celles et ceux qui auront fait l’objet d’une décision provisoire de non-admission à l’#aide_sociale_à_l’enfance.

    L’ensemble du secteur de la #protection_de_l’enfance – et en particulier le #Conseil_national_de_la_protection_de_l’enfance –, ainsi que la totalité des organisations qui se sont exprimées sur le sujet, ont dénoncé la confusion entre protection de l’enfance et lutte contre l’immigration irrégulière organisée par ce dispositif. Malgré quelques réserves, le Conseil constitutionnel et le Conseil d’État l’ont malheureusement validé.

    Un an après son entrée en vigueur, environ un tiers des départements, pour des motifs divers et variés, continue à refuser d’appliquer ce dispositif.

    Aussi, à défaut de pouvoir contraindre l’ensemble des départements à conclure avec les préfectures une convention permettant de vérifier si ces enfants figurent déjà dans deux #fichiers destinés au contrôle migratoire (#Visabio et #AGDREF) et de les inscrire dans un troisième, dénommé « #appui_à_l’évaluation_de_la_minorité » (#AEM), le gouvernement a décidé de les frapper au porte-monnaie.

    Ainsi, il recourt à présent au #chantage_financier pour contraindre les derniers départements réfractaires à ce mélange des genres. Ce faisant, il fait montre de son acharnement pour imposer sa logique du #soupçon et du #contrôle à la question de l’#accueil et de la protection des mineur⋅es isolé⋅es.

    Nos organisations demandent l’abrogation de ce décret, la mise en œuvre du premier accueil, l’accompagnement socio-éducatif des jeunes isolé⋅es, sans discrimination et dans le strict cadre de la protection de l’enfance.

    https://www.gisti.org/spip.php?article6438

    #France #fichage #migrations #asile #réfugiés #MNA #mineurs_non_accompagnés #enfance #renvois #expulsions #dissuasion #âge #catégorisation #tri #résistance

    ping @karine4 @isskein @etraces

  • « #Retour ». Banalité d’un mot, #brutalité d’une politique

    Au catalogue des euphémismes dont aiment à user les institutions européennes pour camoufler le caractère répressif de la politique migratoire, le terme « retour » figure en bonne place. En langage bureaucratique européen, « retour » veut dire « #expulsion ». Mais, alors qu’expulser une personne étrangère suppose l’intervention d’une autorité pour la contraindre à quitter le territoire où elle est considérée comme indésirable, l’utilisation du mot « retour » donne l’illusion que cette personne serait l’actrice de son départ. Preuve que le mot est inapproprié, le discours européen a été obligé de lui adjoindre un qualificatif pour distinguer ceux des retours qu’il considère comme imposés – il parle alors de « retours forcés » – de ceux qu’il prétend librement consentis, qu’il nomme, toujours abusivement, « retours volontaires ». Il ajoute ici le mensonge à l’euphémisme : dans la grande majorité des cas, les conditions dans lesquelles sont organisés les « retours volontaires » n’en font en réalité qu’un autre habillage de l’expulsion [1].

    C’est sur cette double fiction que s’est construite la directive européenne relative aux normes et procédures communes applicables dans les États membres au retour des ressortissants des pays tiers en séjour irrégulier, communément appelée directive « Retour », adoptée en 2008.

    Cette directive a clos un cycle normatif, constitué d’une dizaine de règlements et de directives, dont l’objet était de définir des règles communes dans les trois domaines censés asseoir la politique d’asile et d’immigration de l’Union européenne (UE), ainsi qu’il en avait été décidé au sommet européen de Tampere en 1999 : l’intégration des immigrés en situation régulière, la protection des demandeurs d’asile et des réfugiés, et la gestion des frontières pour lutter contre l’immigration irrégulière. Très vite, surtout après le 11 septembre 2001 qui a favorisé l’amalgame entre immigration irrégulière et terrorisme, il est clairement apparu que les États membres accordaient la priorité au dernier volet, en traitant la question migratoire sous un angle principalement sécuritaire, avec l’adoption d’une série de mesures qui s’articulent autour de deux objectifs : protéger les frontières et éloigner les indésirables.

    Dès 2001, une directive sur la « reconnaissance mutuelle des décisions d’éloignement » prises dans les différents États membres est adoptée pour faciliter l’expulsion d’un étranger par les autorités d’un autre pays que celui qui l’a ordonnée. En 2002, un « Programme d’action en matière de retour » est élaboré, qui vise à organiser « des retours efficaces, en temps voulu et durables » de plusieurs façons. Parmi celles-ci, figure la coopération opérationnelle entre États membres et avec les pays tiers concernés : il s’agit d’améliorer les outils de mesure, les statistiques et les échanges d’informations entre fonctionnaires et de rationaliser les procédures, les ressources humaines et les moyens matériels afin de faciliter les expulsions. Dans la foulée, l’agence Frontex est créée en 2004. Si, dans ses premières années d’existence, elle a surtout fait parler d’elle pour ses opérations de surveillance des frontières extérieures, notamment maritimes, dès l’origine, elle comptait parmi ses tâches celle de « fournir aux États membres l’appui nécessaire pour organiser des opérations de retour conjointes ».

    Mais un autre volet du « Programme d’action » de 2002 prévoit aussi l’élaboration de normes communes applicables au renvoi des étrangers. Il faudra attendre plusieurs années pour que ce projet se transforme en proposition, puis devienne la directive « Retour ».

    Officiellement, comme précisé dans la première proposition présentée par la Commission européenne en septembre 2005, celle-ci vise à « définir des règles communes claires, transparentes et équitables en matière de retour, d’éloignement, de recours à des mesures coercitives, de garde temporaire et de réadmission, qui prennent pleinement en compte le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales des intéressés [2] ». On relèvera que, bien qu’il s’agisse du principal objet de la directive, il n’est pas fait allusion à l’expulsion, ici appelée « retour » ou « éloignement », non plus qu’à l’enfermement, pourtant pierre angulaire de la mise en œuvre des expulsions : la Commission européenne préfère pudiquement parler de « droit de garde ». La fiction continue.

    Bien loin des principes proclamés (des règles communes transparentes et équitables, dans le respect des droits fondamentaux), la directive de 2008, qualifiée de « directive de la honte » par les associations qui l’ont combattue, consacre au contraire un nivellement par le bas des pratiques des différents États membres. C’est notamment le cas en matière de détention, autorisée jusqu’à 18 mois, mais également sur le plan des garanties procédurales. Au demeurant, l’usage des « mesures coercitives » au cours des expulsions entraîne régulièrement des dérives inquiétantes [3].

    Pour quel résultat ? Pour les observateurs qui en constatent chaque jour les conséquences sur les droits des personnes, dont ce numéro de Plein droit donne quelques illustrations, le bilan de la politique d’expulsion de l’UE est négatif. Au regard des objectifs qu’elle prétend atteindre (nombre d’« éloignements effectifs »), elle semble toujours très en-deçà des attentes. Dans son premier rapport d’évaluation de la directive, rendu public en 2014 [4], la Commission européenne révèle qu’elle a été saisie de « cas flagrants de détention dans des conditions inhumaines », reconnaissant par là que de graves violations des droits étaient commises et restaient impunies au niveau national. Pour autant, déplorant « l’écart considérable entre le nombre de personnes qui s’étaient vu notifier une décision de retour et celles qui avaient effectivement quitté l’UE » (environ le quart), elle n’en conclut pas moins à la nécessité de défendre et d’encourager la poursuite du dispositif, en proposant de « promouvoir des pratiques plus cohérentes et compatibles avec les droits fondamentaux ».

    Elle invite en particulier à un « recours proportionné à des mesures coercitives d’expulsion, des moyens de recours effectif, des garanties dans l’attente du retour, des conditions de rétention humaines et dignes, de même que la protection des personnes vulnérables ». Elle porte une attention particulière aux opérations de retour conjointes menées par l’agence Frontex, annonçant que chacune d’entre elles ferait l’objet de contrôles « indépendants ». Vœu pieux lorsque l’on sait les conditions dans lesquelles sont organisés ces charters d’expulsion [5].

    Si, dans son bilan de 2014, la Commission se félicite que la directive « Retour » ait « contribué à la convergence – et d’une manière générale à une réduction – des durées de rétention maximales dans l’ensemble de l’Union », ajoutant qu’elle constate « une tendance soutenue en faveur d’une plus large mise en œuvre de solutions alternatives à la rétention dans les États membres [6] », la réalité est tout autre. Les États membres, dont la France, continuent en réalité à recourir largement à la rétention en abusant de la marge d’appréciation dont ils disposent quant à la définition du risque de fuite (voir infra). Quant aux garanties procédurales, le Rapporteur spécial des Nations unies pour les droits de l’Homme des personnes migrantes, François Crépeau, s’alarmait déjà en 2013 du fait que le droit au recours effectif reste très fortement limité [7].
    « Frontières intelligentes » contre le « return shopping »

    Un an et demi plus tard, le contexte n’est plus le même. En pleine crise de l’accueil des personnes exilées en Europe, la Commission adopte, en septembre 2015, à l’invitation du Conseil européen, un « Plan d’action de l’UE en matière de retour » [8]. Le ton adopté par la Commission se durcit. Si le retour dit « volontaire » figure toujours comme une voie à privilégier, les conditions de sa mise en œuvre par les États membres doivent être révisées et harmonisées, afin d’éviter qu’elles ne constituent un facteur d’attraction vers les pays où elles sont plus favorables. La rétention doit en principe rester une mesure de dernier ressort mais elle ne doit pas pour autant cesser « tant qu’une perspective raisonnable d’éloignement existe ». Devront s’y ajouter d’autres projets mis sur la table des négociations par la Commission, tel le programme des « frontières intelligentes » de l’UE et la création d’un système d’entrée/sortie des ressortissants de pays tiers qui franchissent les frontières extérieures de l’Union.

    En mars 2017, les mesures proposées dans ce premier plan d’action font l’objet d’un bilan mitigé [9]. Selon la Commission, les taux de retour effectif restent faibles : de 41,8 % en 2014, il s’élève à 42,5 % en 2015. Le ton est alors donné : tous les instruments juridiques, opérationnels, financiers et pratiques disponibles devront être mis au service de la politique de retour.

    Un « Groupe de haut niveau » est créé afin d’étudier les possibilités d’interopérabilité de différents fichiers, existants et à venir, que les agents chargés de l’immigration et des frontières devront pouvoir consulter. Les législations nationales devront être adaptées afin que la décision du refus de séjour ou de rejet d’une demande d’asile, et l’obligation de quitter le territoire soient notifiées dans une seule et même décision, avec une durée de validité illimitée.

    Quant aux garanties procédurales, que la Commission semblait avoir à cœur de préserver lors de sa communication de mars 2014, elles passent au second plan, les États membres étant surtout invités à « éviter toute utilisation abusive des droits et des procédures ».

    Tout comme l’action déployée par l’UE à l’égard de pays tiers pour qu’ils s’engagent à accepter sur leur sol les personnes expulsées depuis l’un des États membres, la « dimension intérieure » de la politique de retour se dévoile dans ce qu’elle a de plus contraignant.

    Un an plus tard, encouragée par les conclusions du Conseil européen du 28 juin 2018 [10], la Commission passera à la vitesse encore supérieure en présentant, dès le 12 septembre, sa proposition de « refonte » de la directive « Retour » [11], identifiant en préambule les deux difficultés auxquelles se heurte toujours, selon elle, la politique de retour [12].

    La première tiendrait à l’insuffisant développement des accords de coopération avec les pays d’origine, alors pourtant qu’ils permettent d’accroître les retours ou les réadmissions dans ces pays au moyen « d’arrangements juridiquement non contraignants ». L’appel à recourir beaucoup plus largement à ce type d’accords irait de pair avec la nécessité « de renforcer le recours à la politique des visas de l’UE en tant qu’outil permettant de faire progresser la coopération avec les pays tiers en matière de retour et de réadmission ». La Commission escompte ainsi « améliorer sensiblement l’effet de levier de l’UE dans ses relations avec les pays d’origine ». On ne saurait mieux dire que la politique européenne des visas n’est pas seulement un moyen de contrôle migratoire à distance : les marchandages auxquels elle donne lieu peuvent aussi s’avérer payants pour assurer le retour de celles et ceux qui, au péril de leur vie, contournent les barrières administratives qu’elle leur oppose.

    La seconde difficulté, au cœur des préoccupations motivant la refonte de la directive, tient à trois obstacles que rencontreraient les États membres dans la mise en œuvre des décisions d’éloignement. D’une part, « des pratiques qui varient d’un État membre à l’autre » et notamment « l’absence de cohérence entre les définitions et interprétations du risque de fuite et du recours à la rétention », ces approches hétérogènes « donnant lieu à la fuite de migrants en situation irrégulière et à des mouvements secondaires » ; d’autre part, « le manque de coopération » de la part des personnes en instance d’éloignement. Enfin, le manque d’équipement des États membres, qui empêche les autorités compétentes « d’échanger rapidement les informations nécessaires en vue de procéder aux retours ».
    Dimension coercitive

    Pour lever ces difficultés, les efforts porteront plus particulièrement sur quatre dispositifs renforçant considérablement la dimension coercitive de la directive de 2008, dont trois sont entièrement nouveaux.

    Il s’agit d’abord de soumettre les personnes en instance d’éloignement à une « obligation de coopérer » à la procédure. La formule révèle les faux semblants du dispositif : la collaboration de ces personnes à leur propre expulsion ne sera obtenue que sous la menace d’un ensemble de sanctions dissuasives. Elles devront fournir toutes les informations et documents justifiant de leur identité, de leurs lieux de résidence antérieurs, ainsi que de leur itinéraire de voyage et pays de transit, et « rester présentes et disponibles » tout au long de la procédure d’éloignement. Tout manquement à ces obligations pourra caractériser le « refus de coopérer » d’où se déduira un « risque de fuite », avec les conséquences qui s’y attacheront ipso facto. Il s’agira d’abord de la privation du délai de départ « volontaire » qui assortit en principe les décisions d’éloignement. Surtout, ce risque de fuite ouvrira la voie à un placement en rétention que l’administration ne sera pas tenue de justifier plus avant. L’alternative à la maigre carotte du départ volontaire sera donc le gros bâton de l’enfermement.

    Assurer « un recours plus efficace à la rétention à l’appui de l’exécution des retours » (il faut comprendre : utiliser massivement la rétention) constitue précisément le deuxième moyen, pour la Commission, d’accroître significativement le nombre d’éloignements. C’est bien l’objectif vers lequel convergent toutes les modifications apportées à la directive de 2008 : caractère dorénavant non limitatif des motifs de placement en rétention énoncés dans la directive, élargissement des critères du risque de fuite justifiant la rétention, apparition d’un motif spécifique visant « les ressortissants qui constituent un danger pour l’ordre public, la sécurité publique ou la sécurité nationale », sorte de fourre-tout laissé à la discrétion des administrations. À quoi s’ajoute l’obligation faite aux États membres de prévoir une durée totale de rétention qui ne puisse être inférieure à 3 mois [13]. Cette évolution vers le « tout détention » est résumée dans la suppression d’un seul mot de l’exposé des motifs, révisé, de la directive : il n’est plus recommandé que le recours à la rétention soit « limité ». Il devra seulement rester « subordonné au respect du principe de proportionnalité en ce qui concerne les moyens utilisés et les objectifs poursuivis ».

    Manifestement convaincue par avance que ni la « coopération » des personnes, même contrainte, ni même un recours débridé à l’enfermement ne suffiront, la Commission œuvre également pour doter la politique de retour des technologies de surveillance de masse, en s’appuyant sur un double principe : garantir la traçabilité des personnes migrantes dans chaque État membre tout en élevant au niveau supranational l’architecture et la maîtrise des outils dédiés à leur contrôle. Chaque État membre devra créer un « système national de gestion des retours », autrement dit un fichier destiné à recueillir et traiter toutes les informations nominatives et personnelles « nécessaires à la mise en œuvre des dispositions de la directive ». Mais, au prétexte ambigu d’en « réduire de manière significative la charge administrative », ces systèmes nationaux devront être reliés non seulement au système d’information Schengen mais aussi à une « plateforme intégrée de gestion des retours » dont l’agence Frontex doit être dotée entre-temps. Si l’initiative des procédures d’éloignement reste une prérogative des États membres, l’Union apparaît bien décidée à en prendre la gestion en mains, quitte à s’affranchir des principes régissant la protection des données personnelles pourvu que l’efficacité de la politique de retour soit au rendez-vous.

    L’accroissement significatif, à partir de l’année 2015, du nombre d’exilé·es qui se sont présenté·es aux frontières de l’Union motive un troisième dispositif, emblématique de l’obsession qui inspire le projet de directive révisée. L’objectif est d’« établir une nouvelle procédure pour le retour rapide des demandeurs d’une protection internationale déboutés à la suite d’une procédure d’asile à la frontière ». Le mécanisme proposé pour l’atteindre est brutal : la personne qui a été maintenue contre son gré à la frontière pendant l’examen de sa demande d’asile doit, après en avoir été déboutée, y être retenue jusqu’à son éloignement effectif et pendant une période maximale de 4 mois. Et pour garantir la rapidité de cet éloignement, il est prévu qu’aucun délai de départ volontaire ne soit accordé, que le délai de recours contre la décision d’éloignement fondée sur le rejet de la demande de protection ne pourra pas excéder 48 heures et que ce recours ne sera suspensif que dans certaines hypothèses et sous certaines conditions. Dans le monde idéal de la Commission, les hotspots et autres dispositifs de tri installés aux frontières de l’Union ne sont pas seulement le point d’arrivée de tous les exilé·es en quête de protection : ils doivent être également le point de départ de l’immense majorité à laquelle cette protection est refusée.

    https://www.gisti.org/spip.php?article6434
    #renvois #expulsions #migrations #asile #réfugiés #déboutés #sans-papiers #mots #terminologie #vocabulaire #euphémisme #retour_forcé #retour_volontaire #retours_volontaires #Plein_Droit

    ping @_kg_ @rhoumour

  • « On est traités comme des animaux » : à Beaucaire, les saisonniers étrangers, entre conditions de vie difficiles et crainte du coronavirus, Sofia Fischer
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/06/13/a-beaucaire-les-saisonniers-etrangers-entre-conditions-de-vie-difficiles-et-


    Photos, ARNOLD JEROCKI / DIVERGENCE POUR « LE MONDE »

    Début juin, des clusters de Covid-19 ont été découverts parmi les ouvriers agricoles, venus majoritairement d’Amérique du Sud, qui circulent entre Gard, Vaucluse et Bouches-du-Rhône. Le dépistage révèle les pratiques douteuses de la filière.

    Dans la longue file d’attente qui s’étend devant le gymnase de Beaucaire (Gard) transformé en centre de dépistage, les accents de Colombie et de l’Equateur se mêlent à ceux, plus hachés, des membres de la Croix-Rouge. Un homme s’inquiète auprès de son voisin, en espagnol : « Est-ce qu’il faut une carte Vitale ? Parce que je n’en ai pas. »

    Sur ces terres fertiles, limitrophes des Bouches-du-Rhône et proches du Vaucluse, beaucoup d’ouvriers agricoles, provenant majoritairement d’Amérique du Sud et transitant par l’Espagne, arrivent tous les ans par bus entiers au printemps. Très dépendants de cette main-d’œuvre, d’autant plus en période de crise sanitaire, les agriculteurs membres de la Fédération des syndicats d’exploitants agricoles des Bouches-du-Rhône avaient manifesté le 20 mai à Arles et Aix pour s’assurer de leur venue. Alors, à la réouverture des frontières, ils sont arrivés. Avec, a priori, plusieurs cas de Covid-19 à bord.

    A quelques kilomètres de Beaucaire, de l’autre côté du Rhône, plusieurs foyers du virus sont apparus début juin. Une trentaine de cas ont été découverts dans un camping de travailleurs installé au milieu des champs à Noves et chez un producteur de fraises à Maillane, au nord des Bouches-du-Rhône. Une opération de dépistage a depuis été lancée. Les derniers bilans attestent 158 cas dans le département, 53 autres dans le Gard et 39 autres dans le Vaucluse. Des chiffres qui devraient augmenter au début de la semaine du 16 juin.


    Dépistage de travailleurs étrangers, le 10 juin à Beaucaire (Gard).

    Dans le complexe sportif, jeudi 11 juin, on s’active. Des entraîneurs de football, des professeurs et même une boulangère se sont proposés pour faire office de traducteurs, rassurer les parents inquiets et répondre aux questions. Pour faire venir au gymnase les saisonniers étrangers, qui sont parfois en situation irrégulière et ne parlent pour la plupart pas le français, l’agence régionale de santé (ARS) a dû innover. En utilisant, par exemple, les réseaux paroissiaux : David Flores, le prêtre équatorien de la ville, a fait circuler le message quotidiennement à ses fidèles par la messagerie WhatsApp.

    « Bouche-à-oreille »

    Les communiqués annonçant les dépistages gratuits pendant trois jours ont été traduits en espagnol et placardés sur les épiceries latinos du centre-ville. « On compte beaucoup sur le bouche-à-oreille pour rassurer les gens qui auraient peur de venir », explique Claude Rols, délégué de l’ARS dans le Gard.

    Pour l’ARS, qui, face à ce genre de situation, met en place un dispositif de traçage des contacts permettant d’enquêter sur les déplacements et les échanges entre individus, la tâche s’annonce ardue. Car ces ouvriers agricoles, souvent accueillis dans des chambres ou des mobile-homes collectifs, travaillent sur plusieurs lieux à la fois. Les risques de contamination deviennent donc importants au gré des déplacements, souvent effectués dans des véhicules collectifs. « Sans compter que tous les magasins latinos sont à Beaucaire » , explique Angel (certains prénoms ont été modifiés), 48 ans. L’Equatorien, qui ramasse les abricots en ce moment, l’assure : « Tout le monde se retrouve là-bas le week-end. »


    Un dispositif de traçage de contacts mis en place par l’agence régionale de santé pour enquêter sur les déplacements et les échanges entre individus.

    A la sortie du centre, Pablo, 22 ans, et Nathaly, 21 ans, font un signe de croix. « J’ai un bébé en Espagne, explique le jeune Colombien. Si je suis positif, je ne sais pas ce que je vais faire. Je suis venu ici pour travailler. » Nathaly, elle, a tenté de convaincre celle qui partage sa chambre sur l’exploitation de concombres où elle travaille de venir elle aussi se faire dépister. « Impossible : elle a beaucoup trop peur. Soit de la police de l’air et des frontières, soit d’être renvoyée en Espagne sans son salaire », explique-t-elle.

    Depuis les Bouches-du-Rhône voisines, où les campagnes de dépistage ont démarré début juin, beaucoup de saisonniers disent avoir appris leurs résultats par l’entreprise d’intérim qui les emploie et non par un médecin. Ils attendent toujours un document médical. Une vidéo montrant des chambres surpeuplées dans un domaine près d’Arles où plusieurs cas de Covid-19 ont été détectés circule sur les réseaux sociaux. Un Equatorien sur place raconte que des vigiles mèneraient la garde à l’entrée de la ferme.

    Dans la nuit du vendredi 12 au samedi 13 juin, sept employées saisonnières qui auraient testé positives au Covid-19, dispersées dans plusieurs fermes autour d’Arles (Bouches-du-Rhône), ont été transportées dans un centre d’isolement à Miramas. Elles disent avoir appris qu’elles étaient porteuses du virus par leur employeur début juin et n’avoir reçu aucun document médical. Elles refusaient de bouger sans de plus amples informations.

    « Esclaves du XXIe siècle »

    « C’est le chauffeur de la boîte d’intérim pour laquelle je travaille qui m’a dit que j’étais positive, explique Liliana qui, affolée, a contacté Le Monde pendant l’opération, tout en tentant de s’isoler tant bien que mal dans le domaine où elle se trouvait. Je n’ai jamais reçu de SMS, de mail, ou de courrier officiel. Et là, on nous embarque, je ne sais même pas où. Ils menacent d’appeler la police. » La préfecture des Bouches-du-Rhône, contactée samedi, parle de départs « volontaires », pour une mise à l’isolement plus « confortable ». « Il y a eu un moment de panique ou d’incompréhension, admet-elle, mais des informations devraient remonter très vite sur ce qui s’est passé. »

    Le fonctionnement opaque des entreprises, très lucratives, dont dépendent les saisonniers est souvent en cause. La plus connue d’entre elles, Terra Fecundis, devait être jugée pour près de 112 millions d’euros de fraude sociale début mai à Marseille. Mais l’audience de la plus grosse affaire de dumping social en France a été reportée pour cause de crise sanitaire. Les syndicats dénoncent depuis des années leurs conditions de travail, n’hésitant pas à parler « d’esclaves du XXIe siècle ».

    Parmi les ouvriers, beaucoup témoignent d’heures supplémentaires non payées, de retenues sur salaire non justifiées, de malaises, et parfois mêmes de violences. Javier, carrure large et voix chancelante, raconte « qu’on lui jette des pommes » sur la tête régulièrement. « On est traités comme des animaux. La cheffe de file a déjà fait pleurer plusieurs ouvriers. » Un autre dit avoir été renvoyé pour avoir publié une vidéo des conditions déplorables dans lesquelles il était confiné dans une ferme des Bouches-du-Rhône.

    Alberto, 36 ans, aujourd’hui sédentarisé en France, raconte ses débuts « avec des sociétés espagnoles » : des saisons « terribles », où il n’était payé « qu’un tiers des heures vraiment faites ». « Si votre tête de leur revenait pas, où qu’ils estimaient que vous ne travailliez pas assez vite, ils vous demandaient de ne pas revenir l’après-midi, explique-t-il. Parfois, si on avait déjà fait une semaine, ils ne la payaient pas. » Alors, selon ce père de famille, « c’est évident que si j’étais encore avec eux, je ne voudrais pas me faire tester ».


    Des travailleurs saisonniers, le 11 juin à Beaucaire (Gard).

    « On va devoir tirer les conclusions de ce qui s’est passé », admet Patrick Lévêque, patron de la Fédération des syndicats d’exploitants agricoles des Bouches-du-Rhône. S’il se serait bien passé de l’annonce des multiples clusters dans le monde agricole, il assure n’être pas surpris : « Nous avons continué de bosser pour nourrir la France pendant tout le confinement. C’était un risque, évidemment. »

    « On ne nous dit rien »

    A quelques encablures du centre de dépistage, on retrouve l’épicentre de cette immigration : l’intérieur des remparts de la ville musée de Beaucaire. Le maire Rassemblement national (ex-Front national), Julien Sanchez, a été réélu dès le premier tour le 15 mars. Dans les épiceries latinos, entre les bananes plantain et les bonbons au dulce de leche, des agriculteurs ont épinglé des annonces traduites en espagnol. « Cherche bras pour travailler dans la vigne. Cotisations en Espagne. »

    Une femme demande si elle peut être renvoyée si jamais le résultat était positif. Une autre s’inquiète pour un ami confiné chez son employeur, dans un dortoir avec plusieurs cas de Covid-19. Un couple à qui on a imposé une quarantaine après avoir covoituré avec un collègue testé positif s’inquiète : seront-ils payés quand même à la fin du mois ? « On ne nous dit rien », confie le mari.

    Dans les rues de Beaucaire, la nuit tombe. Les terrasses se remplissent doucement. Sur les tables, les « unes » des journaux locaux avec le nombre de cas qui grimpe dangereusement. Les riverains s’inquiètent. « Avec les conditions dans lesquelles ils vivent, ce n’est pas étonnant qu’il y ait autant de Covid chez les Latinos » , estime Alain, bière à la main.« Avec cette histoire, raconte Alberto, les gens nous regardent un peu bizarrement. Il y en a qui changent carrément de trottoir. »


    Les épiceries latinos du centre-ville ont été des relais dans la campagne de dépistage gratuit.

    #saisonniers #sans_papiers #ouvriers_agricoles #intérim #agriculture #clusters #Terra_Fecundis #fraude_sociale #Covid-19

    • Haaa le fameux : « Nous avons continué de bosser pour nourrir la France pendant tout le confinement. C’était un risque, évidemment. »

    • Le travail détaché en agriculture condamné… avec sursis
      https://www.sante-et-travail.fr/travail-detache-agriculture-condamne-sursis

      Si le procès engagé contre l’entreprise de travail temporaire Terra Fecundis a permis de sanctionner certains abus autour du détachement de travailleurs agricoles, ce système de prêt de main-d’œuvre demeure légal et source de dérives graves concernant les conditions de travail. [paywall]

      Communiqué de presse (12/7/21) de la Confédération paysanne, partie civile dans ce procès :
      https://confederationpaysanne.fr/rp_article.php?id=11630

      La Confédération paysanne se félicite des condamnations prononcées le 8 juillet par le tribunal correctionnel de Marseille dans le dossier de la société espagnole Terra Fecundis, poursuivie pour détournement du cadre européen du travail détaché et délits de marchandage en bande organisée.

      Les dirigeants de cette entreprise de travail temporaire ont notamment été condamnés à des peines de 4 ans de prison avec sursis et à une interdiction définitive d’exercer cette activité.

      Terra Fecundis est aussi condamnée à 500.000 euros d’amende et à l’interdiction d’exercer l’activité de travail temporaire en France, quand Terra Bus Mediterraneo se voit interdite d’exercer le transport de personnes et condamnée à une amende de 200.000 euros.

      En condamnant ainsi les acteurs de ce vaste trafic de travailleurs.euses agricoles, la justice a pris la mesure des enjeux humains, sociaux et économiques de ce dossier. Nous regrettons cependant qu’ aucune entreprise ayant utilisé la main d’œuvre proposée par Terra Fecundis en France n’ait été poursuivie
      La Confédération paysanne s’est vue reconnaître la légitimité à agir, puisque sa demande de constitution de partie civile a été acceptée par le tribunal. L’audience relative au montant des dommages et intérêts aura lieu le 19 novembre prochain.

      Notre syndicat défend un modèle agricole, l’agriculture paysanne, qui passe par le respect des salarié.es et des droits sociaux. Des entreprises comme Terra Fecundis sont les chevilles ouvrières d’un système de concurrence déloyale, fondé sur une main d’œuvre exploitée, auquel doivent faire face celles et ceux qui emploient et rémunèrent correctement leurs salarié.es dans le respect des droits sociaux et du droit du travail. Il est inadmissible qu’ils se trouvent pénalisés par ces pratiques qui ont cours dans la filière fruits et légumes.

      La Confédération paysanne dénonce encore une fois ce système d’exploitation de travailleurs.euses et sera partie prenante des procédures qui se présenteront, en cohérence avec notre exigence de conditionnalité sociale des aides publiques.

      #marchands_d'esclaves

    • Saisonniers en servage N° 78 de Plein droit, la revue du #Gisti (octobre 2008)
      https://www.gisti.org/spip.php?article1237

      Dans la vallée du Rhône, en Andalousie, dans la région des Pouilles en Italie, la transformation totale des modes de culture des fruits et légumes s’est accompagnée d’une précarisation encore accrue, et aujourd’hui extrême, de la main-d’œuvre, majoritairement étrangère, de ce secteur. Contrats courts voire emploi illégal, dépendance totale vis-à-vis d’employeurs imposant des conditions de travail et d’hébergement indignes, invisibilisation des atteintes à la santé, tout un système d’exploitation et de déréglementation du droit du travail s’est développé contre lequel les saisonniers étrangers tentent depuis quelques années de se mobiliser.

      CODETRAS – Collectif de défense des travailleur.euse.s étranger.ère.s dans l’agriculture
      http://www.codetras.org
      #codetras #agro_industrie

  • Sans-papiers, mais pas sans droits : 7e édition ⋅ #GISTI
    https://www.gisti.org/spip.php?article6247

    Sans-papiers, mais pas sans droits s’adresse aux #sans-papiers et aux personnes qui les accompagnent.

    Contrairement à ce que l’on croit trop souvent, les étrangers et étrangères en situation irrégulière ou précaire sur le territoire français ont des droits fondamentaux.

    https://boutique.gisti.org/publications/notes-pratiques/note-pratique-sans-papiers-mais-pas-sans-droits-7e-edition
    Régularisation des sans-papiers : une revendication relancée en période d’état d’urgence Covid-19
    Recensement des initiatives en France et à l’étranger
    https://www.gisti.org/spip.php?article6383

  • 78 Européens enfermés dans la zone d’attente de Roissy en pleine épidémie du Covid-19 : L’acharnement du gouvernement doit cesser ! [Actions collectives] ⋅ GISTI
    #Covid-19#migrant#migration#France#centrederetention

    https://www.gisti.org/spip.php?article6390

    Depuis le 5 mai, 73 ressortissant·es européen·nes sont maintenu·es dans la zone d’attente de l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle après s’être vu refuser l’entrée sur le territoire français. La plupart ont des contrats de travail avec des attestations de déplacements professionnels national et international. Il y a, parmi elles, une famille avec un enfant de plus de 13 ans et 6 résidents permanents en France.

  • #Hotspot de #Samos : l’enfer à la frontière gréco-turque. Rapport de missions Gisti - Migreurop 2019

    Le vendredi 28 février 2020, le président turc Recep Tayyip Erdogan décidait unilatéralement de suspendre l’accord UE-Turquie de 2016, qui, en quatre ans, a transformé cinq îles grecques de la mer Égée en prisons à ciel ouvert pour les exilé·es, les fameux « hotspots ». A de nombreuses reprises déjà, la Turquie s’était servie de cet accord comme instrument de chantage auprès de l’Union européenne, en menaçant de rouvrir ses frontières. Les critiques des gouvernants européens face à l’offensive turque en Syrie et la perte d’une trentaine de soldats turcs dans un bombardement russe ont été le prétexte pour mettre à exécution cette menace. Dans la foulée, des milliers d’exilé·es, la plupart se déplaçant dans des bus affrétés par les autorités turques, se sont précipité·es aux frontières terrestres et maritimes, se heurtant à la violence de la police et de l’armée grecque aussitôt déployées pour leur en interdire le franchissement.

    Au nom de la « protection des frontières de l’Europe » [1], la frontière gréco-turque est le théâtre de nombreuses violations flagrantes des droits humains : atteinte à la dignité des personnes, atteinte à leur intégrité physique, atteinte à leur vie. La violence aux frontières terrestres et maritimes est à son paroxysme [2]. En refusant l’entrée des exilé·es sur le territoire européen, en suspendant l’enregistrement des demandes d’asile, la Grèce, avec le soutien de l’UE qui a envoyé l’agence européenne Frontex en renfort, piétine le principe de non-refoulement, pierre angulaire de la convention de Genève. Comme le relève la Rapporteure spéciale des Nations unies sur les exécutions extra judiciaires, qui dénonce « une situation de non-droit absolu », « la Grèce joue un rôle tout aussi cruel que celui joué par la Turquie ou le reste des États européens, car la crise est (…) ancrée dans le manque de vision et de courage des dirigeants européens » [3].

    Depuis le mois de mars 2020, une nouvelle catastrophe plane sur les hotspots grecs. A l’intolérable surpopulation, au manque d’infrastructures sanitaires (eau potable, douches, toilettes) et de nourriture, à l’hébergement sous tentes qui se solde chaque année par des morts par hypothermie, aux incendies à répétition, s’ajoute aujourd’hui le Covid-19. Le 22 mars 2020, les autorités grecques ont annoncé le confinement forcé des exilé·es dans les camps grecs, y compris les hotspots. La surpopulation rendant la prévention de la propagation du virus pratiquement impossible, ces mesures exposent délibérément ces personnes à un risque grave et imminent de contamination [4].

    Ce rapport décrit la catastrophe humanitaire et la situation de non-droit qui caractérisaient déjà la condition des exilé·es à la fin de l’année 2019 sur l’île de Samos, l’un des cinq hotspots grecs, avant l’enterrement de l’accord UE-Turquie et l’irruption de la pandémie du COVID 19. Au moment de sa publication, l’actualité confirme que « l’approche hotspots », vantée par la Commission européenne comme une solution pour mettre fin à la « crise migratoire », a bien « engendré un monstre » [5].

    A l’heure où nous diffusons ce rapport, nous apprenons qu’une série d’incendies s’est déclenchée au camp de #Vathy, dans le hotspot de l’île de Samos, créant de vives tensions entre les réfugié·es qui tentaient de fuir les flammes et les forces de police, qui prétendaient les en empêcher au nom des mesures restrictives en vigueur dans les hotspots grecs du fait de la pandémie du COVID 19. Le 26 avril au soir, une évacuation du camp a finalement été organisée. Mais les réfugié·es, dont certain·es sont blessé·es à la suite des affrontements avec la police, sont désormais sans abri, et les associations se sont vu interdire de les héberger en raison du COVID 19.

    https://www.gisti.org/spip.php?article6378
    #Mer_Egée #Grèce #île #asile #migrations #réfugiés #frontières #hotspots #Turquie #rapport #Migreurop #Gisti

    Pour télécharger le rapport :
    https://www.gisti.org/IMG/pdf/rapport_samos_2020.pdf

    Sur les incendies à Samos, voir :
    https://seenthis.net/messages/848111

  • Bricolages langagiers [Azita Bathai, Bénédicte Parvaz Ahmad, Rohullah Sidiqullah] ⋅ GISTI
    https://www.gisti.org/spip.php?article6336

    Azita Bathai, Bénédicte Parvaz Ahmad, Rohullah Sidiqullah
    anthropologue, Liminal, locutrice de farsi et dari / linguiste Ertim-Inalco, Liminal, traductrice, locutrice d’hindi, ourdou et pendjabi / interprète médiateur, Liminal, locuteur de pashto, dari, ourdou, arabe

    L’interprète est confronté dans sa tâche à de nombreux termes intraduisibles : ceux qui relèvent des institutions, mais aussi ceux qui renvoient à la subjectivité ou à l’intimité des exilé·es. Et souvent, il n’y a pas d’autres solutions pour être compris·e que de recourir à des périphrases et de s’arranger avec la langue. Dans d’autres cas, l’interprète doit rendre compte des particularités régionales, qui auront toutes leur importance dans certains contextes d’exil.

  • Les mort·es en Méditerranée ne sont pas une fatalité ! : La solidarité, dernier rempart face aux politiques mortifères de l’Union européenne (UE) [Actions collectives] ⋅ GISTI
    #Covid-19#migrant#migration#Mediterranée#frontiere#solidarite

    https://www.gisti.org/spip.php?article6377=

    Après plusieurs jours d’incertitude et de confusion, le bilan de ce début du mois d’avril en Méditerranée centrale [1] — bien que pour l’heure encore provisoire — est particulièrement funeste : des centaines de personnes migrantes épuisées après avoir été abandonnées plusieurs jours en mer sans aucun secours, 12 personnes mortes de fatigue, de déshydratation ou noyées [2] et plusieurs centaines renvoyées dans l’enfer libyen qu’elles tentaient de fuir à tout prix. Mais alors que l’Europe essaie de faire passer cette tragédie comme l’un des inévitables « dégâts collatéraux » de la crise sanitaire du COVID 19, il convient de retracer la genèse des politiques du « laisser mourir » que l’UE a élaborées en Méditerranée depuis plusieurs années.