• L’application Telegram bloquée en Iran pour « maintenir l’ordre »
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    Le 30 décembre 2017, le ministre iranien des télécommunications, Mohammad Javad Azari Jahromi, avait invectivé sur Twitter (un réseau social pourtant banni depuis des années de la République islamique, tout comme Facebook) le fondateur russe de Telegram, Pavel Durov :

    « Une chaîne Telegram encourage des comportements haineux, l’usage de cocktails Molotov, le soulèvement armé et l’agitation sociale. Il est temps MAINTENANT de mettre fin à ces encouragements sur Telegram. »

    Pavel Durov avait répondu dans la foulée : « Les appels à la violence sont interdits par les règles de Telegram (…) Si cela est confirmé, nous devrons bloquer cette chaîne, quelles que soient son audience et son affiliation politique. »

    Si l’application s’était montrée très permissive dans ses premières années d’existence, elle a fini par introduire quelques règles de modération après les attentats commis en région parisienne en 2015 (Telegram ayant été prisée par l’organisation Etat islamique) : les utilisateurs n’ont normalement plus le droit de partager des appels à la violence, de la pornographie et des fichiers portant atteinte au droit d’auteur sur les chaînes publiques.

    Deux heures plus tard, le fondateur de Telegram annonçait avoir effectivement suspendu la chaîne Amadnews, car elle avait « poussé ses abonnés à utiliser des cocktails Molotov contre la police » ; ce qui contrevient au règlement de Telegram.

    Si M. Durov a, à plusieurs reprises, assuré que « Telegram n’a aucun accord avec aucun gouvernement de cette planète », Téhéran a plusieurs fois annoncé l’inverse, expliquant que l’application s’était engagée à supprimer les contenus antireligieux et les comptes signalés par le gouvernement. L’Iran avait aussi évoqué l’existence d’un outil de « filtrage intelligent » permettant de détecter certains types de contenus. Ce que Telegram a toujours nié.

    Plus largement, l’application est depuis longtemps critiquée par des activistes spécialistes de la cybersécurité, tel le lanceur d’alerte américain Edward Snowden. Ce dernier avait révélé en 2013 l’ampleur de la surveillance exercée par les Etats-Unis. Comme d’autres, il reproche à Telegram de se présenter comme une application sécurisée, alors que seules certaines parties (les chats « secrets », une option à activer) le sont – ce qui pourrait laisser penser à ses utilisateurs qu’ils sont, à tort, en sécurité. De nombreux experts en cryptographie estiment aussi que le protocole de chiffrement utilisé par Telegram n’est pas aussi abouti que celui des technologies concurrentes.

    Après la fermeture, samedi, de la chaîne Amadnews, Edward Snowden a publié une série de tweets pour critiquer Telegram :

    « Vous ne pouvez pas empêcher un service indépendant et déstabilisant d’être bloqué dans des régimes autoritaires. Vous ne pouvez que le retarder. Vous devez donc penser à comment faire pour protéger les gens en faisant en sorte que ce service reste accessible “même après le blocage”. Et c’est à ce sujet que je suis vraiment inquiet. »

    Edward Snowden critique notamment la structure centralisée de l’application et le discours tenu, selon lui, par Telegram, pour rassurer ses utilisateurs qui consiste à dire : « Faites-nous confiance dans le fait que nous ne donnerons pas vos données, que nous ne lirons pas vos messages, que nous ne fermerons pas vos chaînes. »

    « Peut-être que Durov est un ange, poursuit Edward Snowden. Je l’espère ! Mais des anges sont déjà tombés. » Pour lui, « Telegram aurait dû travailler depuis des années pour faire en sorte que les chaînes soient décentralisées – c’est-à-dire hors de son contrôle. »

    Attendez que je me rappelle... ce n’étaient pas les Ministres de l’Intérieur des pays de l’Union européenne qui voulaient interdire Telegram car cryptée en cette douce année 2017 ?

    #Telegram #Société_contrôle #censure #Iran