Histoire de la théorie du complot extraterrestre – Fragments sur les Temps Présents

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  • Histoire de la théorie du complot extraterrestre
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    D’abord bénin, le conspirationnisme ufologique désirait à l’origine prouver que les extraterrestres existaient et que certains États étaient en contact, d’une façon ou d’une autre, avec eux. Il se radicalise ensuite dans les années 1980, se nourrissant du fait que certains scientifiques chargés de démontrer l’inexistence des extraterrestres ont changé de camp. L’exemple le plus frappant est le cas de l’Américain J. Allen Hynek qui fut le directeur du département d’astronomie de la Northwestern University et, surtout, durant, vingt ans, l’expert de l’armée pour ces questions avant de devenir l’avocat de l’existence de la vie extraterrestre. Célèbre aux États-Unis, il devint même un personnage apparaissant dans le film de Steven Spielberg, la Rencontre du troisième type (titre original : Close Encounters of the Third Kind), sorti en salle en 1977.

    En France, le conspirationnisme est présent dans les milieux ufologiques dès le début des années 1950, mais il ne deviendra prégnant qu’après la création du GEPAN (Groupe d’Études des Phénomènes Aéro-spatiaux Non-identifiés) en mai 1977. Cet organe officiel est accusé par les ufologues de participer au complot, d’être une sorte de Projet Condon à la française, car il dépendait du CNES (Centre National d’Études Spatiales). D’abord diffusée par une partie relativement marginalisée de l’ufologie, représentée par Jimmy Guieu12, l’idée que le GEPAN cache des choses est souvent défendue à partir du milieu des années 1980. Les ufologues doutent de la volonté du Cnes de faire la lumière sur le dossier OVNI. La suspicion s’installe alors, encouragée par son remplacement par le SEPRA (Service d’Études des Phénomènes des Rentrées Atmosphériques).

    Selon le courant conspirationniste de l’ufologie américaine, le gouvernement américain, l’ONU ainsi que les gouvernements européens, dont français, auraient fait alliance avec des extraterrestres dans le but d’asservir la Terre et de leur fournir des cobayes humains. Allant dans le même sens, l’inénarrable Jimmy Guieu a pu affirmer sans rire que les « Disparus de Mourmelon », affaire criminelle tristement célèbre, étaient des cobayes fournis par l’armée française aux extraterrestres implantés en France et non des victimes de l’adjudant Chanal. Enfin, il existerait, selon ces conspirationnistes, un gouvernement fantôme, extraterrestre, dirigeant les gouvernements nationaux. Jimmy Guieu l’appelle le Majestic 12 ou MJ 12 tandis que Jean Sider, un autre ufologue français de tendance conspirationniste puisant aux mêmes sources américaines, tentait de faire la généalogie de ce « gouvernement » en donnant une série de noms de structures se succédant les unes aux autres : Authority 10/2 ; Authority 10/5 ; Groupe 54/12 ; Comité 303 ; Comité 40 ; Committee on Foreign Intelligence ou CFI13.

    Ces structures peuvent être considérées comme une nouvelle synarchie : c’est un gouvernement secret, celui des EBEs, qui s’est allié aux gouvernements et aux élites technocratiques. Ce complotisme a été popularisé aux États-Unis vers la fin des années 1980 par deux auteurs : John Lear et William Cooper (1943-2001)14. Lear et Cooper ont puisé les bases de leurs discours conspirationnistes dans les publications d’autres ufologues, en particulier chez l’ufologue conspirationniste William Moore, l’« enquêteur » qui déterré l’« affaire de Roswell » et qui a diffusé les pseudo-documents du MJ 12. Ils ont aussi été influencés par les thèses conspirationnistes de Keyhoe et Scully, à l’origine de la théorie de la « conspiration du silence ».

    Mais, surtout, les deux ont amené dans l’ufologie un discours extrémiste de droite, aux relents antisémites.