• Recension : M. Sahlins, Critique de la sociobiologie, 1976
    https://sniadecki.wordpress.com/2018/01/07/descola-sahlins

    En revanche, sa critique du réductionnisme biologique met à jour le substrat idéologique de l’entreprise sociobiologique et c’est cette épistémologie critique, principalement développée dans la deuxième partie de l’ouvrage, qui retient le plus l’attention.

    L’auteur s’attache en effet à montrer les mutations idéologiques du concept de sélection naturelle, c’est-à-dire le passage d’une représentation de l’aptitude adaptative comme un avantage relatif et génétiquement induit, permettant d’accroître la capacité reproductive d’un individu, à une conception volontariste selon laquelle l’organisme exerce une activité consciente visant à une valorisation génétique de ses biens, c’est-à-dire à l’obtention de l’avantage reproductif net maximal en fonction d’un investissement parental donné. Le processus de la sélection de parenté apparaît dès lors gouverné par les mêmes principes que la prise de décision économique dans un marché concurrentiel. Cette homologie est très significative, car la sociobiologie « scientifique » se révèle ainsi pour ce qu’elle est réellement : non pas une discipline « rectrice » pour les sciences humaines mais, bien au contraire, un avatar biologisant de la théorie économique marginaliste.

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