OpenEdition Journals

https://journals.openedition.org

  • L’enthousiasmante alchimie d’un Atlas des mondes urbains
    http://journals.openedition.org/echogeo/20652

    Beau dialogue, aussi intéressant parce que l’auteur aborde en début d’entretien la relation et la coopération auteur/cartographe

    Éric Verdeil (EV). Pour cet #atlas, il nous a semblé important d’associer les cartographes à l’élaboration scientifique à toutes les étapes de la conception, ce qui renforce la diversité des contributions et des regards, la diversité des manières de construire ce projet de livre. Il y a eu une relation plutôt équilibrée entre auteurs et cartographes par rapport à d’autres ouvrages ou d’autres atlas, où les cartographes peuvent être vus davantage comme des exécutants d’idées émises par les auteurs. Nous avons été dans une conception plus partagée des idées et de la réalisation.

    #urban_matter #cartoexperiment

  • Le front pionnier agro-désertique égyptien, par-delà rural et ruralité ?
    http://journals.openedition.org/echogeo/20441

    Depuis le milieu du XXe siècle, les périphéries désertiques égyptiennes sont devenues le lieu de projection de l’avenir de l’agriculture nationale. Une véritable frontière agro-désertique a émergé, se déplaçant à des rythmes inégaux au cours des six dernières décennies. Cet article se propose d’éclairer la nature des nouveaux territoires agro-désertiques égyptiens et de comprendre en quoi ils interrogent les catégories de rural et de ruralité. La question du rapport au territoire de la nouvelle agriculture et de ses acteurs est posée, ceci depuis les parcelles de petits paysans au sein de villages créés ex-nihilo jusqu’aux exploitations agro-capitalistes contemporaines, parfois distantes de plusieurs centaines de kilomètres des principaux espaces de peuplement. Faut-il s’affranchir du concept de ruralité pour rendre compte des espaces du front pionnier égyptien ? Comment penser l’agricole sans rural et quelles catégories construire pour caractériser ces néo-territoires agro-désertiques ?

    #égypte #agriculture

  • À la lecture de l’excellent numéro 6 de @panthere, je découvre les réflexions de #Fanny_Lopez sur l’autonomie énergétique.

    https://journals.openedition.org/crau/493

    L’actuelle multiplication des propositions architecturales et urbaines en faveur de l’autonomie énergétique remet en cause le modèle historique des grands réseaux pensé pour la consommation de masse et la croissance. Les réseaux de services et d’énergie agitent pourtant le projet architectural et urbain depuis un bon siècle, interrogeant la hiérarchie du degré de connectivité et la question de l’échelle, de la petite maison au territoire autosuffisant. Connexion vs déconnexion, macro vs micro, l’histoire des services s’envisage comme une bataille : de courant, d’échelle, de modèle technique, économique et de gouvernance, auxquels les ingénieurs et les architectes n’ont cessé de prendre part. Cet article propose d’interroger l’histoire de l’architecture et de l’urbanisme pour saisir la façon dont la distribution énergétique s’est constituée comme support de projets, dans la réalité comme dans la fiction.

    https://umrausser.hypotheses.org/2274
    https://pantherepremiere.org

    #autonomie_énergétique

  • « Des gens dans la carte ». Une géographie des individus pour enseigner les questions migratoires
    http://journals.openedition.org/echogeo/20352

    L’enseignement géographique des questions migratoires en France passe à la fois par des statistiques et des cartes qui donnent une vue d’ensemble et, moins fréquemment semble-t-il, par des histoires de vie. Les deux approches sont nécessaires pour comprendre de manière globale le phénomène. Le quotidien des migrants, leurs émotions et leurs sensations sont tout aussi importants que les données générales. Ce texte propose, en s’appuyant sur des histoires de vie et des formes fictionnelles de discours, d’introduire « des gens dans la carte » pour enseigner la complexité des migrations.

    #cartographie #cartoexperiment #cartographie_sensible'

  • L’historienne Fabienne Giuliani : « On a trop décrédibilisé la parole des enfants »
    20 janvier 2021 Par Lénaïg Bredoux

    Spécialiste de l’inceste, Fabienne Giuliani réagit au mouvement de prise de parole des victimes sur les réseaux sociaux consécutif à la publication du livre de Camille Kouchner. Elle rappelle comment, depuis la fin du XIXe siècle, on a peu à peu discrédité la parole des enfants. Et justifié le pire.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/200121/lhistorienne-fabienne-giuliani-trop-decredibilise-la-parole-des-enfants?on

    MeTooInceste : l’appel à témoignages lancé le week-end dernier sur les réseaux sociaux a suscité en quelques jours des milliers de prises de parole publiques. Les récits sont poignants et racontent une réalité trop souvent éludée, et déformée. Ils disent l’inceste ordinaire qui touche des millions de personnes – un à deux enfants par classe, selon l’anthropologue Dorothée Dussy –, et qui reste encore trop souvent impuni.

    L’historienne Fabienne Giuliani, autrice d’une thèse intitulée Les Relations incestueuses dans la France du XIXe siècle, est actuellement post-doctorante au sein du projet ANR DERVI (Dire, entendre, restituer les violences incestueuses). Elle revient pour Mediapart sur le mouvement actuel de prise de parole des victimes d’inceste et l’inscrit dans l’histoire depuis la Révolution française.

    Ces derniers jours, des milliers de personnes ont témoigné de l’inceste qu’elles ont subi, sur les réseaux sociaux. Quel est le sens de ce #MeTooInceste, selon vous ?

    Fabienne Giuliani : Il est évidemment lié au mouvement #MeToo. Mais ce mouvement, même s’il comptait de nombreux témoignages de violences incestueuses, n’avait pas permis d’ouvrir le débat sur cet aspect des violences sexuelles. Par ailleurs, l’ouvrage qui vient de paraître de Camille Kouchner [La Familia grande, Éditions du Seuil – ndlr] concerne des personnes connues. Cela contribue à lui donner de l’ampleur.

    En réalité, les victimes de violences incestueuses parlent depuis très longtemps. Et la libération de la parole a déjà eu lieu, bien avant l’apparition des réseaux sociaux. Depuis 1986 et Le Viol du silence d’Éva Thomas, tous les ans, plusieurs livres sont publiés par des victimes d’inceste.

    Ce n’est pas donc tant le fait que la parole se libère, que le fait que la société soit un peu plus disposée à la recevoir qui se manifeste.

    Pensez-vous que cela peut conduire à une prise de conscience collective de l’ampleur des violences incestueuses ?

    Je ne peux pas présumer de l’avenir, je vais rester prudente. D’abord parce que les solutions proposées pour l’instant ne vont pas dans le sens de la prise en charge sérieuse et réelle de ces violences. Le débat sur l’imprescriptibilité de l’inceste, par exemple, n’est pas du tout central. Le problème, c’est la protection des enfants victimes, la prise en charge et la réception de leur parole, la preuve judiciaire très difficile à établir par les magistrats, l’éducation à la sexualité, etc.

    J’ai aussi entendu Adrien Taquet [secrétaire d’État chargé de l’enfance et des familles – ndlr] expliquer que la commission sur l’inceste récemment mise en place n’avait pas vocation à faire des propositions de loi mais à connaître la parole des victimes. Mais elles ont déjà beaucoup parlé et beaucoup d’études ont déjà été faites ! On redécouvre un peu l’inceste tous les 15 ou 20 ans.

    De quoi parle-t-on quand on parle « d’inceste » aujourd’hui ?

    En France aujourd’hui, on parle de ce que j’appelle des violences incestueuses. Dans l’imaginaire social, elle se résume, dans la majeure partie de l’opinion publique, à des violences commises par des aînés sur des enfants au sein d’une famille.

    C’est une construction plutôt contemporaine aux yeux d’un historien. Avant la Révolution française, le crime d’inceste existait : il s’agissait de toute sexualité engagée au sein d’une même parenté – biologique, par alliance ou spirituelle –, et c’est le couple qui était puni. Par exemple, un beau-frère et une belle-sœur. En revanche, dans le cas d’un père violant sa fille, seul le père était condamné.

    Cette définition disparaît avec la Révolution française, et l’inceste est décriminalisé. En 1810, l’inceste réapparaît, sans son nom, via deux incriminations principales, le viol et l’attentat à la pudeur. Elle devient une circonstance aggravante d’autres violences sexuelles. C’est une spécificité française.

    Concrètement, le Code pénal ne réprime pas l’inceste consentant entre adultes, et avec des mineurs de plus de 15 ans. Le viol et l’agression sexuelle sont en revanche réprimés, avec pour circonstance aggravante d’être commis par un ascendant. Pourquoi la France fait-elle ce choix de définition à l’époque ? Et qu’ont fait les autres pays européens ?

    En 1810, nous sommes sous l’empire napoléonien, peu après le vote du Code civil [en 1804], dont la figure tutélaire s’appelle Jean-Étienne-Marie Portalis. Les législateurs de l’époque font de la famille la cellule souche de la société. Portalis en parle comme du « sanctuaire sacré des mœurs », et le père est désigné comme le premier magistrat de France. Cette famille se doit d’être modèle car elle prépare l’avenir de la société en élevant les enfants, qui vont eux-mêmes devenir des adultes.

    En 1810, le Code pénal ne vise pas la protection de l’enfance, mais de la famille. On punit d’abord des agresseurs qui créent une cellule de famille corrompue. En corrompant le corps des enfants, on corrompait la famille, et donc la société. L’inceste est combattu pour des raisons morales de protection de l’institution familiale.

    Les autres codes pénaux, qui interviennent plus tardivement au XIXe siècle comme en Allemagne ou en Italie, inscrivent quant à eux l’inceste comme un crime, y compris entre adultes, y compris consentants. Et il n’est pas inscrit au chapitre des violences sexuelles mais contre l’honneur et contre l’honneur des familles. Même chose en Suisse.

    Contrairement à la France, ces codes-là ont intégré la théorie de la consanguinité, importée des États-Unis, et qui émerge en 1856. Elle va influencer de nombreux codes pénaux européens qui vont aussi chercher à se prémunir des dangers de la « dégénérescence » causée par les enfants nés de l’inceste. Cela devient un crime considéré comme un danger pour la reproduction de l’espèce humaine.

    Le Royaume-Uni, en revanche, adopte en 1908 une loi de pénalisation de l’inceste, dans le but de la protection de l’individu enfant.

    En France, l’inceste entre adultes, et de mineurs de plus de 15 ans, n’est donc pas condamné. Le mot « inceste » ne figure pas en tant que tel dans le Code pénal. Cette invisibilisation est-elle un indice d’un manque de considération de la gravité des violences incestueuses ?

    On ne peut pas dire qu’à l’époque, ce choix de politique pénale soit lié à une volonté d’occultation. La société du XIXe siècle était duale : elle cherche à punir les pères qui commettent l’inceste. Si je m’en réfère à la pratique des magistrats, les violences incestueuses sont extrêmement réprimées, et de manière assez courante. Toutes les sessions de cour d’assises, tous les ans, ont à traiter d’affaires de viols par ascendants. Et ils sont punis par des peines de travaux forcés à perpétuité. Les accusés sont très rarement acquittés.

    Le choix de ne pas inscrire une définition plus large de l’inceste dans le Code pénal est en réalité un héritage de la Révolution française : l’État ne veut pas trop intervenir dans la sexualité. L’idée est alors que la sexualité incestueuse des adultes peut être immorale d’un point de vue religieux mais qu’elle ne doit pas être sanctionnée par l’État, qui fait preuve d’un certain libéralisme en matière de sexualité.

    Cela change ensuite à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle quand la parole des enfants va être décrédibilisée devant les tribunaux. Jusque dans les années 1980 et la réforme du viol dans le Code pénal, au XXe siècle, on va considérer que les enfants sont en réalité consentants, qu’ils sont vicieux… Résultat, les peines prononcées par les tribunaux sont beaucoup moins fortes : on passe presque en 20 ou 30 ans de peines à perpétuité aux travaux forcés et à des emprisonnements de cinq ans.

    Pourquoi la parole des enfants est-elle brutalement discréditée à partir de la fin du XIXe siècle – époque à laquelle existait aussi un seuil de non-consentement pour les mineurs de moins de 15 ans, supprimé au XXe siècle ?

    Les victimes d’inceste portent rarement des traces sur leur corps. Dans leur cas, les expertises médicales sont largement impuissantes à constater des traces, pourtant souvent attendues dans ces affaires. On étudie encore la défloration de l’enfant jusqu’au début des années 2000, alors qu’on sait que ce n’est pas un signe de viol, ou d’absence de viol… Les preuves sont largement testimoniales.

    faux-te-moignages
    Or à la fin du XIXe siècle, trois thèses de médecine sont publiées. La première s’appelle « Les enfants menteurs », soutenue par Claude-Étienne Bourdin (1883) ; la deuxième, d’Auguste Motet, porte sur les faux témoignages des enfants devant la justice, et une troisième est soutenue en 1897. Toutes vont porter un discrédit grave à la parole de l’enfant : elles expliquent qu’ils sont mythomanes par nature, corrompus par leur mère et qu’ils sont manipulés, et parfois manipulateurs.

    À compter de leur publication, dès le début du XXe siècle, on retrouve les termes de ces médecins dans la bouche des magistrats et des procureurs.

    Nous sommes aussi dans une société masculine. Or le crime d’inceste est majoritairement commis par des hommes. Porter une attaque à la parole de l’enfant, et à celle de la mère, revient aussi à protéger une partie de la population…

    Vous évoquez aussi la théorie du complexe d’Œdipe. Certaines théories psychanalytiques ont-elles contribué à discréditer la parole des enfants ?

    À partir des années 1930, et surtout après 1968, les enfants victimes présumées de violences incestueuses sont soumises à une évaluation psychiatrique. Dans ces expertises, on retrouve souvent la mention de théories psychanalytiques. Dans un dossier de 1988, les psychiatres écrivent par exemple que l’enfant a un désir œdipien pour son père…

    Dans les années 1970, de nombreux intellectuels et militants ont également défendu la liberté sexuelle des adolescents, y compris d’un point de vue progressiste et de lutte contre l’homophobie. Je pense aux écrits de Guy Hocquenghem, René Scherer, ou à la pédophilie revendiquée de Tony Duvert… Ces débats ont-ils eu une influence sur les violences incestueuses ?

    Les discours pédophiliques participent encore de la même construction d’une justification des violences incestueuses. À partir des années 1980, vous trouvez des pères accusés d’inceste qui avouent les faits et les justifient en disant qu’ils voulaient donner une éducation à leurs enfants. Ces pères estiment que le corps de leurs enfants leur appartient et qu’il leur appartient également de les éduquer sexuellement.

    Ces discours s’accompagnent de propos antiféministes selon lesquels les mères couvent trop leurs enfants et les empêchent de s’épanouir dans leur sexualité.

    Par ailleurs, au XIXe siècle, l’inceste puni est décrit comme un crime commis par les pauvres…

    Oui, on a désigné un Autre, pauvre, alcoolique généralement, fainéant, ouvrier, vivant dans la nudité la plus crasse et qui commet l’inceste.

    À partir de 1830, les médecins hygiénistes font des tours de France des habitats ouvriers, de cette nouvelle classe laborieuse qui s’entasse dans des logements exigus des faubourgs des villes. Plusieurs études sont alors publiées affirmant que la promiscuité est une cause de l’inceste, que les ouvriers auraient un seuil de moralité moins important que les élites et qu’ils consomment de l’alcool de manière excessive… On parle alors de « misérables pères » ou de « pères dénaturés ».

    Parallèlement, un médecin, Bénédict Morel, émet la théorie de la dégénérescence, qui aura beaucoup plus de popularité que celle de la consanguinité. Selon cette thèse, ce n’est pas tant l’hérédité biologique qui pose problème, que le milieu social. Celui-ci est accusé de créer des « tarés ». Ce discours sera ensuite diffusé par les médias, quand les premiers faits divers apparaissent dans la presse écrite, à partir de 1875…

    Aujourd’hui, on dit à l’inverse que les violences incestueuses seraient un crime de la gauche caviar ! Comme si on avait toujours besoin de désigner un Autre incestueux. Sous l’Ancien Régime d’ailleurs, on considérait l’inceste comme un crime commis par les « sang-bleu », par l’aristocratie, notamment dans les écrits des Lumières du XVIIIe siècle.

    Or on le sait : c’est Monsieur Tout-le-Monde, c’est un inceste ordinaire, comme le dit Léonore Le Caisne (lire notre entretien).

    Comment expliquer que des décennies plus tard, on en soit encore à sembler découvrir l’ampleur des violences incestueuses, et à déconstruire des stéréotypes sur le milieu social ? Et pourquoi, malgré les évolutions de la loi, et des théories, les violences ne paraissent-elles pas diminuer ?

    D’abord, l’esprit du Code pénal n’a pas vraiment changé depuis 1810. Même depuis la redéfinition du viol en 1980. Les éléments matériels attendus pour prouver les violences incestueuses – la contrainte, la surprise et la violence – n’ont pas changé.

    En 2016, on a ajouté l’adjectif « incestueux » dans le Code pénal, voilà tout. Cela va nous permettre d’avoir des chiffres émanant de la justice. Mais sur le fond, la Cour de cassation émet, depuis sa création en 1804, des jurisprudences qui définissent la proximité familiale.

    Le problème réside surtout dans le fait d’avoir décrédibilisé la parole des enfants. Or elle est cruciale car les preuves matérielles sont très rares. Adrien Taquet a encore expliqué récemment qu’on ne pouvait pas auditionner un enfant de moins de 5 ou 6 ans. Or les enfants commencent à parler à l’âge de 2 ou 3 ans. Et en dehors de la parole, ils savent s’exprimer.

    On ne considère toujours pas l’enfant comme un individu dans notre société. Sans en faire une valeur absolue, il faut s’attacher à recueillir correctement cette parole, comme au Canada par exemple. Il faut aussi donner aux enfants une éducation sexuelle. Dans les dossiers de procédures, les enfants expliquent qu’ils n’ont rien dit car leur père leur disait qu’il avait le droit… Sans campagne de prévention ou d’éducation sexuelle, pour apprendre aux enfants à nommer le sexe, à savoir dire non si quelqu’un veut les toucher, cela me paraît compliqué d’avancer.

    L’inceste est une violence particulière, de par le très jeune âge des victimes, du nombre de violences subies, et la place de l’auteur des violences. Mais est-ce le bon mot ? Faut-il parler de pédocriminalité ? De violences sexuelles en général ?

    Je pense qu’il faut arrêter de mettre toutes les violences sexuelles dans le même sac car cela permet de toutes les occulter. Je parle de violences incestueuses – car l’inceste est aussi une sexualité pratiquée entre adultes. Oui, c’est une violence de genre, et une violence de génération, mais c’est d’abord sans doute une violence affective.

    Car les enfants aiment leurs parents. Ils n’ont aucune protection face à eux. C’est dans le foyer, le jour la nuit, par une personne que vous aimez, et autour de personnes à qui vous craignez de vous confier pour ne pas détruire la famille… Certaines victimes ne veulent pas porter plainte. Elles veulent que cela s’arrête, mais les rétractations sont fréquentes dans les procédures pénales : elles disent qu’elles ne veulent pas faire du mal, envoyer leur père en prison… Voilà pourquoi je crois qu’il faut parler de violences incestueuses.

    #inceste #violences_sexuelles #violences_incestueuses #histoire

    • En 1810, nous sommes sous l’empire napoléonien, peu après le vote du Code civil [en 1804] (...). Les législateurs de l’époque font de la famille la cellule souche de la société. Portalis en parle comme du « sanctuaire sacré des mœurs », et le père est désigné comme le premier magistrat de France. Cette famille se doit d’être modèle car elle prépare l’avenir de la société en élevant les enfants, qui vont eux-mêmes devenir des adultes.

      En 1810, le Code pénal ne vise pas la protection de l’#enfance, mais de la famille. On punit d’abord des agresseurs qui créent une cellule de famille corrompue. En corrompant le corps des enfants, on corrompait la famille, et donc la société. L’inceste est combattu pour des raisons morales de protection de l’institution familiale.

      (...) les solutions proposées pour l’instant ne vont pas dans le sens de la prise en charge sérieuse et réelle de ces violences. Le débat sur l’#imprescriptibilité_de_l’inceste, par exemple, n’est pas du tout central [la prescription a actuellement lieu aux 48 ans de l’agressé.e/violé.e, ndc] . Le problème, c’est la protection des enfants victimes, la prise en charge et la réception de leur parole, la preuve judiciaire très difficile à établir par les magistrats, l’éducation à la sexualité, etc.

      L’écriture du crime : l’inceste dans les archives judiciaires françaises (1791-1898), Fabienne Giuliani, 2009

      Juger l’inceste ; La société face au crime ; L’archive imparfaite

      https://journals.openedition.org/acrh/1582#text

      #famille #père #patriarcat

  • De l’utilisation du mot « inceste », Renata Mattos Avril, psychanalyste
    https://www.lemonde.fr/blog-mediateur/article/2021/01/20/paroles-de-lecteurs-de-l-utilisation-du-mot-inceste_6066975_5334984.html

    Des viols et agressions sexuelles, répétées pendant parfois des années, commises par des adultes qui, a priori, devraient protéger ces enfants. Surtout des pères, grands-pères, oncles et, plus rarement, des mères. Des adultes dans une position d’autorité par rapport à l’enfant et souvent admirés ou craints par les autres membres de la famille et de son entourage. À la violence sexuelle et physique, s’ajoute la violence psychique. Les menaces y sont présentes d’une façon explicite ou cachée : parler sera ainsi très souvent lié à la honte, à la culpabilité, à la destruction de la famille, voire clairement à la mort d’un proche ou de l’enfant lui-même.

    Nous sommes loin, très loin, infiniment loin, d’une situation où il y a consentement, où il y a une « relation » ou une « union » entre deux personnes par leur libre choix. Ces mots avec des guillemets sont fréquemment trouvés dans des dictionnaires pour décrire l’inceste. En plus, les définitions d’inceste dans plusieurs dictionnaires renommés de langue française ou portugaise indiquent que cette « relation sexuelle » a lieu entre « un homme et une femme », c’est-à-dire, entre deux adultes. Même dans le mythe sur lequel Sigmund Freud a basé la formulation du fameux concept de complexe d’Œdipe, qui garantit dans le psychisme et dans la société l’interdit de l’inceste, il s’agit d’une histoire d’adultes.

    Alors, pourquoi une société choisit-elle de nommer « inceste » le crime de viol et d’agression sexuelle commis par un adulte contre un enfant de sa propre famille ? Un crime qui est, aussi, de pédophilie. Certes, « inceste » est beaucoup plus court à dire que « agression
    sexuelle commise par un adulte envers un enfant de sa famille ». Par contre, quand nous le disons d’une telle manière, il n’y a pas d’ambiguïté possible concernant la question du consentement. Nous disons avec tous les mots qui a commis le crime, qui est son responsable et qui l’a subi.

    Dans ma pratique, j’ai souvent accueilli – malheureusement beaucoup trop souvent – des enfants et des enfants devenus adultes qui avaient été violés par des adultes de leur famille. Je reviens à l’importance, le poids, des mots choisis. Seulement une fois, j’ai entendu une de ces personnes utiliser le mot « inceste ». Dans son discours, il y avait initialement l’idée d’être en couple avec son parent et que cela devait être vécu en secret. Très rapidement, au cours des séances, cette personne a pu réaliser que ce discours répétait ce qu’elle avait entendu sans cesse, dans son enfance, de la part de son agresseur. Il y a eu alors, comme effet, un changement discursif : ce n’était pas un amour incestueux, c’était de l’abus sexuel.

    Toutes les autres personnes que j’ai écoutées et qui avaient un vécu similaire parlaient plutôt de comment cet acte criminel touchait directement leurs existences, leur être, le « je » qui les habite. Leur discours révélait comment le fait d’avoir été « violé », « abusé », « touché » ou « forcé à » faire des choses qui leur faisaient mal physiquement et moralement (des choses que personne d’autre ne pouvait savoir) les a mortifiés dans le silence et dans une souffrance très couramment à la limite de l’insupportable.

    Quand un enfant ou un enfant devenu adulte arrive à casser le silence de ce secret mortifère pour mettre en parole publiquement ce vécu innommable, c’est, au minimum, un manque de respect de le nommer avec un mot qui peut se prêter à une ambiguïté quelconque autour du consentement ou de sa position subjective à ce moment-là. Dans la plupart des cas, un enfant n’est pas en mesure de se protéger de la violence de celui qui, en principe, devrait le protéger. Et une fois le silence cassé, la société doit le protéger non seulement de l’agresseur mais aussi des possibles jugements qui peuvent s’abattre sur lui.

    • La psychanalyse est vraiment arriérées sur les violences sexuelles. Pas de remise en cause de la doctrine de Freud qui culpabilise les victimes, pas de connaissance de la culture du viol, aucune notion de victimologie... Une demande de changement de vocabulaire par prétendu respect pour les victimes mais en utilisant des mots inappropriés tel « abus sexuel » ou « pédophilie » qui révèlent l’ignorance de cette psychanalyste.

    • "La" psychanalyse est vraiment arriérée sur le socius et sur l’histoire, entre autre par son familialisme qui l’empêche de voir l’institution de la famille comme historique, entre autre en matière de sensibilité, domaine qui relève également on le sait désormais de l’historicité.

      Donc ça vaut effectivement le coup de suivre d’une par les prises de parole des premier.es concernée.es et d’autre part l’historienne Fabienne Giuliani ( Les liaisons interdites, histoire de l’inceste au XIXe siècle , pub. de la Sorbonne, 2014) qui parle elle de #violences_incestueuses (ni l’#inceste ni la #pédophilie en général), plutôt que la dame de cet espace du dire publiée ci-dessus et qui ne trouve pas ses mots, bien que je crois pas inutile d’indexer divers discours qui circulent (ici, une psychanalyse bousculée sur le terrain des "secrets de famille").

      « On a trop décrédibilisé la parole des enfants », dans l’après Famila grande, 2021
      https://seenthis.net/messages/897676

      Idem, il y a peu sur France culture
      https://seenthis.net/messages/894915#message895062

      L’écriture du crime : l’inceste dans les archives judiciaires françaises (1791-1898), Fabienne Giuliani, 2009
      Juger l’inceste ; La société face au crime ; L’archive imparfaite
      https://journals.openedition.org/acrh/1582#text

      #famille #patriarcat #histoire #Justice (au confluent de la morale et des cas, des exemples)

  • De l’individu au #politique. L’#angoisse comme régime d’expérience

    Alors que l’angoisse comme catégorie est abondamment mobilisée pour désigner une sensation corporelle de mal-être propre à l’individu, ce numéro de Tracés propose de se pencher sur l’angoisse comme régime d’#expérience face à l’#incertitude, à partir des outils non plus de la psychanalyse mais des sciences humaines et sociales. Les articles du numéro abordent ainsi les logiques qui sous-tendent les modes de manifestation de l’angoisse, en prenant en compte leurs dimensions à la fois corporelle, discursive et esthétique. On revient en particulier sur la question du caractère socialement situé de l’expression de l’angoisse (dépendantes à la fois d’un contexte institutionnel et de dispositions individuelles), mais aussi de leur caractère genré. Toutefois, l’analyse des manifestations de l’angoisse suppose d’abord de s’interroger sur leurs conditions de son #objectivation dans le discours médical mais aussi par les sciences humaines et sociales prises dans leur diversité. Si le discours psychanalytique s’est imposé au fil du xxe siècle comme le principal vecteur pour penser l’angoisse comme ontologique et en cela fondamentalement différenciée de la #peur (quant à elle toujours rattachée à un objet), l’apport de la philosophie existentialiste (#Kierkegaard, notamment) permet de penser l’angoisse comme l’expérimentation par l’homme de l’infinité des possibles. Catégorie savante, l’angoisse est aussi une catégorie ordinaire désignant une #émotion qui peut être considérée comme fondatrice autant d’un groupe social que de modes d’action politiques. Alors que l’angoisse tend à être réduite à un processus propre au sujet, le parti pris de notre numéro a donc été de repenser cette émotion à l’aune du #collectif, c’est-à-dire d’en faire le signe d’un #régime_émotionnel partagé dans un espace et à une époque donnée. Si « éprouver de l’angoisse » ressort davantage du #corps et de l’incorporé, se dire angoissé reviendrait à bénéficier de catégories d’entendement du monde social, notamment issues de la #psychanalyse, qui contribuent non plus seulement à qualifier de pathologique son rapport au monde, mais plutôt à affirmer dans l’espace public (après l’espace privé) la légitimité de la singularité tortueuse et douloureuse de ce rapport.

    https://journals.openedition.org/traces/11152

    • (…) Ce désajustement originel qu’impose la nécessité de se réaliser, de devenir soi, dans un esprit tant de développement personnel que d’individualisation de la responsabilité, avec l’outillage de récentes techniques managériales, tandis que de l’autre les possibilités réelles sont dramatiquement restreintes. C’est cette faille que désigne Pierre Bourdieu en parlant des « hommes sans avenir », dans ses Méditations pascaliennes (1997), faille également sensible chez #Gilbert_Simondon, comme l’analyse Lara Bonneau dans son article, rejoignant l’interprétation d’Igor Krtolica.

      Si l’angoisse survient dans le rapport du sujet moderne à l’informe et à l’infini, elle indique également en creux, comme Simondon le souligne [dans son ouvrage L’inviduation psychique et collective], l’échec de la relation transindividuelle ou du moins sa fragilisation. Son inscription dans une histoire artistique et culturelle au long cours qui rappelle l’importance de l’#expérience_esthétique dans le rapport du sujet à soi et au monde permet cependant de sortir du solipsisme auquel elle semblait condamner le sujet. L’angoisse, pour Simondon, pointe le « paradoxe du #transindividuel ». (Krtolica, 2009)

      L’angoisse est l’expression affective de l’impossibilité que le sujet éprouve à poursuivre en lui, c’est-à-dire à l’échelle individuelle, son #individuation ; pour le philosophe, c’est seulement dans la dimension collective du transindividuel que cette impasse qu’est l’angoisse peut trouver une issue positive.

      C’est ainsi dans sa nature duelle, propre au sujet mais chez un sujet véritablement politique que l’angoisse saisie par les articles du numéro retrouve un sens qui inscrit, dans la longue tradition savante héritée de #Fanon, l’angoisse dans un cadre politique. C’est cette dernière dimension – le rapport de l’angoisse objet des sciences humaines au politique – qu’il convient d’approfondir.

      Angoisse, #mélancolie et individuation : une généalogie du sujet moderne entre histoire de l’art et #philosophie, Lara BONNEAU
      https://doi.org/10.4000/traces.11172

      En se concentrant sur la question du rapport de l’individu à la forme et aux formes, la science de l’art (Kunstwissenschaft) d’#Aby_Warburg permet l’élaboration d’une généalogie singulière de l’angoisse, qui souligne le rôle crucial de cet #affect pour comprendre la #subjectivité moderne. Entretenant un dialogue avec Ernst Cassirer quant à la nécessité d’une philosophie des « formes symboliques », Warburg postule qu’un basculement de la phobie à l’angoisse a lieu par la #création_artistique ; en ce sens, l’angoisse ne témoigne du rapport du sujet à l’être que parce qu’elle implique plus originairement un rapport du sujet à la forme et à l’informe. C’est depuis une pensée de l’individuation entendue comme prise de forme ontogénétique que l’on se propose d’articuler le rapport à l’être et le rapport à la forme, dans une perspective qui fait droit au devenir. La philosophie de Gilbert Simondon peut alors éclairer l’entreprise warburgienne. L’angoisse apparaît comme un affect particulièrement prégnant, en tant qu’elle marque un coup d’arrêt dans l’individuation du sujet et lui révèle le vertige non du néant de l’être mais de sa propre prise de forme. Simondon indique toutefois de manière énigmatique que l’angoisse peut être « départ de l’être », ce que l’histoire de l’art d’Aby Warburg et la philosophie cassirérienne de la culture peuvent, réciproquement, contribuer à éclairer.

      et #merci ! @cdb_77 pour ce signalement.

  • Une révolution numérique de la géographie ? Le cas de la géomatique.
    Thierry Joliveau

    Résumé : Technoscience plutôt que « simple » ingénierie technique, la relation de la géomatique à la géographie est complexe, contradictoire et, à certains moments conflictuels. Elle a rapidement mobilisé une dimension critique pour comprendre les enjeux sociaux, politiques, culturels, épistémologiques de l’adoption de ces outils informatiques par les géographes.

    Mots-clés : #technoscience, #géomatique, #SIG, #géolocalisation, #géonumérique

    > Revue Histoire de la recherche contemporaine
    > https://journals.openedition.org/hrc/4062

  • Une philosophe féministe oubliée : Jenny d’Héricourt (1809-1875), alias Jeanne-Marie Poinsard
    https://maitron.fr/spip.php?article159559
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Jenny_d%27H%C3%A9ricourt

    Quand en 1856 Jenny P. d’Héricourt (1809-1875), sage-femme, féministe et philosophe, critiqua Pierre-Joseph Proudhon pour sa théorie sur l’infériorité féminine, celui-ci refusa tout discussion, invoquant son infériorité intellectuelle naturelle. Néanmoins d’Héricourt continua de publier de ferventes critiques des théories des philosophes sociaux de son époque sur l’inégalité des sexes.

    Caroline Arni, « La toute-puissance de la barbe » Jenny P. d’Héricourt et les novateurs modernes
    https://journals.openedition.org/clio/139

    Quand l’auteure de La Femme Affranchie. Réponse à MM. Michelet, Proudhon, É. de Girardin, A. Comte et aux autres novateurs modernes, 1860, propose une discussion à Proudhon, il répond :
    « Il y a chez vous, au cerveau comme dans le ventre, certain organe incapable par lui-même de vaincre son inertie native et que l’esprit mâle est seul capable de faire fonctionner, ce à quoi il ne réussit même pas toujours. »

    Comme quoi, pour la grenouille au fond du puits, l’univers n’est qu’un petit disque bleu...

    #Jenny_d'Héricourt #féminisme #femmes #philosophe #théories_sociales #sexisme #Proudhon #grand_homme

    • Le pire dans tout ça, c’est qu’en tant que patriarche de l’#anarchisme, aujourd’hui encore ce type d’idées phallocrates persistent chez les anarchistes où le féminisme est souvent relégué en seconde zone, traitée de bourgeoise, bien après la libération sociale des hommes.

      #militantisme
      #masculinisme

      Partout et dans tous les temps, on rencontre de ces créatures excentriques, ridicules dans leur sexe, et insupportables au nôtre : elles sont de plusieurs espèces. Chez les unes, ce chic masculin est l’effet du tempérament et d’une grande vigueur corporelle : on les appelle des virago. Ce sont les moins à craindre ; elles ne font pas de prosélytes, et il suffit de la critique des autres femmes pour les ramener à l’ordre. Chez d’autres, la tendance à l’émancipation procède, ou d’un travers d’esprit, ou de la profession qu’elles exercent, ou bien enfin du libertinage. Celles-ci sont les pires : il n’y a pas de forfait auquel l’émancipation ne les puisse mener. À certaines époques, l’esprit de secte s’en mêle ; la défaillance des mœurs publiques vient compliquer le mal : la lâcheté des hommes se fait l’auxiliaire de l’audace des femmes ; et nous voyons apparaître ces théories d’affranchissement et de promiscuité, dont le dernier mot est la PORNOCRATIE. Alors c’est fini de la société.

    • Dans Les femes de droite, Andrea Dworkin cite Jenny P. d’Héricourt qui, en 1860, tente de faire admettre au socialiste Joseph Proudhon que tant que la femme sera tenue pour inférieure, le travail salarié ne peut la libérer : sous-payée, elle demeure condamnée à vendre aussi du sexe – se vendre à un mari ou à des prostitueurs. Proudhon lui oppose une fin de non-recevoir, décrétant « naturelle » l’infériorité des femmes. Cent ans plus tard, dans la contre-culture américaine, Dworkin et Robin Morgan repèrent le même sexisme chez les hommes de gauche, au nom cette fois de la libération sexuelle. Ils « estiment trop les putains et pas assez les épouses ». Ce que voient très bien les femmes de droite, qui tiennent les féministes pour naïves et impuissantes et optent, en désespoir de cause, pour le « modèle de la ferme » contre celui du bordel et de la pornographie.
      (https://www.ababord.org/Les-femmes-de-droite)

    • « En vertu de quel droit et au nom de quel principe voudrait-on séparer l’humanité en deux camps, dont l’un aurait le privilège de prendre librement son essor, cependant que l’autre — pour éviter toute concurrence — se verrait forcé de limiter le sien ? »

      Madeleine Tribolati (1905-1995), syndicaliste (à la CFTC) ayant participé aux négociations pour les conventions collectives de 1936, in Joceline Chabot, notice dans le dictionnaire Maitron.

      (Merci à Florence Montreynaud pour ces citations quotidiennes, du site Encoreféministes@gmail.com)

    • Difficile de remplacer ce que l’on ignore et que l’on refuse de connaitre. J’adorerai me passer de citations nauséabondes, et n’être que proposition positive, mais sans celles-ci comment comprendre que même la première Internationale (car avec des proudhoniens dedans) ait refusé que les femmes travaillent quand cela a imprégné salement toutes les pensées progressistes de gauche jusqu’à maintenant.
      Oui, profiter des leçons de celles qui se sont battues contre ces hommes infects et misogynes pour que nous puissions reconnaitre leurs ennemis, celleux qui tiennent à peu de chose près le même discours aujourd’hui.
      D’autant qu’en tant que femme et femme vivante pour un monde plus juste, je m’estime victime de ce merdier dans lequel ils nous ont mises et continuent d’en être misérablement fiers.
      #survivantes

  • Numéro en lutte


    La #lutte est pleine
    As the Struggle Continues

    –-

    Precademics 85.42.1
    On #Pause : Academic Precarity in the COVID-19 Era and Beyond in Greece

    –-

    Jeanne Hersant
    Faire de la #science au #Chili : la #recherche_par_projet comme seul horizon

    –-

    Aslıhan Aykaç Yanardağ
    Qu’est-ce qui motive l’enseignant-chercheur ?

    –—

    Ahmet Insel, Élise Massicard and Özgür Türesay
    Témoignage d’un universitaire « agitateur d’idées » en #France et en #Turquie

    –-

    Tang Yun, Katiana Le Mentec and Camille Noûs
    Bureaucratic and Neoliberal Management in Academia. A Franco-Chinese Dialogue between Two Anthropologists

    –-


    Camille Noûs
    Quelque part en Asie : l’expérience d’un “chercheur en visite”

    –-
    Elsa Clavé
    Être #professeur_junior à l’université allemande : retour d’expérience

    –-

    Aslı Vatansever and Aysuda Kölemen
    Reflections on Exile and Academic Precarity : Discussing At the Margins of Academia

    –-

    Cem Özatalay
    Purge, Exile, and Resistance :
    Rethinking the Conflict of the Faculties through the Case of Academics for Peace in Turkey

    –-

    Emine Sevim and Sümbül Kaya
    Sümbül Kaya’nın Emine Sevim ve BIRARADA derneğiyle röportajı
    Entretien avec #Emine_Sevim de l’association « #BİRARADA » par Sümbül Kaya

    https://journals.openedition.org/ejts/6407

    #université #lutte #luttes #ESR #précarisation #précarité #revue #néolibéralisme #Allemagne #précarité_académique #résistance #exile #purge #Chine

  • VACCIN ET COVID

    Depuis plusieurs mois, la seule issue de crise du covid possible serait la vaccination des 7 milliards d’êtres humains peuplant la planète. Aucune autre voie ne serait possible. Attention, comme l’a signalé Mike Ryan de l’OMS, « il y a pire qu’un mauvais virus, il y a un mauvais vaccin » [1].

    Lors d’une vaccination de masse, ce sont des personnes SAINES qui reçoivent le vaccin. La sécurité du produit doit donc être maximale afin de ne pas rendre malade une personne saine. Le « primum non nocere » de la médecine.

    Or dans cette crise, la précipitation inouïe dans sa gestion a déjà entrainé de nombreux morts : retards diagnostics et thérapeutiquesdans les cancers et de nombreuses maladies chroniques. Le massacre de l’économie a également conduit les plus fragiles vers une détresse psychologique pouvant aboutir ausuicide[2]. A ce jour, encore trop peu d’études portant sur l’évaluation des réels dommages collatéraux d’un confinement ont été menées. D’autant plus que le deuxième confinement apparait désormais comme parfaitement inutile puisque les charges virales mesurées dans les eaux usées de Marseille [3] (étude COMETE réalisée par les pompiers), ainsi que dans les eaux usées d’Ile de France (réseau OBEPINE [4]) montraient déjà une diminution du virus plusieurs jours avant le 2ème confinement [4] .

    Prenons donc garde à ne pas se précipiter vers une solution hypothétiquement idéale qui s’avèrerait une catastrophe sanitaire. Une bonne balance des bénéfices et des risques est nécessaire.
     
    QUE FAUT-IL POUR QU’UN VACCIN SOIT EFFICACE ET JUSTIFIÉ 

    Il faut tout d’abord que la maladie naturelle entraine une immunité protectrice qui perdure un certain temps. Concernant le SARS-COV2 et la maladie covid, il n’existe pas de données suffisantes pour l’affirmer.

    Il faut que le virus ne mute pas trop vite pour que le vaccin soit efficace au moins une saison. Or depuis mars, au moins 5 mutants ont déjà été décrits par Colson et al. [5] pour le SARS-COV2 . Cette découverte est en accord avec le comportement habituel des virus à ARN, qui sont connus pour être hautement mutables. Il n’y a aucune assurance à ce jour que le vaccin préparé avec une souche protège d’une autre souche.

    Il faut que la 2ème infection par le virus soit MOINS symptomatique que la première. A ce jour 15 cas de réinfections par le SARS-COV2 ont été décrits en Angleterre ou à Wuhan [5, 6, 7]. Tous les cas de figures se sont produits. Certains patients ont eu 2 infections peu ou pas- symptomatiques, d’autres deux infections sévères, d’autres une infection asymptomatique suivie d’une infection plus sévère ou le contraire. Cela implique que potentiellement, chez certaines personnes au moins, la vaccination pourrait favoriser une forme plus grave de la maladie que sans vaccination. C’est ce qui s’est produit avec le vaccin contre la dengue Dengvaxia qui a sensibilisé des populations naïves (en particulier des enfants) pour ce virus et a favorisé des formes de dengues hémorragiques aboutissant à plusieurs décès [8].

    Pour justifier une vaccination de masse, il faut que la maladie ait une létalité importante et qu’il n’existe pas de médicaments permettant de la traiter. Lorsqu’elle est traitée précocement, la létalité de la covid 19 est aux alentours de 0.5%, ce qui ne relève pas d’une très forte létalité dans le domaine des maladies infectieuses. Un grand débat est ouvert sur la question de l’hydroxychloroquineet l’azithromycine[9]. Si ces molécules s’avèrent finalement efficaces au moins en traitement voire en prophylaxie, la justification de la vaccination de masse s’écroule.

    D’autre part, la communication médiatique matraque la nécessité de se faire vacciner pour protéger les autres, même si l’on n’est pas un sujet à risque. A-t-on pour l’instant la moindre preuve de l’efficacité du vaccin contre le covid à empêcher la transmission du virus ? D’ailleurs le médecin en chef de Moderna nous a avertis que ce n’était pas certain que le vaccin empêche la transmission du virus [10]Si le vaccin n’empêche pas la transmission, il ne sert plus à rien de vacciner les sujets sans facteur de risque.
     
    VACCINS NOUVELLE TECHNOLOGIE DITS À ARNm

    A ce jour des communications des laboratoires Pfizer et Moderna ont déclaré que leurs vaccins à ARNm étaient efficaces à plus de 90%. Cependant aucune étude scientifique n’a pu être revue par les médecins et les scientifiques. D’autre part, aucune étude indépendante n’a pu être réalisée. Quel crédit peut–être accordé à de telles déclarations ? Surtout après la flambée de la bourse générée par ces annonces et la vente, dans la foulée, des actions possédées par les deux PDG. Ce qui est certain, c’est que ces déclarations ont d’ores et déjà enrichi les dirigeants de Pfizer et Moderna (efficacité 100%). Certains médecins s’étonnent que l’on puisse remettre en doute ces résultats. Doit-on rappeler le Lancetgate ? Doit-on rappeler l’histoire ubuesque du Remdésivir dont l’UE a acheté pour 1 milliard de doses juste avant que l’OMS le déconseille pour la covid 19 [11] ? Il sera intéressant de savoir si les doses de Remdésivir seront même fabriquées finalement puisque l’industrie a touché le pactole, pourquoi s’embêter ? Alors réelle efficacité ou coup de bluff médiatique et boursier ?

    Les vaccins à ARNm (dits ARN messagers) sont effectivement « en théorie » une astucieuse technique faisant produire à nos cellules les antigènes du virus (pour le SARS-COV-2, il s’agit de la protéine spike) au lieu de les faire produire de façon complexe par les industries. Cette technologie permet donc de produire plus facilement et plus vite un grand nombre de doses de vaccin. Ceci sous-entendrait que les vaccins soient donc moins chers que leurs homologues protéiques. Les vaccins à ARNm contre le covid 19 seront facturés entre 16 et 32 euros selon la firme pharmaceutique alors que le vaccin contre la grippe est facturé entre 6 et 7 euros. Ce fait laisse très pensif…

    Toutefois, l’ARNm est facilement dégradé par nos enzymes. Il faut donc trouver un moyen de le véhiculer intact dans nos cellules pour qu’il puisse commander à la cellule la production de la protéine spike (antigène). Pour cela, plusieurs technologies développées sont actuellement testées en phase 3. Le laboratoire Pfizer a choisi de fabriquer une enveloppe mimant les protéines et lipides, qui aura les caractéristiques d’un virus sans en être un [12]. Thomas Madden, fabricant des lipoparticules dans lesquelles seront intégrées les ARNm pour les délivrer annonce que les tests de stabilité n’ont pas été réalisés, ce qui apparait très inquiétant. Une autre technique consiste en l’utilisation de véritables virus modifiés afin d’y intégrer le code de la protéine spike. Le virus du rhume a été choisi pour le vaccin Russe Spoutnik V et celui de la rougeole par l’institut Pasteur ; quant au laboratoire AstraZeneca il travaille sur un adénovirus modifié de chimpanzé. En tous cas, le déploiement d’un vaccin à ARNm destiné à l’homme et diffusé à grande échelle sera une première. Seuls quelques vaccins à ADN ont déjà été utilisés chez le cheval, le poisson ou le chien [12].

    Habituellement la phase 3 des essais cliniques dédiés aux vaccins est généralement menée sur 50 000 personnes et demande une observation de plusieurs années. Les candidats vaccins bénéficieront, dans le cadre de la covid, d’un calendrier accéléré où l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) jugera le vaccin efficace à partir d’une réduction de 50% des infections [12]. On est en droit de se demander si tous les contrôles sécuritaires seront respectés.

    Dans de nombreux articles de la presse dominante, des journalistes clament à qui veut l’entendre que l’ARNm ne peut pas s’intégrer dans le génome humain. Même si la probabilité apparait comme faible, elle ne peut pas être exclue en l’état actuel des connaissances. Pour s’intégrer dans le génome, un fragment d’ARNm a besoin notamment de deux enzymes : une rétrotranscriptase et une intégrase. Que se passera-t-il chez des patients qui sont co-infectés par des virus possédant ces deux enzymes comme les patients VIH positifs ou HTLV1 positifs ? Le génome humain est composé de 8% de rétrovirus intégrées anciennement. D’ailleurs certains génomes viraux ont été intégrés par des rétrotransposons présents dans les cellules humaines [13]. Chez l’homme le virus HHV6 peut s’intégrer dans les télomères des chromosomes et être réactivé dans certaines conditions [13]. Signalons qu’aucun séquençage de génome des patients ayant reçu les vaccins n’a été réalisé. De plus, si des effets de mutagenèse insertionnelle surviennent, il est probable que ces effets ne soient visibles qu’à moyen ou long terme et donc échappent à la surveillance des effets indésirables dus aux vaccins, surveillance qui est très courte.

    Rappelons-nous que le vaccin Pandemrix, lui aussi réalisé à la va-vite dans l’urgence de la crise H1N1, a entrainé de la narcolepsie chez des personnes auparavant saines, qui n’ont toujours pas été indemnisées pour la plupart [14].
     
    RISQUE DUS AUX CONFLITS D’INTÉRÊTS

    La crise du covid -19 aura au moins permis de mettre en exergue les problèmes de conflits d’intérêts auprès du grand public, même s’ils ne sont pas nouveaux et connus par les représentants du peuple. Ces conflits d’intérêts interviennent à plusieurs niveaux. En premier lieu dans certaines instances supra nationales telles que l’OMS, dans l’évidence – based – medecine et dans les instances nationales.

    Le rapport du sénat sur la crise H1N1 de 2009 est riche d’enseignement sur les erreurs à ne pas commettre dans la gestion d’une crise sanitaire et sa lecture est vivement conseillée. Il s’inquiète, à plusieurs reprises dans le document, de « l’opacité de l’OMS et son incapacité – ou son manque de volonté – à gérer les conflits d’intérêts en son sein.” [15] Ce rapport souligne également « La façon dont la grippe pandémique H1N1 a été gérée non seulement par l’OMS mais aussi par les autorités de santé compétentes, tant au niveau de l’Union européenne qu’au niveau national, est alarmante. Certaines répercussions des décisions prises et des conseils prodigués sont particulièrement problématiques, dans la mesure où ils ont entraîné une distorsion des priorités au sein des services de santé publique à travers l’Europe, un gaspillage de fonds publics importants ainsi que des peurs injustifiées sur les risques de santé encourus par la population européenne en général ». D’ailleurs il semblerait que les peurs générées par une communication disproportionnée soit en rapport avec des conflits d’intérêt comme le suggère ce passage du rapport sénatorial : « les débats du groupe de travail réuni le 23 janvier 2009, souligne le lien entre la peur de la population et la commercialisation de vaccins prépandémiques. A la question « Quel serait l’intérêt d’un tel vaccin prépandémique ? » [15] , un des participants, M. Jonathan Van Tam, professeur en protection de la santé à l’Université de Nottingham, répond ainsi : « Cela dépend de quand vous le donnerez et combien la population aura peur au moment où vous l’administrerez ». Cette observation a été formulée quelques mois avant le déclenchement de la pandémie grippale. »

    Concernant les conflits d’intérêts dans l’élaboration de la science, rappelons-nous du Lancetgate et de cette étude frauduleuse aboutissant à l’interdiction de prescription de l’hydroxychloroquine malgré les alertes de médecins et scientifiques criant à la fraude. Accablant, Richard Horton, ancien éditorialiste du journal le Lancet témoigne ainsi qu’ « une grande partie de la littérature scientifique, sans doute la moitié, pourrait être tout simplement fausse. Affligée d’études avec des échantillons réduits, d’effets infimes, d’analyses préliminaires invalides, et de conflits d’intérêts flagrants, avec l’obsession de suivre les tendances d’importance douteuse à la mode, la science a pris le mauvais tournant vers les ténèbres. [16] ». Autre grande figure de la presse médicale internationale, Marcia Angel, médecin et ancienne rédactrice en chef au New EnglandMedical Journal annonce qu’ « Il n’est tout simplement plus possible de croire une grande partie des publications de la recherche clinique, ni de compter sur le jugement des médecins expérimentés ou les directives médicales faisant autorité. Je ne prends aucun plaisir à formuler cette conclusion, à laquelle je suis parvenu lentement et à contrecœur lors de mes deux décennies passées au poste de rédacteur en chef du New England Journal of Medicine. » [17]
     
    RISQUES DU CONTEXTE LÉGAL DE LA VACCINATION 

    PREP Act, adopté par le Congrès et signé par George Bush en décembre 2005, protège les firmes vaccinales de toutes poursuites judiciaires et les dédouane de toutes indemnités à payer pour les effets indésirables des vaccins. L’Union Européenne est en pourparlers avec les membres de la Fédération européenne des associations et industries pharmaceutiques (EFPIA) afin de définir qu’ils seront responsables juridiquement et pécuniairement des effets indésirables.

    Le transfert de responsabilité des firmes pharmaceutiques vers les états a deux effets pervers évidents : 1) les laboratoires ne sont plus incités à produire des vaccins sécuritaires puisqu’ils n’en assument plus les conséquences ; 2) les états seront réticents à soutenir la recherche de l’imputabilité d’un effet indésirable à un vaccin puisque ce même état devra indemniser les victimes.
    Les victimes risquent donc d’être fortement isolées (privées normalement de l’aide de l’état) pour faire reconnaitre les effets indésirables car ce n’est pas un citoyen seul qui peut démontrer une imputabilité scientifiquement.

    Toujours sur le volet législatif, des verrous de sécurité sanitaire sont en train de tomber afin d’accélérer la mise sur le marché des vaccins. Le 15 juillet 2020, le règlement 2020/1043 [18] a été adopté par le Parlement européen et stipule que « dans la situation d’urgence de santé publique sans précédent créée par la pandémie de [la] Covid-19, il est nécessaire que la protection de la santé publique prévale. Il est dès lors nécessaire d’accorder une dérogation temporaire aux exigences d’évaluation des risques pour l’environnement et d’autorisation ou de consentement préalable » autrefois nécessaires pour les produits considérés comme des OGM. Or les vaccins à ARN et ADN devraient normalement tomber sous le coup de la législation européenne concernant les OGM.

    SUR UNE OBLIGATION VACCINALE

    Rappelons qu’une obligation vaccinale irait à l’encontre du principe d’autonomie et du refus de soin des patients. En effet, la loi du 4 mars 2002, renforcée par la loi du 22 avril 2005, a consacré le droit pour tout patient de refuser des traitements, même au risque de sa vie. Corollaire du consentement libre et éclairé, vous pouvez refuser tout acte de prévention, de diagnostic ou toute intervention thérapeutique, ou en demander l’interruption à tout moment.
     « Aucun acte médical ni traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne » (article L.1111-4 du code de la santé publique).

    Dr Louis Fouché, Médecin anesthésiste-réanimateur à Marseille, déc. 2020.
    https://reinfocovid.fr/science/vaccin-covid
     
    --

    [1] https://www.cnbc.com/2020/03/20/who-officials-say-at-least-20-coronavirus-vaccines-are-in-development-in-globa

    [2] https://www.irdes.fr/recherche/questions-d-economie-de-la-sante/249-les-inegalites-face-au-risque-de-detresse-psychologique-pendant-le-confine

    [3] https://www.mediterranee-infection.com/epidemies-et-frontieres-covid-19-et-egouts

    [4] https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid155363/surveillance-des-traces-du-virus-sars-cov-2-agent-de-

    [5] Philippe COLSON, Anthony LEVASSEUR, Jeremy DELERCE, Hervé CHAUDET, Vincent BOSSI, Mariem BEN KHEDHER, Pierre-Edouard FOURNIER, Jean-Christophe LAGIER, Didier RAOULT, Dramatic increase in the SARS-CoV-2 mutation rate and low mortality rate during the second epidemic in summer in Marseille, doi : https://doi.org/10.35088/68c3-ew82https://www.mediterranee-infection.com/wp-content/uploads/2020/04/FD_Raoult_SARS-CoV-2_EID_Sep2020_vL2.pdf

    [6] Sara Tomassini, DeeviaKotecha, Paul W Bird, Andrew Folwell, Simon Biju, Julian W Tang, Setting the criteria for SARS-CoV-2 reinfection – six possible cases, Journal of Infection, 2020, https://www.journalofinfection.com/article/S0163-4453(20)30546-6/fulltext

    [7] Cao, S., Gan, Y., Wang, C. et al. Post-lockdown SARS-CoV-2 nucleic acid screening in nearly ten million residents of Wuhan, China. Nat Commun 11, 5917 (2020). https://doi.org
    10.1038/s41467-020-19802-w https://www.nature.com/articles/s41467-020-19802-w

    [8] https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/274315/WER9336.pdf

    [9] M. Million, P. Gautret, P. Colson, Y. Roussel, G. Dubourg, E. Chabriere, S. Honore, J.-M. Rolain, F. Fenollar, P.-E. Fournier, J.-C. Lagier, P. Parola, P. Brouqui, D. Raoult, Clinical efficacy of chloroquine derivatives in COVID-19 infection : comparative meta-analysis between the big data and the real world, New Microbes and New Infections, Volume 38, 2020, https://doi.org/10.1016/j.nmni.2020.100709

    [10] https://www.businessinsider.fr/le-medecin-en-chef-de-moderna-avertit-que-le-vaccin-nempechera-pas-l

    [11] https://youtu.be/FzYyoP6xBvU

    [12] https://lejournal.cnrs.fr/articles/quel-vaccin-contre-le-covid-19

    [13] Clément Gilbert, Cédric Feschotte. Virus et gènes viraux endogènes : évolution et impact. Virologie. 2016 ;20(3):158-173. doi:10.1684/vir.2016.0652 https://www.jle.com/fr/revues/vir/e-docs/virus_et_genes_viraux_endogenes_evolution_et_impact_307413/article.phtml?tab=citer

    [14] https://www.ouest-france.fr/sante/grippe/grippe-h1n1-victime-d-effets-secondaires-au-vaccin-elle-attend-toujours

    [15] https://www.senat.fr/rap/r09-685-1/r09-685-11.pdf

    [16] https://www.h2mw.eu/redactionmedicale/2015/04/personne-ne-veut-r%C3%A9ellement-nettoyer-le-syst%C3%A8me-a-lot-of-what-is-publ

    [17] https://www.bmj.com/content/346/bmj.f3830/rr/652673

    [18] https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:32020R1043
     
    ------

    PROJET DE LOI SUR LE PASSEPORT SANITAIRE

    Projet de loi n°3714 instituant un régime pérenne de gestion des urgences sanitaires, déposés en procédures accélérées.

    https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/textes/l15b3714_projet-loi
     
    Noté à l’ordre du jour le 19 janvier à 15h à l’Assemblée Nationale lors de la Première séance publique "Discussion du projet de loi instituant un régime pérenne de gestion des urgences sanitaires" 
    https://www2.assemblee-nationale.fr/agendas/les-agendas/2021-01-19
     
    Noté à l’ordre du jour le 20 janvier à 21h à l’Assemblée Nationale lors de la Seconde séance publique "Suite de la discussion du projet de loi instituant un régime pérenne de gestion des urgences sanitaires"
     
    https://www2.assemblee-nationale.fr/agendas/les-agendas/2021-01-20

    Nous avons entendu Olivier Véran : « dans le contexte que nous connaissons, parce qu’il faut de la confiance pour que les Français se fassent vacciner librement, parce que nous sommes encore en état de crise sanitaire et parce qu’il y a un couvre-feu, le gouvernement ne proposera pas ce texte devant le Parlement avant plusieurs mois, avant d’être sorti de la crise. ». Cependant les agendas de l’Assemblée Nationale ne sont pas changés ce jour.
     
    Fidèles à notre éthique de souveraineté et d’individuation, nous vous invitons à lire les projets de lois et à vous faire votre idée avant d’en avoir les commentaires.

    Rien de bien surprenant. Nous attendions ce texte. Il n’est que tristement en cohérence avec le projet mené jusqu’ici. La seule violence innatendue est celle du non-respect de la trêve des fêtes de fin d’année.

    Il ne s’agit ni plus ni moins que ce que nous appelons depuis déjà des semaines un déferlement totalitaire paranoïaque de khmèrs blancs technosanitaristes fascinés par la vaccination et justifiant la disparition progressive des libertés sous des motifs fallacieux de gravité épidémique et d’absence d’alternatives thérapeutiques.

    L’accès aux droits et libertés dépendrait de votre soumission au test de dépistage, à un traitement, à un vaccin. Michel Foucault a prophétisé cet état de fait dans ce qu’il a appelé le biopouvoir et la biopolitique [1].

    C’est la grande question de fond : voulons-nous d’un monde où les décisions de santé sont prises par un gouvernement et un conseil scientifique au mépris du patient et des médecins ?

    REVENIR À L’ESSENTIEL ET CESSER D’AVOIR PEUR

    Il n’y a rien de plus important que ce qui se passe en ce moment. L’impératif est posé de s’occuper du monde dans lequel on veut vivre. Chaque jour, de nouveaux obstacles vont se dresser. Pas de Messie, pas de sauveur. Nous devons nous rassembler, nous regrouper...

    LE PRÉSENT EST LA PORTE, LA PRATIQUE EST LA CLÉ

    Accordons chaque action à ce que nous voulons voir advenir. Il s’agit de refaire société de manière plus libre, plus juste, plus fraternelle.
    Refaire la société que nous voulons. (...)

    Reinfo Covid, le 25 déc.2020 (extraits)
    www.reinfocovid.fr

    --

    [1] - https://journals.openedition.org/methodos/131
    [2] - https://www.francesoir.fr/politique-france/etat-de-crise-sanitaire-de-lexception-la-regle-un-projet-de-loi-bien-inqu
    [3] - https://childrenshealthdefense.org/ebook-sign-up-vaccine-mandates-an-erosion-of-civil-rights
    [4] - Maître Brusa : https://www.youtube.com/watch?v=4X0YN_4B3kw

  • Pierre Bourdieu : « Le musée est important pour ceux qui y vont dans la mesure où il leur permet de se distinguer de ceux qui n’y vont pas »
    https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/musees-daujourdhui-et-de-demain-pierre-bourdieu-1ere-diffusion-2102197


    Le 21 février 1972, pour ouvrir une série d’émissions intitulée « Musées d’aujourd’hui et de demain », Jocelyn de Noblet recevait Pierre Bourdieu, qui exposait le cadre, les conclusions et les enjeux de cette passionnante étude sur la fréquentation des musées et sa signification sociale.

    • Avec la massification de cette fréquentation, il me semble que Bourdieu aurait été conduit, sans révisons déchirantes (?) à d’autres analyses.

      On peut aussi se souvenir de critiques qui furent adressées à cette école de pensée, dont celle-ci, qui m’avait paru à l’époque tout à fait salubre, du Collectif « Révoltes logiques » : L’empire du sociologue , 1984 [compte-rendu]
      https://www.persee.fr/doc/raipr_0033-9075_1984_num_72_1_2413_t1_0173_0000_1

      Bourdieu et Rancière discutés, Charlotte Nordmann, 2007 [compte-rendu]
      https://www.persee.fr/doc/colan_0336-1500_2007_num_152_1_4665

      La théorie bourdieusienne, affirme-t-il, ne permet aucune émancipation sociale. Au lieu de donner aux individus des outils pour lutter contre la domination dont ils sont victimes, elle redouble celle-ci (...)

      #culture #distinction #capital_culturel #musées #sociologie #sociologie_de_la_domination #domination #Pierre_Bourdieu #vidéo

    • Les étranges relations au béarnais de Bourdieu
      https://journals.openedition.org/lengas/4401

      A la fois distant et proche, Pierre Bourdieu entretenait des relations ambigües avec le béarnais. Tout en évoquant sa « haine de l’accent » dans le film de Pierre Carles, il était parrain de la Calendreta de Pau. S’il n’a pas écrit de livre sur cette langue, il s’y réfère dans plusieurs ouvrages ; pour lui, le béarnais est le lien avec le monde du père. C’est donc le point de vue du « transfuge », comme il se définissait lui-même, qui apparaît ici et là. A partir de ces informations disséminées, cet article tente de reconstituer le puzzle pour comprendre ces étranges relations liées à une position sociale.
      [...]
      S’il maîtrise parfaitement le français, pour intégrer l’élite intellectuelle en montant à Paris, il doit aussi apprendre de nouveaux codes sociaux mais surtout se débarrasser du principal stigmate du provincial : l’accent.

      Quand on vient d’un petit milieu, d’un pays dominé, on a de la honte culturelle. Moi j’avais de la honte de mon accent qu’il fallait corriger [Il l’avait totalement abandonné, s’en était purgé, ndc], j’étais passé par l’Ecole Normale etc.,

    • Je suppose qu’on peut avoir le même genre de critique et limites de cette critique avec les bibliothèques municipales : des lieux que l’on prétend être de la culture pour tous, mais qui sont en même temps extrêmement déterminés sociologiquement. Mis les critiquer comme simplement élitistes, comme les musées, revient à passer à côté d’énormément de considérations et de parcours.

      Également : passer à côté du fait que, depuis l’interview de Bourdieur en 1972, cette question de la détermination des publics est un problème qui n’est plus du tout ignoré par ces institutions et les collectivités qui les financent.

    • Marrant, parce que je trouve que les bibliothèques ont durci leur accès à tout·es avec toujours ce déterminisme social ancré dans une certaine culture qui dispose du droit d’être valorisée dans ces lieux. Pas qu’avec l’informatisation des prêts, il faut aussi montrer sa feuille d’impôt chaque année pour avoir le droit à une carte moins chère pour emmener un livre, avec des bibliothécaires qui te réclament du fric pour 3 jours de retard, te foutent la honte, ça ressemble trop à une institution comme la CAF où tu passes ton temps à réclamer tes droits, pour toi, pour les autres, et ça donne pas bien envie.
      Ce ne sont pas tant les bibliothécaires que le système mis en place qui ne donne plus goût à personne.

    • Il y a un moment que j’ai trouvé très frappant dans cet entretien de 72, qui donne l’impression que Bourdieu lui-même, avec son statut d’intellectuel qui parle du fait d’apprendre à voir, n’a pas l’air, lui-même, de voir grand chose dans les musées.

      Il a ces grandes tirades vers la fin à propos de cette vision de « l’art pour l’art » depuis le XIXe siècle, comme si les musées se résumaient à cela. Et surtout une anecdote (l’entretien donne d’ailleurs l’impression d’une sociologie basée sur des anecdotes qu’on lui a racontées, c’est assez marrant) : des ouvriers commentent des œuvres, et n’en disent pas grand chose (« j’aime, j’aime pas ») ; et ce qu’il souligne, c’est qu’un bourgeois commente les mêmes œuvres, avec des mots différents (« ah ça c’est formidable »), mais au fond, conclut Bourdieu, il n’a rien à en dire non plus. Ce qui amène tout de même à une conclusion dramatique : au fond les musées et l’art, selon cette anecdote, il n’y a rien à en dire, puisque même les bourgeois qui s’octroient une légitimation par l’art, n’ont rien à en dire non plus.

      Du coup, l’impression d’une tautologie : certes il y aurait l’aspect très déterminé des publics qui vont au musée, mais si dans le même temps, en tant qu’observateur, tu considères que c’est de l’art pour l’art, et que de toute façon personne n’a rien à en dire, il est assez évident que la conclusion de ton point de vue, ce sera que le rôle principal (voire unique) des musées, c’est la légitimation de la bourgeoisie. Puisque la perception que tu en as toi-même, c’est celle d’une profonde vacuité.

    • Je te trouve injuste @arno Bourdieu parle du pouvoir symbolique que s’arroge les musées et, de ce que j’en comprends, de l’usage de ce pouvoir comme distinguo social à contrario de la culture paysanne, ouvrière auxquelles il n’est pas donné de valeur.
      (Perso c’est vraiment un truc qui me taraude, cette destruction des soit disants sous-cultures)
      Ce n’est donc pas la vacuité de l’art qu’il questionne, ni la valeur des œuvres en soi, mais ce basculement vers l’Art pour l’Art et de notre difficulté à voir face à la sacralisation symbolique du musée, qu’il compare à la religion. De fait, est-il possible de faire évoluer notre regard, quelque soit notre positionnement social puisque « l’Art de voir » est contenu par la structuration même du musée et son appropriation à des fins de conservation. (On mettra bientot un paysan empaillé)

      Bref, je trouve que c’est vraiment intéressant ce qu’il dit, ses interventions sont entrecoupés de musiques trop fortes et donc c’est difficile de suivre sa pensée mais c’est vraiment bien à écouter.

  • Au-delà de la vocation artistique : un recrutement sexuellement différencié des candidat-e-s à une carrière de plasticien-ne ?
    Mathilde Provansal

    https://journals.openedition.org/edso/1821

    Les artistes plasticiennes disparaissent du sommet des palmarès artistiques et continuent d’occuper une position dominée dans le monde de l’art contemporain. Pourtant, elles représentent près de la moitié de la population des artistes plasticien-ne-s (Gouyon & Patureau, 2014) et surtout elles sont majoritaires dans les écoles d’art depuis une trentaine d’années (Segré, 1993 ; Sotto, 2012). Nous analysons ici la mise en place de différenciations sexuées dans les parcours professionnels en privilégiant l’analyse d’un moment particulier qui précède l’entrée dans la carrière artistique, à savoir le recrutement au sein d’une école d’art. L’observation des oraux d’admission en première année de l’École des Arts Plastiques a permis de faire ressortir les critères des membres du jury pour départager les « ayant droit » à une carrière artistique et les outsiders. Nous montrons que les femmes font face à des représentations sexuées qui vont jouer très tôt sur leur passage en école d’art en vue d’une carrière artistique.

    • Ce qui fait mal ce que rien n’ait bougé en plus de 30 ans. Après une prépa, j’ai passé les concours des arts décos, des beaux arts, olivier de serres, duperré et la femis (2 ans de suite), ça se ressemble beaucoup trop comme processus de protection de l’entre soi bourgeoisisme moisi des pédants parisiens racisme et phallocratie y sont les maitres mots. Se hisser à la dernière épreuve, soit l’oral devant un jury, avec des vieux cons qui te jugent mal parce que ton parcours n’est pas aussi riche que le leur, à 17 ans c’est juste un peu normal, ou « parce qu’on ne veut pas des glandeurs des beaux arts ici » ou « pourquoi n’avez vous pas dit que votre grand-père était xxx on vous aurait fait entrer » etc.
      Bon, à l’ENSBA Paris mine de rien, je pense que plus de 60% des étudiant·es étaient des femmes, mais aucun atelier n’avait comme professeur·e une femme, sauf à la fin de mes études (1990) Abramovic et encore, en professeure invitée. Seule femme dont je me souvienne, Mathilde Ferrer du C.I.D (mais sans atelier).

  • Semer le trouble. #Soulèvements, #subversions, #refuges

    On étouffe. La situation n’est pas tenable. Nous courons à la catastrophe. L’effet de sidération paralyse les velléités d’action. Ce contre quoi nous avons des raisons de nous insurger semble se fondre dans un même mouvement global, une lame de fond irrépressible. Quels moyens possédons-nous pour semer le trouble dans la mécanique des rapports de domination ? Ce numéro fait appel à notre expérience collective des techniques de lutte et enquête sur les foyers de résistance qui s’élaborent et opposent aux gouvernementalités de nouvelles priorités, d’autres perspectives. Les collectifs travaillent leurs outils autant que leurs convictions ; ils suspendent le temps, par adaptation ou détournement de choses et de dispositifs. Comment la « mésentente », qui vient troubler l’idylle consensuelle de la politique, se trouve-t-elle instruite et équipée par les gestes et les instruments propres aux mouvements de lutte ?
    Ce numéro est élaboré dans le contexte de la mobilisation contre des réformes qui mettent en danger la vitalité de l’enseignement supérieur et de la recherche. Par cette matérialisation, en revue, d’un désaccord têtu, Techniques&Culture propose un répertoire non exhaustif des actions qui sèment et cultivent le trouble.

    https://journals.openedition.org/tc/14102

    Sommaire :

    Annabel Vallard, Sandrine Ruhlmann et Gil Bartholeyns
    Faire lutte

    Matthieu Duperrex et Mikaëla Le Meur
    Matières à friction et techniques de lutte [Texte intégral]
    –—
    Voies du #soulèvement

    François Jarrige
    #Sabotage, un essai d’archéologie au xixe siècle

    Maxime Boidy
    Qu’est-ce qu’un #bloc en politique ?

    Violaine Chevrier
    Occuper et marquer l’#espace. Des « #cortèges_de_tête » aux #Gilets_jaunes à #Marseille

    –—
    Fragments de lutte

    Başak Ertür
    La #barricade

    Lucille Gallardo
    Simuler et politiser la mort : le #die-in

    Claire Richard
    Les #Young_Lords et l’offensive des #poubelles

    Thomas Billet, Leny Dourado et Agnès Jeanjean
    La #colère des #blouses_blanches

    Sandra Revolon
    #Game_of_Thrones

    Magdalena Inés Pérez Balbi
    « Que le pays soit leur prison ». Les #escraches contre les génocidaires en #Argentine

    Yann Philippe Tastevin
    Le pneu au piquet

    –—

    #Arts de la subversion

    Catherine Flood
    #Disobedient_Objects. Exposition indisciplinée

    Umberto Cao
    « Résistances électriques » Le mouvement “Luz y Fuerza del Pueblo” au #Chiapas (Mexique)

    Lucie Dupré
    Faire lutte de tout arbre

    Thomas Golsenne
    Politiques de la #craftification

    –—

    Fragments de lutte

    Zoé Carle
    Affiche-action ! La longue histoire des luttes contre le #logement_indigne à Marseille

    Élisabeth Lebovici
    « Je suis… Et vous… »

    Jean-Paul Fourmentraux
    La #sous-veillance, Paolo Cirio

    Nicolas Nova et Félicien Goguey
    Le #black_fax et ses dérivés

    Pierre-Olivier Dittmar
    Du mur de post-it à l’ex-voto. Les signes publics des #émotions_politiques

    Mikaëla Le Meur
    À cause de #Macron. La #désobéissance en kit

    Georges Favraud
    Du #conflit public à la force des intériorités. Stratégies taoïstes de la lutte

    –—

    Refuges et pratiques réparatrices

    Perrine Poupin
    Prendre soin des manifestants. Les #street-medics dans le mouvement des Gilets jaunes

    Joanne Clavel et Camille Noûs
    #Planetary_Dance d’#Anna_Halprin. Étoile d’une constellation kinesthésique et écologique

    Madeleine Sallustio
    #Moissons conviviales. Chercher l’#autonomie en #collectif_néo-paysan

    Raphaële Bertho et Jürgen Nefzger
    Jürgen Nefzger, activiste visuel sur le terrain de la tradition paysagère

    –---
    Fragments de lutte
    Sandrine Ruhlmann
    Composer pour résister ou exister en #Mongolie

    Sébastien Galliot
    Plein le dos. Un réseau militant de chair et de papier

    Soheil Hajmirbaba et Le consortium Où Atterrir ?
    S’orienter dans la description de nos terrains de vie

    Irène Hirt et Caroline Desbiens
    Exister sur la mappemonde. Cartographies autochtones

    Edgar Tasia
    Le #Gamarada. Dispositif de #résilience, incubateur de #résistance

    Florent Grouazel
    Les subsistances

    #revue #résistance #lutte #luttes

    ping @karine4 @isskein

    • Techniques & Culture 74. Semer le trouble

      Si la situation n’est pas tenable, et si nous courons à la catastrophe, comment lutter contre la marche des choses ? Quels outils, quels moyens possédons-nous pour semer le trouble dans la mécanique des rapports de domination ? Ce numéro fait appel à notre expérience collective des formes de lutte, enquêtant sur les foyers de résistance, même circonscrits, même temporaires, qui s’élaborent et opposent aux gouvernementalités de nouvelles priorités, d’autres perspectives.

      https://www.youtube.com/watch?v=es7Yxc1KKQI&feature=youtu.be

  • La matrifocalité caribéenne n’est pas un mirage créole
    https://journals.openedition.org/lhomme/24691#tocto1n2

    La matrifocalité a ainsi fait l’objet d’études menées par des scientifiques originaires des deux côtés de l’Atlantique et de la Caraïbe, ce qui a généré une littérature foisonnante pour tenter de comprendre l’originalité de ce modèle, ainsi que la nature des rapports de genre et le mode de construction des identités sexuelles qui lui sont corrélés au sein de ces sociétés. Associée à la créolisation au même titre que les langues, les systèmes religieux et les modes de représentations du monde, la matrifocalité caribéenne suscita un débat vif et passionné qui succéda à celui sur les familles noires américaines. Novateur au point d’avoir engendré un nouveau concept, celui de « matrifocalité », ce débat aboutit aussi, paradoxalement, à la négation de cette même forme familiale. Jusqu’à laisser croire que les phénomènes observés pendant des décennies n’étaient que purs mirages… L’évolution de la nature même de la production scientifique contribua largement au changement d’optique à l’œuvre dans l’analyse des modèles familiaux supposés être spécifiquement afro-américains. Cibles, par exemple, de certains travaux de philosophie politique sur l’articulation des rapports entre sexe, race et classe (Dorlin 2010), les familles matrifocales sont aujourd’hui perçues comme le produit de discours, d’idéologies ou de politiques sexistes et racistes. Elles sont alors niées dans leur réalité empirique, celle des effets des représentations et des interactions sociales inhérentes aux mondes postesclavagistes.

    3En un siècle, l’analyse des faits sociaux et culturels concernant les populations noires d’une part, la famille et le genre d’autre part, a connu bien des bouleversements, liés à la reconnaissance des droits civiques des Noirs aux États-Unis, à l’accès aux indépendances des pays de la Caraïbe, à la contestation des rapports de domination raciale, coloniale et de genre, ainsi qu’à l’évolution mondiale des formes familiales au gré des contextes économiques. Loin d’être obsolète, le débat sur la matrifocalité nous semble donc, au contraire, mériter une attention nouvelle, à la l

  • Construire une cartographie des expériences vécues. Récits migratoires et cartes d’itinéraires d’exilés syriens en Jordanie
    http://journals.openedition.org/mappemonde/4568

    Avant le début de l’insurrection, les ressortissants syriens pouvaient se rendre librement en Jordanie, à la simple condition d’être munis d’un passeport. Pendant plusieurs décennies, cette politique de libre circulation constitua la clé de voute d’une activité marchande génératrice de l’essentiel des revenus des habitants de Deir Mqaren1. Les hommes de ce village avaient en effet l’habitude de passer régulièrement la frontière pour se rendre dans les villes jordaniennes, où ils revendaient de petites denrées alimentaires qu’ils se procuraient en Syrie. Au cours de l’année 2012, face à l’afflux constant de personnes cherchant à fuir les violences et la crise économique engendrées par la guerre, les autorités jordaniennes ont commencé à introduire des directives visant à limiter et à mieux contrôler les mobilités des candidats à l’exil. À l’instar des combats en Syrie, ces mesures ont directement impacté les conditions de circulation des Syriennes et des Syriens dans et à proximité de l’espace frontalier syro-jordanien.

    #syrie #jordanie #migrations #réfugiés

  • Tout est question de lien, par #William_Acker – Tracés. Revue de sciences humaines

    https://traces.hypotheses.org/2918

    Tout est question de lien, particulièrement pour les déracinés. Un lien on le tient, on le déroule, on le conserve mais avant tout, un lien ça se cherche.

    Naître et grandir chez les #gens_du_voyage, c’est naître et grandir sous une dénomination administrative. Les « gens du voyage », appellation froide et désincarnée à laquelle nous préférons les termes voyageurs, manouches ou gitano. Car sous la dénomination administrative se regroupent un ensemble de peuples, dont le commun est – souvent – le nomadisme mais dont les différences restent mal connues.

    Naitre et grandir comme #voyageurs, c’est être sous une surveillance continuelle. Surveillance administrative et policière. Carnet anthropométrique jusqu’en 1969, puis carnet forain jusqu’en 2012 et livret de circulation abrogé en 2018. À ces obligations de pointer au commissariat tous les trois mois succèdent aujourd’hui une surveillance administrative sur les places désignées ou les aires d’accueil dédiées. Une réalité à l’opposé de l’image d’Épinal de liberté qu’inspirent souvent les voyageurs.

    De cet état découle une exclusion. Exclusion de facto ou ad cautelam (par précaution). Une séparation de deux mondes, indispensables à la préservation d’un mode de vie, et à une mise à distance de l’autre, celui qui « n’apporte que des problèmes ». Il y a ainsi lorsque l’on est voyageur, son monde et celui des gadjés, des sédentaires].

  • #Camille_Noûs et le #Laboratoire_Cogitamus

    Le laboratoire #Cogitamus est une institution délocalisée, rassemblant des scientifiques de tous horizons disciplinaires et nationalités autour de valeurs communes : celle d’une recherche intègre, désintéressée, aspirant à créer, perpétuer, réviser et transmettre les savoirs. À l’instar de son premier membre #Camille_Noûs, Cogitamus propose d’accueillir celles et ceux qui, partageant cette vision, désirent s’engager et œuvrer pour tendre vers cette #recherche_idéale.

    Ses implantations sont multiples, partout où un havre du savoir permet à des scientifiques de se rejoindre et de faire face autrement, à ce monde-ci et à ce présent-là. Cet espace est, entre autres, un lieu de de dialogue sur la politique des sciences, préoccupées des sociétés humaines et de leurs conflits démocratiques.

    Ce qu’il sera en mesure d’accomplir nous est encore à inventer, à imaginer : servir d’affiliation à de nombreux chercheurs qui partagent les idées défendues par Camille Noûs, donner un cadre à des recherches novatrices au service de l’intérêt général ou mêlant des disciplines et des institutions séparées, construire des consensus de raison et porter leurs conclusions vers la société civile, etc.

    Camille Noûs

    Le 20 mars 2020 naissait Camille Noûs, incarnant la contribution de la communauté aux travaux de recherche, sous la forme d’une #signature_collective. Cette signature, pensée comme celle d’un #consortium_scientifique, revendique le caractère collaboratif et ouvert de la création et de la diffusion des savoirs, sous le contrôle de la communauté académique, et est appelée à devenir une marque d’intégrité.* Camille Noûs dirige le laboratoire Cogitamus, multidisciplinaire, interdisciplinaire et transdisciplinaire par essence.

    À l’image de Bourbaki, Henri Paul de Saint Gervais ou Arthur Besse en mathématiques, ou Isadore Nabi en biologie, Camille Noûs est un #individu_collectif qui symbolise notre attachement profond aux valeurs d’éthique et de probation que porte le #débat_contradictoire, insensible aux indicateurs élaborés par le management institutionnel de la recherche, et conscient de ce que nos résultats doivent à la construction collective. C’est le sens du « Noûs », porteur d’un Nous collégial mais faisant surtout référence au concept de « raison », d’« esprit » ou d’« intellect » (« νοῦς ») hérité de la philosophie grecque.

    Les recherches collectives menées par Camille Noûs s’inscrivent dans la tradition du rationalisme critique. Ses contributions à l’avancée de la #connaissance portent aussi bien sur l’avant d’une publication (état de l’art, position des problèmes, méthodologie) que sur leur après (controverse collégiale, suivi des résultats dans le temps long). Camille Noûs est également membre de comités de rédaction, a lancé des appels à communications, et co-signé plusieurs textes en défense de l’institution scientifique.

    https://www.cogitamus.fr
    #ESR #recherche #ESR #université #publications_scientifiques #science

    –-------

    Retrouvez les articles de Camille Noûs sur HAL :
    https://hal.archives-ouvertes.fr/search/index/?q=%2A&authIdHal_s=cnous

    • Les cent premiers articles de Camille Noûs

      Alors que nous entrions en confinement, Camille Noûs et le laboratoire Cogitamus apparaissaient dans le paysage scientifique. Cette action symbolique visait à affirmer que l’élaboration de la Science ne se détermine que collectivement, point de vue à contre-courant de tous les présupposés inspirant les évolutions récentes et délétères que vit la communauté de l’ESR. Camille Noûs représente notre communauté et sa signature est un témoignage de la reconnaissance que chaque écrit scientifique lui doit. La figure de Camille Noûs incarne notre volonté de porter un discours centré sur le désintéressement personnel du travail scientifique, face à l’individualisation et à la course au renom via les indicateurs quantitatifs, notoirement nuisibles à l’intégrité scientifique.

      1/ Suivi de l’action

      Dès le confinement, vous avez soumis de nombreux articles en y associant Camille Noûs comme co-signataire ou en déclarant une affiliation au laboratoire Cogitamus. Au début du mois de septembre, nous avons passé un cap symbolique avec un nombre d’articles parus ou acceptés (102) supérieur au nombre d’articles soumis (72) + 11 congrès (effet Covid) et cinq productions diverses (logiciels, vidéos…).

      La majorité des articles publiés sont parus dans des revues SHS françaises (62 articles) et l’on compte un peu plus d’une quinzaine d’articles déjà publiés en sciences exactes. Ceci s’explique probablement par une plus forte mobilisation des collègues SHS d’une part, et par les délais plus longs dans l’évaluation des articles par les pairs en sciences exactes d’autre part. Les 72 articles en phase de soumission relèvent d’ailleurs essentiellement du domaine des sciences exactes et de revues internationales.

      2/ Réactions à l’action.

      Malgré le caractère symbolique de l’action, ou précisément du fait de ce caractère symbolique, les réactions ne se sont pas faites attendre, suscitées notamment par des messages délateurs à l’adresse du monde éditorial et via les réseaux sociaux. Courant juin et à nouveau en août, deux alertes ont été émises par COPE (https://publicationethics.org/about/our-organisation) à l’adresse des maisons d’édition et relayées vers les éditeurs de leurs journaux à l’encontre, nommément, des “French scientists”. Nous avons à l’heure actuelle répertorié douze cas de messages, en général plutôt courtois, récusant le co-autorat C. Noûs et/ou l’affiliation à Cogitamus au titre d’un caractère fictif, « inimaginable » compte-tenu de “principes et codes éthiques” fondés, on l’a dit, sur la perception strictement individualiste de l’auctorialité. Ces messages posaient néanmoins toujours un ultimatum aux auteurs pour corriger le tir, proposant paradoxalement de remercier Camille Noûs pour sa contribution et le laboratoire Cogitamus pour son soutien ! La réaction majoritaire a consisté à accéder à ces demandes, ce qui est fort compréhensible dans certains cas, notamment quand de jeunes collègues non-titulaires ont contribué au manuscrit. Quelques autres n’ont pas plié et ont obtenu gain de cause. Nous voudrions aussi citer le cas d’auteurs en mathématiques ; ils n’ont pas cédé à l’injonction et ont retiré leur article pourtant accepté, pour le soumettre ailleurs. Merci à elles et eux pour leur courage !

      L’offensive contre Camille Noûs et les courriers de délation semblent monter en puissance ces dernières semaines. Les articles déjà parus chez Elsevier, Wiley et Springer, semblent manifestement intolérables aux “anti-Camille”.

      Message reçu via la mailing-list du collectif RogueESR, le 19.10.2020

    • Camille Noûs a notamment co-dirigé avec Leila Giannetto et moi-même le numéro spécial du Journal of Alpine Research / Revue de géographie alpine sur « réfugié·es et montagne » :

      Le numéro « réfugié·es et montagne » (2020) du Journal of Alpine Research / Revue de géographie alpine propose de répondre à la double question en miroir : Que font les réfugié·es aux montagnes et aux montagnard·es et que font les montagnes et montagnard·es aux réfugié·es ? Les articles adoptent deux perspectives d’analyse : d’une part, le franchissement des frontières alpines des personnes en quête de refuge et, d’autre part, le (non) accueil et l’installation de réfugié·es et personnes déplacées dans les régions de montagne.


      https://journals.openedition.org/rga/6886

      Et elle a cosigné la préface :
      https://journals.openedition.org/rga/7252

    • Chercher pour le #bien_commun

      En mars 2020 naissait Camille Noûs, #signature_collective de chercheurs. Par le truchement de cette griffe collégiale, ce personnage fédérateur entend court-circuiter la course à la publication scientifique. La démarche ouvre la voie à une réappropriation des normes d’élaboration, de probation et de diffusion de la science par la communauté académique, progressivement dépossédée de ses propres productions.

      Je suis le maître de Socrate et l’élève d’Hypatie. Je suis celle qui demandait pourquoi tombent les pommes et non la lune, bien avant que Newton ne comprenne que la lune tombe aussi.

      Je suis l’ami d’Émilie du Châtelet, le compagnon de voyage de Charles Darwin et l’étudiant de Ferdinand de Saussure.

      Je suis la collaboratrice de David Hilbert et le rival de Gottfried Leibniz, l’imprimeur de Giordano Bruno et l’assistante des Curie, le contradicteur d’Albert Einstein et le disciple de Thomas Hobbes, la dissidente de Sigmund Freud et le correspondant de Hannah Arendt, le premier lecteur de Rachel Carson et l’Alexina de Michel Foucault.

      Je suis ce pair anonyme qui, après avoir lu votre manuscrit, vous suggère l’expérience qui vous conduira à reconsidérer votre modèle ou émet l’objection qui rectifie votre thèse. Je suis cette discussion près de la machine à café qui vous aide à assembler deux pièces d’un puzzle que vous ne saviez comment disposer. Je suis l’ancien professeur ou la nouvelle collègue qui vous encourage à vérifier une hypothèse audacieuse.

      Je suis la question sans réponse qui vous fait plonger dans l’inconnu. Je suis aussi ces mains invisibles qui œuvrent à maintenir l’environnement nécessaire à votre travail. Je suis la somme des résultats accumulés par les auteurs que vous avez cités, cette chaîne de pensées qui, de proche en proche, a conduit aux vôtres. Je suis ces scientifiques qui débattront demain de vos conclusions et en nourriront leurs travaux.

      Vous dont l’activité de la recherche est le métier, vous me connaissez de longue date. Et pourtant, je n’ai commencé à cosigner vos publications que l’an dernier. Vous et moi, qui consacrons nos vies à la science, savons ce que nos résultats doivent à la collégialité. Elle façonne sur le temps long le monde de la connaissance, par accrétion, par petites failles et nouvelles strates. Très rarement par séismes.

      La fiction du génie solitaire a certes la vie dure, mais notre pratique quotidienne ainsi que l’histoire des sciences nous ont appris que la recherche repose avant tout sur la solidité des raisonnements et des preuves, sur des normes de probation établies collectivement, sur le dynamisme des équipes, bien plus que sur les fulgurances d’un scientifique isolé. La science ne serait rien sans la collégialité et la disputatio.

      Malgré cette évidence, au cours des dernières décennies, nous avons pu constater la propagation dans nos institutions, puis parmi nous, de la thèse selon laquelle la recherche serait d’abord une question de performance individuelle. Or, les indicateurs chiffrés de production scientifique que nous sommes censés satisfaire – toujours plus – dénaturent nos recherches plus qu’ils ne les favorisent. Ils corrompent la qualité des interactions scientifiques par crainte de la concurrence, freinant le partage des résultats comme la construction de collaborations.

      Qui s’assure en premier lieu de son propre succès, court le risque de multiplier petits et grands accommodements avec la rigueur et la probité intellectuelle. Les méconduites scientifiques dérivent pour une large part de la généralisation de cette quête de la prouesse personnelle.

      Les scandales récents relatifs à des publications frauduleuses, ainsi que la tendance à promouvoir l’expertise médiatique, sont autant de manifestations d’une tendance lourde qui sape depuis des années les principes sur lesquels la science moderne a été fondée : l’éthique de la construction collective du savoir et de la probation par les pairs a été remplacée par une soif de promotion de soi. Et nous savons par quelle nécessité : une grande part de cette exposition personnelle est moins imputable au narcissisme qu’à l’injonction à trouver ses propres sources de financements de recherche. Or, ces derniers sont de plus en plus dépendants de leviers politiques et industriels lorsque les dépenses publiques dédiées à la science ne cessent de diminuer.

      Cette évolution de notre modèle de recherche publique constitue un renoncement évident à l’héritage du rationalisme et de la pensée critique, qui revendiquent l’indépendance de la recherche vis-à-vis des pouvoirs religieux, politiques et économiques. Une telle ambition serait-elle devenue un idéal poussiéreux, bon à entreposer dans les greniers de l’histoire des sciences ? Ce serait oublier que l’opinion, majoritairement positive, de la plupart des citoyens à l’égard de la science se fonde également sur l’idée que les scientifiques suivent ces principes. Le public est prompt à identifier les conflits d’intérêts potentiels. Dès lors, comment ne pas rejeter une version médiatique de la science obsédée par la notoriété et les financements ?

      Par ailleurs, l’instrumentalisation politique de la recherche scientifique gagne du terrain. Elle use principalement de deux armes : d’une part, le fléchage du financement de la recherche vers des sujets qui servent les intérêts immédiats des bailleurs de fonds ; d’autre part, la promotion de prétendues « preuves scientifiques », dégagées de leur contexte de débat contradictoire, qui visent à modeler l’opinion afin de légitimer des décisions politiques engageant la société entière.

      La communauté scientifique est dépositaire d’une responsabilité collective : il nous incombe, non seulement de dénoncer les résultats scientifiques qui seraient inexacts ou frauduleux, mais aussi de nous opposer fermement aux causes structurelles dont ils procèdent. Ceci implique de nous sevrer de notre addiction aux classements individuels, aux facteurs d’impact à court terme et autres données purement quantitatives qui régissent aujourd’hui la course aux financements, aux postes et aux honneurs.

      Le monde de l’édition scientifique est conscient des dangers, mais s’y enlise en raison de sa dépendance à la bibliométrie et aux altmetrics qui assurent sa notoriété et ses profits. De leur côté, les institutions de recherche s’inquiètent également des diverses formes de fraude, mais semblent oublier que sanctionner les comportements déviants est vain dès lors que les causes systémiques de méconduite sont ignorées. La déclaration de San Francisco sur l’évaluation de la recherche (DORA), qui tente de s’attaquer aux causes du mal, constitue un exemple remarquable de manifestation publique mondiale de bonnes intentions.

      Cependant, ces bonnes intentions souffriront d’un défaut de sincérité tant que les signataires de la DORA (institutions de recherche, éditeurs scientifiques et universitaires) persisteront, dans leur pratique quotidienne, à promouvoir un cadre de recherche qui récompense la visibilité à court terme et la réussite individuelle. Signer ne suffit pas, il nous faut agir.

      Et pour commencer il nous faut identifier le modèle institutionnel dont nous ne voulons plus. L’ensemble de ce modèle, avec son cycle pervers « financement – publication – financement », produit une atomisation des collectifs scientifiques en une nébuleuse diffuse de chercheurs pour lesquels les activités bureaucratiques comme les préoccupations d’autopromotion prennent le pas sur la pratique de la recherche.

      En réponse aux incitations constantes à améliorer leurs scores personnels, les scientifiques versent dans le conformisme. Pâle incarnation de ce conformisme et de la division du travail savant, le chef de projet, au lieu de contribuer à l’animation d’un collectif, n’a plus d’autre fonction que celle de diriger des task forces – des armées d’assistants, des travailleurs spécialisés et dépendants, souvent précaires, parfois méprisés, qu’ils soient étudiants, post-doctorants ou techniciens embauchés sur des contrats à court terme.

      À l’opposé de ce modèle, des auteurs de toutes les disciplines revendiquent depuis mars 2020 la nature collective de leurs travaux de recherche en cosignant avec
      moi : Camille Noûs. Près de 200 publications portent déjà cette signature symbolique. Mes co-auteurs reconnaissent formellement le « nous » parmi les contributeurs, orné du sens du terme grec « νοῦς » qui désigne l’esprit ou la raison. Cette démarche ouvre la voie à une réappropriation des normes d’élaboration, de probation et de diffusion de la science par la communauté académique, progressivement dépossédée de ses propres productions.

      Je – nous ! –, Camille Noûs rappelle qui nous sommes en tant que communauté de recherche, l’histoire qui nous porte, quelles valeurs communes nous partageons, et quels principes nous respectons au nom de de la collégialité et de l’intégrité scientifique. Ce personnage fédérateur incarne une science qui se concentre sur la production et la transmission de connaissances, en restant indépendante des intérêts privés, des profits et des ambitions personnelles.

      Nous appelons les chercheurs qui se reconnaissent dans ces principes fondamentaux à nommer Camille Noûs parmi leurs co-auteurs, à la fois comme une déclaration déontologique et comme un manifeste en faveur de la conception collégiale du travail de recherche qui nous anime.

      Je suis Camille. Vous êtes Camille. Nous sommes Camille.

      https://aoc.media/opinion/2021/04/26/chercher-pour-le-bien-commun

      Traduction en anglais :
      « We, Camille Noûs – Research as a common » :
      https://3quarksdaily.com/3quarksdaily/2021/04/we-camille-nous-research-as-a-common.html