• Faut-il être motivé pour tuer ?
    https://www.cairn.info/revue-geneses-2003-4-page-154.htm

    « Comment, en effet, ne pas être persuadé que l’occultation (consciente ou non, peu importe) des pratiques combattantes sur les champs de bataille, ne conduise à l’aseptisation et à la déréalisation des paroxysmes guerriers ? [Esquiver la place centrale du combat dans l’activité guerrière], c’est manifester un refus suspect de l’essentiel. »

    Contre ces « formes d’aseptisation » de la violence, il s’agit de tenter une « histoire d’en bas » (14-18, retrouver la guerre, p. 25) qui replace au cœur de la perspective l’examen minutieux des formes, y compris les plus extrêmes, des violences de combat. Le choix de s’intéresser aux brutalités interpersonnelles, même si elles sont numériquement marginales, plutôt qu’aux innombrables tueries anonymes est sous ce rapport comparable à celui de D. J. Goldhagen de délaisser la mort « industrielle » des camps. Ainsi, S. Audouin-Rouzeau indique lui-même (notons néanmoins que ces chiffres ne figurent pas dans 14-18, retrouver la guerre) que si le bombardement d’artillerie est responsable, en 14-18 comme en 39-45, de 70 à 80 % des blessures enregistrées (loin devant les blessures par balles), les pratiques de corps à corps ne représentent toujours que moins de 1 % de ce total [10][10] S. Audouin-Rouzeau, « Au cœur de la guerre… », op.....