Des documents trouvés chez Djouhri accablent Guéant - Page 1

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    L’affaire Tapie livre ses ultimes secrets - Page 2 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/110118/l-affaire-tapie-livre-ses-ultimes-secrets?page_article=2

    Ce pacte secret, c’est Le Monde du 17 décembre 2005 qui l’avait révélé. Récit du quotidien : « “C’est vrai, on a un accord avec Bernard, a déclaré au Monde M. Guelfi, au cours d’un entretien téléphonique, alors qu’il se trouvait à Malte, son lieu de résidence habituel. Quand je suis sorti de taule, je lui ai dit que j’allais le mettre dans le coup pour les affaires que j’étais en train de traiter en Russie – des contrats pétroliers énormes, qui auraient été signés depuis longtemps si les dirigeants d’Elf n’avaient pas tout foutu en l’air !” Suit une bordée d’injures à l’égard des dirigeants en question, avant qu’arrive l’essentiel : “Ce qu’on s’était dit, c’est que la moitié de ce que je gagnais était pour lui, et qu’en échange, la moitié de ce qu’il récupérerait du Crédit lyonnais serait pour moi.” » Et Le Monde ajoutait : « Serment de coquins, prononcé dans une cour de prison, pendant une promenade, pour entretenir une flamme chancelante ? Pas si sûr. Plusieurs proches (ou anciens proches) des deux personnages ont gardé le souvenir de cette association virtuelle. Peu romantique quand il s’agit d’affaires, M. Guelfi, lui, est précis : “On a fait un petit papier, mais on a surtout donné notre parole, ce qui est beaucoup mieux !” »

    Ce récit, Mediapart l’a par la suite largement documenté, en apportant de nombreuses précisions sur les modalités du pacte secret. Mais c’est aussi ce que fait l’ordonnance de renvoi, qui prolonge nos propres enquêtes.

    Les magistrats expliquent en effet que le pacte secret a donné lieu à des relations d’affaires entre les deux hommes, qui étaient organisées au travers de deux structures. Côté André Guelfi, il y avait une société dénommée Umbrella, domiciliée aux îles Vierges britanniques. Et l’ordonnance ajoute : « Du côté de Bernard Tapie, des sociétés de droit anglais créées par l’avocat parisien Éric Duret, associé un temps à Maurice Lantourne, et que Bernard Tapie contrôlait : Pace Setter, Themark (…). » Les magistrats racontent alors que les enquêteurs ont entendu à ce propos un dénommé Francis Louvard, un avocat spécialisé dans le recouvrement de dettes souveraines et que Guelfi avait embauché pour récupérer des prêts consentis à Tapie. Selon cet avocat, Guelfi a, au total, prêté plus de 15 millions d’euros à Tapie et a beaucoup espéré, en retour, que Tapie honorerait son engagement de partager ses gains lors de l’arbitrage. « André Guelfi avait d’abord annoncé à l’été 2010 vouloir récupérer la moitié du montant alloué à Bernard Tapie dans le cadre de l’arbitrage l’opposant au CDR, soit 200 millions d’euros », relève l’ordonnance.

    « Bernard Tapie ne voulait rien payer en invoquant la nullité de la convention de mai 2000, mais finissait par accepter un remboursement partiel de 4,5 millions d’euros après que Francis Louvard l’eut menacé d’une assignation, qui aurait eu pour conséquence la production des documents » concernant les sociétés offshore, ce dont ne voulait surtout pas Tapie, précise l’ordonnance.

    Très affaibli, Guelfi est finalement entendu à deux reprises par les enquêteurs. Et pendant l’un de ces entretiens, son avocat produit une copie du protocole d’accord du 4 mai 2000 signé par André Guelfi et Bernard Tapie. L’ordonnance ajoute : ce protocole « prévoyait bien la création d’une société Superior Ventures Limited domiciliée à Labuan (Malaisie) » contrôlée à parité par Guelfi et Tapie. Il mentionnait aussi que la société avait vocation à recevoir « les profits escomptés du procès intenté au Crédit lyonnais sur l’affaire BTF/Adidas ».

    Conclusion des magistrats : « Ainsi, André Guelfi était fortement intéressé à un éventuel succès de Bernard Tapie dans son litige contre le Crédit lyonnais et le CDR, ce qui n’était pas sans intérêt au regard des liens de proximité et de travail révélés par l’enquête entre d’une part le futur arbitre Pierre Estoup et d’autre part André Guelfi et son avocat Maître Chouraqui. »

    "Mais dans cette partie de l’ordonnance, c’est un autre extrait, révélant un épisode encore inconnu, qui retient l’attention. Détaillant les relations de forte proximité entre Bernard Tapie et Nicolas Sarkozy, les magistrats apportent ces précisions : « Un étrange document donnait même à penser que Bernard Tapie avait pu jouer un rôle de messager de Nicolas Sarkozy auprès d’autorités étrangères. Dans un courrier en date du 3 août 2007, le secrétariat particulier du président de la République informait le président “avoir reçu un appel de M. Bourgi [Robert Bourgi, figure de la Françafrique souvent utilisée par Nicolas Sarkozy pour des missions occultes – ndlr]. Ce dernier avait eu l’ambassadeur du Congo qui l’avait informé que B. Tapie avait été reçu pendant 48 h à Brazzaville par le président Sassou-N’Guesso et qu’il aurait été mandaté par NS. B. Tapie aurait rendu compte à NS le lundi précédant le courrier”. Bernard Tapie prétendait ne s’être déplacé dans ce pays que pour visiter une école de formation au football, mais il sera observé que c’est précisément à cette période, en juin 2007, que le parquet de Paris ouvrait une enquête préliminaire sur l’affaire dite “des biens mal acquis” qui visait notamment des détournements de fonds publics dans ce pays. »"

    « S’agissant de Claude Guéant, tout conduit à penser que celui qui était alors secrétaire général de l’Élysée a, dans la continuité de son action en tant que chef de cabinet de Nicolas Sarkozy, ministre de l’économie, servi de courroie de transmission aux volontés du président de la République de mettre l’appareil d’État au service des intérêts financiers de Bernard Tapie. Toutefois, ni Jean-François Rocchi, ni Stéphane Richard, qui ont admis qu’ils lui rendaient compte directement, n’ont désiré franchir le pas en indiquant clairement que Claude Guéant leur avait ordonné d’agir dans cette direction. Et s’il est établi que Claude Guéant et Bernard Tapie ont eu de nombreux contacts durant la période considérée, la complicité suppose la démonstration d’actes positifs qui ne sauraient se réduite à la seule réunion du mois de juillet 2007, même organisée dans des conditions atypiques, avec la mise en présence du président du CDR et de son adversaire. Pareillement, sur la séquence de la “négociation” fiscale, ni Éric Woerth ni son directeur de cabinet Jean-Luc Tavernier ni le responsable de la cellule fiscale n’ont déclaré, en dépit des indices indirects recueillis, avoir été directement et explicitement sollicités par Claude Guéant. Il n’a pas non plus été trouvé dans les archives de l’Élysée ou ailleurs, des traces écrites allant dans ce sens. Au demeurant, on ne peut complètement exclure que Jean-François Rocchi et Stéphane Richard, puis les collaborateurs d’Éric Woerth aient agi en fonction de ce qu’ils avaient compris des volontés du pouvoir exécutif de l’époque, sans qu’il ait été nécessaire de leur donner beaucoup plus d’explications ou de directives. »

    #gueant :
    https://www.mediapart.fr/journal/international/100118/des-documents-trouves-chez-djouhri-accablent-gueant

    Les juges de Westminster ont délivré, mercredi, un ticket de sortie à Alexandre Djouhri le temps de l’examen de la demande d’extradition des juges français chargés de l’affaire libyenne. Un mandat d’arrêt européen avait été émis à son encontre, le 22 décembre, après le feu vert donné par le Tribunal pénal fédéral suisse à la transmission aux Français des pièces découvertes à son domicile genevois, et dont certaines s’avèrent accablantes pour l’ancien ministre de l’intérieur Claude Guéant. Selon nos informations, les juges suisses ont en effet trouvé, lors d’une perquisition, le relevé d’identité bancaire de l’ancien ministre, qui a reçu en 2008, la somme de 500 000 euros sur son compte lui permettant d’acheter un appartement. Une opération conduite de bout en bout par Alexandre Djouhri.

    Alexandre Djouhri le 23 avril 2014 au Parc des Princes. © Reuters
    Alexandre Djouhri le 23 avril 2014 au Parc des Princes. © Reuters
    Arrêté à l’aéroport de Londres, dimanche, l’intermédiaire s’est opposé à sa remise aux autorités françaises. Il devra payer un million de livres, soit 1,1 million d’euros, et rester sous contrôle judiciaire, avec l’obligation de pointer tous les jours au commissariat, jusqu’à l’audience d’examen de sa potentielle extradition, fixée au 17 avril.

    S’il acquitte la caution, qui ne devrait pas être compliquée à réunir pour lui, l’intermédiaire n’aura donc passé que trois nuits en prison. Son passeport lui a été confisqué, avec l’interdiction de quitter le territoire. Une précaution nécessaire – mais peut-être pas suffisante – au vu des cavales qui ont émaillé l’histoire des affaires de corruption françaises – Didier Schuller, Alfred Sirven, Pierre Falcone, pour ne rappeler que les plus célèbres… Le procureur britannique avait requis un maintien en détention.

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    Selon les journalistes présents à l’audience, l’avocat de l’intermédiaire a mis en avant, en gage de probité, sa qualité d’ancien « conseiller » des présidents Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy… Pour l’heure, les deux bras droits respectifs de ces anciens présidents sont mis en cause dans l’affaire libyenne, et non des moindres. En effet, Dominique de Villepin et Claude Guéant ont tous deux bénéficié d’un versement opéré par le Libyan African Investment Portfolio (LAP) sur un compte d’une société panaméenne utilisée par Alexandre Djouhri.
    Les juges français sont parvenus à démontrer que la vente à la Libye d’une villa à Mougins lui avait servi de couverture au versement de 10,1 millions d’euros, en septembre 2009. L’année précédente, le « conseiller » présidentiel avait déjà engrangé 4,8 millions d’euros provenant du fonds libyen.

    Avec la complicité de son gérant de fortune aujourd’hui en fuite, l’intermédiaire faisait transiter ces fonds sur les comptes genevois d’une famille saoudienne, les Bugshan. L’un de ses membres, Khaled Bugshan, a juré n’avoir été informé de rien, mais c’est bien son compte qui avait servi de premier écran comptable pour l’envoi de 500 000 euros à Claude Guéant en mars 2008.

    Lors de sa mise en examen, en mars 2015, l’ancien ministre de l’intérieur avait tenté de justifier l’arrivée de cet argent par la vente de deux tableaux flamands à un avocat malaisien, mais les perquisitions réalisées en Suisse ont permis de faire définitivement litière de ces arguments. Les initiales d’Alexandre Djouhri – « A.D » – ont été retrouvées inscrites sur les documents bancaires relatifs à cette opération, comme sur les justificatifs d’importants retraits d’espèces.

    Outre le RIB des époux Guéant, la justice a retrouvé plusieurs comptes bancaires de Djouhri © DR
    Outre le RIB des époux Guéant, la justice a retrouvé plusieurs comptes bancaires de Djouhri © DR
    Les documents saisis au domicile et dans les bureaux de l’intermédiaire en mars 2015 se révèlent tout aussi compromettants. Le 23 octobre dernier, le Tribunal pénal fédéral a débouté Alexandre Djouhri qui espérait empêcher leur transmission à la France. Or, parmi ces pièces figure le relevé d’identité bancaire du compte de Claude Guéant et de sa femme à la BNP, qui a été crédité des 500 000 euros – 499 983 précisément – lui permettant l’achat de son nouvel appartement rue Weber, à Paris, le 20 mars 2008.

    Mais il y a aussi le rapport d’expertise d’un tableau – La Suite de trois berbères –, rédigé il y a vingt ans, par un expert parisien. Or ce dernier n’est autre que l’un de ceux qui ont établi un document produit par Claude Guéant pour justifier la possession de ses tableaux flamands.

    La découverte de cet ancien rapport prouve le lien de Djouhri avec cet expert, et semble donc confirmer que l’intermédiaire, en plus d’avoir ordonné le virement, est à l’origine du scénario permettant à Guéant de justifier le virement reçu par une vente de tableaux. Personne n’avait vu ces toiles au domicile de l’ancien ministre, pas même la femme de ménage. Claude Guéant, qui prétendait les avoir achetées au début des années 1990, était incapable de se souvenir du vendeur, du lieu d’achat, du prix précis, et ne pouvait pas non plus en produire la moindre photo.

    En réalité, ces petits tableaux signés Andries Van Eertvelt – Navires par mer agitée et Vaisseaux de haut bord par mer agitée – avaient été achetés chez Christie’s Amsterdam en 1990, par une petite société suisse. Selon la maison de vente aux enchères, « du fait de leur dimension modeste », la valeur de ces tableaux en 2008 se situait entre 20 000 et 30 000 euros, loin des 500 000 euros reçus par le plus proche collaborateur du président Sarkozy, alors secrétaire général de l’Élysée.

    Joint par Mediapart, et questionné sur ces documents retrouvés en Suisse, M. Guéant a déclaré n’avoir « rien à dire là-dessus ».

  • Des documents trouvés chez Djouhri accablent Guéant
    https://www.mediapart.fr/journal/international/100118/des-documents-trouves-chez-djouhri-accablent-gueant

    Interpellé à Londres, dimanche, #alexandre_djouhri a été placé sous contrôle judiciaire. Selon les informations de Mediapart, plusieurs documents saisis à son domicile genevois confirment son rôle dans le paiement d’une commission à l’ancien ministre de l’intérieur.

    #International #France #Claude_Guéant #Dominique_de_Villepin