Radical Cinema | Normalisation d’une répression d’exception

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  • Normalisation d’une répression d’exception, Radical Cinema
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    En militant exercé et conscient, Marcus n’ignorerait pas ce danger en se rendant le 3 juin 2016 à une manifestation pourtant pacifique devant le siège du groupe Bolloré, mais il arrive un moment du rassemblement où la majorité des manifestants se sont éloignés en laissant un petit groupe seul derrière eux en discussions (très calmes) avec des actionnaires de Bolloré. Ce petit groupe isolé se retrouve rapidement encerclé par la police. Se faisant brutalement interrompre alors qu’il est en pleine conversation avec un actionnaire, Marcus fait remarquer qu’il veut juste finir sa conversation et l’actionnaire en question abonde en ce sens. Cette élémentaire remarque de savoir-vivre est malheureusement prise comme un outrage et très vite plusieurs policiers se dirigent sur Marcus et son interlocuteur. L’un d’eux frappe violemment Marcus au visage, manquant de lui faire tomber ses lunettes. Le petit groupe comprend à ce moment-là que les autres manifestants ont quitté les lieux et Marcus qui avait laissé ses affaires, notamment un mégaphone et un micro, aperçoit au loin un militant qui est en train de partir. Désireux de récupérer son matériel, il part dans sa direction. Comme quatre policiers le suivent, Marcus s’arrête et les policiers lui disent qu’il est placé en garde-à-vue. Ne voulant pas être arrêté sans que personne ne le sache, Marcus part en courant pour essayer de rattraper le groupe principal, puis ne le voyant pas, il retourne vers la porte latérale où se trouvaient encore les 3-4 camarades « oubliés ». Là, plusieurs policiers lui sautent dessus, l’insultent, le gazent, cassent ses lunettes et son téléphone. Marcus est arrêté, et plaqué au sol à la limite de l’étouffement. Comme plusieurs policiers sont sur lui, leur chef vient les voir et leur dit « Allez-y doucement car là nous sommes à découvert ».

    S’ensuivent 48h de garde-à-vue, un jour de dépôt, deux jours de prison, une perte d’emploi, puis un passage devant le juge et une condamnation à six mois de prison ferme, 1100 euros de dommages et intérêts et 400 euros d’amende, pour outrage et rébellion et refus de signalétique et de prélèvement ADN.

    La dureté de la peine est à l’image de la brutalité de l’arrestation, et l’une et l’autre ne peuvent être totalement indifférentes du fait que Marcus cumule la circonstance aggravante d’être noir en plus d’être militant, et bien que certains aient les plus grandes difficultés à l’admettre, il ne fait désormais aucun doute qu’au regard du couple police / justice en France, un homme noir qui court est nécessairement un coupable.

    #manifestation #répression #justice #vidéo