stop aux violences familiales, conjugales et sexuelles : janvier 2018

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  • Muriel Salmona : Le mouvement #MeToo en France face au déni et à la culture du viol : Remettons le monde à l’endroit !
    http://stopauxviolences.blogspot.fr/2018/01/article-de-muriel-salmona-le-mouvement.html

    Alors qu’en ce début d’année 2018, médusées, nous retenions notre souffle face au fabuleux mouvement #MeToo de libération de la parole, de solidarité et de reconnaissance des femmes victimes de violences sexuelles qui, depuis l’affaire Weinstein, se propage sur toute la planète jusqu’en Inde, au Pakistan et en chine, le choc a été rude quand nous avons découvert le 8 janvier en première page de Monde, une tribune signée par 100 femmes, avec comme figure de proue l’actrice Catherine Deneuve, défendant « une liberté d’importuner indispensable à la liberté sexuelle ».

    Nous nous attendions, bien sûr, à des retours de balancier, mais pas à celui de femmes à la parole suffisamment décomplexée pour oser faire l’apologie de la domination masculine en matière de sexualité avec tous les stéréotypes éculés que nous dénonçons depuis si longtemps, pour nier la réalité des violences sexuelles et de leurs conséquences sur la vie et la santé de celles qui en sont victimes, pour ne pas reconnaître le droit des femmes à ne pas subir des atteintes à leur intégrité physique et mentale et à leur dignité, et pour attaquer, mépriser et culpabiliser les femmes qui ont eu le courage de témoigner de ce qu’elles ont subi et les féministes qui les soutiennent : en résumé, pour tenir un discours d’adhésion au déni et à la « culture du viol », le discours caractéristique du système agresseur et de ses complices.

    Pourtant nous aurions dû nous en douter puisque les résultats de notre enquête "Les Français.e.s et les représentations sur le viol et les violences sexuelles" conduite par IPSOS en 2016 à la demande de notre association Mémoire Traumatique et Victimologie les résultats avait révélé à quel point les stéréotypes sexistes et la culture du viol étaient répandus et que les femmes n’étaient pas en reste. Elles pouvaient même être plus nombreuses que les hommes à adhérer au mythe d’une sexualité pulsionnelle difficile à maitriser pour les hommes (65%/61%), à penser qu’une femme peut prendre du plaisir lors d’une relation forcée (22%/20%), et, pour les femmes de plus de 45 ans, plus nombreuses à rendre les victimes de viols en partie responsables de ce qu’elles ont subi et à déresponsabiliser les agresseurs, par exemple pour les victimes qui acceptent de se rendre seules chez un inconnu (22%/15% pour l’ensemble des répondants) ou qui ont eu une attitude provocante en public (22%/14% pour l’ensemble des répondants), et tout aussi nombreuses, 40%, à penser que si une victime se défend vraiment elle peut le faire fuir, et également 25% à estimer que "lorsque l’on respecte certaines règles simples de précaution, on n’a quasiment aucun risque d’être victime de viol ». Dans l’enquête IPSOS ce sont donc les femmes de plus de 45 ans qui sont les plus promptes à blâmer les victimes en raison de leur comportement et à déresponsabiliser l’agresseur, l’âge constitue ici un critère clivant, particulièrement chez les Françaises, et on constate un effet de génération chez les femmes sur l’ensemble des situations testées, effet de génération que l’on retrouve chez la grande majorité des femmes qui ont signé la tribune.

    Longue analyse et réponse de la docteure Muriel Salmona au manifeste des 100 femmes masculinistes.