J’ai écrit ça sur LCEP à propos de La Leçon de piano :
Compte tenu de la date de cet article et des nombreux commentaires qui y ont fait suite, il est un peu vain d’en faire quelque chose. Toutefois essayons.
Julie G je ne me permettrai aucun reproche à votre analyse.
Je me permettrai toutefois de vous proposer une autre grille de lecture, un autre point de vue. Je vois bien en effet votre volonté de prendre ce film comme un creuset à partir duquel vous élargissez votre propos à tout un ensemble de films et plus généralement de médias. Ainsi votre article fait fi de la date de production du film, du reste de l’œuvre de sa réalisatrice ainsi que de son mode de production. C’est un choix très clair qui vous permet, entre autre, de mettre les points sur les « i » en notant les violences dont l’héroïne est victime.
Je crois que c’est tout le travail de Jane Champion que de prendre le point de vue de ses personnages féminins pour étudier, le plus précisément possible la manière qu’elles ont de résister à un monde qui les écrase et les détruit. C’est d’ailleurs d’après moi toute la richesse du cinéma que de pouvoir mettre en scène des personnages mauvais (raciste, misogyne, fasciste, ...), des personnages qui dégoûtent, en les rendant donc plus humains mais sans faire l’éloge de leurs méfaits.
Pour La Leçon de piano, Jane Campignon me semble s’attacher à décrire les nuances de ce personnage trouble qui, en effet, finira par trouver une source de liberté dans le personnage joué par Harvey Keitel. Je ne crois pas qu’elle en fait une règle absolue : oppresse ou viole ton égérie elle finira par t’aimer. Je repense aussi à la scène d’un érotisme fou (chacun sa sensibilité) du trou dans la chaussette. Justement, il me semble que cette scène est absolument rare dans le cinéma mainstream et d’autant plus dans le cinéma primé à Cannes. Vous parlez de la sacro sainte pénétration je crois pourtant que personne d’autre que Jane Camion n’a su dans le cinéma explorer autant les questions de désir féminin.
Enfin, vous citez d’autres œuvres cinématographiques ou télévisuelles où des femmes ont eu une place importante, scénaristes, réalisatrices... Tout les cas que vous citez sont les produits de système extrêmement rigoureux en terme de production (studio hollywoodien, major, chaîne de télé,...). Depuis ses débuts Jane Campion a pris soin de son indépendance (au début...) pour explorer les thématiques qui lui tenait à cœur.